A travers ce récit autobiographique,
Philippe Labro nous livre les confidences d'un jeune homme, un français venu passer un an au sein d'une université prisée de Virginie, au Sud de l'Amérique. C'est loin de tout ce qu'il connaît, plongé dans les ténèbres de l'inconnu et frétillant d'une excitation propre à la jeunesse, qu'il va entrer dans l'âge adulte et grandir avec les fameuses expériences, les premières fois, qui retentissent par la suite dans toute une vie.
Si la dimension d'apprentissage est présente tout le long du roman, par l'analyse rétrospective qu'opère Labro sur cette période déterminante de son existence, ce dernier livre aussi une forme de témoignage sur un milieu américain précis, à savoir le milieu étudiant des années cinquante. Nous allons, en effet, au même titre que le narrateur, être immergés dans les codes sociaux et culturels qui caractérisent ce milieu. Conformisme, racisme ou encore snobisme ; rien n'échappe au jeune étranger qui tente de se frayer une place parmi tous ces étudiants qui le fascinent, qui respirent l'éthique américaine.
A toutes ces découvertes et prises de conscience vont s'ajouter les histoires sentimentales, les femmes, qui vont, elles-aussi et à leur façon, marquer leur empreinte sur le narrateur, avec les personnages d'April et Elizabeth. La première va lui donner le goût de l'interdit, la transgression, tandis que la seconde va davantage l'imprégner de son excentricité.
En parallèle, les mots de Labro vont nous proposer des portraits de paysages, d'atmosphères, de musiques en vogue comme la country, des vêtements in, bref : de tout ce qui constitue la vie américaine à cette époque tranquille, et pourtant mouvante.
Je peux dire que j'ai bien apprécié ce livre, dont la lecture est relativement simple et fluide (comme le roman est découpé en un grand nombre de chapitres). L'écriture de Labro est, à mon sens, ronde, douce, agréable, même si je ne voyais pas forcément toujours où il voulait en venir.
Pour la note de fin, je vais laisser cette citation dans laquelle il se décrit lui-même à ses débuts, que j'ai trouvée touchante de sincérité et qui, surtout, amorce bien cette transformation qu'il va vivre par la suite : « une timidité maladive, une pudeur farouche, des lambeaux de brume d'adolescent rêveur, silencieux, profondément concentré sur lui-même et ses gouffres ». C'est en agissant que l'on va parvenir à dépasser ses gouffres intérieurs ! :)