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Marie-Pier Lafontaine est une petite soeur de Chloé Delaume et Christine Angot à l'énergie très Virginie Despentes. Comme les deux premières, elle a écrit une autofiction sismique sur les souffrances vécues durant l'enfance. En l'occurence, les sévices perpétrés par un père monstrueux qui multiplient des jeux sadiques à connotation sexuelle comme promettre à la narratrice et sa soeur de les violer lorsqu'elles auront douze ans. Ou « comment agresser ses enfants sans les pénétrer », la mère a interdit le viol, mais pas le reste.

Le texte est très souvent insoutenable et profondément perturbant. Sans concession. Je l'ai cependant lu deux fois. Pour dépasser l'horreur immédiate décrite qui sidère et brouille le jugement. Pour rendre justice au remarquable travail d'écriture de l'auteure. Ce texte n'est pas un témoignage. Il s'approche du réel tout en conservant une liberté farouche. C'est une oeuvre littéraire avec des choix formels forts et une esthétique juste.

Les phrases sont travaillées, sculptées à l'extrême, incisives, regroupées en des chapitres tout aussi brefs, un par page, avec beaucoup d'espaces blancs au-dessous et au-dessus comme pour laisser le temps au lecteur à prendre une goulée d'air. Chaque phrase est une décharge, un électrochoc. Les points hachurent pour apporter un maximum de puissance sans laisser la moindre échappatoire.

« Je voudrais que ce texte décime ma famille entière. »
« La mère participe à l'inceste » répétée en anaphore.

On est dans un match de boxe. L'écriture comme réponse à la violence. Elle renverser le rapport de force en brisant la loi du père de ne pas raconter. Elle le dépossède de sa violence en le tuant symboliquement, sans chercher à s'excuser des séquelles psychologiques. Elle autorise à écrire, tant pis si les mots dérangent notre confort de lecteur et le "politiquement correct".

« Ce désir inavouable, paradoxal, que jamais je n'aille mieux. Que les douleurs ne s'éteignent pas. Que la peur persiste dans ma chair, mes os. Les crises et les colères. Les viols et les morsures. Comme autant de preuves que je n'ai rien inventé. Tout pour que je puisse continuer à lire dans les ecchymoses et les rejets les marques concrètes d'une enfance qui n'en était pas une. Je voudrais encore plus de cicatrices. Encore plus de traces de peau décolorée que jamais plus aucun rayon de soleil ne pourrait foncer. Je voudrais que l'on me croie. »

Le texte est d'une puissance rare. Irrespirable, il crie et tabasse. J'ai rarement lu un texte aussi estomaquant pour faire ressentir physiquement la terreur d'enfants martyrisés

« Je sens l'énergie se brûler, consumer ses réserves. Même un battement de cils exige une quantité démesurée d'effort. Les mouvements spontanés de déglutition s'arrêtent. Les gémissements ne sortent pas de la gorge. Ils se coincent. Ils vibrent et cognent, mais ne sortent pas du corps. Refuser de laisser la terreur assiéger ses os est épuisant."

" Ma chair a été vidée de son sacré. Mon corps a été purgé de lui-même. Ses terminaisons nerveuses ne mènent plus nulle part. »

Mais le texte ne fait pas que tabasser. Il bouleverse aussi quand on sent la petite fille derrière l'adulte résiliente, comme lorsque elle s'imagine au conditionnel une mère aimante et protectrice.

« J'aurais tellement voulu une mère stridente. Une mère à nous, pour nous, pour bercer nos cauchemars. Je l'aurais choisie iris, tympan et tambours. Elle aurait été toute en colère. Sans lignes de fuite ni fatigue. Une femme au ventre plein ? A border les nuits sans étoiles. Elle nous aurait décroché des petits matins aux croissants, des couleurs et la lune. »

Une proposition littéraire exceptionnelle qui me laissera une empreinte forte.
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Un court texte, une centaine de pages d'horreur, la vie d'une enfant maltraitée.

Des pages à moitié remplies, parfois un seul paragraphe, mais en aurait-on supporté davantage ?

Aucun contexte, on ne sait pas où et quand, aucune description de décor ou de personnes.

Une écriture trop vraie, qui distille la terreur de l'enfant.

Des phrases choc, comme dans un reportage d'un journal à sensation.

Presque qu'un haut le coeur plutôt qu'un coup de coeur.
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Un uppercut, cette lecture !
J'en reste KO, pensive.
L'écriture de Marie Pier Lafontaine
est armée d'une force vitale
pour nous dire aussi fort
l' éffroi, la douleur, la mort qui rode.
Un batteur incestueur
une incestigatrice
deux incestuées..
Une violence, un sadisme XXL
On n'en croit pas ses yeux.
On pense mal comprendre .
La réalité dépasse la fiction
les mots choisis relèvent de la vraie vie.
L'écriture pour rester vivant, exister
témoigner, crier quand on a dû se taire.
Ce récit est fulgurant .
Une voix d'outre-tombe
car l'enfance et l'innocence
ont été assassinées à petits feux
avec une savante perversion.
Inoubliable je crois.

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Ce livre est d'une grande violence, sur l'enfance maltraitée et l'inceste, sans pourtant, et étonnamment, tomber dans le patos ni l'écoeurement. L'autrice use d'un mélange équilibré dans le récit de la fille, entre les horreurs faites par ce père-monstre, ordure finie, qui jubile à la mesure des douleurs qu'il engendre, entre cette mère inexistante, à genoux, elle aussi victime de viols (la fille en veut presque davantage à sa mère qu'à son père semble-t-il), et, tous les scénarii que cette fille imagine sur la mort de ce père. Trois femmes, trois victimes, éduquées pour devenir chiennes, à quatre pattes, à ne jamais mordre ; parce qu'une chienne est fidèle même quand elle est battue ! Cette métaphore filée sur les filles-chiennes a le mérite de la précision abjecte. Livre très spécial mais excellemment écrit, parce qu'il a une vocation essentielle : tuer le père ! Commencer ce livre, c'est ne plus le lâcher tant il percute par son style. Livre majeur et pourtant premier roman ; grande écrivaine québécoise en herbe à suivre...
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Une terrible auto-fiction qui fait très très très froid dans le dos ! Forcément les faits relatés dans le roman nous glacent le sang, ça frôle la barbarie, c'est ultra-violent et surtout le père a la recette parfaite pour déshumaniser sa femme et ses deux filles.

Mais je pense que plus que les faits, c'est la construction très atypique du roman qui m'a glacé le sang ! En effet, ici le lecteur n'a pas accès à un livre structuré de façon classique avec des chapitres ou des pages de plein texte mais simplement des bribes de souvenirs, un peu dans le désordre… L'auteur déroule son auto-fiction sous forme de flashs, parfois cinq lignes sur une page, parfois une page complète… C'est très très déroutant ! Et puis, inutile de tenter de s'accrocher à un personnage ou bien de vouloir le décrypter, ici les filles n'ont pas de prénom, le père et la mère non plus ! Tout est réuni pour perturber le lecteur et le scotcher au siège, cerise sur le gâteau, on ne sait pas quand ni où nous sommes.. Bref, on a le minium d'informations mais un maximum de cruauté.

On sent que le but de Marie-Pier Lafontaine est de raconter, de dire sans se censurer. Elle n'est pas là pour ménager son lecteur, elle le tient à distance ! le style n'est pas gore, ni même pornographique, en revanche il est très brutal ! Et il soulève l'estomac…

Troublant, déroutant et dérangeant, ce livre je ne le conseille pas à tout le monde car il n'est pas facile d'accès. En revanche, je pense que la libération de la parole est nécessaire, se libérer pour se comprendre et tenter d'avancer, c'est la démarche de l'auteur. Brut, trash, cash, sans filtre, une lecture qui vous laisse des bleus sur le corps et dans l'esprit.
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Je ne suis pas certaine d'avoir les mots pour vous parler de cet ouvrage.

Tel un exutoire l'autrice nous fait part des sévices corporels et psychologiques qu'elle a subi (ainsi que sa soeur), de l'enfance à l'adolescence, infligés non par un père mais un monstre, un prédateur, un être abject.

Ce texte est d'une violence inouïe.
Il est brut, insoutenable, cru, sans concession.
Il décrit l'horreur, l'inimaginable.

Cet ouvrage n'est pas de ceux que l'on prend plaisir à lire mais il est de ceux qu'il est nécessaire de lire !

Une claque dévastatrice qui vous prend aux tripes et vous donne la nausée de bout en bout.
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Ce n'est rien de dire que cette auto-fiction très courte est un coup de poing, on s'approche du tabassage.
Tres bien écrit, ce texte est une charge contre la violence parentale destructrice, l'inceste, mais il va tellement loin dans cette violence, qu'on a du mal à entrer dans l'émotion qu'il aurait du provoquer.
Et pourtant elles sont là les émotions : la peur, la douleur, la culpabilité, la colère même... mais un peut comme un combat dont les coups déferlent sans relâche, on a envie d'arrêter, de se détourner d'un spectacle sans autre issue que la destruction.
J'en sort groggy, mais également dubitatif.
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Brut, violent et au style irréprochable, ce livre est un diamant forgé par les pires excréments possibles. Un père violent et manipulateur se réjouissant de sa propre cruauté et jouissant des douleurs infligées.

Deux filles à sa merci sous l'oeil complaisant d'une femme victime et complice par défaut, se contentant de la promesse d'absence d'inceste.

Un livre qui n'est pas sans rappeler la violence de Claustria de Régis Jauffret ou du syndrome du varan de Justine Niogret
Lien : https://www.noid.ch/chienne/
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bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture.
une autofiction courte, une centaine de pages mais croyez moi largement suffisant. Horrible,inimaginable, comment peut on faire cela ??? un père,une mère NON des monstres OUI.
Les 1eres pages sont difficiles que dire des autres,par moment je fermais les yeux et j'imaginais ces soeurs,l'intérieur de mon ventre se tordais de douleurs,et pourtant j'en ai lu des trucs horrible mais là.Une lecture tres difficile Je pense que ce livre va me rester un moment gravé comme la Tanche et Buczo.
Mais comme je dis toujours ceci n'est que mon avis personnel
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Ce texte (ce n'est pas un roman!) raconte un instantané de l'histoire d'une famille (9 enfants) dans laquelle un père sadique et « tout-puissant » fait régner la terreur. Il décrit la violence faite aux enfants sans que la mère ne s'interpose. Elle pose quand même une limite : que ses filles ne soient pas violées. Cela n'empêche pas le père de visionner des films ultra pornographiques (BDSM) avec ses filles.
100 pages qui ne racontent qu'une seule chose : la violence faite aux deux soeurs et à la mère. On ne sait rien de ce que le père fait (ou ne fait pas) aux frères (à priori, ils ne participent pas à la violence faite aux filles). Il n'y a aucune mise en contexte, aucun développement ni des caractères, ni des situations. L'aveuglement de l'entourage, de l'école, des services sociaux, le passé du père et de ce qui l'a conduit à être aussi sadique tout est passé sous silence.
Encore un de ces textes prometteurs qui n'arrivent pas à aboutir à un récit.
Dommage car l'écriture est belle et le style percutant mais si il y a sujet, il n'y a pas histoire.
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