Dans les années soixante-dix, René Dumont (premier candidat écologiste à l'élection présidentielle française) écrivait un livre polémique intitulé : L'Afrique noire est mal partie.
Si près de la colonisation, les difficultés d'émancipation africaine avaient des causes assez logiques. Mais qu'en est-il cinquante ans plus tard ?
Francis Laloupo reprend cette problématique de manière passionnante puisqu'il élargit le problème en le plaçant dans une logique de remise en cause planétaire de la démocratie elle-même comme système idéal de gestion d'une société (tout du moins ce qui allait de soi dans l'esprit des Occidentaux).
Analyser le problème de la démocratie à l'échelle d'un continent qui inclut cinquante-quatre nations est forcément réducteur. Certains pays, comme le Bénin, ont tenté pendant un temps l'expérience politique pluraliste, d'autres ont gardé le système de l'homme providentiel.
L'auteur montre bien que les influences extérieures sont restées déterminantes dans le destin de beaucoup de pays de ce continent. D'abord, du fait des anciens colonisateurs qui ont encouragé la pérennité de pouvoirs collaborateurs, puis de l'interaction plus récente de grandes puissances émergentes (Chine, Russie) avides de matières premières. L'auteur montre bien à quel point la situation est complexe et dans quelle mesure les Africains, qui pour beaucoup manquent d'éducation (leurs systèmes scolaires sont très déficients – à dessein ? —), sont facilement manipulables. Tout ce qui vient des Occidentaux, bien sûr, les anciens oppresseurs, devient, dans cet esprit, facilement suspect à leurs yeux, y compris le principe même de démocratie. Les autocrates ne réussissent-ils pas mieux sur le terrain planétaire ? Ne sont-ils pas une référence plus valable finalement ?
Le complotisme occidental et l'élection de Trump ont largement conforté cette idée.
Alors, que deviendront les régimes africains ?
Resteront-ils exploités, infantilisés, non plus par les Occidentaux, mais par des nouveaux venus, aussi peu scrupuleux ?
La guerre avec l'Ukraine redorera-t-elle le blason des démocraties ?
Désormais, les Africains ont leur destin entre leurs mains.