La ferveur de ses jeunes années pour Wagner est connue. Le présent travail fera voir que, même au moment où cette ferveur se montrait le plus ardente, les impressions directes que Nietzsche ressentait de la musique wagnérienne n'étaient pas, tant s'en faut, en parfaite concordance avec la haute signification historique et philosophique que ses théories et son imagination lui composaient.
Qu'est-ce que le beau? Une sensation de plaisir... Le but du beau est de séduire à l'existence. Ou'est-ce, proprement parler, que cette action séductrice? Elle est négative. C'est un voile jeté sur le pénible, l'effacement de tous les plis, le regard serein émanant de l'âme de la chose.
Quand Nietzsche dit que la culture et la jouissance du beau sont pour nous les seuls moyens d'échapper au sentiment mortel d'une réalité désespérante et de trouver le courage de « continuer de vivre », il veut parler pour lui-même et pour ses pareils.
Dans la période qui va nous occuper, Nietzsche ne vise et ne décrit que le « pessimisme de la force » ; mais il se reprochera plus tard d'en avoir aveuglément prêté les caractères à des oeuvres inspirées par le pessimisme de la faiblesse.
Fiction, tel est donc essentiellement le beau. Mais pourquoi composerions-nous et contemplerions- nous du fictif si ce n'est pour notre plaisir? Le beau naît du plaisir, le plaisir en est le seul signe.