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Lorsque la petite histoire permet de mettre en valeur la grande histoire, un roman a de fortes chances de me plaire. C'est effectivement le cas ici où j'ai pu découvrir l'histoire récente de l'archipel des Chagos situé au milieu de l'océan indien. Au moment de la décolonisation, il passe de paradis terrestre britannique, mais rattaché à l'île Maurice pour un millier d'îlois à base militaire américaine asphaltée.
Ce changement brutal a entraîné l'arrivée des chagossiens sur l'île Maurice, sans aucune compensation ou reconnaissance. Encore un fait honteux de la décolonisation.
Pour illustrer ce fait historique, Caroline Laurent choisit de nous embarquer auprès de Marie Ladouceur, chagossienne et de Gabriel Neymorin, mauricien et nous plonge tant dans leur histoire d'amour que dans le quotidien de la population aux Chagos qu'à Maurice ou dans leur combat pour retrouver leurs terres. Et ce combat dure toujours...
Le dosage entre les faits historiques et le romanesque est à mon sens bien équilibré. Les chapitres, courts, permettent aussi un bon rythme et une lecture agréable. Les personnages sont attachants et emprunts d'une certaine droiture ou beauté .un cocktail réussi pour un très agréable et instructif moment de lecture.

#challenge globetrotter
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En 1967, l'île Maurice accède à l'indépendance après 158 ans de domination britannique. Peu à peu, le quotidien bascule et la nuit s'avance, jusqu'à ce jour où des soldats convoquent les Chagossiens sur la plage. Ils ont une heure pour quitter leur terre. Après le déchirement et l'expérience traumatisante de l'expulsion des Chagossiens vers Maurice. viendra la colère, et avec elle la révolte.

Rivage de la colère est un très beau récit; récit d'une lutte d'un peuple, qui, après la résignation, se redresse, mu par une colère collective.. Quand la littérature est utilisée comme une arme.

Caroline Laurent livre un récit poignant sur un paradis perdu et sur le combat de ses habitants.

Roman de l'exil et de l'espoir, Rivage de la colère nous plonge dans un drame historique méconnu, nourri par une lutte toujours aussi vive cinquante ans après.

Caroline Laurent nous touche par la beauté de sa plume.

Elle joue avec une grande maîtrise avec la langue pour donner corps au créole de son enfance sans que cela ne soit au détriment du sens et de la puissance romanesque de son récit.

Un grand livre !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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En 1967, les Chagossiens attendent avec impatience, le bateau qui les ravitaille en vivres. Car dans l'île de Diego Garcia, peu de nourritures, peu de légumes, pas de riz. Bref, cette livraison leur est indispensable pour survivre.
Pour Marie, jeune fille vivant sur l'île, cette livraison est l'occasion d'une fête.
C'est alors qu'elle voit descendre du bateau, Gabriel, un jeune Mauricien dont elle tombe amoureuse. Gabriel est venu travailler sous l'égide de l'administrateur de l'Île, M. Mollinart, et il va rapidement s'éprendre de Marie.

Un drame va en 1971, perturber le bon fonctionnement de l'île. Oubliée la douceur de vivre dans cette île paradisiaque. La Grande-Bretagne, a loué ces terres aux américains qui ont besoin de cette île pour la guerre froide. Ils vont y installer une base militaire américaine. Les habitants vont tous, sans exception, quitter leur île sans espoir de retour. Bien évidemment, ceux qui les éjectent,des militaires anglais, se gardent bien de leur expliquer que leur rapatriement sur Maurice, sera définitif. Les Chagossiens vont se retrouver à devoir vivre à Maurice, dans des bidonvilles, obligés de devenir coupeur de canne à sucre pour gagner un peu d'argent. Bref, une vie misérable ! Chaque chagossien est révolté, en colère, on leur a volé leur vie, mais quand on ne sait pas écrire, comment se défendre ?

Je ne connaissais pas cette histoire et le récit de Caroline Laurent a éclairé ce sujet délicat. Son écriture est charmante, fluide
Les chagos sont de petits Atolls situées pas loin de l'île Maurice, dans l'Océan Indien et la plus grosse des îles est Diego Garcia découverte par des Portugais.




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Cette lecture fut ma dernière de l𠆚nne〞 2020, et une des plus marquantes.
Une claque.
Impossible de commencer un nouveau livre juste après avoir refermé celui-ci.

Lisez-le. Il est essentiel.

Et deuxième bonne nouvelle : Il sort en format poche aux Éditions Pocket le 7 janvier!
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On va de fait révoltant en fait révoltant. Les événements se déroulent dans la deuxième moitié du vingtième siècle. Ignorés de tous.
L'auteur nous fait découvrir les Iles Chagos, dans l'océan indien, et leurs habitants, les chagossiens, qui ont été déportés sur Maurice en toute illégalité par les Britanniques. Les iles ont été louées à l'Amérique du Nord pour y établir une base militaire, les chagossiens sont devenus de pauvres exilés, vivant dans des bidonvilles, à Maurice, comme des apatrides. Une lutte va démarrer dans les années 1970 , elle se poursuit encore de nos jours. C'est ce que Caroline Laurent nous fait découvrir dans ce roman, ou les personnages sont attachants. On comprend leurs espoirs et leur lutte, on ne peut qu'être révolté avec eux. Une découverte d'un thème important se rattachant au processus de décolonisation, dans ce cas injuste et mal géré.
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Alors là, bravo !
Quel magnifique roman !
Roman, mais pas que
Parce qu'il s'agit d'une histoire vraie.
Une sale histoire que je ne connaissais pas du tout..
Lorsque l'île Maurice a obtenu l'indépendance, elle a abandonné à l'Angleterre l'archipel des Chagos.
Mais quelques années plus tard, l'Angleterre l'a cédé aux Etats-Unis qui en a fait une base militaire.
Pour ce faire, il a fallu évacuer toute la population des îliens qui se sont retrouvés à StMaurice parqués dans des bidonvilles.
Ce n'est que le 25 février 2019 que le tribunal de la Haye leur rendra justice après 50 ans de luttes juridiques.
Etrange de ne jamais avoir entendu parler de cette histoire alors que la presse tourne en boucle les mêmes sujets jusqu'à l'indigestion.
Pourtant c'était l'année dernière !
Du coup j'ai fait des recherches sur Internet, tout cela est ahurissant.
Pour nous faire connaître cette histoire, Caroline Laurent a imaginé une histoire et des personnages en s'inspirant de sa grand-mère mauricienne.
Et quelle histoire !
Passionnante, émouvante, prenante.
Les personnages principaux, Gabriel et Marie vivent une histoire d'amour palpitante mais entravée par de multiples malentendus.
Tous les autres chagossiens sont de beaux êtres, simples, sincères, courageux, solidaires.
Franchement, je ne suis pas prête d'oublier ce livre que j'avais vu plusieurs fois sans être particulièrement attirée.
Que ça aurait été dommage.
Je bénis cette insomnie de pleine lune qui m'a permis de le terminer dans la nuit.
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Connaissez-vous l'archipel des Chagos ? En avez-vous déjà entendu parler ? Pas qu'il m'en souvienne pour ma part.
Mais après la lecture de "Rivage de la colère", je n'oublierai plus ces îles-grains de sable du nord de l'océan Indien. Au début des années 70, les habitants de l'archipel, qui était jusque 1967 rattaché à l'île Maurice, sont expulsés de leur terre, de leur maison, de leur histoire et déportés vers Maurice ou vers les Seychelles avec interdiction de revenir chez eux. Objet d'un marchandage inique entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis et d'un abject chantage à l'indépendance de l'île Maurice, l'archipel des Chagos, et Diego Garcia, l'île principale en particulier, abritent désormais une base militaire américaine. Les Chagossiens, souvent les enfants de ceux qui ont été ainsi expulsés, continuent de revendiquer leur droit au retour et luttent pour obtenir un dédommagement financier qui ne soit pas une obole.
Mais quel est le prix de l'arrachement, de la déchirure et de l'exil forcé ? Quel prix pour ainsi disposer d'hommes, de femmes, d'enfants, de leur existence, de leur mémoire et de leur postérité ? A l'heure où, pour seule réparation, l'on déboulonne les statues d'esclavagistes morts depuis longtemps, les nations continuent d'ignorer avec un mépris ignoble le sort des Chagossiens.
"Sauvage. Sagouin. Nègre-bois. Voleur. Crétin. Crevard. Fils de rien.
Chagossien, ça voulait dire tout ça quand j'étais enfant. Notre accent ? Différent de celui des Mauriciens. Notre peau ? Plus noire que celle des Mauriciens. Notre bourse, vide. Nos maisons, inexistantes." (p. 33)

C'est cette colère incandescente que porte le roman de Caroline Laurent et qui s'incarne dans des personnages inoubliables. Marie aux pieds nus, la belle Chagossienne, arpente le petit bout de terre où elle est née, où sa mère repose et où elle a elle-même donné naissance à Suzanne. Comme les autres habitants, elle guette le cargo qui irrégulièrement fait halte à Diego Garcia et apporte, en plus des denrées introuvables sur l'île, des nouvelles du monde. Mais ce jour de mars 1967, Gabriel en descend et Marie ne voit plus que lui. Venu de Maurice pour seconder le gouverneur en veillant sur la production de coprah, le jeune homme d'à peine 20 ans découvre son nouvel environnement avec réticence d'abord, et puis, emmené par la fougue de Marie, il se coule dans la vie de l'île. Quelques mois de répit avant que les Chagossiens ne soient enfermés dans les cales d'un cargo, sans savoir où celui-ci les emmène, ni ce qu'il adviendra d'eux. Sans savoir que le peu qu'ils avaient vient de leur être volé.
Cinquante ans plus tard, Joséphin, le fils de Marie, porte à son tour la colère et la révolte de sa mère et de tous les "enfants éternels de Diego Garcia" (p.399) face à la Cour internationale de justice de la Haye.
Avec une extrême finesse et une infinie sensibilité, Caroline Laurent enchevêtre souvenirs maternels, enquête documentaire et fiction. le résultat est foudroyant de beauté, de chagrin et de cette colère capable de "renverser le monde". Les mots charrient faits, paysages et sentiments avec une pureté cristalline qui fait résonner toutes les douleurs. Par la grâce de cette écriture tout à la fois précise et poétique, Marie, Josette, Gabriel, Angèle, Marcel, Suzanne, Joséphin... continuent de fouler le rivage de Diego Garcia et d'inscrire leurs existences flouées au creux de nos consciences.
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De ce drame, je ne savais rien, je n'en avais même jamais entendu parlé. Les exactions des colons ne sont toujours pas suffisamment relayées. Merci à toutes ces personnes qui dédient leur vie, d'une façon ou d'une autre, à dénoncer.
J'ai découvert un petit archipel et ses habitants. Chagossiens spoliés, exploités, expulsés, déracinés, monnayés pour ensuite être sacrifiés, chassés de leur terre pour finir entassés dans un bidonville. Simplement rayés de la carte. Simplement, encore, une histoire de colonialisme où les intérêts financiers d'une grande patrie passent avant l'humain.
Une honte. Un scandale. C'était hier et malheureusement rien n'a vraiment changé aujourd'hui.
Magnifique roman que je vous recommande à tous. J'espère sincèrement qu'il aura le succès qu'il mérite et la lumière suffisante pour le faire voyager.
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Quel uppercut que ce roman, aussi sensible qu'il est violent car il nous communique une profonde envie de hurler, sur cette injustice flagrante, ce chagrin insondable, cet arrachement des Chagossiens à leur terre, à leur coutumes, à leur vie.
C'est aussi une histoire d'Amour, entre un homme et une femme, un amour filial entre un fils et sa mère qui lègue a ce dernier ses racines, son histoire, da dignité et sa combativité. Et ce dernier lui rend bien: il portera ce combat au delà de l'existence de cette femme blessée, il y vouera lui aussi sa vie, y engagera ses forces.
Une histoire d'amour filial encore entre un fils et un père, dont il s'aperçoit rapidement qu'il n'en est pas le père naturel, mais l'Amour l'emporte là encore. L'amour est un choix assumé. Pas de place ici à la mièvrerie, l'amour empreint les personnages qui se débattent autant que l'Etat et les puissants les écrasent, les dessaisissent de tout, les broient comme s'ils n'étaient qu'insectes.

Bien sûr, les évènements sont romancés, ce qui n'enlève rien à L Histoire, celle qui malheureusement a privé les Chagossiens de leur île, sur décision de l'état britannique, pour la bétonner et la louer à des "intérêts supérieurs", américains! le tout avec la bénédiction de l'Etat mauricien. Les Chagossiens et leur île Diego Garcia, sont une simple monnaie d'échange, quantité négligeable, comme ils l'étaient déjà quand on remonte l'histoire pour constater tristement que leurs ancêtres étaient déjà des hommes et des femmes arrachés à leur terre natale : Madagascar ou Mozambique...
Quel triste destin que la perpétution d'un drame sur différents siècles, qu'aucune justice ne viendra réparer. C'est donc l'amour dans ce roman qui nettoiera les plaies béantes de ce traitement inhumain. Les habitants de ces îles chargés dans la cale des bateaux, pires que des bestiaux, sans avoir ni le temps, ni le droit d'emporter quoique ce soit, sans eau, ni nourriture, on les décharge comme une cargaison nauséabonde sur le port de Maurice sans rien, et ils sont priés d'aller traîner leur misère ailleurs... de l'injustice sur l'injustice. Et ça continue encore aujourd'hui en l'absence de décision probante de l'état britannique. Je ne peux qu'espérer que ce livre éclairera ce drame humain pour qu'enfin justice soit faite.
Un dernier mot pour cette image terrible, décrite par l'auteur, qui restera dans la mémoire (photo à la fin du roman) : les sépultures des ancêtres sont tombées dans l'abandon, fissurées, abîmées et juste à coté... La photo des tombes des chiens utilisés par les militaires, belles, blanches, bien entrenues et fleuries... tout est écrit en une photo.
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Nous sommes en 1967, sur l'île de Diego Garcia dans l'archipel des Chagos au coeur de l'Océan Indien.
Nous allons suivre le destin de Marie qui va être déportée, ainsi que l'ensemble des habitants de l'archipel, par les Britanniques au profit des Américains.
Récit d'une tragédie réelle et toujours d'actualité ou les Îlois vont tout perdre en à peine 1 heure.

Pas évident de trouver les mots pour parler de ce roman sans trop en dévoiler.

Sachez juste que c'est un concentré d'émotions.

La colère, la tristesse, la révolte, l'espoir mais surtout, surtout l'amour.
💜L'amour interdit entre un homme et une femme,
💜L'amour d'une mère pour ses enfants, pour sa famille,
💜L'amour d'un homme envers un enfant qui n'est peut-être pas le sien,
💜L'amour pour son pays, son chez soi, sa vie, ses racines.

Marie si courageuse, si forte, elle m'a touché en plein coeur de même que Gabriel, ce beau Mauricien qui va voir ses certitudes voler en éclat.
Ils ne sont pas parfaits mais ils sont profondément humains.
Leur combat devient le notre.

L'autrice, grâce à une plume presque lyrique, mêle avec brio romanesque et histoire pour nous permettre une implication extrême dans les évènements.

Cette lutte interminable, ce besoin qu'enfin justice soit faite pour ce peuple déporté qui n'a rien demandé d'autre que de vivre libre, en paix, chez eux, sur leur île, est juste bouleversant.

Quand le paradis devient enfer.
Je ne connaissais pas les Chagossiens avant, mais jamais je ne les oublieraient à présent.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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