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256 pages
Les Éditions Nomis (30/11/-1)
3/5   1 notes
Résumé :
LE LOUVRE
Les Chefs-d'Oeuvre de la Peinture
par Georges Lafenestre
Membre de l'Institut
Préface de Léonce Bénédite
Introduction de Louis Demonts

Volume I
50 planches en couleurs

Les Éditions NOMIS
61, rue de Gergovie
Paris
1920

256 pp.


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Mantegna aura, devant lui, la conquête de l'art antique, de l'anatomie, de la perspective, et la dure tension de son esprit pour cette conquête caractérisera son style.

Il serait trop long de descendre, en nous arrêtant à chaque tournant, ce long fleuve de l'art moderne, de décrire l'île enchantée que découvrit Watteau, ou, tout près de nous, cette gracieuse rive d'Ile-deFrance que peignit Lancret, seul, en son siècle, avec Oudry, Desportes, Rétif de la Bretonne et Diderot.

Devant Chardin, devant ses simples natures mortes, se poserait, de la façon la plus aigû, le problème du but de l'art, puisqu'il semble tout d'abord n'avoir fait que peindre avec une technique merveilleuse d'humbles choses, et qu'il est un exemple dont s'empareront toujours avec empressement les esthéticiens antiphilosophes, qui ne veulent donner d'autre objet à la peinture que celui d'imiter et de bien imiter la nature extérieure. Comme s'il était possible de représenter les choses, à moins qu'on ne devine, sous leur apparence de lignes et de couleurs, leur essence réelle, qu'on interprétera par la sympathie (avec toutes ses nuances) de notre vie pour leur vie ! Un objet n'est-il pas toujours pour nous ce qu'il était chez les peuples primitifs, et n'a-t-il pas encore, du moment qu'il est peint, comme une signification magique ou religieuse ?

Encore moins pourrions-nous suivre le rivage sinueux du xix^ siècle. Voici l'une de ces renaissances post-classiques, comme en offre toute civilisation. Elle montre combien il est vrai qu'en droit, pour raconter de nouvelles excursions vers le pays nouménal, une infinité de génies pourraient créer des styles nouveaux, si n'arrivait en fait, et comme fatalement, aux fins traînantes des cycles d'art, l'oubli des moyens d'expression. Delacroix si doué, si conscient à la fois, serait peut-être le cas le plus favorable à l'étude de ces renouvellements.

Pour Ingres, le point central qu'il s'agirait d'atteindre, serait son goût singulier de la femme, cette sorte de volupté digne et bourgeoise qui respire chacune de ses œuvres et qui nous fait toujours penser au livre déplaisant et prenant de Michelet sur l'Amour.

Enfin resterait à nous demander si depuis l'époque de Manet n'a pas commencé pour nous, avec la négligence de la tradition et l'appétit de l'ignorance, l'un de ces lourds et féconds sommeils dont nous avons parlé.
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Sainte-Beuve a dit : «Le sentiment de l'art implique un sentiment vif et intime des choses. Tandis que la majorité des hommes s'en tient aux surfaces et aux apparences, tandis que les philosophes proprement dits reconnaissent et constatent un je ne sais quoi au-delà des phénomènes, sans pouvoir déterminer la nature de ce je ne sais quoi, l'artiste, comme s'il était doué d'un sens à part, s'occupe à sentir sous ce monde apparent l'autre monde tout intérieur qu'ignore la plupart et dont les philosophes se bornent à constater l'existence, il assiste au jeu invisible des forces et sympathise avec elles comme avec des âmes; il a reçu en naissant la clef des symboles et l'intelligence des figures; ce qui semble à d'autres incohérent et contradictoire n'est pour lui qu'un contraste harmonique, un accord à distance sur la lyre universelle.
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Pour juger une œuvre artistique, il faut donc nous-mêmes (mais il faut aussi que nous le puissions), par un sentiment sympathique, suivre la descente du génie vers ses profondeurs, sa remontée vers la source dynamique, et marquer l'endroit qu'il atteignit; put-il pénétrer jusqu'au lac mystérieux que les Grecs nommaient « ethos » ? s'arrêta-t-il au bord du torrent « pathétique », à cet endroit resserré de l'égoïsme, où la force fuse comme une cascade à l'entrée de l'écluse humaine ? peut-être n'est-il allé que très peu loin, en remontant le fleuve, et s'est-il seulement caché dans les roseaux. Malheureusement celui qui n'est pas capable d'aller aussi loin que les grands maîtres, même entraîné par eux, ne pourra les juger, et seul celui qui aura pu faire leur voyage saura l'injustice de l'opinion médiocre, mais il lui sera fatalement impossible de la faire admettre à cette opinion. — Puis nous suivrons l'artiste dans son retour vers nous et dans ce second jugement, que nous aurons à porter sur lui, interviendra la raison. Car il nous doit de se faire comprendre et de se plier aux règles de notre grammaire.
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Michel-Ange, au contraire, avait le sentiment instinctif de la force profonde, il la sentait bouillonner en lui et elle ne lui paraissait pouvoir être mieux exprimée que par les formes qui l'enferment, par celles qu'elle anime et tourmente, par le corps de l'homme. Il aborda le grand problème, comme un géant, comme Hercule fit le lion de Némée, et non pas avec la fine intelligence d'un Ulysse, ainsi que procéda le génie antique. Moins robuste, il eût été romantique ; mais la poigne de son expression a maîtrisé, d'une façon magique, la violence de la source captée, et l'on ne sent, à regarder ses œuvres, d'une magnifique lassitude, comme un repos, un néant éternel enfermant en puissance la force infinie.
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Déjà Rubens n'a plus le même accent universel. Certes il exprime merveilleusement la joie dans laquelle il baigne, mais cette joie respire un parfum de terroir. Ce que nous avons appelé le sujet apparent des œuvres d'art n'est adéquat, chez lui, à leur sujet intérieur ou véritable, que lorsqu'il se peint, sa femme, ses enfants, ou qu'il nous représente sa maison, son jardin, le pays savoureux qui les entoure ou les paysans, fils de ceux du vieux Bruegel, et qui dansent dans les kermesses flamandes. Dans ses sujets religieux ou mythologiques, si belles qu'en soient l'exécution et la verve, il existe comme un intervalle entre la scène représentée et ce qu'elle signifie; on dirait que, devant nous, deux images identiques ne se superposent qu'à moitié, comme si notre esprit louchait.
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