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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'originalité de ce livre, revendiquée par Alexandre Lacroix lui-même, réside dans la position de l'auteur qui cherche à comprendre et à raconter comment un homme devient père. Beaucoup de livres ont été écrits à propos des relations que des fils ou des filles ont entretenu avec leur père. Autant ont abordé le rôle du père dans le ménage, la position de la mère face à l'homme de la maison. Mais l'auteur estime être le premier à avoir abordé l'expérience du devenir père, racontée par l'expérimentateur lui-même. Sur ce point, je ne serais pas aussi confiant que lui. Robinson, par Laurent Demoulin chez Gallimard(2016) en est un exemple. Cela ne range pas, pour autant, ‘La naissance d'un père' au rayon des livres inutiles.

Ce livre, en effet est très abordable et néanmoins sérieux. Ecrit par un philosophe qui a l'expérience du terrain puisqu'il a eu cinq enfants, ce titre nous invite à nous souvenir des petits bonheurs qu'on a pu vivre en essayant d'éduquer au mieux nos enfants. Par petits flashs, séquences parfois burlesques et souvent très tendres, il veut nous démontrer comment un homme devient peu à peu père et la sagesse à laquelle les enfants nous invitent lorsqu'on observe leurs centres d'intérêt et leur faculté à s'émerveiller de tout apprentissage.

Citation:
Je comprenais que les enfants, lorsque nous passons vraiment du temps avec eux, nous rendent le monde une seconde fois. Par empathie, immergés dans leurs impressions, nous nous mettons à redécouvrir des merveilles du quotidien. Un camion poubelles en tournée ou une tractopelle creusant une tranchée vers une canalisation sont, pour un très jeune enfant, des sujets d'étonnement d'admiration.

Loin d'être un catalogue de conseils, prétendus bons par l'auteur, ou d'un fourre-tout d'injonctions paradoxales et de principes cinglants, ce livre est aussi témoin d'un regard moqueur sur la vie d'un père, et plus encore sur celle d'un père de famille nombreuse.

Citation:
Passer de trois à quatre enfants dans une même famille, c'est franchir un cap. Rien n'est plus à vos dimensions. Vous ne pouvez plus monter dans un taxi. Impossible de demander à votre tante ou votre cousin de venir vous chercher à la gare. Les voitures normales sont conçues pour cinq personnes maximum. Quand vous entrez dans une rame de métro, vous ne tenez plus sur un carré de banquettes. Au restaurant, même s'il y a de la place, le serveur doit bouger des tables pour vous installer. Et quand vous allez chez des amis, même s'ils ont une grande maison, vous êtes encombrants. Avec trois enfants, ça passe encore. Mais lorsque vous arrivez à six dans un salon, il y a intrusion, presqu'effraction.

En le lisant et se reconnaissant dans la bonne volonté parfois décalée du père à enseigner au fiston les subtilités de vocabulaire dans notre belle langue française, on se dit que Raymond Devos aurait certes pu préfacer cet ouvrage. Ce qui e veut pas dire qu'après avoir lu, nous nous sentirons plus fort pour expliquer « comment est-ce qu'on parle par devant chez nous ! »

Citation:
Puis il finissait par s'exclamer : « Pour toi ! »
- Oui, c'est la tartine de papa. A la confiture de fraises. Tu en veux une aussi ?
- Une pour toi.
- Attention Giacomo, quand tu parles de toi, tu dois dire « moi ». « Je veux une tartine pour moi ». Ou « Donnez-moi une tartine ». Tu comprends ?
- Non pour toi. Toi aime la confiture.
- Je sais, c'est bizarre mon lapin, disais-je en commençant à lui étaler du beurre sur une tranche de pain. Mais le « toi » devient « moi » quand c'est toi qui parles. Par exemple, si je dis « C'est pour toi, Giacomo », toi tu me réponds : « Oui papa, une tartine pour moi ». Tu es un « toi » pour moi et un « moi » pour toi ».
- « Une tartine veux ! » criait-il en se demandant si je n'étais pas en train de l'embrouiller.
- Pour simplifier, tu peux aussi dire, ajoutais-je en lui montrant le petit carré de pain qui luisait de beurre et de confiture : « Cette tartine est pour Giacomo ».
- Non, Giacomo, c'est toi !
- D'accord, t'as gagné, t'es le plus fort. Régale-toi mon champion.

Cela étant dit, de manière très anecdotique, heureusement, l'auteur ne peut s'empêcher d'égratigner ses semblables par des attaques qui, finalement n'apportent aucune valeur ajoutée au récit. Affaire d'ego ? Probablement. Il a sans doute beaucoup à apprendre des jeux innocents des enfants dont il se dit un observateur assidu. Mais, le rôle de père n'efface pas toute envie d'être aussi le coq ! Alors donc, pourquoi rappeler, qu'en son temps, Marguerite Duras, dans un article qu'elle signe le 17 juillet 1985 dans Libération, a manqué de lucidité en désignant la mère comme celle qui ne pouvait qu'être la seule coupable dans la sombre affaire du petit Gregory ? Et même si cette erreur de positionnement de Duras peut s'entendre, pourquoi souligner que c'était l'été, que donc les gosiers devaient être secs et que …

Citation:
« Duras tournait en ces temps-là à cinq ou même sept litres de vins par jour. Il lui arrivait de mettre son réveil la nuit, à trois ou quatre heure du matin, afin d'ingurgiter un demi litre supplémentaire et de ne pas subir les tremblements du manque ».

Voilà bien, Monsieur Lacroix, des flèches inutiles à décocher dans le dos d'une consoeur écrivaine ! Dommage.

Et pourquoi aussi cette coquetterie d'auteur qui joue à se poser la question de savoir si son dernier chapitre est tout à fait dans la lignée de tous les autres ? Pourquoi cet appel au jugement du lecteur pour faire passer une décision qui est celle de l'auteur et qu'aucun lecteur ne conteste par ailleurs ? L'auto-flagellation est encore aux yeux de certains le signe qu'ils sont habités par le doute, donc profondément sérieux ! Leur hésitation, leur prudence d'homme faible rencontrant des difficultés à trancher justifie le courage dont ils font preuve pour dépasser leurs angoisses et trancher de manière virile les révélant parfaitement capable de régner dans leur univers... Vieille ficelle du métier que ces faux combats intérieurs et, in fine, verbiage scriptuaire sans aucun panache!
Car, s'il avait cru flouer le lecteur, ou il ne disait rien et passait en doute, ou il retirait ces derniers paragraphes ce qui n'aurait modifier que l'aspect cosmétique de son bouquin ! Allons, un peu de simplicité s.v.p. !

Citation:
« Je n'avais jamais provoqué délibérément une expérience ou un moment de vie avec l'un ou l'autre de mes enfants, dans le but de les placer ensuite dans mon livre. Et donc provoquer une rencontre à vivre avec mon fils aîné, premier enfant introduit dans le livre qui, à son terme est devenu majeur, me posait question. A mon sens, procéder ainsi , vivre une situation en sachant qu'on va l'écrire, c'est non seulement trahir les autres mais aussi se tromper soi-même »

Enfin, hormis la double réserve annoncé ci-dessus, au terme de ce livre, somme toute assez agréable et au regard tendre sur nos enfants, nous pouvons entrevoir les difficultés à devenir père mais aussi les joies, petits et grands bonheurs à partager. On sourit, se retrouve. On apprend et on se prend même l'envie d'approfondir quelques réflexions sur les sujets évoqués. A découvrir donc.

Lien : https://frconstant.com/
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Un roman philosophique et biographique sur la paternité.
Alexandre Lacroix est écrivain. Après avoir assisté à la naissance et au développement de 5 enfants, il décide d'écrire sur ce sujet là. Il y livre des moments du quotidien et des moments plus intimes, il y partage ses joies et ses peines mais aussi ses constats sur la société. le lecteur vacille entre les éléments de biographie et parfois des éléments plus philosophiques qui l'amènent à suspendre sa lecture pour mieux digérer les propos.
J'ai immédiatement accroché aux premiers chapitres. Il est intéressant de lire les réflexions d'un jeune homme qui devient père et qui se confronte aux doutes et aux découvertes inhérentes à ce nouveau statut.
Il est normal que tout le roman ne parle pas que de la paternité et des enfants mais certains éléments ne m'ont pas happé.
Par conséquent, j'ai passé un très bon moment à la lecture de ce roman mais je reste un peu sur ma faim. J'ai noté un grand nombre de passage qu'il me plaira de relire.
Merci aux éditions Allary et à Babelio de m'avoir permis de découvrir cette tranche de vie.
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Lire un récit qui met en avant la paternité me tentait beaucoup. Et c'est ce qui m'avait attiré vers ce livre… Alexandre Lacroix est à la fois romancier et philosophe. Il est d'ailleurs directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, et cofondateur de l'école d'écriture Les mots. Avec ce livre, et alors qu'il devient père de son cinquième et dernier enfant à quarante deux ans, il décide de raconter ce qui a peu été raconté jusque-là, l'histoire de sa paternité. Lorsqu'il devient père de son aîné, Bastien, il vit alors dans une grande précarité avec sa première compagne à Avignon. Déjà écrivain, travaillant à domicile, lui revient la charge de s'occuper de leur enfant, d'abord nourrisson. J'ai beaucoup aimé cette partie, la désinvolture de ce père qui apprend sur le tas, parcourt la ville avec son fils, d'abord bébé puis enfant en bas âge. Ensuite, vient la séparation, la rencontre d'une nouvelle compagne et deux naissances rapprochées. Alexandre Lacroix nous raconte avec beaucoup d'émotion ces naissances, la toute petite enfance, les péripéties qui vont avec, leurs ennuis avec le voisinage, leurs vacances en famille. Autant j'avais aimé l'épopée avignonaise, autant j'ai peu à peu été moins séduite par la suite du récit de ce père qui prend avec le temps de l'assurance à mesure que la famille s'agrandit. J'ai tiqué sur quelques scènes, notamment sur celles qui le confronte avec le voisinage. Et à la toute fin, il m'a semblé que le témoignage de ce père se teintait d'un peu de prétention, ce que j'ai trouvé dommage. Cependant, ce récit a le mérite de la sincérité et du partage. Et il n'est sans doute pas forcément besoin de tout partager avec un auteur pour trouver à un récit de l'intérêt. de plus, il montre bien combien la parentalité est sans doute une des plus incroyables aventures humaines, où le chamboulement est constamment au rendez-vous, ainsi que le manque de sommeil, et où notre coeur est mis à rude épreuve (quand il ne menace pas de simplement s'arrêter face à un trop plein de bouleversements), ce qui est toujours une bonne chose à rappeler.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Il est intéressant de se glisser dans la peau et la tête d'un père, qu'il soit débutant ou aguerri. Certaines pages m'ont touché, d'autres m'ont laissées de marbre. La lecture de cette autobiographie du coup me laisse un sentiment mitigé. Dommage, le sujet était pertinent.
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La naissance d'un père nous livre un beau témoignage bien ancré dans son époque.
On y suit avec plaisir et facilité ce papa en devenir, Alexandre Lacroix, qui sait de quoi il parle.

De ses déambulations dans les rues d'Avignon à la vie parisienne, de ses séjours dans des pays bordés par la Méditerranée, on voit sous nos yeux cette famille s'agrandir de 1 à 5 enfants.

Alexandre Lacroix ne fait l'impasse sur aucune thématique, il nous parle entre autre du coupage du cordon ombilical, des objets transitionnels, de l'allaitement, des difficultés des familles recomposées et en particulier celle d'être un père "d'un week-end sur deux", de psychologie, d'avortement, de famille nombreuse....

L'auteur a cette facilité de nous transporter avec lui dans ces voyages à la rencontre de personnages fascinants, ma préférence allant à son séjour à Essaouira qui m'a particulièrement touché (mais certainement parce que ça fait écho à mes expériences passées).

C'est donc un très beau témoignage, détaillé, étayé, anecdotique et même technique par moment, il m'a juste manqué un peu plus de ressenti. Je ne sais pas si cela est lié à la paternité en elle-même, mais tout reste en surface, dans le vécu, dans l'explicatif, dans le détail, il ne descend jamais dans l'émotion, il n'est jamais question de sentiment ou si peu, et c'est juste un peu dommage.
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