L'affaire Lepetit

Comme déjà dit, je sais agir vite, sans réfléchir. Mais quand il me faut penser, c’est dur et c’est long.
C’est dur : premièrement parce que je n’ai pas l’habitude, deuxièmement parce que j’ai horreur de n’importe quel boulot, troisièmement parce qu’en particulier, réfléchir, c’est ce que j’aime le moins.
C’est long : premièrement parce que je suis stupide, deuxièmement parce que suis très stupide, troisièmement parce que je suis extraordinairement stupide.

Je n’avais jamais possédé, je n’avais jamais vu, je n’avais même jamais rêvé une aussi belle fille. Le ventre plat, les nichons orgueilleux, des cuisses et des jambes à faire rêver, un dos parfait, des fesses voluptueuses… et avec ça, une petite gueule qui faisait se retourner tous les mâles qu’elle croisait dans la rue.
Quel dommage que ce physique admirable soit gâché par une intelligence de bovidé. Et surtout par ce caractère docile, servile, craintif.

Je n’aime pas les intellectuelles. Bon Dieu, elle ne l’était pas. Je déteste les bavardes, elle ouvre à peine la bouche. J’aime les filles bien foutues, elle est de première : jolie gueule, nichons parfaits, taille fine, jambes de star. La première fois que je l’avais vue, c’était à la Rhumerie, à Saint-Germain-des-Prés, elle était entrée avec un type. Ça m’avait fait un coup dans l’estomac. Quelle démarche ! Quel galbe !

Georgette était une vraiment chouette môme. Comme je les aime : élégante, bien foutue, une jolie gueule, et juste le genre de conversation qui me plaît : une vingtaine de mots par soirée ; pas des mots compliqués ; le fond non plus. Il s’agissait toujours d’une envie de manger, de boire ou de faire l’amour. Juste ce qu’il me fallait.

C’est vrai que moins sotte, avec les avantages qu’elle a, je n’aurais jamais pu me l’envoyer. N’empêche que j’aurais préféré un peu moins de beauté et un peu moins de bêtise. La beauté on s’y fait. Une connerie comme la sienne, je n’arrivais pas à m’y habituer.