Ces sentiments et ces idées composent le Romantisme. Rousseau n'est pas à l'égard du Romantisme un précurseur. Il est le Romantisme intégral.
La royauté de Voltaire n'avait été en mainte occasion que la royauté de Scapin. On l'adorait pour ses grâces infinies. Mais il ne déplaisait à personne qu'il fût bâtonné. Un autre cependant se préparait, qui sur cette sensibilité et cette curiosité publiques trop émues, allait jeter les prises d'une souveraineté bien plus profonde. La domination de Voltaire fut comme un essai léger de celle de Rousseau. Celle-ci remplit la seconde moitié du dix-huitième siècle et aucune voix ne lui dispute l'empire.
On a vu ce qui lui frayait le chemin. Il fallait aux âmes de larges brèches pour y laisser entrer le torrent d'idées et de sentiments le plus subversif qui se fût jamais déchaîné parmi les hommes.
Celui qui est sans cité par l'effet de sa nature, et non de la fortune, est ou vil, ou meilleur que l'humanité .. Celui qui est impuissant à former société, ou qui n'en a aucunement besoin, parce qu'il se suffit à lui-même, n'est pas partie de la cité : c'est un animal ou un dieu.
(Aristote, Politique, liv. I, ch. II.)