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3,95

sur 1183 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le malheur est dans le pré
J'ai beaucoup entendu parler de ce livre à sa sortie début 2023, vu l'auteure lors de différents interviews (notamment à La grande Librairie, une émission que je rate rarement –merci le « replay » !) mais j'hésitais à le lire, craignant que le thème abordé (les violences conjugales) soit un peu « opportuniste » par les temps qui courent… Mais il n'en est rien, la plume de Marie-Hélène Lafon concise et parfois un peu (trop) froide fait toute l'originalité de ce très court roman (57 pages en version numérique, lu en moins d'une heure). le récit est construit comme une tragédie : trois actes, trois temporalités, trois voix. Juin 1967 : une femme, trente ans, trois enfants, une belle ferme de 33 hectares dans le Cantal… Un mari violent, en gestes et en paroles. La peur incessante, pour elle et pour les enfants… 1974 : Giscard vient d'être élu. L'homme est « seul en son fief », il ne dort pas, il se souvient… 2021 : L'une des filles vient fermer la maison avant qu'elle soit vendue, ses souvenirs affluent …
Cette chronique des années soixante dans un milieu rural âpre ne laisse pas indifférent mais je sors de cette lecture intense un peu frustrée par le format, vraiment trop court…
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Dans la première partie, attendez-vous à supporter tous les clichés sur le monde paysan : le linge étendu en plein air, la vaisselle qui sèche sur l'égouttoir près de l'évier en pierre, le père rustre et tyrannique, la mère soumise et les filles apeurées. La deuxième partie offre un aperçu de l'évolution de la paysannerie en France après mai 68. Les femmes se sentent moins soumises, les filles osent entreprendre de longues études et choisissent d'autres professions qu'aide soignante ou secrétaire. Seul l'aîné des garçons reste à la ferme mais avec tous les outils pour la tenir sans le recours de toute la famille : trayeuse automatique, tracteur, andaineur agricole, pailleuse.
Le style, évidemment, se soumet à la mode du jour ; temps choisi : le présent, écriture sèche à la Annie Ernaux, ton un rien rebelle. Cela se lit quand même car c'est court et, malgré tout, instructif. Pas d'insupportables afféteries à la Pierre Michon et ses orgies de métaphores douteuses ni de paragraphes longs et plats à la Jean Anglade.
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La lecture est agréable, facile et rapide; l'écriture est sobre et assez belle. Tous les personnages sont assez bien caractérisés. Mais c'est un livre dont on voit les coutures : le milieu et l'époque sont très pittoresques (le monde agricole à la fin des années 60) et l'autrice crée un suspense artificiel car le mari violent est soit endormi soit absent.
La deuxième partie est très décevante, on attendait la vision des mêmes évènements du point de vue du mari mais Marie Hélène Laffont ne rentre pas vraiment dans la psyché de cet homme et se contente de lui faire raconter le quotidien des années suivantes…
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Ce livre, très court et très facile à lire, est incroyablement bien écrit. Par trois voix, il décrit avec finesse des changement sociétaux importants : la perte de la place prépondérante du chef de famille masculin, l'Homme avec tous ses attributs virils, et le refus de l'héritage d'un passé qu'on a subi. Je ne mets que trois étoiles parce que c'est quand même du vu et du revu : la relation du patriarche dans sa ferme, dans un coin paumé, avec sa femme et ses filles. J'ai lu et vu dans des films cette histoire un nombre incalculable de fois. J'attendais plus de l'auteure, et une plus grande prise de risque.
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Un récit sordide de violence conjugale qui m'a laissé sur ma faim…
Je ne m'attendais pas à un tel raccourci final !
Après la parole du père, il m'a manqué plusieurs chapitres, notamment pour connaître le devenir de la mère de famille, et découvrir celui des trois enfants sans attendre cinquante ans et la vente de la maison... déception !
Il reste que l'auteure est une virtuose de l'écriture, capable de nous faire ressentir l'asphyxie de cette femme, son anéantissement, son hébétude, avec un phrasé qui ressasse, qui examine, dans un détachement terrible, et sans jamais évoquer les douleurs physiques… un talent certain !
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Une jeune femme, mère de trois petits enfants, est victime de violences conjugales dans une ferme isolée.
On suit dans une première partie le point de vue de la femme, dans la deuxième celui du mari après qu'elle l'ait quitté. Dans l'épilogue, 50 ans après c'est une des filles qui vient fermer la maison.
Un roman ? Un exercice de style, plutôt.
L'écriture est intéressante, l'autrice parvient à nous faire entrer dans la tête des personnages.
Mais dans leur tête, il n'y a pas grand-chose.
On ne saura pas pourquoi ils se sont mis ensemble, pour commencer : il semble ne jamais y avoir eu d'amour dans leur relation.
Elle aime que ses enfants soient bien habillés, il aime que ses vaches soient bien soignées. Elle aurait souhaité un mari qui ressemble à son propre père, lui voulait une femme qui ressemble à sa propre mère : voilà toute l'analyse de leurs personnalités.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la réflexion manque de profondeur.
On aurait pu explorer le mécanisme de l'emprise, mais non ; elle a juste peur.
On aurait pu découvrir les processus mentaux de l'homme violent, mais non : il la trouve juste feignasse.
Et tout le problème est là, à mes yeux : en faisant parler le mari violent APRÈS la femme, ça nous livre une sorte de justification, de légitimation des violences. Oui elle est lente, oui elle laisse la vaisselle traîner dans l'évier, oui elle couve trop le petit dernier… En fait tout ça, c'est un peu sa faute à elle, n'est-ce pas ?
Ben voyons.
En faisant parler le mari violent APRÈS la femme, ce roman aboutit à une sorte d'équité dans la responsabilité.
Le propos est détestable.
Donc, il vaut mieux n'y voir qu'un exercice de style.
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Violence conjugale au sein d'une famille paysanne dans les année 60. La victime est dépourvue d'identité dans le récit et subit la violence, certes, mais aussi l'aveuglement de son entourage et la pression sociale : on ne divorce pas, on ne vend pas la ferme, on ne détruit pas le patrimoine. Donc on ne dénonce surtout pas son bourreau.
Sur le fond donc, un récit fort et poignant.
Sur la forme, je ne m'attendais pas à ce style: les flots de pensées de 3 des protagonistes. Je n'en suis pas fan et j'attendais autre chose. Je comprends cependant le choix de l'auteure.
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Si ce roman m'a paru sans saveur, c'est sans doute parce qu'il suit la lecture ardue et somptueuse de L'homme qui rit de Victor Hugo.
Les sources est un très court roman qui m'a pris deux petites heures. J'ai bien peur qu'il finisse aux oubliettes de mon esprit.
D'autant plus que je n'ai pas vraiment adhéré au style de Marie-Hélène Lafon.
La façon dont elle traite le sujet, pourtant percutant, à savoir, la violence conjugale dans les années 60 m'a un peu laissée sur le carreau.
Tout y est trop lisse à mon goût et trop impersonnel. J'aurais aimé comprendre pourquoi la narratrice avait épousé cet homme et pourquoi elle est restée si longtemps avec lui. Alors, bien sûr, tout cela est dit en demi-teinte et le lecteur n'a pas toujours besoin qu'on lui explique mais, ce parti pris m'a dérangée voire ennuyée.
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Roman du terroir et sur la maltraitance conjugale.
Marie-Hélène Lafon est décidément une autrice du terroir et du coeur. Cette sensibilité qu'elle manifeste dans les interviews est encore plus présente dans ce court roman. On ne peut que faire des éloges quant à l'étendue de ses connaissances de la terre et du rural, et quant à la structure et à l'amplitude de son écriture.
Le fait qu'elle l'ait présenté sous trois regards, trois personnages et trois périodes différentes, est une réussite.
D'abord la maltraitance et la perception de la mère de famille mariée dans le Cantal, trois enfants, un mari agriculteur d'excellent niveau pour les années 60. Puis le ressenti de cet époux quelques années plus tard. Enfin les sentiments de l'une des filles en 2021.
En dire plus concernant les thèmes abordés et l'histoire de fond, serait dommage pour les futurs lecteurs.
Ce qui m'aura le plus interpelé, c'est quand Marie-Hélène Lafon, en deux mots, nous explique son interprétation du titre. Imposant et saisissant.
Alors pourquoi que l'octroie de 3 étoiles, simplement parce que ce n'est toujours pas mon style de livres préférés.
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Nous sommes dans les années 60 dans le Cantal, dans une ferme isolée de la vallée de la Santoire ; Elle, est mariée depuis près de huit ans avec Pierre, ils ont trois enfants.

Dès le début du roman, on sent que quelque chose ne va pas ; Marie-Hélène Lafon parvient, avec son talent affûté, à instaurer une atmosphère où règnent labeur, résignation, peur et malaise.

Très vite on ressent la domination exercée sur elle par lui. Mais jusqu'où cela peut-il aller ?
Se résigner ? Se révolter ?
« Elle va avoir trente ans et sa vie est un saccage ».
« Il dit, tu ressembles plus à rien ».
Et elle, se déprécie, se laisse aller, évidemment…
Pourtant son éducation lui a appris à avoir de l'orgueil, mais « c'est difficile de toujours faire semblant ».
Alors, dans une ambiance de violence sourde et sous-jacente très prégnante, on appréhende la suite comme on l'espère, instillée par des phrases ciselées et précises.
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L'auteure décrit une région et une ruralité qu'elle connaît et maitrise, et dépeint une époque et les gens du pays, leur vie dans la campagne française, un ordinaire où l'on se tait ; avec son style percutant et juste, elle plante le décor immédiatement et dresse efficacement le portrait des personnages avec beaucoup de pudeur.

Mon ressenti durant cette lecture s'est traduit par une sensation de gorge nouée et de colère, dans l'expectative aussi…

Un très court roman à l'intrigue simple et forte, inspiré librement de l'histoire familiale de l'auteure.


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