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3,75

sur 312 notes
Claire est une jeune fille qui quitte sa campagne du Cantal pour étudier les lettres classiques à la Sorbonne.
Au début du livre, j'ai admiré les évènements décrits par Claire et son adaptation rapide à Paris.
Vers la moitié du roman, j'ai été franchement fatiguée par ce vocabulaire, certes précis mais ...pompeux.
J'avais envie de lui dire :" Allez, lâche-toi un peu, on est en 2014".
Parfois, je lisais une phrase remplie d'adjectifs "précis" et une expression célèbre de Gaston Lagaffe me venait sans cesse en tête : "M'enfin!"
Je crois que cette technique d'écriture car on peut ici parler de technique, manque d'humanité.
Ceci étant dit, je reconnais l'érudition et la culture de Marie-Hélène Lafon mais pour moi, elle en fait trop.
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Claire quitte ses racines, l'endroit qui l'a vu naître ; les siens à la ferme familiale puis les paysages du Cantal, ses odeurs, ses coutûmes, les sons qui y résonnent... tout cela est ancré en elle. le pays qui l'a vu grandir. Comme beaucoup de jeunes gens de la région, elle monte à Paris y poursuivre ses études.
S'arracher à ce pays aimé malgré tout, pour continuer sa vie, en apprendre davantage, s'insinuer dans un univers empli d'art, de littérature, de musique. Assimiler, acquérir des connaissances. Apprendre la ville, découvrir d'autres parfums, d'autres bruits, une autre atmosphère. Appréhender un nouvel espace, une autre géographie, d'autres gens, une mentalité et des habitudes différentes. Un autre pays. S'éloigner des siens pour aller au-delà, pour repousser des limites imposées jusqu'alors. Poursuivre son apprentissage de la vie. Mais ne jamais oublier son pays originel.
Sur les bancs de la Sorbonne, Claire entreprend l'étude des langues mortes. Assidue, courbée sur son travail, elle lève à peine les yeux, par peur peut-être mais surtout pour ne pas s'étourdir, ne pas être divertie. Elle s'applique. Les saisons se succèdent, et avec constance et sérieux, elle étudie. L'été, elle reste à Paris, travaille dans une banque. Peu de gens traverse son existence, quelques hommes passent furtivement, seule Lucie la fascine. On la sent mal à l'aise avec l'image qu'elle renvoie, ou plutôt avec celle qu'elle pense renvoyer aux autres. – j'ai beaucoup aimé le passage sur le pantalon rouge qu'elle désire tant –.
Elle saura apprivoiser le monde citadin. Loin du monde paysan avec ses difficultés, son âpreté, ses silences, elle s'ouvrira mais conservera toujours sur elle l'essence et l'empreinte de celui-ci. Elle deviendra enseignante, transmettant à son tour la connaissance, celle-là même qu'elle était venue chercher. Un pied à terre à la campagne, un appartement à la ville, elle navigue désormais entre ces deux lieux. Elle a besoin de l'un comme de l'autre. Claire a trouvé un équilibre.
Une écriture des sens, charnelle. Tout passe par le corps, les sensations traversent Claire. On sait finalement peu de choses sur la personnalité de la jeune femme. Il y a une distance, un territoire tout autour d'elle qu'on approche peu. Et qu'est-ce que c'est beau.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Quel talent! Marie-Hélène Lafon est décidément un grand écrivain! J'avais déjà dit tout le bien que je pensais d'elle après la lecture de son précédent roman: "l'Annonce". Mais là, c'est confirmé!
Tout est beau dans ce livre, le style, le thème, la poésie, les odeurs transpercent les pages.
Marie-Hélène Lafon raconte l'histoire De Claire, jeune femme qui quitte son Cantal natal, ses meurs, ses silences, ses hivers, pour "monter" à Paris, où elle va étudier les Lettres Classiques à La Sorbonne. Claire, c'est elle, Marie-Hélène Lafon (lors de la conférence chez Mollat, où j'ai eu l'immense honneur de me faire dédicacer le livre et de l'entendre en parler, nous en lire des extraits, elle explique sa pudeur de dire "je", préférant se cacher derrière le personnage De Claire...). Sous la forme d'un roman brut, aux mots si "choisis", aux phrases travaillées, elle décrit cet arrachement à sa terre, aux siens.
Elle nous raconte en trois volets l'histoire, la sienne, étudiante besogneuse plongée en milieu inconnu: Paris! le livre est empli de métaphores pour illustrer la plongée en ses mondes parfois hostiles, entourée d'étudiants, bourgeois et cultivés, de rencontres d'êtres précieux (Lucie notamment) qui l'initieront à Flaubert, la musique, la peinture. La boursière qu'elle est, va s'employer à tout avec la même assiduité que celle de la traite des vaches pour acquérir cette culture, ces connaissances, s'intégrer. Des cours de grec ancien à son job d'été dans une agence bancaire, elle ne lâche rien.
Elle mettra un an avant d'oser acheter un nouvel habit, presque une folie : un pantalon rouge. "Elle avait vu ce pantalon en vitrine, dans un magasin du boulevard. Il était à la mode. Les filles dans les rues, certaines filles en cours, plutôt celles qui étudiaient les lettres modernes portaient ce genre de pantalon (..). Pour se récompenser, puisqu'elle était reçue, elle pouvait s'offrir le pantalon rouge, elle avait prévu l'argent pour ça (...).
Petit à petit, elle se familiarise à cette ville, ses odeurs, sa vitesse, ses rites... et oublie peu à peu d'où elle vient. La distance s'installe. Elle rentre rarement au pays, et la famille vient encore plus rarement la voir. La dernière partie, consacrée à la visite de son père à la capitale est à la fois dure et sublime. Alors qu'il visite le Louvre, le paysan qu'il est, perdu dans ce grand musée et sa pyramide en plexiglas ne cesse de répéter "ils sont beaux les sols, ils sont beaux".
Jetez-vous dessus, c'est sublime.
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Un véritable coup de coeur. Ce style tour à tour précieux ou terre à terre, m'a emballée. La simplicité apparente des portraits fait mouche, Claire, son étudiante si décalée, m'a touchée, les membres de sa famille sont si vrais qu'on croit les connaître, les descriptions de la faune des Sorbonnards et des employés de banque ne manquent pas de sel. Les ruminations du père agriculteur en Auvergne face à la vie parisienne sont un régal. Taiseuse la fille, mais son regard est acéré!
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De longues phrases qui sont comme des lianes qui peu à peu enveloppent le lecteur. Marie-Helène Lafon écrit pourtant une histoire simple, celle de Claire qui évoque "ses" pays, son pays d'origine d'abord , les hauts plateaux du Cantal sur lesquels se trouve la ferme familiale dominée par l'image de son père, un homme fier d'une "autre époque". Son 2ème pays, c'est Paris, qui fut la ville où elle vécut pendant ses études et plus tard dans sa vie professionnelle.
Deux pays, deux mondes, très éloignés l'un de l'autre et qui vont successivement habiter Claire, sans jamais s'effacer pour autant. En effet, les paysages et les impressions de l'enfance reviendront souvent, au hasard d'un lieu, hanter l'héroïne au coeur même de son existence parisienne.
Un livre très bien écrit.
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Un vrai bon livre.L'écriture est lumineuse, très travaillée comme un bel ouvrage d'artisan, une vraie justesse dans les mots y compris dans les plus rares, un grand plaisir pour le lecteur.
Ce roman touchera tous ceux qui de près ou de loin connaissent la campagne et le monde des paysans que Marie-Hélène Lafon appelle son monde premier; avant de devenir professeur à Paris qu'elle apprécie petit à petit pour d'autres raisons.
Mais comment oublier le goût du Saint-Nectaire, les bruits, les couleurs de sa ferme natale...ce livre raconte tellement bien ce délicat passage d'un monde à l'autre que chacun y retrouvera un souvenir perdu ou ses racines oubliées mais sans nostalgie avec un sourire au coin des lèvres.."Elle se tenait à côté de ces choses de toujours, muettes et larges, qui d'elle garderait trace, et lui faisaient un creux, une place pour rester et attendre sans parler"...superbe!
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Son premier contact avec la capitale, alors qu'elle est encore enfant, se révélera bien décevant : autant le salon de l'agriculture que la découverte sommaire de la ville.
Elle y reviendra pourtant pour des études supérieures studieuses à La Sorbonne, immergée corps et âme dans l'apprentissage du grec et du latin, de certaines littératures qui lui sont encore inconnues et obscures. Elle réussira, aux prix d'un travail acharné et solitaire, recluse et ne découvrant enfin Paris qu'au bout des dix mois de cette première année d'études, quelle ne pouvait se permettre de redoubler. Elle découvre des êtres fantasques qu'elle ne pouvait imaginer dans son univers terrien et se lie d'amitié avec Lucie, d'un milieu si différent du sien. Fille de paysans, Claire s'est arrachée à sa terre natale, le Cantal, déconcertée par les odeurs si différentes dans la grande ville , loin de ce monde ancestral, bientôt disparu, qu'elle ne peut partager avec personne, ou presque. Les pays, c'est la terre d'origine, mais aussi les gens qui s'y rattachent, notre terre d'origine à tous que nous avons en nous,ces morceaux d'identité que nous portons et qui font partie de ce que nous devenons, ce que nous en faisons. D'abord nostalgique et étrangère dans une ville bruyante, pressée, déshumanisée, où se côtoient tant d'êtres anonymes, elle finit par l'apprivoiser, pour s'y sentir totalement à l'aise, vingt ans plus tard. Au prix d'une distance d'avec son monde d'avant, sans le renier, et d'un étonnement mêlé d' incompréhension chez ce père qui lui a permis de brillantes études.
Roman largement autobiographique, mais universel, Marie-Hélène Lafon veut laisser une trace de ces "derniers Indiens" que sont les agriculteurs qui cultivent la terre et produisent de façon ancestrale, dans un écrin d'écriture, dans une langue travaillée, aux descriptions précises, qui laisse transparaître une patience, une ardeur, un travail liés à ses racines .Elle fait partie de nos grands écrivains contemporains.
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Récemment devenu comme une habitude : lire un livre de Marie-Hélène Lafon entre deux autres livres.

Retrouver cette écriture cousue main, musicale et poétique à sa manière. Retrouver le temps de quelques pages ces histoires qui nous font naviguer entre Paris et l'Auvergne. Ou parfois, comme dans Les Pays, au-delà de ce pré carré, mais toujours sur des terres qui comme dans le Cantal natal de l'auteure, nous rapproche de l'herbe verte, de la nature que l'Homme apprivoise comme ses bêtes et des vies plus simples, éloignées de nos si différentes vies citadines.

Entre deux livres peut être plus conséquents, plus consistants dans leurs propos, je retrouve donc cette atmosphère, ces environnements et ces vies partagées entre plusieurs mondes que nous conte si justement Marie-Hélène Lafon. Mais au delà de ce que l'auteure nous dit de l'écart entre ces mondes, ce sont aussi des portraits de vies qui avancent, mutent, se croisent, se séparent et se retrouvent, qu'elle nous raconte. Les Pays, c'est aussi et surtout à mon avis, l'histoire d'une vie, d'une enfant, d'une étudiante, d'une femme qui s'est construite, plutôt que l'histoire d'une nostalgie géographique. L'Auvergne, le Cantal, nous apparaissent plus comme des personnages que comme les sujets de fond de Les Pays (voire même des autres écrits de Marie-Hélène Lafon).

Les Pays est une oeuvre courte, mais condensée de belles simplicités. Tout ce qu'il me fallait avant de repartir vers d'autres aventures littéraires.
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Récit d'apprentissage? Chronique d'un passage entre deux pays, deux civilisations? le couloir reliant les plateaux cantaliens et les amphis de la Sorbonne est le Clermont-Paris, mais toutes les scènes décrites ou presque se passent dans la capitale. Itinéraire d'une paysanne perdue? le récit est extérieur, comme désubjectivé. Il est aussi blanc que la peau de la narratrice, qui parle d'elle-même à la troisième personne. Les scènes les plus réussies sont celles qui s'incarnent dans les personnages secondaires: l'étudiante belle brillante et socialement plus élevée, qui fascine la jeune Claire, ou le jeune dandy homosexuel qui la complimente à propos d' un exposé sur.. Manon Lescaut.
Un récit sans émotion, écrit, mais qui à certains moments égrène les adjectifs les uns derrière les autres dans des périodes d'une longueur horripilante.Finalement, la vérité de cette histoire n'apparaît pas, elle est peut-être cachée dans le trou relevé par un lecteur perspicace, "comme si on avait arraché des pages du livre."
Pour moi en effet, l'écrivain Marie-Hélène Lafon reste à découvrir.
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Nous suivons Claire qui, petite fille, « monte » à Paris avec ses parents pour le Salon de l'Agriculture. Une fois jeune fille, elle quitte définitivement son Cantal natal pour étudier les lettres classiques à Paris. Devenue enseignante, nous la retrouvons à travers le regard de son père.

Marie-Hélène Lafon évoque la vie estudiantine De Claire, du fossé qui la sépare, elle dont la culture est pratique, aux autres étudiants citadins. Elle bûchera comme un paysan sa terre, sans aucune des fioritures que sont le cinéma et autres futilités. « Claire n'allait pas au café, Claire ne se divertissait pas elle ne savait pas le faire et elle n'en avait pas besoin. »

Claire s'est trouvé un pays en la personne d'Alain magasinier à la bibliothèque qu'elle fréquente assidument. Pays, quel joli mot, qui permet de parler à l'autre avec le langage de là-bas. Lui, aura sa mutation loin de cette capitale où il se considérait en transit avant le retour au pays. Claire, elle n'y pense pas. « Elle prendrait avec Alain la mesure d'une distance déjà creusée entre elle et ceux qui, comme lui, continuerait à vivre à l'unisson des parents et amis demeurés à l'épicentre du séisme » Non, elle restera à Paris, même pendant les vacances d'été où elle travaillera dans une banque.

Le Cantal emplit ce livre malgré la vie parisienne De Claire. Mais est-t-elle pour ça devenue parisienne ? Je ne le pense pas, elle devient transfuge car elle n'appartient plus au Cantal, mais n'est pas pour cela parisienne. C'est un livre sur l'exil choisi. le Cantal est à jamais dans le coeur De Claire qui y retourne souvent.

C'est également le récit, d'une initiation, de l'apprentissage d'un changement radical dans le rapport aux éléments. du végétal, Claire passe au minéral ; du cake maison au jambon fade, de l'espace à la promiscuité… enfin bref, de la campagne à la capitale. « Elle avait dû apprendre à l'arraché cet entassement de l'immeuble où croissaient, vivaient, s'étiolaient dessus dessous et sur les côtés d'autres corps, que l'on ne connaissait d'abord pas, que l'on frôlait ensuite, parfois, dans l'ascenseur ou dans le couloir. »


Comme dans Tunis Blues, nous avons cette dualité entre l'ancien et le nouveau, la tradition et la modernité. Ici aussi, ils sont étroitement mêlés. Marie-Hélène Lafon parle d'un monde qui disparait ou a disparu : la paysannerie. Je ne parle par des agriculteurs, mais bien des paysans. La réussite De Claire l'éloigne à jamais de la vie que son père a connue.

On pourrait penser que ce livre est ennuyeux. Et bien non, Marie-Hélène Lafon, l'air de rien m'a petit à petit envoutée avec son écriture. Marie-Hélène Lafon, outre son Cantal, a un pays de prédilection : l'écriture. Ses phrases longues sont souples sans jamais être ennuyeuses. J'ai aimé son écriture, son style

Le passage De Claire entrant dans une librairie acheter des livres est une pure merveille, tout comme son travail d'été dans une banque.

Je l'ai découverte lors de l'émission de François Busnel, sur « Les 20 livres qui ont changé votre vie » ; un grand plaisir de l'écouter parler du « Grand Meaulnes » d'Alain Fournier, qui fut mon livre de chevet toute jeune fille et que je garde dans mon coeur. J'ai aussitôt sorti son livre de mes étagères pour découvrir l'auteur. Comme j'ai bien fait !

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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