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sur 693 notes
Juif hongrois, Arthur Koestler fût communiste ... jusqu'à son voyage en URSS où il découvre l'envers du décor. Il rompra ses liens dès 1938 et passera de nombreuses années à dénoncer la dictature soviétique, dans l'indifférence générale des années de la guerre.

Ce roman, écrit en 1940 paraîtra en France en 1945 et aura rapidement un grand succès. Il raconte la trajectoire de Roubachof, un responsable communiste injustement accusé, comme nombre de responsables lors des fameux procès de Moscou. On découvre à quel point l'homme, censé être la valeur majeure, n'est que Zéro face au Parti qui est L Infini. Comment ceux même qui envoyaient au peloton d'exécution les déviants furent broyés à leur tour, par un système entretenant sa propre paranoïa.

Dans ce roman vif, Arthur Koestler nous aide à nous poser les questions essentielles des rapports entre l'individu et la société, qui semblent sans intérêt tant que la société cohérente et si cruciaux quand les événements dérapent. D'ailleurs l'analogie peut aussi rappeler les époques de la Terreur post 1789 où l'on se retrouvait sous la lame de la guillotine pour une simple parole ...

Un chef-d'oeuvre politique, historique et littéraire.
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Inspiré des purges staliniennes , ce roman imagine l'itinéraire d'un dignitaire soviétique, Roubachof, qui, après une carrière d'apparatchik (diplomate, espion, fidèle du Chef et lui-même instructeur des grands procès), est jeté en prison et jugé.

Au-delà de l'étude du fonctionnement d'un système totalitaire, Arthur Koestler expose le problème de l'utilisation de la "Fiction Grammaticale"qui consiste à supprimer le "Je" au profit du "Nous", à renier l'existence de l'homme en tant qu'individu au profit de la communauté. Aucune action, aucune pensée ne peut se justifier si elle ne s'inscrit pas dans la logique du "nous". C'est, si on en croit Arthur Koestler, ce qui oppose fondamentalement les régimes occidentaux judéo-chrétiens aux régimes totalitaires : pour les premiers, l'homme est l'infini au nom duquel tout doit être entrepris, toute action collective tendant à améliorer le sort de chaque individu, pour les autres, l'homme est zéro et peut être sacrifié si cela profite à la communauté.

"Le zéro et l'infini" fut publié en France à la libération, au moment où le parti communiste était le premier parti de France. Il fit scandale fut immense...
Ce qui n'empêcha pas le livre honni d'atteindre rapidement les 200.000 exemplaires...

"Le zéro et l'infini" est probablement le livre le plus connu d'Arthur Koestler. Il est le premier qui vient à l'esprit à l'évocation de son auteur... Cela n'en fait pas le plus accessible!
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Les "procès de Moscou " vu à travers la vie d'un cadre du parti nommé Roubachof .Ou comment les loups se mangent entre eux .
Un livre intimiste , ou l'on se retrouve dans la peau de l'accusé , dans sa cellule , avec ses pensées .
Un bon livre sur les régimes totalitaires , broyeurs de personnalités .
Qui ne peuvent plus arrêter la "machine infernale "qu'ils ont mis en route et qui poursuivent leurs fuite en avant...vers le néant et la folie destructive .
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Le Zéro c'est l'individu, ramené à son néant indistinct, broyé par l'Infini du totalitarisme qui a tout pouvoir sur lui.
Ce roman commence par l'arrestation de Roubachov, ancien n°2 du Parti, et montre comment il sombre progressivement dans le renoncement, l'abdication, les ténèbres du fond de la cave où il est interrogé, sous la lumière éblouissante de la lampe braquée sur lui. Plus rien n'a de sens, ni son passé, ni ses aveux, la vérité n'existe pas dans cet État qui n'est jamais nommé mais dont les sources d'inspiration, en 1940, sont aisément identifiables. Les bourreaux d'un jour sont les victimes du lendemain, on trompe ses amis comme ses ennemis et pour ne même pas sauver sa peau. Dans l'alternance des pensées, des interrogatoires et du journal de Roubachov, l'auteur donne à voir un monde aux valeurs fluctuantes, où chacun joue sa vie sur des détails insignifiants, pensant toujours obéir à sa propre ligne mais sans jamais savoir si elle suit ou dévie de celle qu'il faut suivre absolument. Ainsi se trouve mise en évidence une partie des rouages sur lesquels repose le totalitarisme et qui n'a pas manqué d'inspirer George Orwell dans ses deux ouvrages majeurs. Les pensées du personnage reposent sur une grande base théorique, mais son propre questionnement ne manque pas d'interroger le lecteur sur les limites et l'absurdité des comportements humains, d'autant plus proches de zéro qu'ils croient tendre vers l'infini.
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Encore une fois merci à la boîte à livres parisienne qui m'a permis de découvrir ou redécouvrir ce magnifique ouvrage. La personne qui s'en est débarrassé ne savait pas ce qu'elle faisait. Un état totalitaire. Un parti dominant qui ne supporte pas les opposants ni les mous d'ailleurs. Une prison immense de deux mille politiques. Aucun prisonnier de droit commun. C'est facile à comprendre : si l'on commet une faute de jugement ou une maladresse qui met un grain dans le rouage de l'industrie, on est considéré comme un ennemi du peuple et conduit en prison. Même purge chez les paysans. Sans qu'il soit nommé de quelconque façon, le n°1, c'est Staline. Ivanof, Gletkin sont ses bras droits actuels. Roubachof lui a vieilli. Il appartenait à l'ancienne garde, en temps que commissaire du peuple donc haut placé et se croyant intouchable. Et pourtant ! Un jour, on vient l'arrêter pour le déferrer en prison. Il cherche à comprendre puis se laisse aller et c'en est fini pour lui. Confession. Exécution. C'est un livre très dur. Mais tout l'intérêt réside dans l'argumentation du citoyen Roubachof. Roubachof évoque la Révolution française et dit que Danton et ses amis se sont tout de même vu épargner toute cette comédie. Il lui est répliqué que son Danton et la Convention « n'étaient qu'enfantillages en face de qui est en jeu ici. Ces gens-là portaient des perruques poudrées et déclamaient au sujet de leur honneur personnel. Pour eux, tout ce qui comptait était de mourir avec un beau geste, sans se soucier de savoir si ce geste faisait du bien ou du mal. » Aller toujours plus loin dans le mal.
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Qu'est ce qu'un ensemble ? Un assemblement d'éléments qui formeront un tout.

Cet ensemble se devra d'être ce que l'on veut qu'il soit.
Rêve de société unique ? Un seul nom, une seule terre pour un seul peuple, celui que l'on a décidé qu'il serait ?
Rêves et persuasions sont souvent voisins d'utopies et de totalitarismes.

Que peut bien représenter un anonyme de plus ou de moins si ce n'est un rien de moins; on y mettra un zéro.
Il ne reste que l'infini pour le remplacer et en faire ce que l'on veut vraiment que ce que l'on que cela soit.

Politique, vie, société. Est ce là de simples notions qui peuvent véritablement se développer comme quelques uns l'on décidé ?

Que d'illusions et de désillusions en partant de zéro pour aboutir à cet infini constamment remis en cause par les volontés de s uns et des autres……..

Livre à lire et consulter un peu plus souvent que nécessaire afin de bien repenser à tous ces débats que l'on est trop facilement prêts à entendre.
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Même pour un sexagénaire, relire ce livre au XXIème siècle c'est plonger dans un univers presque oublié, celui de l'URSS du "petit père des peuples". le roman évoque les incroyables procès intentés aux opposants (réels ou supposés) à Staline, au cours des années '30. Certes, encore à notre époque, de nombreux dictateurs sévissent contre leurs peuples respectifs qu'ils oppriment sans vergogne, mais ce sont pour ainsi dire des amateurs qui "roulent" pour eux-mêmes. La répression en Russie, c'était autre chose: elle était considérée comme dérivant naturellement du déterminisme marxiste-léniniste et indispensable pour assurer le triomphe final de la Révolution. Il n'y avait aucun moralisme là-dedans, car les impératifs de la lutte des classes (définis par Staline lui-même) primaient sur toute autre considération.

"Le zéro et l'infini" est difficile à lire en 2014, car tous les protagonistes - y compris l'accusé lui-même, dénommé Roubachoff - sont prisonniers du système de pensée communiste et donc développent inlassablement une phraséologie "révolutionnaire", qui nous parait maintenant désuète et presque vide de sens. Sur le fond, Roubachoff se retrouve coincé entre ses récentes velléités d'opposition à Staline et sa philosophie habituelle selon laquelle la fin justifie les moyens. Lui-même s'est montré autrefois sans pitié à l'égard des individus suspectés d'entraver la marche en avant de la Révolution. Et maintenant, c'est son tour d'être du mauvais côté de la barrière.

L'intrigue du roman est simple: Roubachoff, autrefois important responsable communiste, est arrêté, incarcéré, puis confronté à un premier juge d'instruction qu'il connait personnellement et qui essaie de le faire "craquer" par la simple force des syllogismes révolutionnaires, que l'accusé n'a toujours pas reniés. Mais cela ne suffit pas et un second juge d'instruction emploie la manière forte: il n'utilise pas la torture, certes, mais il exerce des pressions extrêmes qui obligent Roubachoff à "coopérer" et signer des aveux (mensongers). Par la suite, son procès public servira d'avertissement aux opposants potentiels et édifiera le peuple soviétique (qui gobe tout ou qui fait semblant). Une balle dans la nuque sera le destin de Roubachoff et on n'en parlera plus... jusqu'à une future réhabilitation ??

Pendant son incarcération, l'accusé se dépouille partiellement de ses habits de dur-à-cuire. Pendant les temps morts où il se retrouve seul dans sa cellule, il échange avec un de ses voisins en "tapotant" ses messages sur la tuyauterie, selon un certain code. Il s'interroge sur l'individu qu'il est - insignifiant devant le Parti tout-puissant, comme un zéro devant l'infini. Peu avant son exécution, il éprouve le besoin de "tapoter" sur le tuyau le simple mot JE, ce "moi" qu'il considère tardivement à sa juste valeur et qui va disparaitre incessamment.

A présent on connait très bien les moyens qu'utilisait la police politique dans les pays communistes pour briser toute résistance chez les personnes arrêtées. En revanche, quand "Le zéro et l'infini" a été publié (1941), de l'audace était nécessaire pour dire la vérité. Il a même fallu beaucoup de courage à l'auteur, A. Koestler, car il fut avant la seconde guerre mondiale membre d'un parti communiste. Donc, même si ce roman peut sembler maintenant "daté", il ne faudrait pas oublier dans quelle situation tragique il a été écrit.
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Arthur Koestler a écrit le Zéro et l'Infini de l'été 1938 au printemps 1940. Alors qu'il était parvenu à la moitié, il a été enfermé dans un camp par la police française, qui le suspectait d'être un agent soviétique. Il continua à écrire pendant son internement. Il fut libéré par manque de preuve, mais assigné à résidence à Paris. Dans la France en guerre, il était dangereux de publier un livre. Aussi, sa jeune compagne anglaise, Daphne Hardy, traduisit le manuscrit en anglais, au fur et à mesure de l'écriture, et l'envoya à Londres, où il parut en 1940. Il fut édité et traduit à partir de la version anglaise, en France, par les Éditions Calmann-Lévy, en 1945. le texte original était considéré perdu depuis l'invasion des troupes allemandes. Or, en 2015, Matthias Wessel, un germaniste de Kassel, a découvert la version originale à la Bibliothèque centrale de Zurich. Celle-ci a été publiée en 2018, en Allemagne. En 2022, les Éditions Calmann-Lévy publient le Zéro et l'Infini à partir du manuscrit original, pour la première fois. Une préface de Michael Scammell décrit le contexte du travail de Arthur Koestler, les raisons de sa traduction en anglais et les analyses qui ont été faites de cet ouvrage.


L'exergue indique que « Les personnages de ce roman sont fictifs. Les données historiques qui régissent leur action sont réelles. le destin de l'homme N. S. Roubachov est composé à partir des destins d'un certain nombre d'hommes qui ont été les victimes de ce que l'on a appelé les « procès de Moscou ». Quelques-uns d'entre eux étaient des relations personnelles de l'auteur. C'est à leur mémoire qu'est dédié ce livre.

Paris, mars 1940 »


En effet, même si le pays n'est jamais nommé, nous comprenons très vite que l'histoire se déroule en Union Soviétique et qu'elle est inspirée des purges staliniennes. Elle commence avec l'arrestation de Nicolas Roubachov, accusé de trahison envers le parti. le nom du chef du parti n'est jamais dit, il apparaît sous le nom de « N°1 ». le prisonnier anticipe les prochains évènements : il a lui-même été l'instigateur des méthodes employées par ce régime totalitaire. Son arrivée ne laisse pas indifférents les autres détenus. Même s'ils n'ont pas le droit de communiquer, ils parviennent à le faire en frappant, contre le mur, des messages à l'aide de l'alphabet quadratique.


Roubachov marche dans sa geôle et réfléchit aux éléments qui l'ont conduit à être sacrifié au nom de l'idéologie. Ses déambulations sont interrompues par des interrogatoires, destinés à lui faire avouer n'importe quelle faute qui le conduira à la mort. Privé de sommeil, aveuglé par une lumière, il connaît l'issue de ce simulacre de justice. Les méthodes l'obligent à s'accuser, seule l'Histoire le réhabilitera peut-être. Il avait un rôle important au sein de ce système dans lequel le JE n'existe pas et qui s'est retourné contre lui.


Arthur Koestler était un communiste fervent. Après son arrestation, en 1937, en Espagne, où il a risqué l'exécution, il s'est interrogé sur les procès de personnages importants du parti, qui avaient avoué de crimes qu'ils n'avaient pas commis, au nom desquels ils ont été tués. le Zéro et l'Infini est le fruit de ses réflexions, étoffées par son expérience, il est une dénonciation du régime totalitaire soviétique. Il démontre de quelle manière un peuple se retrouve assujetti à une personne, sans possibilité de se révolter. Il n'est pas seulement une image du passé, mais une partie de l'analyse de celle du présent. C'est un livre puissant sur l'obscurantisme, qui résonne, hélas, encore très fort, aujourd'hui.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Chef d'oeuvre de la littérature mondiale, paru en France en 1945, ce roman jette un regard nécessaire sur le totalitarisme soviétique et particulièrement stalinien. le petit père des peuples a tué ou fait tuer plus d'hommes que Hitler, triste record qui ne dédouane pas le précédent. Ce roman basé sur des faits extraits de la réalité explique l'absence de valeur de l'homme dans les systèmes totalitaires qui l'anéantissent au nom d'une soi-disant cause qui n'est souvent autre que la priorité de leurs intérêts personnels.
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Haut dirigeant et figure historique du Parti Communiste Russe, Roubachof est arrêté et jeté en prison...D'autres avant lui ont connu son sort, il a lui-même collaboré à ce système.
Révolutionnaire de la première heure, compagnon de Lénine, il a déjà connu la prison et la torture, quelques années plus tôt, en 1933 alors qu'il était en mission diplomatique en Allemagne. Il était l'un des hommes fort du régime, dirigeant de l'industrie de l'Aluminium
Il sait en entrant en prison qu'il sera exécuté, que son image sera effacée des photos historiques, qu'il n'existera plus jamais dans la mémoire collective du pays, même son nom sera banni.‌ "Roubachof savait qu'il était au secret et qu'il y resterait jusqu'à ce qu'on le fusillât.".
Comme tout individu, il n'est rien, il est quantité négligeable, un zéro, face à L Infini qu'est le Parti. "La définition de l'individu était : une multitude d'un million divisé par un million."
En entrant en prison, il ne sait pas de quoi il sera accusé, par contre, il sait que les accusations seront montées de toute pièce, qu'on cherchera à l'humilier en le forçant à avouer ce qu'on souhaite qu'il avoue et que malgré sa volonté il signera des aveux tôt ou tard.
Son accusateur est un de ses anciens collègues et amis, lui même rapidement éliminé et exécuté au cours de l'instruction, et remplacé par son assistant, un homme froid et implacable
Roubachof a lui-même participé froidement à ces crimes, créé ces preuves dans d'autres procès, fait éliminer sa secrétaire et maîtresse, sans état d'âme...
Arthur Koestler en écrivant ce livre en 1938, fait référence à ces grandes purges staliniennes de 1936-37, sans cependant jamais citer Staline, purges dont plus de 700 000 personnes ont été victimes en 2 ans, mais surtout nous décrit la dialectique, le vice de ces accusateurs.
Véritable documentaire sur cette période de l'histoire, le Zéro et L Infini est aussi un ouvrage de réflexion philosophique sur la place de l'individu dans tout régime totalitaire, mais aussi dans tout système politique, sur la vérité et le mensonge en politique, sur la violence dans la politique, les partis politiques et l'individu, la dictature, la torture psychologique, la peine de mort.....
La fin justifie t-elle les moyens?
Un texte fort, dont chaque phrase, chaque conversation entre Roubachof, ses accusateurs ou ses juges doit être pesée, dont chaque lecture nous délivrera un message différent.
"La vérité, c'est ce qui est utile à l'humanité ; le mensonge ce qui lui est nuisible."
Vaste sujet philosophique et politique
Ah ! L'amitié en politique...Toujours d'actualité !
Un ouvrage lu dans ma jeunesse mais oublié depuis que je relirai avec plaisir.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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