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EAN : 9782080426819
224 pages
Flammarion (10/05/2023)
3.24/5   31 notes
Résumé :
Au cours d'une vie, nous faisons l'amour des milliers de fois.
Et si nous prenions le temps de réfléchir à nos gestes et à nos habitudes, pour donner à ces moments davantage d'intensité?
Voilà la proposition d'Alexandre Lacroix, qui explore ici la sexualité d'aujourd'hui, telle qu'elle se pratique à notre époque où la pornographie est massivement diffusée et où le plaisir se consomme comme le reste.

L'auteur procède par courts chapitres,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai acheté et lu ce livre après avoir lu quelques interviews de l'auteur. J'ai été séduit par son approche, par sa critique de ce qu'il appelle le freudporn, enfin dans l'espoir de trouver une réflexion philosophique de qualité sur la sexualité.

D'un point de vue formel, c'est un livre de philo bien troussé, efficace d'un point de vue rhétorique, avec quelques petites références de-ci de-là. Rien à dire, ça fait le job. C'est plutôt le fond qui pêche.

Le début du livre s'est avéré conforme à mes attentes, mais bien vite, j'ai eu comme l'impression que quelque chose clochait. En fait, plus on avance dans le livre, plus on s'aperçoit que la posture de l'auteur n'est qu'une façade, qui masque une vision de la sexualité malheureusement terriblement conforme avec ce qu'il entend critiquer, et à mille lieues de ses discours d'introduction sur la beauté de la sexualité, sur la nécessité de la déconnecter de la performance, etc.

La fin du livre, surtout, est accablante : AL entend par exemple déconnecter la sexualité de l'impératif de l'orgasme. Les deux chapitres qu'il consacre à la question montrent cependant qu'il entend par là l'orgasme de la femme. Pour lui, en revanche, il n'est pas question de se priver du sien. le livre, qui suit en quelque sorte le déroulé d'une relation, monte en fait en crescendo vers le chapitre 28, puis s'achève sur le repos. Montée, apex, retombée : c'est précisément le déroulement standard qu'il reproche au freudporn.

Pour le reste, la vision de la sexualité proposée est terriblement pauvre, machiste, et même trash par moments. Là aussi, du freudporn à l'état pur. Petit florilège : on ne parle pas pendant l'amour. Pas besoin de kama-sutra, on peut se limiter à la triade pénétration-fellation-sodomie. Madame n'est pas obligée d'avoir un orgasme, elle peut simuler si elle veut, ce n'est pas philosophiquement défendu apparemment. En revanche elle peut pleurer à la fin. Enfin, AL, incapable de s'extraire de la notion de domination dans l'amour, concède qu'on peut alterner le rôle dominant. Grand féminisme ! J'aurais plutôt eu tendance à remettre en question cette notion de domination mais bon. L'ensemble se revendique comme un point de vue, celui de l'auteur, donc un homme hétérosexuel. Moi aussi, ça tombe bien, mais cela n'interdit pas, me semble-t-il, de prendre en compte le point de vue de l'autre, et de proposer autre chose que la soupe viriliste ambiente.

Je schématise à grands traits les séquences qui m'ont gêné (en fait toute l'armature du livre, la posture générale). Pour le reste il y a d'assez bons passages, mais l'ensemble est cantonné à une défense et illustration de la sexualité ordinaire selon les standards d'aujourd'hui, c'est-à-dire le freudporn.

AL plaide pour refaire de la sexualité un moment esthétique, comme une ballade en forêt dit-il. Soit, mais le reste ne suit pas. J'invite ceux qui auraient des doutes à lire le chapitre 28, juste pour voir la tonalité d'une ballade en forêt selon AL...
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On m'avait parlé de ce livre comme étant un livre renversant un équilibre sexuel masculo-centré et rempli d'idées reçues. Il n'en est rien. La proposition de l'auteur est alléchante, revoir un script maintes fois vu et revu, afin de le déconstruire. Mais cela s'écroule assez rapidement.
Ma critique ressemblera beaucoup à celle d'Onesimos, mais j'avoue avoir également son avis.

Sur la structure :
La structure complète du livre est basée sur le "freudporn", coïncidence fortuite, ou clin d'oeil maladroit ? Dans tous les cas l'auteur suit scrupuleusement la totalité des étapes qu'il espérait déconstruire.

Sur la profondeur :
En tant que personnalité philosophique (je n'ai pas suffisamment connaissance de ce milieu pour me prononcer sur sa notoriété) je m'attendais à quelque chose d'un peu plus profond. L'auteur se contente de passer brièvement, voir très brièvement sur "tous" les aspects de la sexualité afin d'en donner son avis. Quelques citations, études à l'appui il finit par donner son point de vu. La plupart des chapitres n'invitent pas à la réflexion, et sont aisément résumables par une courte phrase.

Sur les idées :
Pour moi, c'est vraiment là le point négatif absolu du livre. Certaines phrases, certaines expressions traduisent un manque de réflexion flagrant sur le sujet (Manque de réflexion pour quelqu'un qui voudrait en rédiger un livre d'enseignement j'entends). Beaucoup de ses idées semblent sorties d'un autre temps. Ne pas rire durant un acte sexuel mais plutôt sourire, ne pas trop s'attacher à l'orgasme (féminin, car évidement c'est l'éjaculation qui devra stopper l'acte), l'amalgame entre érotisme et porno car selon l'auteur "passer en mode porno" est quelque chose de complètement normal et même positif (Ah je pensais que justement nous cherchions à déconstruire cela ??), le fait de ne pas avoir d'érection est "un cuisant fiasco", la sodomie devient "un sujet de négociation" (évidement rien sur l'orgasme prostatique)...
Dans l'ensemble, on a l'impression que certaines positions de l'auteur sont adoptées "parce que ça fait bon genre" mais sans pour autant y croire. Ses expressions sont au mieux maladroites, au pire elles révèlent un manque crucial de compréhension et de déconstruction.

Je place ce bouquin au rang de la fausse bien-pensance, du masque social que souhaite porter l'auteur. Je ne le recommande absolument pas.
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Dans cet essai Alexandre Lacroix réfléchit à la sexualité de manière méthodique et concrète tout en procédant à des analyses philosophiques du faire l'amour. Il rédige de courts chapitres portant chacun sur un aspect précis de la sexualité humaine : le rythme, la domination, la lenteur, la caresse, l'orgasme... Chaque réflexion s'appuie sur des exemples précis et des sources philosophiques, cela permet au lecteur de prendre du recul sur sa propre sexualité et de la questionner. L'ambition est grande puisque l'auteur essaie de définir ce qu'est le "bien faire l'amour." Il y a des pages très puissantes et évocatrices. Une remarque limitative : Alexandre Lacroix réfléchit uniquement à la sexualité hétéro . Les formes autres de la sexualité ne sont pas étudiées et cela laisse pas mal de monde à la porte.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Faire l'amour est l'un des plus beaux remèdes au contre-la-montre permanent que nous impose la société moderne. Et la principale qualité du temps sexuel est son élasticité. Un quart d'heure, une demi-heure ne signifie plus grand-chose. Il est des secondes de plaisir terriblement dilatées, durant lesquelles on a l'impression de tomber dans un gouffre sans fond, ou de franchir des portes successives, ou de connaître des métamorphoses. Et puis il y a l'inverse, l'étreinte a aussi ses faces denses, comprimées par l'urgence et la frénésie - dans ces cas-là, il n'est plus question de ralentissement, mais d'accélération.
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Enfin, intervient un dernier registre pour lequel j'avoue une tendresse spéciale, la digression provocante. Il s'agit du plaisir que l'on prend parfois à parler de tout autre chose que de l'amour qu'on est en train de faire. On ralentit, l'un des deux se met à évoquer un problème qu'il a eu au travail, ou bien le projet d'aller visiter une expo ou voir un film, on peut même aller jusqu'à évoquer les enfants ou la politique... L'enjeu étant de mener une conversation normale comme celle qu'on tiendrait à table ou autour d'un café. Cela a l'attrait du "comme si de rien n'était". Ces digressions ne renvoient pas l'acte sexuel à néant, mais elles lui confèrent de la légèreté et de l'innocence, puisqu'elles démontrent qu'on demeure libre de vagabonder par le discours et la pensée ; elles nous désenclavent. Mais elles sont aussi provocantes, car dans ces moments-là on teste subrepticement l'excitation de l'autre. Il y a souvent, à l'arrière plan de ces digressions, des regards ou des sourires complices. [...] Et vraiment, j'estime que, durant ce type de conversations apparemment anodines, ce qui se joue, c'est la permanence, l'obstination du désir dans le climat même de la banalité.
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Penser à l'autre, aimer, c'est aussi se raconter des histoires à son sujet et divaguer, s'attarder sur une foule de petites choses, une phrase qu'il a dite, un rêve dont il nous a donné le récit, un geste qu'il a fait ou qu'il a réprimé discrètement, et parmi cette multitude d'images et de signaux faibles qui nous trottent en tête il peut y avoir le dessin des lèvres ou des mains, la conque du nombril, la granulation et la teinte des aréoles, les fossettes des reins, et pourquoi pas la forme du sexe.
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L'application au domaine de la sexualité est évidente : tant que j'impose mon va-et-vient comme si j'étais en train de travailler le cardio sur une machine en salle de sport, je suis dans la démonstration éclatante de ma
force, de ma santé, je suis viril, impérialiste peut-être, au moins consommateur et dominateur, et bien sûr, il ne se passe rien, je finis simplement par transformer l'humidité en sécheresse et la bagatelle en calvaire, j'impose à l'Autre la compulsion de répétition que l'ère industrielle
a déposée en moi, je suis un exécutant zélé du freud-porn, certes, et convaincu de ma valeur, mais celle-ci n est qu'auto-affirmation, elle n accepte pas la médiation de l'altérité et s'épuise toute seule.
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Ne pas perdre son enthousiasme, même dans l'excès, même dans la pire débauche, et sans doute un défi pour les amants d'aujourd'hui. Cela implique d'accepter d'être dérangé par l'autre, d'être transformé par les rencontres, d'être transporté par l'expérience sexuelle, de l'envisager comme une aventure dont la base est hormonale, certes, mais la fin inconnue. Il s'agit de se laisser traverser par des sentiments de tous ordres sans les juger. C'est ainsi que les adolescents abordent leur premier rendez-vous ou baiser, et c'est un état de jeunesse qui me semble paradisiaque.
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Videos de Alexandre Lacroix (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Lacroix
https://fr.ulule.com/philosophie-magazine/
Lorsque Philosophie magazine s'est lancé en 2006, avec une petite équipe de journalistes emmenée par un rédacteur en chef et un éditeur novices, Alexandre Lacroix et Fabrice Gerschel, les chances de succès étaient minces. Peu de moyens financiers, quasiment aucune publicité… mais un projet à la fois utopique et évident : associer philosophie et journalisme afin d'éclairer les grands enjeux de l'actualité, dans toutes ses dimensions, et rendre accessible 2 500 ans de patrimoine philosophique pour un public non initié, auquel nous ne demandons aucune connaissance préalable, juste de la curiosité. Aujourd'hui, alors que nous travaillons sur une nouvelle formule, nous faisons naturellement appel à vous. Que vous soyez abonné, lecteur, ancien lecteur, ou que vous ne nous connaissiez pas encore !
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