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Écrit par la Boétie alors que celui-ci n'avait que 18 ans, Discours de la servitude volontaire se veut critique sur les habitudes du peuple à se laisser gouverner, et à apprécier la soumission.

Avec un regard intellectuel, critique et objectif, Discours de la servitude volontaire étonne par sa pertinence et ses exemples choisis avec soin. Les idées qui y sont explicitées demeurent pleines d'humanisme, rendant leur auteur plus que sympathique.

Bien que court, cet essai reste dense et devrait être mis entre les mains de tout citoyen, particulièrement en ces temps actuels.
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Lecture scolaire, on pourrait dire. Mais de temps en temps, j'aime bien relire de vieux trucs. Au lycée, je l'avais lu car le fait que l'auteur ait 18 ans au moment de la rédaction de ce discours m'avait bluffée. Et je me suis dit qu'au même âge, j'étais très loin de ce niveau.

Une analyse sur la tyrannie et pourquoi elle dure

Le Discours sur la servitude est scindé en deux parties. La première montre les différents moyens d'arriver à la tyrannie. Cela fait partie des premières analyses contemporaines si je puis dire, sur les différenciations entre les différents régimes politiques. Et quand on voit que cela a été écrit plus de deux cent ans avant la Révolution Française, c'est dire à quel point cet écrit aurait pu être… Révolutionnaire. L'exercice d'analyse est d'autant plus fort car à l'époque, il n'y avait pas beaucoup de Républiques ni de démocraties si vous vous souvenez bien. Il est donc difficile de décrire un régime en place et ses caractéristiques quand on ne possède pas beaucoup de points de comparaison.

La seconde partie montre qui sont les gens opprimés, pourquoi ils restent sous ce régime et donne aussi un aperçu de comment sont les tyrans. On découvre ainsi que les personnes subissant une privation de liberté ne le font pas nécessairement par choix. Mais c'est surtout venant du fait qu'ils ont l'habitude de ne pas avoir cette liberté. En effet, on ne peut regretter quelque chose qu'on ne connaît pas. Quant aux tyrans, on s'aperçoit qu'il est entouré de mini tyranneaux qui veulent eux aussi du pouvoir, et donc que ces premiers tyrans sont des gens très solitaires, qui ne peuvent avoir confiance en personne.

Une lecture instructive et facile d'accès.

Il ne faut pas avoir peur de lire ce petit discours. Tout d'abord il est court et le style y est assez simple. Aussi si vous n'avez pas peur de lire une grande description d'une soixantaine de pages, c'est le moment de vous lancer. La Boétie ne pose qu'une analyse mais en aucun cas une critique et n'apporte pas non plus des solutions à ce problème de tyrannie. Il faudra attendre quelques temps avant d'en arriver là dans les écrits. Mais on peut considérer que ce discours fait partie des pierres angulaires qui amènera un vent de Révolution en Europe. Il fait donc partie intégrante de notre histoire.

A fortiori, il est aussi très actuel car il peut vous amener à vous faire poser des questions sur la notion de liberté : liberté individuelle mais aussi liberté des peuples. Cela vous permettrait d'analyser des pays sous des régimes tyranniques actuels et peut être comprendre un peu plus comment ces pays peuvent garder des régimes totalitaires en place. Souvenez-vous qu'il n'y a pas si si longtemps que cela, nous étions dans la même situation

Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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L'auteur se pose la question suivante : comment tout un peuple ne peut-il se soulever contre son oppresseur ? Il peut comprendre que quelques hommes aient peur d'un seul, c'est de la couardise, mais tout un peuple, des milliers d'hommes ? Il explique qu'un animal lutte toujours pour sa liberté (rapporte même le fait légendaire que l'éléphant, une fois sur le point d'être capturé, brise ses défenses et les offre au chasseur en échange de sa liberté) ou souffre une fois pris (oiseau en cage). Même le boeuf se plaint sous le joug, un cheval maltraité ruera contre son cavalier. Alors pourquoi les hommes ne se révoltent pas ? C'est une question d'éducation. Ceux ayant connu la liberté, même une fois, toujours la désire, se battent pour elle ou y aspirent. Mais ceux nés asservis, comment leur viendrait l'idée d'être libre ? La coutume les a placés en cet état, il leur est difficile de s'imaginer autrement. Par l'esprit, on peut entrevoir la liberté, et l'auteur précise que le Grand Turc (au sens de l'époque) n'encourage pas les sciences et les lettres, car il n'a que faire de savants. le tyran (ce mot revient tout le temps, indifféremment avec le terme roi) est au pouvoir par la naissance, par l'élection ou la conquête. Plus on donne à un tyran, plus il prend, plus il croît en puissance. C'est vous même qui donnez le pouvoir au tyran. Il maintient le peuple en sujétion en lui offrant des distractions, des libéralités (du pain et des jeux), en sachant que le tyran peut se montrer généreux parce qu'il use du bien public qui, en définitive, n'est pas à lui ! de plus, par son titre, le tyran se pose comme un protecteur aux yeux du peuple. Mais il n'y a pas que le peuple. le tyran se maintient parce que quelques uns tirent profits de sa tyrannie, ayant sous leurs ordres d'autres qui tirent profits etc. le tyrans attire à lui les malfaisants. Pour l'auteur ces gens s'aliènent, ils ne vivent que pour faire le plaisir de leur maître, doivent penser comme lui et ne savent que faire endurer à ceux qui leurs sont inférieurs la tyrannie qu'ils subissent. de plus, le peuple va haïr ceux qui servent le tyran plus que le tyran lui-même, puisqu'il a surtout des relations avec eux. le tyran peut même utiliser la religion pour asseoir son autorité (guérisseur miraculeux). Notons que l'auteur pose une réserve pour la monarchie française, mais il n'est ni ferme ni définitif, précisant bien que par l'histoire que l'on nous enseigne, on a tendance à accepter le monde dans lequel on naît. Notons aussi qu'il flatte la poésie française, celle de du Bellay notamment, mais la poésie ne travestit-elle pas la vérité ? Dans son texte, La Boétie se réfère beaucoup aux batailles des Grecs et des Spartiates pour leur liberté contre les Perses, et prend beaucoup d'exemples de tyrans parmi les empereurs romains. Néron est un de ses exemples favoris, illustrant à merveille comme avec la fin tragique de Sénèque combien servir au mieux un maître ne sert à rien : on est toujours à sa merci. Il relate que les Romains ont pleuré César à sa mort alors qu'avec lui est advenu la fin de la République. Il aime aussi se référencer à Ulysse, l'homme libre par excellence. L'homme est né libre et doit lutter pour le rester.
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L'actualité du texte est impressionnante et s'impose dès le début du propos. A ces lignes, qui ne pense aux dictateurs passés, présents et à venir.
Qui ne pense au peuple russe aujourd'hui, serviteur de Poutine. Ou encore au peuple chinois.
Comment ne pas penser à la résignation du peuple juif pendant la montée du nazisme.
Dans un autre registre, ne peut-on affirmer, comme le fait La Boétie, que l'habitude est vecteur de tyrannie, cette habitude aujourd'hui est aussi celle de l'emprise médiatique et des objets connectés.
La tyrannie pyramidale est parfaitement démontrée avec pour fondations jeux, favoritisme et corruption.
Alors suffit-il de dire non et de désobéir pour assister à l'implosion littérale d'un régime autocratique? Est-il si facile de dire non quand l'intégrité physique est en jeu?
Le diagnostic est implacable mais les moyens de lutter au delà du « non » individuel sont explicitement limités.
Toute l'ambivalence du texte est là.
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Donc, si je résume, M. de la Boétie étale son mépris de ceux qui s'inventeraient des histoires pour ensuite y croire sur des générations (il cite les Israeliens et les Egyptiens). Il affirme également qu'il ne faut jamais avoir de roi, même bon, car ce souverain aura le pouvoir d'être mauvais dès lors qu'il le souhaitera.

Et ensuite il nous pond ceci: "Nous avons toujours eu des rois si bons en temps de paix et si vaillants en temps de guerre, que même s'ils sont rois de naissance, il semble qu'ils n'ont pas été faits comme les autres par la nature, mais plutôt qu'ils ont été choisis par Dieu tout-puissant avant leur naissance, pour le gouvernement et la conservation de ce royaume"

Et à aucun moment il ne semble envisager qu'il y a peut-être une contradiction. Que peut-être le christianisme n'a pas de raisons d'être plus vrai que les autres religions. Que peut-être les rois de France n'ont pas de raisons d'être fondamentalement et perpétuellement bons, mettant le peuple français à l'abris de la servitude, sans nécessiter aucune de se révolter contre la servitude, contrairement aux autres peuples.
Les Français servent leurs rois parce que ces rois sont bons. Les autres servent leurs rois parce qu'eux-mêmes sont lâches et faibles. Les chrétiens croient en Dieu et le servent parce que c'est la vérité. Les autres (p.ex. les Juifs, d'après l'auteur) s'inventent eux même un tyran et sont donc des êtres méprisables.

Logique !
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C'est court mais qu'est ce que c'est marquant! Une lecture indispensable que tout le monde devrait lire. C'est super intéressant les réflexions qu'il y a dans ce bouquin et c'est passionnant à lire! Et puis comme d'autres le disent, j'ai trouvé ça tellement actuel la façon dont s'est écrit. Un livre qui nous fait réfléchir et nous font poser les bonnes questions.
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Ce livre est un petit traité politique répondant à une question finalement assez simple : pourquoi nous soumettons nous à l'autorité ? et surtout lorsque celle-ci ne nous parait pas juste…
L'auteur nous développe de nombreux aspects de réponses, pour ma part je vais tenter de résumer celles qui m'ont le plus marquées. Je m'excuse d'avance pour tous les manques qui sont inévitables dans cette chroniques…

Pour revenir à notre sujet : La Boétie nous explique la facilité que nous avons à nous conformer à des ordres. Ainsi nous n'avons pas à nous poser les questions nécessaires à une décision. Si on nous dit quoi faire, pourquoi se compliquer la vie ?

D'autant que ces « ordres » proviennent de personnes qui ont une autorité : elles peuvent être légitimé par des diplômes (dans le cas d'experts par exemple), par la société elle-même (pour les élus par exemple) et ainsi de suite.

Nous restons à ce moment là dans la position de l'enfant qui écoute et obéit, supposant des raisons qui lui sont inintelligibles et supérieures.
De plus, une fois la prise de conscience de cet état de fait accomplie, en sortir demande beaucoup de volonté, d'énergie… et peut mettre en marge de la société. C'est pourquoi il y a une forme de volontarisme dans notre obéissance quotidienne, par confort.

Ces difficultés sont bien sur détaillées dans le livres, et finalement l'auteur abouti a la conclusion que sortir totalement de toute forme d'obéissance du jour au lendemain est impossible, cependant plus il y aura de gens pour questionner cette situation, pour refuser d'obéir aveuglément, plus nous avons de chances de nous diriger vers moins de servitude.

Si sortir totalement du système est difficile il y a mille petites échappatoires : des petites choses quotidiennes pour lesquelles nous pouvons tout simplement cesser de suivre le troupeau. le texte a été écrit au XVIem siècle et c'est déjà par l'action individuelle quotidienne que l'auteur voyait venir le changement : aujourd'hui nous pouvons évidemment penser à la « désobéissance » par la sortie de l'impératif de consommation…

Pour continuer cette réflexion je vous renvoie vers « l'âme Humaine » d'Oscar Wilde qui traite assez bien e a volonté que nous pouvons avoir, vers « La désobéissance civile » de David Thoreau… et je pense que le titre parle de lui même et explique la filiation entre les deux oeuvres.

Pour ce qui est de mon édition de ce texte : je le possède aux éditions Mille et une nuits, dans un format poche tout petit et donc assez pratique ! Il a un format plus carré que ce dont j'ai l'habitude (comme toute cette collection : qui détient pas mal de titre engagés super intéressants de Bakunine à Thoreau…
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Valable en son temps comme aujourd'hui, peut-être même surtout aujourd'hui alors même que nous vivons en démocratie, ce Discours de la servitude volontaire doit perpétuellement nous pousser à nous interroger sur notre système politique, à le questionner, à le remettre en question peut-être parfois, mais surtout, à défendre notre liberté. La Boétie donne à celui qui le lit les moyens de ne pas se soumettre.
Lien : https://mon-imaginarium.wixs..
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Ne pas lire si vous refusez de vous confronter à des vérités humaines telles : lâcheté, pleutrerie, délation, soumission.
Ne pas lire si vous désirez vivre de vos illusions, vous nourrir de mensonges.
La servitude est une étude que je conseille du coté du masochisme moral, ce que nous sommes souvent.

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Ce n'est qu'à l'âge de 18 ans que Etienne de la Boetie écrit ce court essai philosophique qui est Discours de la servitude volontaire.
A travers ce texte l'auteur veut analyser quel mécanisme fait que les populations se font dominer en tout temps par des maîtres, et des Tyrans. Etienne de la Boetie arrive assez rapidement la conclusion que si le peuple sont dominer, c'est qu'ils y consentent. En effet si le peuple voulait s'affranchir définitivement des ses chaînes, face à leur nombre les maîtres ne feraient pas long feu. Il en conclue donc que si le peuple, si les gens se laisse dominer c'est qu'il y trouve satisfaction. Il résume donc cela à la fameuse devise: "Du pain et des jeux".

Cependant, cette oeuvre, lut à notre époque manque d'approfondissement, ce qu'on ne peut imputer à l'auteur, qui ayant vécu au 16ème siècle, n'avait donc pas de notion de psychologie et de sociologie. En effet pour moi résumer le mécanisme qui fait que dans l'ensemble les peuples sont dominé ne se résume pas simplement à "du pain et des jeux". Selon moi cette état des choses est bien plus profond que cela. Même si ce dont parle Etienne de la Boétie.
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