Connaitre et Apprecier

Guillermo de la Roca
Connaître et apprécier
Edition Chroniques du ça et là
Guillermo de la Roca, argentin, autodidacte, prouve par sa plume une réussite extrême d'écriture
Voici un ouvrier, artiste, nouvelliste, qui, grâce à un tour de maître majestueux est projeté sur le devant de la scène littéraire. Ses nouvelles sont traversé l'océan, 11 000 kms font un splendide tapis volant. Lues avec révérence, ces dernières sont étonnamment matures et maîtrisées. Elles tournent parfois en déraison le monde actuel, font parfois grincer des dents, et chantent la grâce de la symbiose livresque. La puissance verbale approuve la qualité stylistique de l'auteur. « Connaître et apprécier » est une satyre de la société argentine.
Page 14 : « Sale gringo ! Tu viens ici nous espionner »Répondait –on à mes questions. Je fus soulagé quand on vint me chercher. »
« le voyage de Mathurin le lapin » est une morale, sans doute ma préférée. La fin, pathétique, mais, impossible de résister à la saveur du contexte. le point final acté par J du Bellay ennoblie cette nouvelle. Tel Llosa et Guillermo de la Roca, les écrivains argentins ont cette spécificité d'approuver la littérature française et d'être des fins connaisseurs de notre langue.
« La Chapelle du Vallon » nous plonge dans les références bibliques, où Job serviteur est le fil rouge entre l'éternel et le diable.
La nouvelle de Guillermo de la Roca « le Rhin » affirme l'extrême capacité d'oser écrire sur le grave, le spirituel, la Franc-Maçonnerie, et de faire une nouvelle profonde et haute en symbolisme. « Tu es la pierre brute me dit-il mais tu dois devenir La pierre vivante. » et avec un réalisme rare, Guillermo de la Roca bouscule les préceptes.
« le musicien continua à jouer et à chanter, assis devant l'orgue portatif de campagne fixé par des courroies aux banquettes du bateau. Je crus reconnaître le Souverain Grand Inspecteur Général…. Nous coulâmes vers 15h30. »
Voici 16 nouvelles, majeures, cartographies cosmopolites d'un monde réel ou fictif mais le fil à plomb remet d'équerre le contexte, le lecteur connaît puis apprécie.
Ces nouvelles ,toutes futurs grands classiques font la part belle au lecteur durant les 157 pages de breuvage doux.