Contrairement au titre, ce roman qui certes se situe à Buda (mais on n'en parle à peine) analyse non pas le divorce, la séparation, mais discute de l'amour, de l'union de deux êtres – humains - , de la fusion, de la distanciation, du couple, de la cohabitation, de la famille (un peu), de l'amour encore et de sa mémoire.
Je dirais que, comme à son habitude, en tout cas, souvent, mais pas toujours,
Sandor Marai, commence légèrement, par nous raconter, sur le ton du récit simple, ordinaire, une histoire. Comme lorsqu'on est voyageur, on monte dans le train, on sait que l'on part de A pour aller à B., tranquillement, le wagon-restaurant est là, tout va bien.
Divorce à Buda, rebelote. le lecteur monte dans le train… s'installe quiètement dans son wagon, son siège numéroté, va prendre son déjeuner au wagon idoine. Pendant ce temps, l'auteur a décrit tout dans les détails, les appartements, les coutumes, les habitudes, les visages, etc… Donc, on revient tranquillement, presque endormi, en tous les cas, apaisé, rassuré, et là ! Surprise !
La surprise n'est pas anecdotique. Bien au contraire. Elle soulève une question existentielle, fondamentale. Et j'ai l'impression que
Sandor Marai rigole parfois, car
Divorce à Buda c'est d'abord l'histoire du couple, de l'union, de la fusion.
Alors le roman met en scène Kristof, le juge, installé, peinard, et dans sa vie professionnelle, un peu ronron, et sa vie familiale, et sa vie amoureuse… un peu ronron aussi, confiante, rassurante, sans surprise. Kristof est dans la règle. Toujours. La règle. La loi. Plus la loi que son esprit. Car la loi est stricte, intangible. Son esprit est muable.
Et survient Imre. L'élément perturbateur. Celui qui fait que les questions se posent. Celles de la sincérité. de la fidélité. de la fragilité. de la profondeur de l'amour, de sa réalité. Ce qui ébranle Kristof, lui qui a éliminé tout ce qui est de l'humain, des sentiments et des émotions.
Le duel proposé par
Sandor Marai est passionnant. Enfin, l'était sûrement. Aujourd'hui, je n'en suis pas si sûre. Mais l'oeuvre reste vivante, jusqu'où l'homme est capable d'aller dans la passion amoureuse. Doit-il se contenter d'une union socialement acceptable ? et survivre ? où doit-il oser la passion quitte à ne pas y survivre ? Et bien sûr
Sandor Marai nous laisse sans réponse…