The Five Ages of The Universe

Le sous-titre du livre : " La Physique de l'Eternité" est une exagération, mais peu s'en faut, vous verrez ! Greg est un astrophysicien de Yale, et Fred en est un de l'Université du Michigan. Ces deux joyeux drilles nous font parcourir l'entièreté de l'existence de l'univers en moins de 300 pages .

C'est que l'univers est encore bien jeune ! Après une courte phase primordiale, où les acteurs principaux de la pièce se sont mis en place ( particules élémentaires, noyaux atomiques et atomes, molécules, ...) le second acte, celui où nous nous trouvons, peut commencer. C'est l'âge des étoiles. Une étoile est une boule de gaz, en équilibre entre l'implosion ( sous l'éffet de sa propre gravité, s'il vous plaît) et l'explosion ( sous l'éffet des réactions nucléaires en son centre). Tant qu'il y a du carburant pour nourrir les réactions, l'équilibre est maintenu. S'il vient à manquer , l'étoile s'éffondre . Alors, plus on est gros, plus on est dépensier et plus la fin arrive vite ! Une supergéante, de quelques dizaines de fois la masse de notre soleil, n'en a que pour quelques dizaines de millions d'années - une paille, vous verrez - avant de s'éffondrer en étoile à neutrons ou en trou noir. Une étoile moyenne, comme la nôtre, tient dix milliards d'années. Et les toutes petites "naines rouges", un dixième de la masse solaire, avares et froides, ne jettent l'éponge qu'après mille milliards d'années ! Des étoiles comme notre soleil, ou encore moins massives, connaissent une contraction plutôt qu'une implosion, et finissent par prendre des dimensions comparables à celles de la Terre : des naines blanches, sans réactions nucléaires elles ne produisent plus d'énergie mais rayonnent encore la chaleur qu'elles contiennent. Ce qui prend quand même un million de milliards d'années.

"Mille milliards de tonnerres de Brest !" aurait hurlé le Capitaine Haddock, et ca ne fait que commencer. Car bien que la plupart des étoiles aient déja vu le jour au moment où vous lisez ces lignes - les nuages d'hydrogène qui les produisent s'épuisant - notre univers, à presque 14 milliards d'années d'âge, est tout au plus un trentenaire. Il en a encore pour bien plus longtemps !

Quoi qu'il en soit, dans quelques milliers de milliards d'années - eh oui ! - il n'y aura plus d'étoiles porteuses de réactions nucléaires, et il ne restera plus que ces restes stellaires - naines blanches et étoiles à neutrons - qui continueront de se refroidir en rayonnant, certes, lumière et chaleur. Elles ne participeront plus au majestueux carrousel des galaxies, les rencontres entre elles - gigantesque billard galactique - ayant éjecté la plupart soit dans les espaces intergalactiques, soit vers le trou noir central que l'on trouve au centre de beaucoup de galaxies.

Au-delà, seuls subsistent les trous noirs, ceux formés par l'éffondrement d'étoiles, et ceux, immensément plus massifs, aux centres de ce qui étaient des galaxies. La température de l'univers voisinant maintenant le zéro absolu, ils sont en mesure de produire un tout petit peu de rayonnement. Ainsi, ils perdent de l'énergie, et donc de la masse, et ce de façon exponentielle. Un trou noir finit dans un feu d'artifice ! Mais, si une naine rouge pouvait rayonner pendant un bon millier de milliards d'années, un très gros tour noir tient le coup pendant cette durée...elevée à la PUISSANCE 8. Oui, un nombre d'années égal à 10 à la puissance 100 . N'y pensons pas.

Après, le rideau tombe. Il n'y a plus de structures - même pas de trous noirs - et plus de possibilité de produire du travail, comme disent les physiciens. L'espace continue son expansion, mais c'est un vide de plus en plus parfait.

Voilà un bien sombre tableau, me direz vous. Mais, il s'agit d'une étude prospective qui repose sur beaucoup de suppositions. D'abord, le cosmos ne contient pas que des objets comme les étoiles, il contient aussi des champs énergétiques - entre autres le champ de Higgs - champs qui pourraient n'être que quasi stables. S'ils "sautent" vers un niveau energétique plus bas, l'énergie ainsi libérée changerait la donne. Ensuite, l'on suppose que les lois naturelles et leurs constantes demeurent inchangées dans ces futurs lointains - qui le sait ? Enfin, il n'est pas probable que toutes les lois naturelles soient parfaitement connues, ce qui pourrait réserver des surprises.

Tout ceci est fort amusant, mais c'est un peu comme si une pauvre fourmi, en regagnant sa fourmilière, au fond de votre jardin, s'inquiétait de la dérive des continents...