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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le comté de Zebulon, une petite parcelle de terre des Appalaches dans le Kentucky. Un territoire sauvage que l'homme doit domestiquer jour après jour. C'est ici que Lusa a posé ses valises après son mariage avec Cole. Une union trop brève, interrompue tragiquement par la mort de Cole dans un accident. Lusa, fille de la ville, scientifique spécialiste des insectes, mélange atypique de cultures juive et palestinienne, doit faire face à son deuil intolérable, à la ferme endettée, à sa belle-famille hostile. Un choix s'offre à elle : partir et retrouver sa vie d'avant ou devenir fermière, faire fructifier ses terres, trouver un nouveau mode de fonctionnement, moins polluant moins destructeur et arrêter le tabac qui était la principale source de revenus de son mari, et bien sûr, apprivoiser ses belles-soeurs...
Plus bas, dans la bourgade d'Egg Fork, Nannie Rawley, 75 ans, continue d'exploiter sa ferme à sa manière, sans désherbants, sans pesticides, comptant sur la seule nature pour réguler insectes et plantes. Elle tient à son mode de vie et à son label bio et ne s'en laisse pas compter par son voisin, le grincheux Garnett Walker, troisième du nom. Ce veuf, pieux et rigide, ne croit ni en la théorie de l'évolution, ni en la capacité de Nannie de gérer correctement une ferme. Ces deux-là s'affrontent quotidiennement pour des vétilles.
Plus haut, dans la forêt du comté de Zebulon, sur les pentes des Appalaches, vit Deanna. Cela fait deux ans qu'elle a quitté le monde des hommes pour vivre en ermite dans un refuge de l'office forestier. Elle entretient les chemins, tance les braconniers et surtout, elle suit la piste d'une famille de coyotes. L'espèce semble vouloir se réimplanter dans la région après des années d'absence. Passionnée par le prédateur, Deanna ne pense qu'à le protéger, le cacher aux yeux du monde et même si elle s'amourache d'Eddie Bondo, un jeune et beau chasseur, elle sait qu'elle est prête à tout pour sauver les coyotes.

Le temps d'un été, Barbara Kingsolver nous invite à partager la vie des habitants du comté de Zebulon, une terre de fermiers touchés par la crise qui tentent de survivre à la mondialisation. Certains ont perdu leur ferme ou l'ont vendu pour aller travailler à l'usine et s'assurer un revenu et des horaires fixes. D'autres s'accrochent au tabac et aux anciennes valeurs, pour eux il s'agit de dompter la nature, de la mater, en devenir le maître. Et puis il y a ces femmes qu'on regarde d'un oeil mauvais parce qu'elles ont décidé de vivre en harmonie avec tout ce qui les entoure, soucieuse de préserver plantes et animaux, de cohabiter avec toutes les espèces, de réinventer l'agriculture. Car ce livre est un véritable hymne à la nature, à l'écologie, à l'agriculture raisonnée. Ce petit comté de Zebulon est le royaume des papillons, des libellules, des oiseaux en tout genre, et aussi des prédateurs comme le coyote. Au milieu d'une flore luxuriante, dans le décor somptueux des montagnes, tout ce petit monde évolue, le temps d'une journée pour certains papillons ou plus longtemps pour ceux qui survivent aux chasseurs. Barbara Kingsolver raconte ici la beauté de la Nature qui sait si bien créer, réguler, sélectionner, supprimer.
Un été prodigue est un livre de sensations, on ressent la chaleur du soleil, on frémit sous un orage de montagne, on sent le chèvrefeuille, on goûte les conserves de tomates. Et c'est aussi un livre de sentiments, on s'attache à ses femmes, Lusa et ses chèvres, Nannie et ses pommiers, Deanna et ses coyotes. Une immersion en pleine nature qui a un parfum des étés de l'enfance, un très beau roman.
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J'ai entamé ce livre sur un étonnement, habitué au rythme endiablé des road movie colorés qui ont fait le succès des premiers romans de Barbara Kingsolver. Ici il faut prendre son temps, se laisser bercer par le tempo saisonnier des récoltes, de la vie forestière, du climat capricieux parfois, des habitudes de cette petite communauté rurale du Kentucky.

Lusa, spécialiste des insectes, en particulier des papillons, vient de la ville et peine à trouver sa place dans la grande fratie de son mari, et sur les terres à tabac de la ferme familiale.
Deanna, garde forestier, vit de solitude et d'eau fraîche, dans son refuge de la montagne de Zebulon, où elle observe le retour d'une faune depuis longtemps disparus de ces contrées. Sa vie bascule à l'arrivée d'un visiteur passionné de chasse.
Nannie est une pionnière du biologique dans cette région du Kentucky où les pesticides sont rois. Elle travaille d'arrache-pied dans son verger de pommes, malgré son âge. Tout irait pour le mieux s'il n'y avait ce vieux grincheux de voisin pour lui chercher querelle...
C'est l'histoire de trois femmes, trois vies de labeurs, d'amour, de choix à faire. Trois femmes qui, chacune à leur façon, ont su composer avec la nature pour en tirer profit sans y porter atteinte.

L'écriture, entièrement tournée vers la nature, est poétique et raconte merveilleusement les Appalaches mais aussi (surtout !) les femmes. Il est beaucoup question de phéromones, de cycles, d'amour et d'électricité dans l'air... Avec ce rapport très féminin à la terre que l'autrice suggère dans chacun de ses livres.
Alors, malgré quelques longueurs (langueurs ?) je me suis laissé charmer par l'ambiance sensuelle de cet intermède estival.
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Dans les Appalaches, 3 femmes aux différents âges de la vie partagent ce récit à tour de rôle .

Les prédateurs avec Deanna qui vit isolée dans une cabane . Elle travaille pour l'Office des forêts. Lorsque le récit commence, elle scrute un terrier où elle pense qu'une famille de coyotes vient de s'implanter. Son observation est interrompue par l'arrivée d'un jeune chasseur qu'elle soupçonne de poursuivre les coyotes considérés comme animaux nuisibles par les éleveurs du coin.

Un amour de papillon de nuit avec Lusa , qui a délaissé la ville et ses travaux universitaires sur les insectes pour épouser Cole Wildener, fermier . Seulement Cole meurt accidentellement et elle doit affronter les soeurs de Cole, hostiles à ce qu'elle reste maintenant dans la ferme familiale.

Les châtaigniers d'autrefois avec Nannie, une vieille femme qui est productrice de pommes et s'oppose à son voisin Garnett Walker et à ses méthodes radicales car il emploie des pesticides. Pourtant , il tente de trouver une espèce de châtaignier résistant à la maladie qui a décimé la plupart des arbres de la région , les autres ayant été abattu en suivant .

À tour de rôle, le lecteur suit les péripéties de ces femmes courageuses , l'histoire des unes et des autres qui va se chevaucher bien entendu débute au printemps au moment où la nature explose :

"Mais là, maintenant, le printemps s'animait en pleine période de lascivité. Partout où le regard se posait, on essayait de gagner du temps, de la lumière, de profiter du baiser d'un pollen, de l'union du spermatoïde et de l'oeuf, d'une seconde chance "

Un récit empreint de désir et d'amour !

C'est surtout l'occasion pour Barbara Kingsolver de parler d'écologie , ses personnages féminins sont toutes en lutte contre les pratiques actuelles : pesticides, éradication des soit-disant nuisibles , cultures intensives , élevages extensifs, abattage massif d'arbres . Elles rusent d'ingéniosité pour s'opposer aux hommes .

Certains, heureusement, sont sensibles à leur discours et ce n'est pas un combat hommes-femmes , la sensibilité est dans les deux camps jeunes ou vieux mais les chasseurs restent des chasseurs ...

Si ces femmes entrainent la sympathie avec les épreuves qu'elles surmontent, leur courage, leur inventivité et leur grand coeur, j'ai trouvé le récit par moment assez poussif et les propos concernant la nature parfois un peu trop didactiques , mais ce livre a été publié en 2004.

J'ai aimé par contre les nombreuses descriptions d'oiseaux , les observations des papillons , la patiente recherche des petits coyotes comme gage de renouveau. Il faut y croire !

Saluons la fin de ce récit:
"L'homme a l'arrogance de se croire seul. Chaque pas silencieux résonne comme le tonnerre dans la vie souterraine des insectes, une secousse sur un fil impalpable de la toile qui attire partenaire à partenaire et prédateur à sa proie, un commencement ou une fin. Tout choix offre un monde neuf à l'élu. "

Lu en Aout 2023
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Lire Un été prodigue, c'est grignoter un petit beurre. On y croque successivement dans l'un des quatre coins pour avancer, en flânant, vers le centre. Quatre personnages principaux tracent leurs routes. Dans la vallée et la montagne du comté de Zébulon, au sud des Appalaches, celles-ci se rejoignent par des chemins de traverse sur fond de préservation du vivant et de la chaîne alimentaire que chacun considère à sa manière.

L'un des coins abrite Deanna, dans son refuge de garde forestière. Voila deux ans qu'elle y vit seule, notant les observations de son environnement dans un cahier, prenant soin des chemins et scrutant récemment des traces toutes fraîches, indices probables du retour du coyote, important prédateur qui va modifier l'organisation des espèces. Sa thèse portait sur les coyotes, elle connait parfaitement, dans le milieu naturel, le déséquilibre engendré par leur disparition. Mais voilà que contre toute attente, elle se retrouve troublée par le jeune Eddie, le laisse répondre à son besoin naturel d'amour alors que sa peur pour la sérénité de la nouvelle famille coyote grandit.

Le coin en vis-à-vis parle de Lusa, toute jeune épouse de fermier, passionnée de papillons de nuit et voulant défendre tout le vivant qui l'entoure, source de heurts quotidiens avec son mari. le chèvrefeuille et le tabac, ces deux sujets reviennent inlassablement clôturer des disputes dues à leurs différences : Lusa vient de la ville et a fait des études de sciences naturelles alors que Cole, avec son côté très montagnard, a toujours vécu à la ferme. Un accident tragique laisse rapidement Lusa face à la ferme et à ses belles-soeurs. Son sentiment d'être l'intruse, dans la maison et sur les terres familiales, ne fait que croître.

Les deux derniers coins sont voisins et nous livrent, à grand renfort de pancarte, une querelle ardue, pleine d'échanges piquants, au sujet de l'utilisation ou non des pesticides. Garnett est un professeur veuf en retraite s'échinant à trouver le meilleur croisement pour faire renaître le châtaignier d'Amérique décimé depuis des décennies d'une maladie cryptogamique. Mais il est aussi, armé d'un gros bidon de désherbant, le fervent défenseur des substances chimiques au grand dam de Nannie, sa voisine, tenace et virulente à ses heures pour fustiger ce genre de dominateur de la terre. Et Nannie ne baisse pas les bras devant ce voisin moralisateur et enquiquineur notoire !

Et ces quatre savoureux petits coins se grignotent, et se grignotent lentement pour ne pas arriver trop vite à la dernière miette, pour goûter encore tous les sentiers où l'on respire le souffle émis par le mont Zébulon, écarquillant les yeux sur les fleurs sauvages qui s'épanouissent sur les flancs montagneux. En se berçant du trille d'une fauvette à tête cendrée, récemment revenue pousser ses petites notes dans ce bois des Appalaches. En observant un papillon de nuit s'agitant contre une fenêtre. En pistant une famille de coyotes, flairant le moindre indice de leur passage afin de se réjouir, comme Deanna, de leur retour ici. Pourront-ils reprendre leur place de prédateurs dans le fragile équilibre de la chaîne alimentaire ?
On ralentit le pas en pensant aux espèces disparues, faune et flore confondues, en constatant les dégâts entraînés par l'élimination d'un prédateur qui vient bouleverser toute la pyramide.

Le vivant est au coeur de ce roman, qu'on le malmène ou qu'on le protège, qu'on s'en accommode ou qu'on le détruise, il palpite dans la nature comme chez les hommes et ne demande qu'à éclater au grand jour. Barbara Kingsolver allie toujours avec précision, naturel, émotion et humour les parcelles de vie de ses personnages et les lieux, riches mais fragiles, sans lesquels ils ne pourraient évoluer. Elle diffuse son message écologique avec subtilité, sans tapage, tout en lui préservant toute sa place.
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« L'arbre aux haricots » et « les cochons du paradis » nous proposaient un émouvant voyage du Kentucky en Arizona en sombrant dans le désert de l'Oklahoma. « Un été prodigue » nous permet de se poser dans cette région du Kentucky, au pied des Appalaches, pour y découvrir la faune et la flore locale, les “régionaux du terroir” et leur vie. le roman nous plonge dans cette Nature abondante et généreuse, et nous montre surtout l'implication et le rôle des prédateurs dans le maintien de cet écosystème tant fragilisé par l'Homme surpuissant et dominateur.

Une fable écologique pour tous les amoureux de Dame Nature qui suivront avec passion et intérêt, l'histoire simple mais émouvante de 3 femmes en harmonie avec leur milieu naturel, si beau et si enrichissant. Peut-être un premier pas vers une réelle politique de protection de l'environnement, soyons optimiste.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Pendant un été, il peut s'en passer des choses. Que ce soit par chez nous ou dans les Appalaches. Quatre destinées se trouvent emportées par la chaleur, par le réveil des sens et la poussée de féminité que dégage cette saison.
Deanna, la quarantaine, garde-forestière, amoureuse des coyotes, vit heureuse, recluse dans sa forêt. Elle est confrontée à un chasseur envouté par sa personne. Lusa, jeune citadine et épouse d'un fermier perd celui-ci à la suite d'un accident. Il lui reste à affronter ses belles-soeurs pas commodes et à diriger une ferme à la force de ses idées. Et puis, il y a deux voisins âgés, un homme querelleur et intolérant et une femme libre et insolente qui ont des conceptions bien différentes sur tout. le caractère particulier de cet été bouleversera leurs rapports.
J'ai adoré ce roman. Cela devient une habitude quand l'auteur est Barbara Kingsolver. La nature et l'humain sont au coeur de ses histoires. C'est captivant dès le début et ensorcelant quand elle y ajoute une pointe de sensualité et de moiteur. Les corps des femmes se réveillent, les volontés s'affirment et puis, c'est prodigieux, la vie se révèle et tout a un sens… Un vrai bonheur de lecture.
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un bonheur de lecture ! je me joins aux lectrices et lecteurs.
la quatrième de couverture le dit bien : roman foisonnant et généreux dans lequel Barbara Kingsolver traite du thème qui lui est le plus cher : le respect de la Nature.
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Un livre généreux, comme sait en écrire Kingsolver.

Elle nous narre ici l'histoire de trois femmes d'une même région, qui n'est qu'un immense prétexte à nous faire aimer la nature et à vouloir la défendre.

Un très beau plaidoyer.
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Il faut entrer dans le livre avec curiosité et se laisser porter par l'amour de la nature que possède chacune des trois femmes ici racontées par Barbara Kingsolver.
Deanna, retirée du monde, protectrice des coyotes, qui veille jalousement sur son coin des Appalaches, et qui verra sa quiétude menacée par l'arrivée d'un jeune chasseur...
Lusa, jeune veuve héritière du domaine familial de son mari, essayant de se faire accepter par ses belles-soeurs, et voulant donner à son domaine une tournure différente.
Nannie, un peu sorcière, surtout écologiste, protégeant ses cultures des pesticides répandus par son grincheux de voisin, Garrett .
Trois femmes, trois parcours différents: Lusa, moins de trente ans, Deanna, fin de la quarantaine, Nannie, 75 ans.
Elles vivent avec la nature, et en défendent les droits.
C'est un très beau livre, plein d'images, de sons ,d'odeurs et de sensations.
C'est aussi un roman qui parle d'amour. d'enfance et de famille.
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Dans les Appalaches, on suit le destin de trois femmes : Deanna, employée par l'office des forêts qui voit arriver un jeune chasseur, Lusa, une jeune femme qui devient soudainement veuve et Nannie, une vieille femme qui se querelle à propos de pesticides et autres avec son voisin. Trois destins qui se croisent par moments au milieu de cet environnement sauvage.
Ah j'ai beaucoup aimé suivre ses trois femmes ! A vrai dire, j'ai préféré l'histoire de Lusa mais les querelles de voisinage entre Nannie et Garnett sont excellentes ainsi que les discussions animées sur les coyotes entre Deanna et Eddie. C'est surtout les descriptions sur la nature, les lieux, les arbres, les animaux... le tout bien intégré dans l'histoire de ces femmes donnent du charme à ce livre. Une histoire pleine de vie, vie des hommes et vie de la nature, une histoire qui fait réfléchir sur l'environnement d'une façon sérieuse et pleine d'humour en même temps.
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