Elle, Rose, accepte de se faire salement frapper pendant 14 ans. Pas d'hôpital, sauf urgence (une fois, côte cassée, perforation du poumon), et elle avait intérêt à mentir, hein, salope ! elle est tombée dans l'escalier, on va pas en faire un fromage, non plus.
Alors, appeler la police ? Il est de la police, mal tombé.
Voilà le panorama, dont elle sort au bout de 14 ans : elle fuit, elle a peur, elle se sent coupable, elle part en volant la carte bleue, et ça, elle lui reste au fond de la gorge, la carte, à Norman, lui qui aime tant mordre … justement les gorges.
Il a un savoir vivre : ne jamais frapper ou mordre les parties visibles… sauf quand Rose l'a trop énervé, cette pute. D'ailleurs le monde est déréglé, pense t il avec justesse, car il est rempli de putes et de pédés.
Que les personnes qui pensent pas comme Norman, aient le cou
rage de le dire, il leur parlera « entre quat'zyeux. »
Rose Madder a deux significations : rose garance, ou rose trop folle.
Garance, comme le tableau qu'elle achète ; folle , d'être restée si longtemps avec son tortionnaire de mari, et d'entrer dans ce tableau, devenue Alice ( on apprend page 684 que c'est son 2· prénom),dans lequel elle découvre des merveilles et pas que.
Autant j'ai aimé ( oui) les considérations de Norman , style : « le fait de travailler à trois heures du matin dans une gare routière pour envoyer les épouses en cavale aux putes de « Filles et soeurs » prouvait simplement que le type soit avait pété quelques plombs, soit avait des moeurs sexuelles particulières. Bref, un bon samaritain grand teint format fouille-merde, toujours à courir ici ou là et trop occupé à sauver le monde pour penser à changer de sous- vêtements. »,
ou celles de la directrice du centre d'accueil des femmes battues écoutant l'éloge funèbre de son ex-mari : « Les discours s'éternisaient, chaque « florilège de souvenirs » ( elle aurait volontiers fait passer au peloton d'exécution les trouducs politiquement corrects qui passaient leur temps à concocter des formules pareilles) » alors elle rêve à son propre éloge pas funèbre : « seule femme de sa génération à avoir été aimée et respectée par toutes les tendances des mouvements féministes, pourtant de plus en plus divergentes. »,
autant je me suis franchement ennuyée au récit de la fuite de Rose dans son tableau rose s'inspirant (mal, très mal) de
Lewis Caroll, car le voyage dans le tableau est d'une longueur pas croyable et sans intérêt, et, pire encore, quand, guimauve et compagnie, la Rose retrouve un autre homme qui ne casse pas des briques (ce qui prouve bien qu'elle est une salope et voleuse de carte, NON ?).
Stephen King a 73 ans, il a écrit plus d'une centaine de livres, alors je me demande si, dans le cas particulier de
Rose Madder, il n'a pas fait appel à trois nègres, qui n'auraient pas eu le temps de lire ce que les autres ont écrit.
Car, finalement, ce qui fait la saveur de ce livre, ce sont les morceaux d'anthologie du machisme ordinaire.
Ordinaire, le Norman, qu'un petit détail, comme un mot ou un habit met en
rage et le fait se précipiter sur sa victime, la mordre et l'achever : c'est plus fort que lui, dangereux psychopathe mais dont la psychologie tordue est exposée.