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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après avoir lu Samarcande d'Amin Maalouf, j'ai eu envie de goûter aux rubaïyat d'Omar Khayyâm, ce poète, astrologue et savant perse du 11ème siècle. J'ai choisi ce Folio Sagesses simplement parce qu'il était disponible dans ma librairie.

Première chose : je conseille de ne pas essayer de tout avaler d'un coup car ces 101 rubaïyat tournent autour des mêmes thèmes et cela devient vite monotone. Sans que l'abus soit dangereux pour la santé, trois ou quatre par jour cela suffit ; à consommer comme une friandise.
Il est à noter que l'on n'est pas certain que tous les quatrains attribués à Khayyâm soient vraiment de lui. Et je me sens bien incapable de séparer le grain et l'ivraie.

Ces rubaïyat professent une philosophie plutôt positive. La notion de plaisir terrestre, surtout incarné par le vin et les galipettes, est centrale. L'épicurisme, voire l'hédonisme, ne sont pas loin (pardon pour les calés en philosophie, je fais des comparaisons naïves faiblement éclairées par mes pauvres connaissances en philo). La deuxième notion, toujours associée, est l'éphémère de la vie humaine. Omar Khayyâm emploie des images assez fortes pour nous le rappeler. Celle de l'argile que l'on pétrit, composée des corps des hommes du passé, m'a marqué.
Lorsque le plaisir domine, l'auteur rappelle qu'il faut profiter de l'instant car le temps passe et la faucheuse n'est pas loin. Un petit côté Ronsard.
Lorsque l'éphémère domine, j'ai senti du regret de cette durée de vie si courte. Parfois même l'auteur interpelle les Cieux, questionne sur le but de l'existence. Lorsque le quatrain était un pur hymne à l'instant, où l'idée même d'envisager l'avenir était questionnée, je me suis demandé pourquoi alors l'auteur s'intéressait à des matières comme les mathématiques ou l'astrologie. Mais le quatrain est lui aussi l'empreinte d'un instant, pas un résumé de vie.

Je suis impressionné que cette philosophie ait pu exister en terre musulmane. Les extrémistes devaient mourir d'envie de voir Khayyâm terrassé. Certains quatrains répondent à leurs préceptes en les ridiculisant. le paradis ? Qui est déjà revenu nous confirmer son existence. La vie paradisiaque où rien ne nous sera interdit ? Pourquoi nous les interdire dans la vie terrestre alors ?

J'ai trouvé que la lecture de quelques quatrains le matin préparait bien le terrain à une bonne journée. C'est un chouette héritage que le poète nous a laissé.
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Découvert grâce à Fernando Pessoa dans son livre de l'intranquillité, Omar Khayyam a fait ma journée et m'a réconcilié avec le vin! (Pas besoin de trop pousser le bouchon chez moi)
Entre Epicure et François Rabelais, j'ai goûté avec délectation cette magnifique sagesse orientale en quatrains qui invite à cueillir dès aujourd'hui les grappes de la vigne et gentiment envoyer paître les bien pensants de l'époque, les contempteurs, prêcheurs et autres prédicateurs qui veulent nous préserver de l'ivresse impie (voir démoniaque). de quoi donner largement raison à Bukowski et sa clique de gros buveurs devant l'éternel je ne sais trop quoi.
A la tienne Omar!-
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Et si la lecture d'Omar Khayyâm, poète et philosophe persan né en 1048 et décédé en 1131, nous donnait l'occasion de réhabiliter la libre pensée ? Si face à l'épidémie de radicalismes de tout bord (religieux, politiques, régionalistes), nous opposions la raison? Si plutôt que le bourrage de crâne médiatique, nous privilégiions la réflexion, le dialogue et l'objectivité? Pour que chacun, et en particulier la jeunesse puisse découvrir un auteur courageux qui se s'affichait croyant mais infidèle, les éditions folio, viennent de publier dans la collection “voix de la sagesse” ces quatrains d'une étonnante modernité.

Voilà donc un homme qui ne se laissait pas dicter sa vie par un prêcheur, qui prônait la joie, l'ivresse et le bonheur. Un homme qui ne croyait à aucun paradis et aucun enfer.

Du coeur de la sombre Terre
à l'orbite de Saturne
J'ai percé tous les mystères
du Temps et de la Nature ;
J'ai dénoué par l'effort
de mon esprit tous les noeuds
Tous, sur terre et dans les cieux
sauf un, celui de la Mort!

C'était au 11eme siècle et malheureusement son message peine encore à être accepté par tous. La sagesse inviterait chacun à attendre avant de croire à un dieu que la science en ait démontré l'existence.

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Remontons le temps, de dix siècles, et glissons-nous entre les mots d'un savant persan du nom d'Omar Khayyâm. Parmi ces mots, reviennent très fréquemment le vin, la beauté, l'amour, le temps, la vie. Un seul ne se montre pas, alors qu'il parcourt la majorité des quatrains sélectionnés dans ce recueil : la mort. Elle se cache sous les termes passage, disparition, fin...
Pourquoi ce choix de la part du poète ? Certainement parce que c'est la vie qu'il choisit de chanter.
Écoutons-le nous dire, nous répéter, page après page, son carpe diem apaisant, retenons ses leçons d'humilité, pauvres créatures éphémères que nous sommes, apparues et vouées à disparaître sans raison dans un univers immense qui nous domine et nous ignore. Suivons aussi ses conseils de nous tenir à distance des bigots, donneurs de leçons et vendeurs de paradis qui justifient les souffrances de nos vies par une hypothétique autre vie future bien plus radieuse et, comble de l'ironie, riche de tous les plaisirs qui sont jugés impurs dans ce bas monde. Une impureté décrétée par quelques exaltés, prêts à écraser, torturer, exterminer ceux qui ne se rallient pas à leurs préceptes arbitraires.
Évidemment, en lisant certaines pages de ce recueil, j'ai pensé aux hommes et aux femmes qui vivent sur la même terre qu'Omar Khayyâm et souffrent de cet autoritarisme obscurantiste qu'il dénonçait déjà, il y a dix siècles, dans ce quatrain :
《Oui, nous sommes bienfaisants plus que toi, mufti austère,
Et plus que toi tempérants dans notre ivresse ordinaire :
Toi tu bois le sang des hommes et nous celui de la vigne ;
Je te fais juge, examine lequel est plus sanguinaire.》
Des mots à déclamer, encore et encore, pour se souvenir de Mahsa Amini, Nika Shakarami, Sarina Esmailzadeh, Mohammad Mehdi Karami, Seyed Mohammad Hosseini et des centaines d'autres jeunes assassinés ; et pour encourager ceux et celles qui se battent pour sortir l'Iran de cet enfer.
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