J'ai bien failli ne jamais lire de
Stephen King. Tout ça à cause d'un stupide a priori que j'avais sur cet auteur. A priori que je dois, si ma mémoire est bonne, a de mauvaises critiques, non pas d'un roman de King, mais de toute son oeuvre. Je n'aurai donc qu'un seul conseil à donner à tout un chacun : faites-vous, en littérature, autant que faire se peut, une opinion par vous même. J'ai donc fini par tenter un
Stephen King, puis voyant que je n'étais pas devenu beaucoup plus con, ou alors, je ne m'en suis pas aperçu, j'en ai lu un autre, puis un autre ... Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai jamais été déçu.
Et je n'ai pas davantage été déçu par
Sac d'os qui est considéré, parait-il, comme LE chef d'oeuvre de King par la critique internationale. S'agit-il de son chef d'oeuvre ? Peu importe, c'est en tout cas l'un des très bon livres du maître.
On retrouve ici tous les ingrédients qui ont fait le succès des autres romans de l'auteur, avec, ici ou là, quelques entorses aux habitudes.
D'abord des gens ordinaires, dépeints dans leur vie ordinaire. Même si, ici, les personnages de
Michael Noonan, l'écrivain, et de Max Devory, le magnat de l'informatique, sortent un peu de l'ordinaire. Et pour une fois, ce n'est pas à une famille américaine typique que nous avons affaire, si l'on excepte, bien sûr, Mattie et Kyra, mais elles forment une famille réduite à sa plus simple expression. Car King n'aime rien tant que de décortiquer les relations complexes qu'entretiennent les membres d'une cellule familiale. Relation mari-femme, mère-enfant ou père-enfant.
Stephen King, j'en suis persuadé, aime les gens et il le montre.
Second ingrédient toujours présent dans l'oeuvre de King, et pour cause, la peur, l'horreur, la terreur, l'effroi. Même si ici, à travers une histoire de fantômes, il nous effraie bien moins qu'à l'accoutumée.
Non, le sentiment que l'auteur parvient d'abord à susciter chez nous est davantage assimilable à la
rage.
Rage face à ce grand-père immensément riche (il est capable de racheter un hôtel parce qu'il a besoin d'un endroit où dormir) qui a pris l'habitude depuis l'enfance de s'approprier ce qu'il désire sans se soucier de légalité.
Rage aussi face aux habitants du coin tous, ou peu s'en faut, soumis à la volonté du vieillard. J'ai pensé, en lisant cette histoire, à un film dont j'ai oublié le nom (fichue mémoire). Dans ce film, Spencer Tracy (magnifique), débarque dans un petit bled pour remettre je-ne-sais-plus-trop-quoi à un vieux japonais. Sauf qu'il a un mal fou à retrouver le vieil homme et il va se heurter, petit à petit, à l'hostilité grandissante de la population, qui a, manifestement, quelque chose de pas très joli-joli à cacher à propos de ce citoyen de l'empire du soleil levant. On retrouve dans le roman de King la même solidarité mal placée des habitants face à des étrangers qui posent trop de question. Même si j'en ai parfois mal au ventre de
rage rentrée, j'adore lire ces histoires peuplées de salauds ordinaires, de monstres d'apparence anodine, de pères de famille les mains couvertes de sang, de femmes au foyer la haine au coeur.
Et puis,
Sac d'os c'est aussi une merveilleuse histoire d'amour, ou de plusieurs histoires. Michael et Johanna, Michael et Mattie, et même celle, paternelle celle-là, de Michael et Kyra. C'est également la hantise de la page blanche chez l'écrivain.
Tout reste finalement assez classique, mais traité avec le savoir-faire du maître. le texte est long, plus de 700 pages, mais se lit avec l'aisance habituelle qu'on éprouve avec chaque roman de l'auteur. On se retrouve particulièrement happé par le récit dans les 200 dernières pages au cours desquelles, certains passages sont en mesure d'arracher des larmes aux plus endurcis.
Du tout bon King. Définitivement.
(Chronique écrite le 10 juillet 2009)
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