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EAN : 9782368482308
240 pages
Tertium (10/03/2015)
4.5/5   4 notes
Résumé :
[ERSION BILINGUE FRANCAIS ET OCCITAN]

La vertu essentielle de ces récits est de ré-enchanter notre territoire, de donner âme et vie aux lieux, de les emplir de cette profondeur historique que pierres et paysages évoquent sans révéler d'emblée. L'autre qualité de ces textes est de permettre, sous les auspices de l'abbé, de mieux imaginer cette société rurale d'avant-guerre, en ses veillées, son travail ordinaire, ses rites, mais aussi et peut-être surt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne sais pas par où commencer.
Peut-être par le début ? Une masse critique littérature... je jette un oeil... pfiouuu que c'est fade... oh, là, là, ça n'en finit pas de récits de littérature blanche tous plus anxiogènes les uns que les autres... OH ! Mais que vient faire ici ce recueil de contes et légendes d'un pays d'Oc ? OH ! Mais c'est qu'il est en version bilingue en plus ? Allez, je ne coche que lui. Puis vient l'email de la bonne surprise : vous allez recevoir Contes et Racontes du Pays de Rocamadour ! le temps pour le colis de faire son chemin, et hop, le voilà, bien épais et agrémenté d'un CD audio !
L'abbé Jean Laffon ? édité en 2015 ? Recueille les traditions orales de son pays depuis plus de 60 ans ? Mon coeur de crypto-dialectologue s'emballe, la dernière enquête dialectale à laquelle j'ai participé remonte à... pfiouu, trop loin. Mais faut dire que les patoisants passent l'arme à gauche plus vite que ce que les enregistrements sont transcrits... D'ailleurs, mauvaise nouvelle, internet m'apprend immédiatement que Jean Laffon est décédé en 2015, justement. Certainement après la parution de son livre. J'espère qu'il aura pu le tenir entre les mains, et je regrette l'absence d'une nouvelle édition ou d'un addenda à ce sujet dans le livre. Mais passons, et voyons ce que cet abbé féru de contes et de langue occitane a bien pu récolter...
Non, avant il faudra en passer par les préfaces. Bon, allez, je leur donne leur chance.
J'en retiens simplement deux choses : tout d'abord, mon côté puriste va être déçu car L Abbé a retouché les récits pour les rendre plus "beaux", pour magnifier la langue. Ok ce n'est pas à reprocher à ce monsieur qui n'agissait pas en scientifique, mais je garde ça en tête. Enfin, Jean Laffon devait être bien sympathique. C'est bête à dire mais toute sa vie semble avoir été vouée à un double sacerdoce, le premier lui ayant certainement permis d'entretenir le second, celui qui a permis de forger le présent ouvrage, sa passion pour la langue régionale, les langues régionales, patois, dialectes ou autres étiquettes qu'on voudra leur donner. Ces langues vernaculaires que l'on utilisait entre soi, en famille, entre voisins, lors des veillées (ah, ces veillées, L Abbé les compare à des séances de thérapie de groupe, nul doute que si de nos jours on passait davantage de temps à discuter au coin du feu qu'à regarder les Anges de la téléralité on serait entourés de moins de cons...).
Bref... une fois ces préfaces très intéressantes terminées, passons aux contes.
Ah, non, j'oubliais, vous savez certainement, si le sujet vous intéresse, que les contes et autres légendes populaires se retrouvent, mutatis mutandis, à des endroits divers et variés, que ce soit dans toute la Romania, pour ce qui nous concerne, voire plus loin, pour ce qui nous relie. Et bien j'ai découvert qu'il existait une classification de ces contes permettant des les relier sur le fond, plus que sur la forme. Ceux présents dans cet ouvrage ont été classés de la sorte, avec parfois de grosses surprises quant à leur résonance.

Passons au coeur du recueil. Les Contes du pays de Rocamadour. Finalement, des contes populaires de langue d'oc recueillis par un habitant de la région.
La structure de l'ouvrage nous permet de mieux appréhender son aspect volumineux car les versions occitanes et françaises se font face, chaque récit prenant donc le double de place dans l'ouvrage. Nul doute que ce sera vite lu (et petit pincement au coeur en imaginant tous les contes qui n'ont pas dû être publiés).
En bon provençal biberonné au patois et entouré de nissart, je tente la version occitane sans m'intéresser au français. Et je comprends enfin l'intérêt de tous ceux qui se battent sous la bannière de l'orthographe unique : c'est clair comme de l'eau de roche pour qui sait lire cette langue (quelques lacunes en vocabulaire pour ma part ^^). Alors certes toutes les variantes dialectales non lexicales (je l'espère) sont lissées et c'est pour cela que l'écoute du CD ne pourra pas se faire en suivant le texte, mais c'est un outil littéraire (politique ?) et non scientifique.
Mais alors, de quoi on parle dans ces Contes ?
J'ai envie de vous dire, de la même chose que dans les autres (cf. la classification mentionnée plus haut), avant tout, et grosso modo, du bien et du mal. le fantastique et le mystérieux servent à effrayer ou enseigner les bonnes pratiques. La vie y est dépeinte comme rurale, pieuse, simple. Les animaux, le travail de la terre. Et malgré une religiosité très poussée, les croyances populaires pré-chrétiennes restent bien présentes.
L'Abbé fait la distinction entre Contes et Racontes, il sépare finalement le merveilleux du fantastique. D'un côté les histoire pour faire peur aux petits, remplies de monstres légendaires ou de créatures fabuleuses, de l'autre celles pour effrayer les grands (les "choses bizarres" vécues par untel ou untel, les "mystères" inexpliqués).
Ce que je retiens de frappant, car je ne vais pas tout décrire, c'est cette mémoire collective qui se transmet par la langue régionale. J'en veux pour preuve la découverte de ce qui deviendra plus tard le site archéologie de Pech-Merle : si l'on en croit l'histoire de l'Abbé Laffon, un petit trou dans la roche était, de manière générale mais discrète, traité avec respect, de génération en génération, sans que personne ne sache expliquer pourquoi ; en allant aux champs, on y jetait une petite offrande. Fort de l'idée que ce type de croyance doit receler un fond de vérité, une expédition se monte pour explorer l'intérieur de la cavité... dans laquelle on retrouvera des peinture pariétales magnifiques (allez voir sur le net). Et ça, rien que par la force de cette mémoire collective entretenue par la langue commune (dans le même ordre d'idée, certains trouvent des trésors vieux de plusieurs centaines d'années sur simples déclarations de vieillards du cru).

Bilan, un livre très intéressant, à de nombreux points de vue. On regrettera seulement certaines coquilles.
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D'abord, je tiens à remercier énormément les éditions Tertium ainsi que Babelio pour cet ouvrage que j'ai dévoré. Honnêtement il vaut son prix puisqu'il contient 324 pages (de la page de garde aux remerciements), un CD pour pouvoir écouter en langue occitane 11 contes et racontes de ce livre sur les 29 présentes à l'écrit. Mais cet ouvrage contient également deux préfaces : l'une de Martine Bergues, la créatrice (avec l'abbé Jean Lafon) de cette oeuvre, et la deuxième de Guilhem Boucher, le traducteur. Et le top du top, des illustrations en rapport avec ces histoires et des photos montrant le pays de Rocamadour ainsi que des traces des notes et manuscrits de l'abbé Lafon.
Ces préfaces m'ont été très agréables à lire. Non seulement parce qu'elles parlaient de l'auteur (l'abbé Jean Lafon) et de son parcours, mais aussi de ce « pays » qu'est Rocamadour, un village se trouvant dans le Lot, plus précisément dans la Vallée de la Dordogne et dont les habitants, et ceux vivant autour, se trouvent réunis par un patois, une histoire profonde, et des croyances uniques mais magnifiques. D'ailleurs, ce sont des préfaces également très utile car elles m'ont permise de comprendre assez rapidement et facilement ce qu'est la langue occitane.

C'est vraiment un livre que je vous recommande. J'ai été prise dans ces petites histoires tellement bien racontées. Elles m'ont bercées, m'ont fait voyager sans pour autant bouger de mon canapé. Bon, il m'arrive facilement de m'éloigner de la vie réelle lorsque je lis, mais là… Mais là, c'était autre chose. J'avais vraiment l'impression d'être une enfant autour d'un feu, regardant l'un ou l'une de mes ancêtres (qui n'en sont pas car je ne les connais que de nom grâce à ce livre), imaginant leur physique sans le vouloir, et, les coudes sur mes genoux, le menton dans les mains, le regard grand, écoutant les dires d'avant, les croyances. Ces histoires qui permettent de ne pas faire de bêtises, celles qui font croire en la beauté des choses, et par moment permettent d'éviter la peur. C'est dire la force de ces Contes et Racontes. Bon, j'avoue, j'ai souri lorsque l'une des histoires parlait de Napoléon et d'aviation. Mais c'était juste ce petit sourire qui me touche car je me dis qu'à force, ce brave monsieur qui a raconté cette histoire aussi intense qu'improbable, avec les années, a dû un peu mélanger les périodes. Et pour autant, c'est une histoire que j'ai adoré.

Ce qu'il y avait de drôles (dans le bon sens du terme) c'est cette différence entre Contes et Racontes. Je ne vous donnerais pas la définition et vous invite plutôt à la trouver de vous-même dans ce livre, mais vous allez probablement comprendre. En effet, en lisant les Contes, j'avais l'impression de retrouver des similitudes avec les histoires que mes parents, grands-parents, tantes, oncles et professeurs nous racontaient. Il suffit de voir cela avec « Gargantua », « Au plus fort » et « le Perdrix et le Renard ».
Mais les Racontes eux ont quelque chose de plus personnelles. Des histoires que l'on ne trouvera que chez eux et pas ailleurs. D'ailleurs certaines sont tirées de faits historiques, religieux… enfin, ils relatent la vie réelle, et permettent de faire des liens scientifiques, géologiques, on va s'arrêter là des les adjectifs, vous avez compris. Ils permettent de mieux voir et ressentir la beauté des choses dans ce petit pays qu'est le Rocamadour. Comme je l'ai dis plus haut : un véritable voyage.

J'ai énormément appris rien qu'en lisant cette oeuvre si sublime. Et puis, là où cet ouvrage prend tout son sens, c'est qu'il est écrit en deux langues : en occitan et en français. Cela a été un petit défi super intéressant que de lire en occitan. Un petit défi que j'ai apprécié car finalement je m'y suis vite habituée et la traduction française venait juste par moment valider ce que je comprenais et m'aider avec les tournures de phrases où j'avais le plus de mal. En plus, et je souligne le travail de Guilhem Boucher, la traduction française n'est pas faite mot-à-mot. Elle est travaillée avec grâce afin de toujours avoir cette sensation de légèreté mais sans les probables familiarités que j'ai crû apercevoir et les répétitions faites lorsque l'on raconte une histoire. En gros, nous avions l'élément brut : la version occitane, même si monsieur l'abbé Lafon l'a retravaillé, et donc cela a permis de se sentir immergée dans l'histoire. Et la version travaillée (dans le sens traduite) en français qui avait cette même sensation.
Les paragraphes ne sont pas toujours les mêmes, mais cela est dû, comme je pense l'avoir compris, à la mise en page selon la différence de langage et également, la manière dont l'histoire originale a été narrée.

En parlant de narration, j'ai écouté le CD avec les enregistrements audios. C'était très surprenant. J'avais quelques difficultés, voir beaucoup à comprendre ce qu'il se disait malgré le texte sous les yeux. C'est la version brut orale de la version brut écrite. D'ailleurs c'est là que je vois le travail considérable de transcription faite par l'abbé Jean Lafon car la manière de parler diffère quand même beaucoup de l'écrit. C'est magique quoi. Entendre ces personnes parler de ces Racontes et Contes, les entendre dans leur « vie quotidienne » et débattre de l'histoire, donne une dimension supplémentaire à ces histoires.

Je recommande vivement ce livre et espère un jour pouvoir visiter le pays de Rocamadour.
Lien : https://www.facebook.com/Edw..
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Ce recueil de contes et de racontes est tout bonnement fascinant. Il nous plonge dans un monde, malheureusement en grande partie révolu, où la tradition orale avait un rôle prépondérant au sein des campagnes françaises et, plus particulièrement, de celle de Rocamadour.
Divisé en deux grandes parties, l'une comportant des contes, à la portée plus universelle, et l'autre des racontes, des histoires plus spécifiques à cette région du Lot, ces récits ont la vertu étonnante de plonger le lecteur dans une époque où le surnaturel et la spiritualité avaient encore toute leur place.
En réalité, l'objet même de ce livre est au fond celui-ci : le territoire. Toutes ces histoires font d'une manière ou d'une autre (re)découvrir la région de Rocamadour et ses secrets. Les vieux moulins, les grottes, les chapelles reprennent vie sous nos yeux. La campagne s'en retrouve de nouveau mythifiée et devient la dépositaire de mystères et d'un système de croyances aujourd'hui perdu ou presque. Plus largement, ces contes sont les témoins des représentations et des pratiques d'un monde rural qui donnait du sens à l'environnement et aux lieux qu'il habitait.
Je crois que, même si l'ancrage territorial de ce livre est profondément marqué, il peut néanmoins s'adresser à quiconque a envie de découvrir les particularités de la transmission orale. Plusieurs de ces récits ont une portée qui s'étend bien au-delà de l'Occitanie et on se surprend à retrouver des personnages ou des structures narratives connues en France entière, voire même ailleurs.
Seul bémol peut-être, mais c'est souvent le propre des recueils : les nombreuses histoires qui y figurent sont parfois inégales. J'ai été un brin déçu par deux ou trois de ces récits qui, à mon sens, ne relèvent que de la simple anecdote et n'ont pas éveillé un grand intérêt chez moi tant elles ne dépassent pas le cadre familial dans lequel ils ont été pendant longtemps racontés.
En fin de compte, on ne peut que saluer le travail remarquable de l'abbé Jean Lafon et être admiratif de sa volonté indéfectible de transmettre des histoires constitutives de la tradition orale de sa région. Bref, il s'agit là d'un livre vraiment enthousiasmant qui présente une qualité précieuse : celle de réenchanter un territoire à travers la tradition orale.
Je tiens, en dernier lieu, à saluer l'équipe de Babelio et Tertium Editions pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique. Merci pour cette belle découverte !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ne tremble pas devant le diable
Et de lui, tu seras craint.
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