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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voilà un roman qui sort des sentiers battus, aux antipodes de ce que je lis habituellement, et dont, au final, je suis sortie assez secouée.

Howard C. Campbell dit lui-même qu'il est un américain de naissance, un nazi de réputation et un apatride par inclination.

Cet homme que l'on devrait détester nous livre ce récit autobiographique, fictif, de sa vie durant la Seconde Guerre Mondiale en tant que grand propagandiste sur les ondes radios et du côté des nazis.

Récit autobiographie qu'il aurait envoyé à l'auteur, Kurt Vonnegut, depuis sa cellule à Jérusalem dans laquelle il attend son procès.

Ce qui frappe dans ce récit, c'est qu'au début, on devrait haïr Howard pour ce qu'il a fait, mais au fur et à mesure des pages, on ne sait plus trop quoi penser de lui et la balance penche irrémédiablement vers le mec sympa plutôt que vers le vrai salaud.

L'équilibre étant toujours sujet à caution puisque Howard pourrait nous raconter des carabistouilles… ou pas !

Parce que si cet homme fut un propagandiste, ce ne fut pas vraiment de son fait, mais en tant qu'espion pour les États-Unis !

Dans ses discours farcis à la haine des autres et à la sauce antisémite, ses soupirs, ses toussotements auraient été des codes pour les Américains à l'écoute de ses diatribes haineuses.

Vrai ou pas vrai ?? Sans doute vrai, mais peu de personnes peuvent le confirmer et tout le roman sera rempli de faux-semblants, de ces gens qui pensent être une chose et qui sont l'exact opposé, de ces gens qui se disent purs et qui ne valent pas mieux que les nazis nostalgiques ou les nazis de l'époque du moustachu à la mèche de cheveux noire.

Soyez sur vos gardes durant la lecture car nous sommes ce que nous feignons d'être, aussi devons-nous prendre garde à ce que nous feignons d'être.

La plume de l'auteur est facile à lire, le roman se termine en quelques heures, il n'est guère épais (guerre et paix), mais il y a dedans quelques réflexions profondes dont les plus étonnantes sont celles entre Howard Campbell et Eichmann, ce dernier lui demandant s'il devait avoir recours à un agent littéraire ou encore les tournois de pingpong organisés au ministère de la Propagande.

Ici, les salauds ne sont pas toujours ce qu'ils semblent être et les gentils non plus, tout le monde cache des choses, tout le monde cache ce qu'il est vraiment, et les gens tendent à devenir les personnages dont ils ont endossé les habits pour les besoins de leurs missions.

Nuit mère est un roman étrange, une confession d'un homme seul, d'un homme qui soulève de l'admiration chez les amateurs de la race Blanche et le dégoût chez les autres, exacerbant chez ces derniers des envies de lui casser la gueule puisqu'il fait un parfait bouc émissaire en tant qu'Américain ayant frayé avec l'Ennemi (oubliant de ce côté là que les banques américaines soutinrent l'effort de guerre des deux cotés, aussi bien des yankee que des casques à pointes et des bottines à clous).

Un roman rempli de faux-semblants qui me laisse un peu groggy et perplexe sur la nature Humaine (mais je l'étais déjà).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Dans une prison de Jérusalem, l'écrivain et speaker allemand d'origine américaine Howard W. Campbell JR, est enfermé dans l'attente de son procès. La cause, crime contre humanité. Durant son incarcération il nous livre son témoignage et les événements qui l'ont conduit entre ces murs. Fait marquant, au moment de son arrestation il se défend en disant qu'il était un agent américain et que son rôle de nazi n'était qu'une couverture. Couverture dont tout le monde doute ... car le rôle était trop bien joué ...

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Dans cet ouvrage, l'auteur nous présente les confessions d'un ancien propagandiste nazi. Enfermé à Jérusalem en attente de son procès, il rédige ses mémoires dont il discute avec les différents gardiens qui se relaient devant sa cellule. Comme le dit très bien le New York Times : "Vonnegut est de ces lectures dont on ressort toujours plus confiant dans le pouvoir de la fiction."

Effectivement, ce roman permet de poser deux questions qui vont de pair lorsque l'on traite des crimes nazis : l'obéissance et la culpabilité. Cette dernière a été étudiée par de nombreux observateurs au cours du procès de Nuremberg, et même en amont comme en témoigne "Le Nazi et le psychiatre" de Jack El-Hai, tant le monde entier a été choqué de l'absence de remords des accusés. Ceux-ci ont été nombreux à expliquer qu'ils s'étaient contentés de "suivre les ordres". Pendant mes études, j'ai eu la chance de suivre un cours de Frédéric Gros qui se penchait notamment sur le concept de "servitude volontaire" développé par La Boétie ; une notion intéressante à retrouver dans ce texte.

Dans "Nuit mère", le personnage principal construit également son argumentaire autour de l'obéissance mais pas au régime nazi, plutôt aux services secrets américains qui l'auraient engagé. À la fin du conflit, il s'installe aux Etats-Unis où il rencontre un espion russe. Cet élément est assez intéressant selon moi car il permet aussi de se pencher sur le sujet du recrutement d'anciens nazis par les Etats-Unis et l'URSS dans le contexte de guerre froide. le doute quant à la culpabilité du personnage est maintenu jusqu'au bout, à moins qu'il ne soit fou, ce qui est une possibilité également crédible.

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Kurt Vonnegut a toujours exprimé clairement sa position quant à la question de savoir si l'on peut rire de tout... puisqu'il utilise l'humour comme vecteur privilégié pour exprimer l'ampleur de sa désillusion face à la barbarie...

"Nuit mère", écrit au début des années 60, ne déroge pas à la règle. Il s'agit d'une -fausse- confession. Celle d'Howard W. Campbell Jr, accusé de crimes contre l'humanité et qui, depuis la cellule de Jérusalem dans laquelle il attend son procès, rédige ses mémoires.

Né aux Etats-Unis, Howard a vécu en Allemagne, où ses parents ont déménagé pour des raisons professionnelles, dès son enfance. Il ne les a pas suivis lorsqu'ils sont rentrés au pays quelques années plus tard. Marié à Helga, une actrice qui fût son unique et impérissable amour, il est devenu pendant la guerre l'un des plus célèbres propagandistes radiophoniques nazi.

Dramaturge, auteur de pièces de théâtre à succès, Howard prétend s'être retrouvé par hasard à ce poste, lui l'apolitique qui ne se reconnaissait qu'une patrie, celle que constituait l'adoration -réciproque- qui le liait à sa femme. Il affirme par ailleurs avoir été recruté dès le début du conflit par l'espionnage américain, et chargé à ce titre de diffuser par les ondes des messages codés aux alliés. Malheureusement, le mystérieux contact qui lui aurait ensuite servi d'interlocuteur dans le cadre de cette mission a disparu de la circulation...

De retour, après la guerre, aux Etats-unis, Howard y a déchaîné des passions auxquelles il a opposé une sorte d'indifférence désenchantée. L'idolâtrie de ses fans fascistes comme les menaces de mort proférées par d'hystériques anciens combattants assoiffés de vengeance n'ont fait qu'alimenter sa propension au cynisme. Il juge ses semblables avec le recul que confère son détachement de l'agitation humaine, fustigeant leur hypocrisie, leur patriotisme, leur amour de la guerre, leur foi...

"... nous vivons dans un monde où le burlesque est un art difficile, avec tant d'êtres humains si réticents à rire, si incapables de penser, si avides de croyance et de haine".

Kurt Vonnegut Jr. place ainsi son lecteur dans le doute permanent quant à la personnalité et aux motivations de son narrateur. Est-ce qu'il ment pour sauver sa peau ? Et s'il est sincère, que penser de cet individu capable à la fois d'exhorter à la haine, sans paraître véritablement conscient du mal ainsi commis, et de mépriser avec une surprenante lucidité toute manifestation de fanatisme, qu'il soit religieux, racial, ou idéologique ?

Et qu'est-ce qui importe ? Les actes et leurs conséquences ? Ou les convictions ?

"... vous n'auriez jamais pu servir l'ennemi mieux que vous nous avez servis, nous. J'ai pris conscience que presque toutes les idées qui sont aujourd'hui les miennes, qui m'ôtent tout scrupule vis-à-vis de ce que j'ai pu ressentir ou faire dans ma vie de nazi, me viennent non pas de Hitler, non pas de Goebbels, non pas de Himmler... mais de vous. (...) Vous seul m'avez empêché de conclure que l'Allemagne était devenue folle".

Ce jeu d'apparences qu'est "Nuit mère", où personne, ami ou salaud, allié ou ennemi, n'est ce qu'il paraît vraiment, déstabilise. le personnage de Campbell, insaisissable, reste jusqu'au bout un angoissant mystère...

Sans doute ne s'agit-il pas là du meilleur Vonnegut... si l'on se laisse facilement entraîner par le rocambolesque des situations, et le ton cynique et faussement ingénu du narrateur, le récit peine parfois à maintenir un rythme homogène. Mais il a incontestablement le mérite de nous lancer sur la piste de réflexions essentielles.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Kurt Vonnegut présente un personnage relativement antipathique. D'abord, parce qu'ayant participé même indirectement au mouvement de haine et de cruauté envers les juifs lors de la guerre. Ensuite, parce que même s'il l'a fait pour le compte de l'autre camp, il se rend compte qu'il l'a quand même fait en conscience de cause. Un personnage-girouette, qui ne défend pas une cause plutôt que l'autre, qui est surtout fier d'avoir pu exercer son art en toute impunité, ni fier ni terriblement honteux, ni heureux ni malheureux d'être vivant, en liberté.

Ce qui fait donc la force de ce livre, c'est de nous présenter les confessions - molles - d'un homme qui ne sait pas trop s'il doit être puni ou non, qui ne se rend pas bien compte des atrocités commises (parfois en son nom) - ou alors si, peut-être, mais ne s'en sent pas tout à fait aussi responsable que l'architecte des chambres à gaz. Un sujet épineux, tendu, difficile, abordé du côté de ceux qui ont un pied dans chaque camp, rendu d'autant plus réaliste que Kurt Vonnegut fait passer ce récit pour autobiographique, comme s'il n'en était que l'humble éditeur - et ça marche, en fait, on y croit vraiment. D'ailleurs, c'est volontairement inconfortable et déroutant. Et le tout est bien ficelé, du genre : l'arroseur arrosé, sempiternellement.

Je n'aurais peut-être pas lu le livre, je pense, si ça n'avait été pour l'auteur et la maison d'édition, mais au final, je me suis laissée emporter doucement mais sûrement. Les réflexions sont plutôt intéressantes, et le tout est traité, dans la mesure du possible, avec une pointe d'humour (de couleur), mais surtout une grande amertume pour ce que la civilisation a perdu en humanité pendant cette guerre, qui a révélé toute la noirceur dont l'Homme est capable envers son prochain, même sa famille ou ses amis. Ce qui n'est pas nouveau, certes.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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