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EAN : 9782956798026
132 pages
Sous le Sceau du Tabellion (23/12/2019)
4/5   2 notes
Résumé :
"Tout est voyage on vit au bruit des rames et des roues
Ce croisement la terre
A chacun son chemin dans la nuit de son pas
La vérité du pouls battant des charades d’amour
On marche pour
On vient on va
puis las de tant de choses taire
On dit Il était une fois

Non ce temps-là viendra j’en suis certain c’est sûr
Au moment même où je m’éloigne avec les gens
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Quelqu'un frotte l'or très fort » PIERRE LARTIGUE, DES POÈMES COMME DES ÎLES

Il faut avoir la curiosité d'aller voir ce que cachent les coordonnées qui sous-titrent les 9+1 chapitres de ce qu'on pourrait appeler une anthologie d'inédits, ouvrage posthume de Pierre Lartigue, publié aux éditions Sous le Sceau du Tabellion. Île-de-Bréhat. Île-de-Batz. Ouessant. Île-Molène. Île-de-Sein. Groix. Île-aux-Moines. Belle-Île-en-Mer. Île-d'Houat. Un poème en forme de chapelet de noms que n'aurait pas renié Jude Stefan, grand amateur de toponymie. Un chapelet d'îles aux confins des terres d'Europe, pour une voix poétique en archipels. Seule exception : Tarquinia en Italie, dernier point sur la carte à être mentionné, opportunément choisi comme point final à ce volume et qui commence par ces mots : « Disparaître je veux bien / mais que ce soit dans une de ces chambres peintes (...) ».
Décrit comme un écrivain discret, Pierre Lartigue n'en fut pas moins reconnu par ses pairs, notamment Aragon qui lui écrivait : « (…) vous êtes un des rares poètes qui comptent aujourd'hui et qui compteront demain ». Pourtant, cela ne suffira pas à faire de sa poésie aérienne et insouciante une valeur sûre dans les esprits de ses contemporains. Critiques et éditeurs font la fine bouche ; ainsi commente-t-il quelques-unes de ses péripéties dans le milieu : « (…) mes poèmes / Gallimard dit que cela manque de qualités littéraires / Ô je t'aime mon petit chardon ».
Sans en prendre particulièrement ombrage (il recroisera le chemin du célèbre éditeur, et fructueusement, par la suite, à trois reprises), il poursuit son ouvrage, inlassablement léger. En témoigne « (l)e monde ses putains ses dagues et ses dogues », le pays tout entier à la merci des échos des éclats de voix du poète : la capitale et la lande, la neige et la « (…) colline à demi morte ». On flotte au-dessus d'un décor à l'abandon, une scène de bataille, mélancolique et possédé, en exil de soi. Un exil fait de sauts de puce, « souvenirs inventés de toute pièce, mensonges contenant leur part de vérité (...) », exil dans une mémoire dont les éléments ont été saupoudrés sur la page, dans un style d'une désinvolture réjouissante. le poème « Hôtel des ventes » retient mon attention plus particulièrement, à la lecture de cet ensemble. Poème capharnaüm, liste, poème-long singeant la triviale prise de notes avec une minutie et une drôlerie diabolique : « (…) une foule invraisemblable où pourrait bien se côtoyer tout ce que la ville possède de Beaumôme et de Toulouche, de Piplette et de Père Moche, brocanteurs voûtés, grappe de filous, de harpies muettes, grigous. » On n'en finit pas de s'émouvoir en lisant la poésie de Pierre Lartigue, le voyage est à portée de stylo, roboratif et abondant. Quelque chose de rabelaisien aussi, dans cette manière d'inventorier et de savourer le monde d'un oeil aussi bienveillant que narquois.
S'ensuivent quelques poèmes plus expérimentaux (dont quelques jeux oulipiens) qui nous laissent penser qu'il y a probablement un monde en dormition dans l'oeuvre du poète injustement méconnu. L'éventail est énorme, de « J'escriz et grave à toute force », sur deux pages qui se répondent, à la quatorzine « Kistch », où la forme, implacable, entre au service de cet art d'écrire truculent et libre, où l'on devine le travail, la volonté de faire totalité, écrire pour épouser. « Quelqu'un frotte l'or très fort », écrit Lartigue, tant il sait ce qu'il faut d'abnégation pour sonner juste, embrasser le monde et briller tout à la fois.

PIERRE ANDREANI
Lien : http://p-andrean.blogspot.com/
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'hiver noir sur blanc

J'aime ces journées trop courtes, l'apparition du ciel dans les flaques et le parfum des ronciers quand la pensée poursuivie se méjuge Ô la route d'automne un autre jour en d'autres temps

     Le soir me mettait un goût de thé dans la bouche
     Je savais lire
     Je savais voir
          un miroir dans une main nue le verre
d'eau des voix dans l'ombre

Cœur écureuil au bord du bois d'enfance
On fait de tout des feux au fond du parc
On clame
     - les magazines glacés -
la découverte d'un insecte près du pôle
mais l'âme
     les musiciens demain se mettront au travail
vous dites que ma tête fait ombre à l'étoile aujourd'hui
vous riez comme dans les salles sombres

     Je suis pourtant de vous si près
Je vous regarde
          les mots sans nombres

un coude sur le ciment frais
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RER


La tour Eiffel est la bergère
Et les nuages, les moutons.
Ri et Ron petit patapon.
Il pleut comme il pleut en hiver
Et nous voyons du RER
Le piéton qui passe le pont
Serrant contre lui son imper.
Est-ce Guillaume Apollinaire?
Il désirait en sa maison
Une femme ayant sa raison
Quelques livres et des chatons.
Un jour, il préféra la guerre.
Ri et Ron petit patapon.
Restent la tour et la bergère
     Les nuages, les moutons,
     La pluie sur le RER.
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Video de Pierre Lartigue (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Lartigue
TROUBADOURS – Entretien sur la sextine avec Pierre Lartigue (France Culture, 1994) L'émission "Poésie sur parole", par André Velter, diffusée le 14 mai 1994 sur France Culture. Présence : Pierre Lartigue pour son essai sur la sextine.
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