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EAN : 9782356080936
88 pages
La Nouvelle Escampette éditions, 2017 (01/11/2017)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Galway Kinnell, décédé en octobre 2014, est une grande voix de la poésie américaine. Dans la lignée de Walt Whitman, sa poésie s'accomplit non dans l'imaginaire mais dans une relation passionnée à la vie des gens, à leurs douleurs, à leurs plaisirs. Elle est traversée d'un sentiment puissant de la beauté ordinaire et de la solitude. Ses textes ont ainsi l'étrange pouvoir, au-delà de la forte émotion qu'ils suscitent, d'inquiéter et rassurer à la fois, comme la voix ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai aimé le début et la fin, mais entre les deux je me suis plutôt ennuyée.

Bien accrochée par le premier poème, qui imprime avec force dans nos esprits l'image de cette sortie d'usine du midi, avec ses bruits de sirène, de ventres affamés, de ferraille, avec ce crachat d'une dentellière épuisée contre le portail. J'ai trouvé Galway Kinnell très bon dans la dimension sociale de la première partie du recueil, ce n'est pas toujours si évident à réussir en poésie. le travail sans répit, répétitif, donne au poème un rythme saccadé, haletant, qui nous embarque dans cette «tragédie des briques»:
«enduis soulève lâche enduis soulève lâche»
On se prend à la page suivante un contraste assez frappant avec l'évocation des joggeurs - mais on reste toujours aussi loin du Paradis:
«Ils courent par plaisir dans un monde où tous les hommes d'antan posaient des briques pour gagner leur vie.
Leur visage dit que l'enfer existe et qu'ils l'atteindront.»
Sphère sociale et sphère intime se rejoignent d'une belle façon à la fin de la première partie, dans «Souvenirs de mon père»:
«Je ne veux plus retourner dans cet établi
qui sent la sciure d'épicéa, où la voix
intime des choses se brise, puis s'altère, jamais plus.»
Après j'ai trouvé ça plus plat, jusqu'à la très belle évocation de la solitude qui ferme le recueil, la contemplation du monde animal, l'écoute de ses cris spirituels «piwit-fibi!», qu'on finit par entendre telles des voix intérieures, l'amertume du misanthrope convoitant «le calme de la matière minérale/pour une dissolution de soi qu'on ne sait peut-être interrompre» jusqu'à ce que revienne le désir de
«vivre à nouveau parmi les hommes et les femmes,
retrouver ce lieu où les liens qu'on avait avec l'humain
se sont brisés».
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Le titre, simple et magnifique, la couverture représentant cette silhouette anodine d'un homme tenant un parapluie fermé, et le recueil en lui-même, sobre, de papier blanc cassé épais, tout amène vers cette mélancolie profonde et lumineuse qui caractérise les poèmes de Galway Kinnell.
Prix Pulitzer de poésie, le poète américain décédé en 2014 s'inspire de détails de sa vie, une fleur, une rue, son lit, une bouillie d'avoine au petit-déjeuner, pour cheminer vers des pensées et des rêves existentiels qu'il écrit avec une grande délicatesse. Plus d'une fois j'ai été émerveillée et émue aussi de la tournure que prenait une situation banale, des idées qu'elle amenait et du chemin que nous faisait prendre l'auteur avec habileté.
Les derniers poèmes commencent tous par "Quand on a longtemps vécu seul": ils m'ont profondément touchés.
Galway Kinnell, que je découvre grâce à Masse Critique, est sans aucun doute une belle âme.
Merci infiniment pour cette découverte à Babelio et La Nouvelle Escampette qui est une maison d'édition née par le plus heureux des hasards vers chez moi.
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Je ne lis pas énormément de poésie même si j'ai des poètes incontournables : Fernando Pessoa, Walt Whitman, Lamartine...
Ainsi j'étais très curieuse d'ouvrir mes horizons littéraires et de découvrir la plume de Galway Kinnell.

Quand on a longtemps vécu seul est un très beau recueil de poésie. Galway Kinnell sait mettre en lumière l'extraordinaire dans les instants du quotidien, sait sublimer le réel au travers de descriptions oniriques et sublimes.

Ici nous ne sommes pas en présence de rimes, mais d'un véritable rythme, d'un souffle. Il faut lire à haute voix chaque mot, chaque ligne, les écouter, les laisser s'envoler pour pouvoir s'émerveiller du style unique de ce grand poète.

Je pense qu'il faut saluer le travail de traduction de Pascale Drouet car en plus de choisir avec talent les mots, il faut aussi réussir à retranscrire toute l'émotion qu'a voulu transmettre le poète.

En définitive, j'ai beaucoup aimé cette lecture que je recommande pour tous les amoureux de poésie !
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Un recueil de poésie comme une description précise et juste qui raconte une histoire floue ; comme une liste de longues comparaisons sensibles, sans rimes, écrite dans un rythme qui donne envie de lire à voix haute ; comme des sentiments blessés et lumineux débusqués au milieu des choses, des scènes de la vie, entre une usine de briques, un paysage, un coin de nature et le plafond d'une chambre.

Galway Kinnell est une voix reconnue de la poésie américaine moderne, cette traduction française me permet de la découvrir et la Masse Critique Babelio l'a fait venir jusqu'à moi : c'est chouette, la vie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ceux que nous aimons dès notre plus jeune âge
ne peuvent être mis à l'écart, ni oubliés.
Après leur mort, il nous faut les pleurer encore
jusqu'à l'épuisement, il faut qu'irrégulières les larmes
coulent le long du visage,
épousant ses débordements, s'infiltrant
dans ses cratères, confirmant
que l'absent ne sera plus présent,
jamais plus. Alors celui que nous avons perdu
peut-il s'éployer, les mille et mille
moments de sa présence désormais libres
de se disséminer dans la conscience, comme la neige
amassée la nuit durant sur une branche d'épicéa
qui en milieu de matinée éclate
en scintillements poudrés dans la lumière du soleil.
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Plante à cinq fleurs,
je t'ai prise ici avec moi
car tu ne seras peut-être plus en fleurs quand je repartirai,
tu ne fleuriras jamais plus peut-être.
J'ai observé chacun de tes bourgeons grossir,
comme l'eau retenue par une paupière d'enfant, qui va faire floc,
comme un chat dans la gorge qui éclot en sanglot,
une centaine de sanglots, certains soirs, dans la gorge d'un ténor.
Or ces bourgeons
ont donné de telles fleurs
que je souhaite en tirer un enseignement: le temps des souffrances
n'est pas forcément le temps de l'anéantissement.

Plante à cinq fleurs
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La dentellière épuisée, presque centenaire,
passe à bicyclette, rassemble tout ce qu'elle a dans la bouche,
d'un coup de langue le catapulte contre le portail de l'usine,
s'éloigne dans un bruit de ferraille. La trajectoire d'or éperonne
son arc de mépris, traverse la mémoire d'un enfant.

La tragédie des briques
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