Avec un nombre incalculable de livres,
Stephen King est l'homme à abattre dans le domaine de l'horreur/fantastique tant le spectre de ses oeuvres plane au-dessus de ce style littéraire faisant de l'ombre, par la même occasion, à un nombre massif de jeunes auteurs qui aimerais être lus eux aussi. Seulement voilà, le Monsieur est sûrement l'un des plus prolifiques dans ce domaine avec plus d'une soixantaine d'écrits étalés sur une trentaine d'années et s'impose logiquement comme une référence. Mais en littérature comme en musique, il arrive que dans la vie d'un artiste son inspiration prenne du plomb dans l'aile et
Stephen King ne déroge pas à cette règle. C'est donc avec
Rose Madder, sorti en 1995, que ce constat s'impose à moi. Rien de catastrophique cependant, car même le plus pourri des romans du King restera à mon avis toujours un cran au-dessus de certains romans (moi une groupie ?).
Pourtant, sur le principe, je jubilais d'avance. Un sujet sensible, un bouquin épais, un quatrième de couverture qui me filait l'eau à la bouche, tout était couru d'avance, on tenait là encore un bon cru. Cette fois-ci, le maître arrive avec un sujet qu'il survole souvent, mais sans jamais vraiment l'approfondir : la maltraitance faite aux femmes. Connaissant maintenant assez bien le lascar, plus de doute possible, le sujet est riche, le tout devrait être crédible.
Rose est une femme battue copieusement depuis quatorze ans par son mari, officier de police de son état. Un beau jour, prenant son courage à deux mains, elle décide de quitter le cocon familial *ironie*, marre des tortures quotidiennes infligées par Norman. Son périple commence alors, et Rose par en quête de son indépendance bien prête à vivre la vie qu'elle mérite. Elle traversera le pays pour se mettre à l'abri de son timbré de mari et repartira sur de bonnes bases, épanouie et heureuse. de rencontre en rencontre, Rose finira par tomber sur un tableau représentant une femme qui suscitera chez elle un intérêt plutôt étrange (qui a dit élément fantastique ?) et qui bouleversera sa vie pour toujours.
Allons droit au but.
Rose Madder est loin d'être le meilleur roman du King même s'il révèle de bons éléments. le personnage de Rose, que l'on suit dans sa reconstruction personnelle et sociale, est touchant, car il faut dire que King ne lésine pas sur les scènes choques et malmène Rose d'une manière dont lui seul a le secret, provocant chez nous une vague de sympathie. Et même si Rose est surtout attachante, car elle pourrait être une personne de notre entourage (la maltraitance faite aux femmes est un fait encore trop souvent relaté), il reste parfois un personnage un peu trop prévisible, bien qu'elle soit sympathique et volontaire. À l'inverse, pour Norman, son mari, sorte de psychopathe notoire, King a mis le paquet, le genre de méchant comme on les aime, sadique et complètement imprévisible dans son comportement. Il aura pour but de traquer sa femme afin d'avoir « une petite discutions entre quat'zieux » et croyez-moi, il sera prêt à tout (surtout aux pires monstruosités) pour la retrouver. La chasse se déroulera souvent du point de vue des deux personnages, en alternant et croisant le récit pour une tension maximum. L'histoire recèle de situations abominables comme seul le King sait les imaginer et le personnage de Norman reste sans doute un de mes méchants préférés.
Mais malgré une histoire qui tient la route, le livre comprend cependant quelques éléments qui peuvent dérouter et notamment le fameux tableau. Une seule question m'est venue à la fin du livre, pourquoi diable avoir entaché cette intrigue haletante avec un élément complètement dérisoire comparé au reste de l'histoire ? Il est vraiment difficile de dire pourquoi le King est venu glisser ce foutu tableau dans l'histoire tant il n'apporte rien au final. Rose tombe sur la fameuse croûte chez un antiquaire, une sorte de connexion s'établit entre eux et merci mon cul. Enfin non, pas merci, mais presque. le nombre de scènes en rapport avec le tableau est (heureusement) limité même si les allusions au cours de l'histoire sont nombreuses. Les références mythologiques sont certes intéressantes, il n'en reste pas moins que ce côté fantastique reste totalement inutile et brise le rythme « terre à terre » du récit. Ce problème va de pair avec un point que je soulève souvent dans mes chroniques de
Stephen King et que je considère comme un atout d'habitude : les descriptions. Les scènes liées au tableau traînent en longueurs avec d'interminables descriptions pesantes et soporifiques et là où l'auteur a sans doute voulu créer une immersion, le lecteur n'a qu'une envie, fermer le livre ou zapper jusqu'à la fin du chapitre. Pourtant nombres de passages du livre sont tellement prenant qu'il est difficile de décrocher, je pense au départ de Rose ou j'étais accroché aux pages, transpirant à grosses gouttes, incapable de me lever ne serait-ce que pour assouvir un besoin naturel, alors bordel Stephen (oui tu m'obliges à te tutoyer) qu'est-ce que c'est que ce superflu de tableau tout pourrit ? Bon... il est vrai que je fais ma sucrée, mais quand même... avoir un roman béton et le salir avec une telle ineptie ça me scie les pattes....
Petite baisse de régime avec ce
Rose Madder qui aurait mérité d'être plus abouti sur certaine chose, que ce soit sur certains personnages où sur certains côtés de l'histoire, ce roman est à placer sur la pile des livres moyens de
Stephen King malgré le sujet coup de poing. L'auteur arrive cependant toujours à trouver les mots justes et forts pour décrire certaines situations et instaure ce malaise si propre à ses livres, mais le tout est un peu fade comparé à grands nombres de ses romans. À lire si vous êtes fan du Monsieur, à oublier si vous cherchez le grand frisson dans la biblio du maître,
Rose Madder jouit tout de même d'une structure dynamique avec son chassé-croisé haletant qui nous fera passer tout de même un bon moment.
Zoskia
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