Contrairement à Vigilance dont le résumé m'avait de suite frappée par sa rudesse et son culot, c'est le côté mystérieux et alambiqué des Agents de Dreamland qui m'a attirée ainsi que la présence de cette drôle de créature en couverture. J'ai effectivement eu le récit mystérieux et alambiqué que j'attendais mais peut-être trop, au point d'être passée totalement à côté de cette nouvelle...
Avec elle, je découvrais
Caitlín R. Kiernan, une autrice américaine de près de 60 ans qui a déjà publié chez nous deux titres aux univers également un peu rudes
La fille qui se noie sur une schizophrène, en 2014 chez Panini (Eclipse) et
La Légende de Beowulf, une revisite jeunesse de la célèbre légende, en 2007 chez
Michel Lafon. Aucun n'avait un univers de science-fiction comme ici. C'est donc une nouvelle facette de son oeuvre que l'on découvre avec la nouvelle
Les Agents de Dreamland.
Dans ce court texte de 125 pages, nous suivons une drôle d'enquête menée en juillet 2015 par le Signaleur, un homme désabusé n'attendant plus grand-chose de ce monde et Immacolata Sexton, femme auréolée de sombres et terrifiantes légendes. Leur mission : enquêter sur une secte dont on vient de retrouver les membres, morts, dans leur campement au fin fond du désert. Une jeune femme en a réchappé. Persuadée d'être investie d'une mission sacrée, elle représente peut-être une bombe à retardement pour toute l'humanité.
L'éditeur présente ce texte comme un récit réinterprétant le canon lovecraftien au filtre des X-Files, c'est tout à fait vrai et clairement les pages où j'ai le plus accroché sont celles où ce mélange est le plus clair, le plus évident. Ces brefs moments m'ont donné des frissons et m'ont fait regretté d'être passée au travers du reste.
Pourquoi ne suis-je pas rentrée dans ce récit ? J'ai d'abord eu énormément de mal avec la narration totalement éclatée proposée par l'autrice qui fait naviguer en avant, en arrière, dans le temps, avec des chapitres qui m'ont paru quasiment indépendants les uns des autres, où pour moi il ne se passait rien et où je ne voyais pas du tout où elle voulait en venir. Il y avait pour moi une suite de phrases quasiment sans queue ni tête desquelles je n'arrivais pas à dégager une intrigue. C'est très perturbant.
Ajoutez à cela, un personnage principal : le Signaleur, dont la voix ne me parlait pas du tout. Je le trouvais d'abord trop familier, et ensuite très perturbant puisque
lui aussi me perdait dans les méandres de ses pensées. J'étais totalement perdue et même le héros ne m'aidait pas à me raccrocher aux voiles...
C'est vraiment dommage, car comme je le disais plus haut, les brefs moments où tout s'éclaircissait, notamment quand Immacolata Sexton a pris la parole et quand la mystérieuse témoin était étudiée et interrogée de près, rendaient le récit vraiment intéressant et je me suis dit que s'il avait été fait le choix de creuser plus cela, ça m'aurait vraiment plu. Parce que oui, il y a un mystère grandissant autour d'elle, un mystère qui a de lourdes conséquences, que c'est astucieux de ne pas nous en montrer de premier abord la portée de ce
lui-ci et que ça peut potentiellement faire monter l'effroi. Ce flou correctement exploité aurait vraiment pu me faire vibrer comme dans
La couleur tombée du ciel de
Lovecraft.
Malheureusement pour ma part, je n'ai pas réussi à saisir toutes les références de l'autrice, je suis restée bloquée sur le côté flou et déroutant du récit qui m'a vraiment laissée sur le bord de la route.
Heureusement d'autres, peut-être moins novice en lovecrafteries, ont plus apprécié ce récit. Cela dépend donc de nos bagages, je pense. Vous pouvez découvrir leurs avis ici.
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