Dans ce faux journal intime, la reine Elizabeth apparaît sous un jour peu flatteur. Davantage préoccupée de ses chiens et de ses poneys que de ses sujets, elle semble ne pas comprendre grand chose au Brexit et se plaint du petit personnel "qui n'est plus ce qu'il était". Pensez-vous, il refuse de se confiner quatre semaines au moment des fêtes et donc de se priver de sa propre famille pour lui assurer sa "bulle" de protection anti covid. Son royal quotidien semble surtout consister à étouffer les frasques de sa royale famille, un fils accusé de pédophilie, quand même, et un petit-fils qui ne veut plus assumer les charges protocolaires de son rang et s'exile outre-Atlantique. Comme tout le monde, elle a des problèmes d'argent, elle ne coûte pourtant qu' "une livre et demie" annuelle à chacun de ses royaux sujets, ces derniers seraient vraiment malavisés de se plaindre. Heureusement, son train de vie n'a pas eu à en souffrir et la plupart de ses tracas peuvent être apaisés par une bonne tasse d'Earl Grey ou au pire, d'Assam. Elle peut aussi compter sur les bons offices de sa merveilleuse habilleuse, toujours prête à lui trouver la tenue idéale qui saura à la fois l'assortir au décor, et la mettre en valeur juste ce qu'il faut, mais lui déconseille pourtant fortement la fourrure qui n'est plus dans l'air du temps.
J'aurais aimé voir un regard plus distancé, plus élevé, sur son pays comme sur les motivations de ses proches, et davantage empreint de la sagesse qu'on peut attendre de la part d'une souveraine nonagénaire compte-tenu de sa longue expérience passée et de son rôle de représentation. Seules les dernières pages, l'enterrement de Philip, la rendent plus proche et plus humaine, même si bien sûr, il ne s'agit pas d'un journal réel mais de celui rédigé, justement, par une journaliste, française qui plus est.
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Lorsque j'ai vu ce livre pour la première fois en librairie, j'ai haussé un sourcil et je suis passée à un autre: un faux journal d'Elizabeth II et puis quoi encore ?
J'ai révisé ma première impression lorsqu'une amie m'en a parlé. Puis j'ai découvert que l'auteure était journaliste : cette fiction n'allait donc pas raconter que des sornettes.
Le récit s'étend sur deux ans du 29 mars 2019 jusqu'à l'enterrement du prince Philip le 17 avril 2021. On revit le Brexit, des événements si récents et pourtant déjà en phase d'être relégués dans un coin de la mémoire pour être doucement oubliés... A cela s'ajoute le plaisir de se plonger dans l'intimité de la famille royale, dans des épisodes de The Crown pas encore tournés. Bon, je n'ai regardé que les deux premières saisons et ça m'a suffi, mais j'ai bien aimé être replongée dans l'ambiance. L'actualité récente côtoie une partie fictionnelle, les pensées intimes de la reine, constituée de ce que l'on croit savoir sur elle -sa préférence pour son fils Andrew et pour son petit-fils Harry- et de ce que pense la journaliste : que les Cambridge (William et Catherine) sont agaçants avec leur perfection ! - je pense plutôt que la reine doit être soulagée d'être à peu près tranquille avec ces deux-là, mais ce n'est que mon avis. le livre n'est pas dénué d'humour, par exemple la crise de jalousie du prince Philip qui éclate parce qu'il a vu un épisode de The Crown où la reine aurait eu un attachement sentimental avec un autre que lui !
Une lecture agréable.
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Derrière une couverture flashy, un brin modeuse et un titre racoleur se dissimule une chronique de l'histoire anglaise contemporaine bien tourmentée entre les pro et anti Brexit, la tourmente de la Covid et les guerres intestines familiales. le tout narré par celle qui n'exprimera jamais publiquement son point de vue personnel tant la Reine incarne le ciment d'un royaume qui va à vaut l'eau.
Amusant par ses saillies sur les Cambridges "amusants" et les Sussex "difficiles", ce faux journal intime déroule également le quotidien d'une monarque marquée des obligations sans fin, une garde-robe commentée pour sa symbolique mais surtout le sentiment de devoir moral attaché à sa charge.
Fausse fiction pas aussi légère que le titre pourrait le faire croire sans être pour autant un essai politique.
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Dans ce journal intime fictif de la reine, la journaliste française Marion L'Hour raconte le quotidien de la reine de manière très documentée. C est donc intéressant mais les scénarios trop détaillés font perdre de la légèreté au récit. Je m attendais à une écriture plus décalée. Les adieux à la reine , il y a quelques jours, font tourner la page de l 'histoire d 'une femme de devoir et de l'histoire d'un peuple britannique en perpétuelle évolution très attaché à leur Queen. God save the king à présent, et continuons de tourner les pages de ce livre qui parle des événements importants de 2019 à 2021.
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Il est des moments où je n'ai envie que de chevaucher l'un de mes royaux destriers, pour me réconforter, ou de me pelotonner dans une grande étole de fourrure. Mais même cela ne m'est donné : ma chère habilleuse Angela a décidé de ne plus intégrer de fourrure dans mes prochaines tenues. "C'est l'époque qui veut ça, l'écologie. L'avenir de la planète et la survie des animaux" m'a-t-elle glissé, l’œil taquin, au moment de l'annonce. J'ai jeté un œil désespéré vers mon très duveteux manteau blanc.
-Harry, tu comprends bien qu'il n'est pas possible d'avoir un pie dans le show-business américain, un autre dans la royauté. Cet entre-deux me semble absolument intenable.
Dans les tourments du Brexit et les affres de l'épidémie, je dois confier n'avoir jamais tant souhaité voir l'ébouriffé en bonne santé. Au point de promettre au Très-Haut de sacrifier des colliers de perles et des diadèmes en diamant. Et ce que la reine veut, Dieu le veut : voilà que mon souhait fou se réalise ! Boris Johnson renaît, tel le Christ au jour de Pâques, mais en moins spectaculaire.
Attablée à mon secrétaire, je griffonne des chiffres à la plume. On arriverait à un trou de 30 millions de livres. Mauvaise nouvelle pour nos quelques centaines de valets, cuisiniers, femmes de chambre, jardiniers, femmes de ménage... Quant à moi, ma Sovereign Grant, la somme de 86 millions de livres annuelles d'argent public qui m'est allouée, ne peut légalement pas diminuer.
Je vous fait grâce des ampoules et durillons attrapés à signer les plus de sept cents cartes de Noël, une tâche ingrate qui, chaque année, fait pester Philip un peu plus fort. Mais le bonheur de mon entourage en vaut la chandelle.
Guy Maugis, Président directeur général de Bosch France, est l'invité de Marion L'Hour dans "On n'arrête pas l'éco".