Au coeur des maisons de couture

Au coeur des maisons de couture nous expose l'histoire des corsagières, apprêteuses, manchières, boutonnières et autres associées de l'industrie du vêtement de luxe de la fin du XIXème siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale.

S. Kurkdjian et Sandrine Tinturier, toutes deux spécialistes de l'histoire du vêtement, et fortes de recherches très approfondies, nous décrivent la face cachée d'un monde dont on ne connaît que les belles vitrines. Mais quand-est- il de ces petites mains, de toutes ces femmes, jeunes, fières, solidaires, apparemment insouciantes, néanmoins beaucoup d'entre elles sont la seule source de revenu de leur famille ?

Elles sont nombreuses (plusieurs dizaines de milliers ) à se presser tous les jours dans les premier et deuxième arrondissements de Paris, et déterminées à se faire respecter. Elles n'hésitent pas à revendiquer des hausses de salaire et de meilleures conditions de travail, et pour cela, se mettent en grève, au grand dam de leurs employeurs.

Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre les luttes sociales de ces midinettes et celles des jeunes ouvrières des conserveries de Bretagne au début du XXème siècle, qui elles aussi, victimes d'un système patriarcal, demandaient une meilleure rémunération pour leurs longues heures de labeur.

Ces revendications furent le début des conflits sociaux, de l'émergence des solidarités entre professions, et des syndicats. (Pour mémoire, au début du siècle dernier, l'industrie du luxe était la deuxième industrie exportatrice du pays).

Nos petites ouvrières seraient très fières de savoir que bon nombre des créations historiques de la maison Dior, auxquelles elles ont certainement contribué, sont dorénavant exposées au sein même du siège historique de l'entreprise et que les visiteurs de la galerie Dior empruntent la même entrée que le personnel au numéro 11 de la rue François 1er, à Paris. Cet accès partagé n'aurait pas été concevable à leur époque. Belle victoire posthume pour ces jeunes couturières.

A l'issue d'un travail titanesque, S. Kurkdjian et S. Tinturier nous donnent là à découvrir une histoire des techniques de la mode, une histoire culturelle des fleurons de l'image du pays à l'étranger, une histoire de la France, en somme.

De la belle ouvrage.
Remerciements aux Editions de l'Atelier et à Babelio, bien sûr.

A l'occasion de la Masse critique, j'ai eu l'occasion de lire "Au coeur des maisons de couture" de Sophie Kurkdjian et Sandrine Tinturier aux Editions de l'atelier que je remercie.

Quand on parle de luxe, de haute couture, on pense aux grands noms de la mode. Mais derrière toutes les créations se cachent des femmes, surnommées les Midinettes, dont on ne parle que très peu. Les auteures ont décidé de leur consacrer cet ouvrage afin de mettre en avant leur travail, leurs conditions de vies, leurs revendications... leur histoire. Bref, de leur rendre justice.

Cet ouvrage est structuré en courts chapitres qui permettent d'aborder de nombreux points pour resituer le contexte historique/social sur une période s'étalant de 1880 à 1950 (Paris ville de la Mode, hiérarchie dans une maison de couture, émancipation de la femme-ouvrière, les grèves...). Il faut ici saluer le travail de recherche des auteures qui est colossal et suffisamment vulgarisé pour être à la portée d'un grand nombre de lecteurs.

L'un des points que j'ai particulièrement apprécié est le fait qu'entre toutes ces explications, il y a de place pour parler de certaines femmes et de leur histoire qui vient illustrer le contexte. J'ai également apprécié avoir des reproductions de clichés qui agrémentent le texte.

Si le monde de la mode est un domaine qui vous intéresse et que vous voulez pousser votre curiosité à en savoir plus sur "l'envers du décor", voici un titre qui devrait vous satisfaire.

De 1880 à 1950, ce livre nous fait traverser des dizaines d'années on peut observer la vie et les conditions de travail des midinettes (contraction de midi et dinette.
On découvre une profession peut mise en avant, en matière de haute couture.
Et pourtant, c'est bien leur savoir faire, leurs extraordinaires capacité et à créer les modèles des couturiers.
Très tôt syndicalisées, elles se sont défendues au travers de luttes sociales peu connues. Pas à pas, on suit la création des vêtements, l'architecture complexe des modèles mis en forme par des ouvrières spécialisées grâce à un vocabulaire précis très technique.
Grâce à une plongée au coeur des ateliers parisiens, on voit s'activer une véritable armée de plusieurs dizaines de milliers de femmes où chaque quartier a son vêtement attitré -robe et manteau de la Bourse à La Madeleine.
Tout cela à partir de la lecture d'articles de presse, d'archives des maisons de couture. C'est un précieux témoignage qui apportent met en lumière des professions invisibles.