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4,3

sur 2002 notes
Lola LAFON. Quand tu écouteras cette chanson.

Suite à une commande éditoriale, Lola LAFON demande à passer une nuit dans le musée de Anne FRANK. Ce doux prénom et ce nom résonne en nous. Oui, il y a quelques décennies, nous avons lu « Le journal », tenu par cette jeune fille lors de sa captivité à Amsterdam. Jamais elle ne deviendra adulte. En effet, née le 12 juin 1929, cette jeune fille juive, exilée à Amsterdam, sera arrêtée le 4 août 1944, déportée à Auschwitz, et mourra, victime du typhus à Bergen Belsen en mars 1945.

Lola LAFON nous décrit avec précision le lieu occupé par la famille FRANK à Amsterdam. Elle a l'opportunité de vaquer toute une nuit dans ce temple d'exil. Mais c'est furtivement qu'elle visite ce musée, sur la pointe des pieds, craignant de déranger l'héroïne. Nous la suivons au cours de cette longue nuit, du 18 au 19 août 2021. Ce lieu est chargé d'émotion et avec beaucoup de réalisme, Lola se glisse dans la peau de Anne. La sensibilité à fleur de peau, elle nous décrit les sentiments, les pressentiments, la pensée,le ressenti de la jeune fille. Il nous semble la voir, penchée sur son cahier, écrivant ses pensées, plantant le décor de cet son univers fermé. Il faut supporter au quotidien les autres protagonistes. En effet il y a huit personnes dans ce grenier aménagé en cache. Et dessous, des gens travaillent. Personne ne doit parler, marcher, faire couler même un filet d'eau lorsque les locaux inférieurs sont occupés. Otto FRANK, fuyant la nazisme a cru bien faire lorsqu'il s'est installé avec sa famille dans cette ville. Mais la barbarie les as suivie et les arrestations des juifs ont été très nombreuses dans les Pays-Bas. Délation… Jalousie…. Promesse de récompenses….

Au cours de sa narration, Lola nous expose les diverses variations faites autour de ce journal, tenue par une jeune fille lors de cette guerre, journal d'une prisonnière, bien malgré elle. Peut-être a-t-il été trop expurgé, afin de ne pas attiser les suspicions des divers combattants. La première parution date du 25 juin 1947. Et cette mise en scène en temps que pièce de théâtre ne réunit que peu de personnes. le film n'a pas eu beaucoup plus de succès. Pourquoi le porter sur grand écran ? Chacun, au cours de sa lecture, de sa relecture met en scène les différents protagonistes. Chacun exprime ainsi sa propre perception, variable au cours du temps, de l'âge, et même du moment de la journée. Alors la nuit, c'est encore pire, avec le silence qui plombe les locaux, la solitude qui écrase la personne, l'isolement, cette absence d'objets...

Au cours de son récit, Lola nous révèle une partie de son passé. Elle aussi avec sa famille, a dû fuir l'oppresseur…. Une autre vie bouleversée, meurtrie, blessée. Nous retrouvons d'autres opprimés sous d'autres gouvernement tout aussi cruels que HITLER…. Et dire que cela continue, encore et encore et à nos portes… Combien de SHOAHS faudra-t-il pour que les armes se taisent ! ! !

J'aime l'écriture de Lola. C'est le troisième livre que je lis de cette autrice. « La petite communiste qui ne souriait jamais », « Chavirer », de véritables coups de coeur. Suite à cette dernière production, je vais relire, avec beaucoup d'attention « le Journal d'Anne FRANK ». Merci Lola pour cette immersion dans l'intimité de Anne. Ce musée constitue un mémorial. Il n'y a rien à voir, ou si peu. Il incite à la méditation, au calme, au recueillement, à la prière. J'imagine le retour dans le monde réel, avec les bruits de la rue, l'activité diurne, les commerces… Chacun respire un grand coup afin d'évacuer toute la souffrance contenue lors de cette visite. C'est cependant un lieu de mémoire à voir. Ce "journal d'Anne FRANK" constitue la mémoire de toute une génération d'enfants perdus, ensevelis sous les limbes de l'Histoire. Je recommande vivement ce documentaire. et lire ou plutôt relire le livre originel. Bonne lecture .
( 05/01/2023) .

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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J'ai eu plaisir à retrouver dans la collection que j'aime beaucoup, « Ma nuit au musée », Lola Lafon.
L'autrice va passer la nuit à Amsterdam, au musée Anne Frank, dans l'Annexe.
Le « Journal d'Anne Frank », beaucoup de lecteurs connaissent ; l'oeuvre d'une jeune fille talentueuse, une adolescente pleine de fougue et d'intelligence, d'audace et de rêves, et, dans la fleur de l'âge, happée… Privée d'un futur.

Dans ce qui fut l'appartement des Frank, la nuit est habitée par une puissance troublante dans cette « Annexe » historique.
Les perceptions sont étranges dans les lieux pleins de secrets, de vie, de drames, comme une plénitude tragique et inquiète. L'incommensurable poids de la mémoire des disparus.
L'appartement de Merwedeplein est rempli de silences…
La famille Frank y a vécu vingt-cinq mois, cachée, recluse, en danger permanent, dans la peur d'être découverte, dans l'angoisse de ce qu'il pourrait advenir… Et qu'il advint…
Le désastre, les ravages de l'antisémitisme du régime nazi …

« La nuit renverse le temps ».
Obscurité et lumière se mêlent. Présence et absence se confondent. La nuit emmêle les pensées.
Une nuit pleine de solitude peuplée.

J'ai lu dans ce texte un émouvant témoignage, l'expression d'un profond respect, de la pudeur, de l'humilité. Cette nuit racontée révèle un texte intensément chargé émotionnellement, une prudence aussi par crainte d'être trop intrusive.
Un texte intime puisque l'autrice confie une part de son histoire personnelle et familiale.

J'ai trouvé aussi très intéressant la manière de l'autrice de formuler la nécessité d'écrire, lire ce qui apparaît être un besoin pour parvenir à comprendre ce qui se vit au cours de l'existence.
Elle sait trouver les mots justes. J'ai tout de suite accroché.

Un roman magnifiquement écrit sur l'absence et sa puissance, et sur tellement de choses qu'il m'est difficile d'expliciter et que j'ai ressenti.

Je suis heureuse d'avoir pu rencontrer Lola Lafon lors d'un salon littéraire. Son texte diffuse une atmosphère d'une belle puissance évocatrice et j'ai été emportée.
Merci pour cette mélodie des absences…
Le partage d'une expérience unique, avec une redoutable efficacité, une sensibilité qui m'a touchée au coeur.

Sensible, intense, sincère, une lecture que je n'oublierai pas.
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Lola Lafon a accepté, comme d'autres avant elle de se prêter au jeu qui consiste à passer une nuit dans un musée pour en ressentir l'atmosphère et livrer ses impressions à la suite de cette expérience originale. C'est ainsi que le 18 Août 2021, elle a passé une nuit au musée Anne Frank d'Amsterdam, dans l'annexe. Elle passe en revue, tout l'environnement et les circonstances qui ont fait du journal d'Anne Frank un succès planétaire, avec ses adaptations malhonnêtes pour en faire un produit plus commercial, toutes les interprétations insincères qu'il a subit pour mieux en faire ressortir une authenticité peut-être moins sexy, mais plus proche de la réalité. Elle y mêle un peu d'elle même et de son histoire familiale bien en phase avec cette période sombre vécue par les juifs et nous offre un récit d'une grande honnêteté, d'une grande sensibilité qui nous laisse entrevoir un réalité intime et profonde remarquablement évoquée.
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Dans le cadre de la collection « Ma nuit au musée », les éditions Stock demandent à Lola Lafon de choisir un lieu pour y passer la nuit. Instinctivement, elle s'oriente vers le Musée Anne Frank à Amsterdam.
L'autrice commence alors un travail sérieux et minutieux de préparation pour cette expérience : des lectures, des études historiques, des rencontres essentielles, comme celle de Laureen Nussbaum, l'une des dernières personnes à avoir côtoyé la famille Frank. Elle nous livre grâce à ses recherches des faits historiques ignorés par les lecteurs sur l'écriture et la publication du journal. Elle souligne notamment le fait qu'Anne ait elle-même réécrit son journal avec la volonté d'être publiée. Anne s'est ainsi adressée à ses futurs lecteurs dans une véritable création littéraire qui n'est pas qu'un simple témoignage de sa vie captive. On y apprend même l'existence d'une adaptation galvaudée du journal dans une production hollywoodienne faisant totalement abstraction du génocide !
Comme beaucoup d'entre nous (plus de trente millions d'exemplaires vendus dans le monde !), j'avais lu le Journal d'Anne Frank il y a de nombreuses années dans le cadre scolaire, comme un passage obligé de l'adolescence. J'avais bien évidemment été émue par le destin tragique de la jeune fille mais Lola Lafon m'a fait appréhender différemment sa personnalité et son vécu. Avant d'être une victime, Anne était d'abord une adolescente, bavarde, parfois irrévérencieuse, pleine de vie et de projets, qui affichait des photos de stars aux murs de sa chambre et découvrait les émois des premières amours.
A côté de la partie musée aux photos témoignages, il y a l'annexe, cet espace de 40 m2 où vécurent 8 personnes pendant 2 années. L'annexe, si vide de meubles et d'objets, mais emplie de la présence de la jeune fille et aussi du poids de l'absence et du silence, à tel point que Lola Lafon ne pourra pénétrer dans la chambre d'Anne qu'à la toute fin de la nuit.
Et que dire de ce passage où l'autrice monte les premières marches de l'escalier du grenier et entraperçoit ce petit bout de ciel par le vasistas, seule ouverture sur le monde extérieur ? Comment mieux ressentir la privation de liberté ?
Si le livre aborde le destin tragique de la famille Frank après son arrestation et les conditions terribles du décès d'Anne, de sa mère et de sa soeur dans les camps de la mort, il ne sombre cependant jamais dans le pathos.

Très tentée par la lecture de ce livre suite au passage de Lola Lafon à la Grande Librairie, intriguée par son choix de passer une nuit dans l'annexe du musée, je me suis plongée dans son témoignage d'une expérience unique avec beaucoup de curiosité et d'attentes. Je n'ai pas été déçue.
J'ai découvert une écriture riche et sensible, capable de transmettre toute l'émotion ressentie par l'autrice lors de cette nuit du 18 août 2021, qu'elle passe à arpenter les pièces de l'annexe dans une introspection profonde.
Pourquoi ce choix s'est-il imposé à elle d'une façon aussi évidente, comme un écho à sa propre existence ? Nous le découvrirons progressivement au fil de notre lecture, au fur et à mesure qu'elle retrouvera son passé, se confrontera à son histoire familiale et personnelle, et nous livrera ses souvenirs avec l'explication finale du titre du livre, comme un cadeau.
Impossible de me détacher de ce récit puissant, intimiste, d'une infinie délicatesse, d'où je suis ressortie émue et bouleversée avec une envie irrépressible de relire le Journal d'Anne Frank tant que je suis imprégnée de mon émotion.
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J'aime bien les livres qui chantent...

Dans mes dernières lectures de ce mois d'avril, il y a "Si c'est un homme" de Primo Levi et "Avant la longue flamme rouge" de Guillaume Sire.
Et j'enchaîne avec "Quand tu écouteras cette chanson".
.... Hhmm, hhmm.....
Forcément, je m'interroge un peu. Hasard ou pas? Dur de ne pas y voir un signe.

Ce petit livre est un voyage. Amsterdam, Bucarest, Phnom Penh.
Lola Lafon nous parle d'elle, un peu, de sa famille, de ses amis... d'Anne bien évidemment.

C'est un livre qui se lit vite, très vite. C'est le livre de quelques heures, d'une nuit.
Une nuit passée seule dans l'annexe. Lola Lafon nous propose de l'y accompagner. Tout doucement à pas feutrés, sur la pointe des pieds.

Son écriture est simple et belle. Et simple ne constitue aucunement un défaut, au contraire.
Ce fût un très bon moment de lecture, j'ai appris des choses sur Anne Frank que je ne savais pas mais est-ce là vraiment le sujet?


..
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« L'histoire se bat contre la nuit » Michelle Perrot
Amsterdam, le 4 août 1944, dans l'annexe, la nuit est tombée pour toujours.

Le journal d'Anne Frank s'arrête sans point final et s'ouvre à jamais sur les spéculations quitte à dénaturer son propos et son âme. Épurer à nouveau avec violence une histoire et ne plus saisir l'essentiel. Sommes-nous prêts à affronter l'obscurité avec Lola Lafon pour appréhender enfin la vérité?

Dans le noir, pas d'artifice ni fantôme mais juste le vide, l'absence, le silence et la solitude. Celle qui questionne l'auteure comme le lecteur. Pourquoi écrire sur cette expérience? Pourquoi écrire tout court? Que voulait transmettre Anne à travers son journal? Avait-elle conscience de l'impact qu'il aurait dans le futur? Et nous, lecteurs, pourquoi nous plonger à nouveau dans un récit que nous pensons connaître par coeur? Lola Lafon avec une délicatesse extraordinaire s'interroge, plonge dans ses racines coupées, mises sous silence, décèle des similitudes avec l'histoire des Frank, s'accroche avec émotion, comme le père d'Anne, à des objets pour combler ce vide laissé par les absents.

Un texte vibrant qui redessine avec douceur les contours du journal d'Anne, une jeune fille pour toujours, dont les écrits comme la personnalité n'appartiendront jamais à personne.
On referme cet ouvrage poignant avec l'envie de relire le journal avec un autre regard. Sensible et brillant!
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Je me suis précipitée sans connaitre le thème du livre, car j'apprécie énormément Lola Lafon.
En fait il s'agit des réflexions de l'auteure alors qu'elle passe une nuit au musée Anne Frank, dans l'Annexe où la famille Frank s'est cachée pendant deux ans.
Lola Lafon partage avec nous ce qu'elle ressent, ce qui l'a frappée dans ses recherches sur Anne Frank, et l'on comprend petit à petit comment cela fait écho à l'histoire de sa propre famille.
Le thème est donc d'une infinie tristesse, et plusieurs passages m'ont émue aux larmes.


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Passant une nuit dans l'annexe de la famille Franck, Lola Lafon retrace le destin de cette jeune fille mondialement connue et de sa famille, en revenant sur des faits peu connus et les propos négationnistes et censeurs à différentes époques.

Mais, la force de son récit tient aussi sur ses impressions, et sa propre histoire face au sentiment d'être juive et plus globalement de l'exclusion.

Cette lecture m'a permis de découvrir Anne Franck et son journal par un autre prisme, non pas celui d'une jeune ado écrivant son journal intime mais celui d'une future écrivaine qui travaillait à une oeuvre.

Et Lola Lafon en s'incluant dans cette histoire avec sa propre histoire familiale et ses relations amicales en font un livre d'une sincérité totale et qui touche en plein coeur.

Livre écouté en audio où la voix d'Irène Jacob est tout en retenue et douceur, qui donne encore plus de profondeur aux écrits de l'autrice.

Merci à Babélio pour cette masse critique et Audiolib pour ce partenariat et le petit personnalisé. C'est rare, il faut le souligner.
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Je ne connais pas Lola Lafon quand j'ouvre ce livre prêté par une collègue enseignante qui souhaite me faire découvrir le titre et la collection de ces petits essais d'auteurs enfermés pour une nuit dans le musée de leur choix. J'avoue avoir été dubitative quant à l'intérêt du procédé d'autant que je n'aime pas trop l'écriture sur commande. C'est une écriture délicate qui pourtant m'accueille dans les premières lignes utilisant un « elle » là où j'attendais un « je », omniprésent et qui s'écoute.
Belle surprise et j'accepte à cet instant d'être plus attentive à l'expérience étrange de cette rencontre dans le vide et l'absence, entre une romancière sensible et l'ombre d'Anne Frank.
Ce petit livre est gigogne. Tout à la fois, récit d'expérience in vivo mais aussi biographie de la jeune fille martyre, réflexions identitaires profondes et enfin témoignage intimiste d'un moment de vie. On y entre à pas feutrés pour écouter le monologue qui se joue à huis clos bientôt parasité par les voix du passé qui entrent en résonnance et veulent encore se faire entendre. Il y a celle du père, Otto Frank, de la discrète grande soeur, Margot mais aussi celle d'Ida, la grand-mère de Lola et celle plus sourde encore d'un jeune garçon de 15 ans bâillonné par la vie. C'est là aussi tout l'intérêt de la démarche d'écriture qui soumettant l'autrice à l'enfermement volontaire, perce une chape de silence, celle d'une histoire commune d'aïeuls effacés, celle de douleurs avalées et ici rendues sur le sol d'un appartement occulté à la lumière du jour. C'est ce qu'emportera au final Lola Lafon de cette nuit hors de son temps, un petit bout de ciel bleu guidant le chemin comme une clarté au bout d'un tunnel.
Malgré une bonne connaissance du journal et du vécu d'Anne Frank, j'y ai aussi découvert tout un pan inconnu de son histoire, de la réutilisation de ses écrits par des éditeurs ou des scénaristes peu scrupuleux, plus intéressés par le gain financier ou la notoriété que par un véritable souci littéraire.
Un petit essai qui vaut de s'y attarder pour écouter ce coeur choral donnait une nouvelle pulsation, profonde et humaine aux écrits d'une jeune fille qui bataillait seule pour laisser traces, faire entendre ce silence imposé par un régime fou et échapper ainsi à l'oubli.
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Un texte bouleversant, lu avec émotion par Irène Jacob ; j'en ai été très émue. J'ai retrouvé cette main qui m'avait étreinte lorsque j'avais lu le texte d'Anne Franck à l'adolescence, puis relu à l'âge adulte. Ici Lola Lafon a été invitée à passer une « nuit au musée » dans l'Annexe, la cachette dans laquelle Anne Franck et sa famille, ainsi que quatre autres juifs se sont cachés pour échapper aux Nazis durant la Seconde guerre mondiale. Ce lieu est devenu la Maison Anne Franck, à Amsterdam. Elle en profite pour questionner la romantisation de la Shoah, mais aussi son rapport à sa propre judéité.

« Toutes ses décisions sont celles d'une autrice, qui pense à de futurs lecteurs. Si elle a commencé à écrire sans intention de se faire lire le 12 juin 1942. A compter du mois de mars 1944, elle dit "je" mais elle commence à penser à "nous". Elle en est persuadée, son texte saura trouver le futur, il viendra nous chercher. Aujourd'hui, il est venu me chercher. Comment l'appeler, ce récit que je ne me décide pas à relire avant ma nuit dans l'annexe. Ce livre est un décompte auquel nous assistons ; nous en redoutons l'issue. Nous savons qu'après le 4 août, date de l'arrestation des Franck, il n'y aura plus de mots. Ce livre, nous en connaissons la fin. L'autrice, elle, l'ignore. » Otto Franck a longtemps été face à un dilemme : respecter la promesse faite à sa fille de ne jamais lire ses écrits, ou au contraire, rendre hommage à son désir de devenir un jour auteure, et publier son journal.

« Elle n'est pas une sainte, pas un symbole. Son journal est l'oeuvre d'une jeune fille victime d'un génocide perpétré dans l'indifférence absolue de ceux qui savaient. N'utilisez pas le mot "espoir", s'il vous plait. » Lola Lafon va rencontrer, après son expérience dans l'Annexe, une survivante de Bergen- Belsen qui a côtoyé la jeune Anne. Qu'aurait écrit cette dernière si elle avait elle aussi survécu ?

Au final, un texte grave qui laisse une sensation de trouble ; comment passer une nuit dans la chambre qui fut celle d'Anne Franck ? Même si Le Journal n'a jamais pu être terminé, nous en connaissons tous la fin. Lola Lafon ne parviendra à entrer dans la chambre qu'au petit matin ; se confrontant ainsi à ses propres fantômes, marqués eux aussi par la Shoah. Un texte profond, à lire et à écouter, pour réfléchir, s'émouvoir, mais surtout ne jamais oublier cette adolescente à jamais gravée dans cette posture de jeune auteure en noir et blanc.

Merci à Babelio pour la Masse critique et à Audiolib pour l'envoi du livre audio.
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