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Marie-Pierre Ladouceur, une belle créole native de l'île de Diego Garcia, tombe sous le charme de Gabriel, un Mauricien venu travailler sous les ordres de l'administrateur colonial. Un fils, Joséphin, naîtra de leurs amours. Mais l'histoire les rattrape et voilà Marie-Pierre expulsée avec tous les habitants de Diego Garcia. Nous sommes en 1967 et l'île Maurice, devenue indépendante, abandonne l'archipel des Chagos aux anglais. Ceux-ci vont la vendre aux américains pour y construire une base navale car ces îles de l'océan Indien sont hautement stratégiques.
Ce roman, qui aurait pu n'être qu'une énième histoire d'amour, devient une véritable épopée avec une partie historique parfaitement documentée et la fresque romanesque se mêle intimement au destin tragique de ces îles des Chagos et des « îlois », créoles descendants des esclaves du Mozambique ou de Madagascar.
J'ai découvert là le destin tragique de ce peuple des Chagos et la maltraitance subie après leur exil forcé. Entassée avec ses compatriotes dans un bidonville, Marie Pierre Ladouceur va devenir le symbole de la lutte pour une reconnaissance de leurs droits. Devenu adulte, son fils Joséphin poursuivra le combat.
A travers ces personnages de fiction, l'auteure nous raconte avec sensibilité et discernement l'injustice coloniale et le traitement inhumain réservé à ces chagossiens peu instruits et considérés comme quantité négligeable.
Un roman bouleversant qu'on ne lâche pas.
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Rivage de la colère est une fiction qui fait la lumière sur une partie importante de l'histoire du 20ème siècle : lorsque l'île Maurice a accédé à l'indépendance en 1967, la Grande-Bretagne lui a racheté un archipel distant en prétendant qu'il n'était pas habité, afin d'en faire une base militaire dans l'océan indien. En réalité, il était habité, et ses habitants ont été expulsés brutalement. Ils ont été déportés vers des bidonvilles sur l'île Maurice. Ils ont essayé de se battre, mais n'ont pas pu retourner dans leur île, même s'ils ont obtenu des éléments de reconnaissance du fait que le traitement qu'ils ont subi était violent et illégal.

Rivage de la colère a été écrit par une auteure franco-mauricienne. L'histoire des Chagos a frôlé la sienne : sa mère lui a raconté son passage par l'île lorsqu'elle était enfant, lors d'une escale sur un des derniers voyages qui a pu passer par les îles. Passage ébloui, goût de paradis terrestre... mais déjà, deux côtés de la barrière ; sa mère était du bon côté.

Septembre 2018 : deux symboles. D'abord, les deux côtés sont réunis. Caroline Laurent est associée à la délégation des descendants chagossiens menés par Olivier Bancoult, qui vont cette fois plaider leur cause à la Cour internationale de justice de la Haye. Ensuite, en février 2019, l'ONU a reconnu que le droit des peuples à l'autodétermination avait été bafoué et que le Royaume-Uni devait mettre fin à son administration de l'archipel. Certes, dit l'auteure, « jusqu'à présent, chaque procès gagné par les chagossiens a été renversé ensuite par l'administration britannique ». Toutefois, aujourd'hui, au moment où sort le livre de Caroline Laurent, c'est la dernière étape en date.

Mais le livre est aussi une fiction. Il raconte l'histoire de Marie Ladouceur, chagossienne ensorcelante, simple et fière, de son amour avec Gabriel, venu de l'île Maurice, de leur fils, Joséphin. Il raconte un paradis perdu, qui, comme tout paradis perdu, n'a peut-être jamais été paradisiaque et subsistait sous le joug d'un colonialisme qui ne prévoyait rien pour éduquer les enfants, mais avait sa culture, son histoire, sa cuisine, ses rites, ses joies et ses peines, qui ont pris après coup la poignante couleur de l'irremplaçable et sont ressuscités dans le livre. C'est un livre qui se lit comme une histoire, frappe comme un documentaire, et rend une part de lumière à une population qu'on a précipitée dans l'ombre.

Caroline Laurent n'est pas seulement une auteure qui a déjà été remarquée quand elle a co-écrit Et soudain, la liberté, avec Evelyne Pisier : elle a aussi lancé la collection Arpège chez Stock et a édité Belle infidèle de Romane Lafore, dont j'ai déjà dit quel coup de foudre il a été pour moi. Une auteure qui lance les autres, écrit avec les autres, soutient les autres et transcrit leur combat : plus encore qu'à la construction d'une oeuvre, c'est à celle d'un parcours et d'une personnalité que nous assistons !
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Exceptionnel roman ! On aimerait que ce soit un roman de début à la fin.... Mais l'auteure va créer des personnages pour aborder l'histoire de l'archipel des Chagos, petit chapelet d'îles, au milieu de l'Océan Indien.
Ces îles faisaient partie de la colonie britannique incluant également Maurice et Rodrigue.
Quand la république mauricienne obtient l'indépendance en 1968 (sans conflit armé avec le colonisateur anglais), celle-ci se fait avec Rodrigue mais sans les îles Chagos. Les Anglais ont décidé de garder ces îles qui font un joli porte-avion naturel bien situé, bien pratique. Mais pour en faire un tel porte-avion naturel, il faut d'abord évacuer les îles de tous leurs habitants. Sans leur en laisser le choix. 1 h pour quitter leurs îles. Sans rien. Bétail et animaux de compagnie gazés. Arrivée sur l'île Maurice sans rien, ni logement, ni indemnité. Rien. Comme perspective ? la faim, la dépression, l'alcool, la misère, la mort....
Le cynisme absolu. Un exemple de ce que l'homme peut faire à ses semblables. Une envie de vomir.
*
A noter que depuis le porte-avion naturel est bien devenu une base militaire, américaine en fait (prêt octroyé par les Anglais).
A noter que le Royaume-Uni a été condamné par la Cour de Justice de la Haye qui a réclamé la rétrocession des Chagos à la république mauricienne.
Qu'un délai été fixé et a depuis été largement dépassé. Que les Chagos sont toujours une base militaire sous contrôle britannique.
A noter que la France a soutenu le Royaume-Uni dans cette histoire....
*
Un roman utile, nécessaire. Des personnages si attachants, leur vie à Chagos puis à Maurice si bien décrite.
Un roman désespérant toutefois sur la nature humaine....
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Joséphin essaie depuis des années, de faire reconnaître la déportation des chagossiens et l'histoire débute sur un de ses combats, en 2018. Il se souvient très peu de son île natale, car il avait sept ans quand il a été déporté avec sa famille, tous les îlois, car pour obtenir l'indépendance, le premier ministre de Maurice Seewozagur Ramgoulam a accepté, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes du gouvernement anglais (premier ministre de l'époque Wilson) de céder l'archipel des Chagos, en particulier l'île de Diego Garcia pour que les USA la transforme en base militaire.

Pour cela, il faut qu'il n'y ait pas d'habitants :

« Les Américains devaient présenter à l'ONU un dossier fourni par les Anglais assurant que le territoire était vierge « d'habitants autochtones », afin d'obtenir un accord pour créer une base militaire. »

Or, ce n'est pas le cas, puisque là vivent les Chagossiens, en harmonie avec la Nature, sur les plages de sable fin, travaillant à fabriquer l'huile de coprah. Qu'à cela ne tienne, on va les envoyer ailleurs !

On fait ainsi la connaissance de Marie-Pierre Ladouceur, sa soeur Josette, et toute la génération. Les liens intergénérationnels sont forts, on se contente de peu, on fait la fête, on danse, le mariage de Josette se prépare… Christina, son fiancé vient d'arriver de Maurice, à bord du Sir Jules.

Marie-Pierre de déplace pieds-nus, chasse le poulpe, vit simplement ; elle a eu quelques aventures, et elle est mère d'une petite fille. Son patronyme est savoureux : s'appeler Ladouceur quand on est une femme énergique, obstinée qui ne lâche jamais rien !

Sur le même bateau arrive Gabriel, issu de famille aisée de Maurice, dont le père est un patriarche acariâtre qui règne en dictateur sur ses enfants, surtout Gabriel, mais aussi sur sa petite soeur Evelyn. le fils aîné, Benoît est le chouchou, lui a eu le droit d'aller étudier en Angleterre alors que son père refuse qu'il aille y étudier à son tour. La mère est décédée, quand il avait une dizaine d'années.

Marie est fascinée par lui et une histoire d'amour démarre, en douceur, car ils sont différents, par leur couleur de peau, leur rang social, et Marie ne sait ni lire ni écrire…

Pendant qu'ils s'installent dans leurs vies, des choses se trament, derrière leur dos bien-sûr, c'est pratique pour les gouvernants qu'ils soient illettrés pour leur extorquer n'importe quoi et ils vont se retrouver déportés, il n'y a pas d'autre mot pour qualifier ce qu'on leur a fait, vers Maurice, comme des animaux dans la cale d'un bateau, on se contentera de leur donner à boire, de temps en temps, pas assez d'eau pour tout le monde… je ne désigne personne, mais suivez mon regard…

« le gouvernement mauricien avait vendu les Chagossiens aux Anglais. Vendu, littéralement. Ce n'était pas seulement une question de pouvoir et d'indépendance de l'île. Trois millions de livres sterling étaient en jeu… »

Caroline Laurent nous raconte, avec ce sublime roman historique, la tragédie et le combat des Chagossiens pour avoir le droit de récupérer leurs droits, de retourner sur leur terre. C'est un fait historique, une tragédie que je ne connaissais pas du tout et que l'auteur aborde de fort belle manière ; elle a bâti son roman en se basant sur une documentation importante, qu'elle cite au passage.

Elle alterne les récits : Joséphin raconte son combat (qui fut d'abord celui de sa mère, mais qu'il a repris à son compte) le « Groupe Réfugiés Chagos », et fait remonter, au fur et à mesure qu'il progresse, toute l'histoire de Marie et des autres habitants, la dureté de l'exil, de partir, en emportant quelques objets ou vêtements, souvenirs d'une terre perdue, et les conséquences, sur la santé physique et mentale. Ce combat est toujours d'actualité, comme en témoignent des évènements remontant au début de cette année!

L'auteure nous propose une carte de toute la région, un peu trop petite de la version e-book, qui m'a été très utile pour situer Diego Garcia, vue l'importance de mes lacunes en géographie…

J'ai beaucoup aimé ce roman, car l'histoire d'amour entre Marie et Gabriel est tout à fait crédible, ce qui n'est pas souvent le cas lorsque l'on veut raconter l'Histoire en la mêlant à la petite histoire. Ici, Caroline Laurent a très bien réussi l'exercice.

L'écriture est très belle, avec une réflexion profonde sur l'exil, la déportation, la couleur de peau, la colonisation-décolonisation britannique, ce qui donne des phrases superbes (cf. les extraits ci -dessous). L'incipit est magnifique.

Je n'ai pas lu son précédent livre « Et soudain, la liberté », écrit, à quatre mains, avec Evelyne Pisier qui va donc rejoindre ma PAL.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales, (j'apprécie beaucoup cette maison d'éditions) qui m'ont permis de découvrir ce roman passionnant et son auteure, dont j'ai hâte de retrouver la plume.

#Rivagedelacolère #NetGalleyFrance
coup de coeur
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Bonne surprise et découverte géographico-politique, ce roman s'articule autour d'un épisode sans doute largement méconnu des bienfaits impérialistes occidentaux.
Diego Garcia, la célèbre base U.S de l'océan indien, tous ceux qui s'intéressent à la géostratégie connaissent. Mais qu'ici aussi, le célèbre "une terre sans peuple" a été utilisé pour spolier, déplacer et mépriser des autochtones était passé sous ma détection radar.
L'auteure de ce roman a donc éclairé ma lanterne et, grâce à ses courageuses héroïnes (et un gars ou deux aussi, il faut le reconnaître), m'a complètement immergé dans cet archipel des Chagos, dans ce moment de pseudo-décolonisation qui a installé le monde tel que nous le connaissons encore aujourd'hui.
C'est fort, les sentiments sont exacerbés, l'histoire est tragique comme toujours. C'est un très bon roman.
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Et soudain l'indépendance (volée)

Avec son second roman Caroline Laurent confirme l'étendue de son talent découvert avec Et soudain la liberté et nous livre une partie tragique de son histoire familiale. Éblouissant!

C'est un petit paradis sur terre, un bout d'île oublié de tous où la vie s'écoule au rythme de la nature. La pêche et les noix de coco assurant aux quelques mille personnes peuplant l'archipel des Chagos de quoi vivre. En vendant l'huile de coprah, ils peuvent gagner de quoi améliorer leur ordinaire. Aussi quand arrive le bateau ravitailleur, c'est jour de fête. Surtout en ce mois de mars 1967, car le Sir Jules  est non seulement chargé de riz ou de farine, mais aussi d'un boeuf dont la viande viendra donner à la noce qui se prépare une saveur supplémentaire. Et, pour couronner le tout un beau jeune débarque qui embrase aussitôt l'imagination de Marie Ladouceur.
Gabriel vient seconder l'administrateur et n'est pas insensible à la sensualité sauvage de cette jeune fille aux pieds nus. Irrésistiblement attirés l'un par l'autre, ils vont s'unir sans se soucier du qu'en dira-t-on, s'aimer ardemment et au bout de quelques mois découvrir que le fruit de leur passion grandit dans le ventre de la belle autochtone.
C'est à ce moment que L Histoire - celle avec un grand H - vient s'abattre sur eux. Nous sommes en août 1967, la date fixée par le Royaume-Uni pour le vote sur l'indépendance de l'île Maurice. Pas plus à Diego Garcia que sur les autres îles de l'archipel l'annonce de la victoire des indépendantistes ne trouble le quotidien des habitants. Seul Gabriel, qui a été contraint à signer une déclaration l'obligeant au secret, comprend ce qu'implique cette victoire. Car elle est assortie d'un accord secret conclu avec la couronne britannique qui donne l'archipel aux Anglais et stipule que Diego Garcia sera cédé aux États-Unis pour qu'ils y installent une base militaire. Les jours passent, faits de privation et d'incitations au départ jusqu'à ce jour de 1970 où toute la population est sommée de quitter l'île en une heure.
Caroline Laurent parsème son récit de réflexions de cet enfant arraché à son paradis et dont toute la vie n'est qu'un long combat – qui n'a toujours pas trouvé son épilogue – pour réparer cette injustice.
Car rien n'est fait à Maurice pour accueillir les réfugiés. Dans la troisième partie du roman, qui va de 1973 à 1975, on suit ces hommes, ces femmes et ces enfants quasiment livrés à eux-mêmes. La plupart se retrouvent dans un bidonville, contraints à se battre pour un bout de toit, pour trouver de quoi manger, pour que les autorités daignent enfin s'intéresser à eux. Marie espère retrouver sa soeur, partie avant elle et dont on a annoncé la mort. Pour un petit groupe d'hommes commence alors le combat de toute une vie. Ceux dont Caroline Laurent se fait la porte-parole. Et si le 25 février 2019 la Cour internationale de justice de la Haye a estimé que le Royaume-Uni avait «illicitement» séparé l'archipel des Chagos de l'île Maurice après son indépendance en 1968, cet avis n'était que consultatif. le combat continue !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Je ne connaissais pas du tout les îles Chagos et l'histoire de cette population.
Un récit effroyable, dure, indigne.

Une population pauvre et mal traité qui en une heure de temps fût exclu, embarqué de force et exilé sur une autre île, sans rien. Perdant leurs vies, et leurs dignités.

J'ai apprécié l'histoire de Marie, de Gabriel et de Joséphin… Une belle histoire de courage, d'amour et de combat.

Un roman à lire pour « encore » découvrir l'injustice faites aux plus faible.

Bonne lecture !

CHALLENGE MULTI-DEFIS 2024
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Un très beau roman et un roman également très important sur un conflit diplomatique larvé (un scandale devrais-je dire) qui dure depuis trop longtemps, celui des îles Chagos. Une lecture touchante et qui reste longtemps en soi une fois la dernière page tournée.
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Je ne connaissais pas l'archipel des Chagos, avec ses îles Salomon, Peros Banhos au nord, Diego Garcia plus au sud, en plein coeur de l'océan indien. Je ne connaissais pas les soubresauts historiques de sa colonisation britannique jusqu'à l'indépendance de l'île Maurice en 1967 à laquelle l'archipel était rattaché. Une indépendance qui signe l'arrachement forcé de milliers de Chagossiens à leur terre natale pour y construire une base navale américaine suite à des tractations politiques et militaires.

Je ne connaissais rien des expulsions ignominieuses des natifs de Diego Garcia jusqu'à maintenant, leur déportation dans les bidonvilles de l'île Maurice sans aucun accompagnement humanitaire. Rayer l'existence d'une population d'une simple croix sur la carte. Enlever leur identité, leur terre, je ne peux imaginer leur souffrance. Moi, pour qui le simple fait d'avoir dû quitter la maison où j'ai grandie est encore un déchirement.

Aujourd'hui je ne suis plus la même après avoir lu le bouleversant témoignage de Caroline Laurent.

Il est rare qu'un livre m'étripe à ce point. Je ne peux pas être insensible à un drame humain qui se passe maintenant sous nos yeux. Ce livre me donne la force incroyable de prendre mon bâton de pèlerin et de crier à tu tête « , rendez la terre aux Chagossiens" comme le demandent la cour internationale de justice et les instances de l'ONU en 2019.

J'ai vraiment apprécié toute la richesse documentaire des faits historiques et la transmission orale et personnelle d'une histoire dont les souvenirs s'écrivent à travers les années pour ne pas oublier. Je me suis fortement attachée aux personnages de ce livre, à Marie et Gabriel, à leur descendance qui perpétue la mémoire de leur île perdue.
Je n'ai pas envie de refermer ce merveilleux livre pour les perdre à mon tour. Alors il me reste ma petite voix de lectrice pour parler de ce livre, et de ce combat autour de moi encore et encore.
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Marie-Pierre Ladouceur dit Marie-gros-pieds vit sur l'île de Diego Garcia, dans l'océan Indien. Elle est jolie, très jolie même, libre, épousant la vague et le vent elle va d'un amant à un autre.
« Les hommes ne sont pas des pères, presque pas des maris, au mieux des souvenirs, au pire des regrets. Elle fait aller sans hommes. »

Quand Gabriel débarque pour prendre son poste de secrétaire de l'administrateur il est évident pour Marie que ce jeune homme est beau. de l'union d'un maître et d'une esclave, il n'était jamais rien sorti de bon. Lorsque l'île Maurice accède à l'indépendance en 1967, le destin de ses habitants, ainsi que celui de Marie-Pierre et Gabriel, va être bouleversé.

Dans ce récit romanesque au souffle puissant, Caroline Laurent nous dévoile un pan méconnu de la décolonisation dans l'océan Indien. C'est tout d'abord une formidable histoire d'amour, portée par une écriture sensuelle.

Caroline Laurent nous fait partager la culture, la cuisine, les rites, les joies et les peines des habitants de ce collier d'îlots au sable blanc, à l'eau transparente et pure. Un peuple, dont les ancêtres étaient des esclaves, des nègres, menant une vie paisible, à leur rythme, en harmonie avec la nature, loin de toute considération économique.

Caroline Laurent sait trouver les mots justes pour nous décrire la souffrance d'un déracinement, d'un arrachement. Ces hommes et ces femmes devenus apatrides, elle nous raconte la perte de leurs emplois, de leur dignité, de leur identité, de leur bonheur tout simplement. Leur nouvelle vie dans un bidonville, entassés comme des fils de rien, la saleté, l'inactivité et l'alcool et les cyclones qui détruisent tout.

C'est aussi l'histoire d'une lutte pour faire reconnaître par les instances internationales leur déplacement abusif et leur droit de retourner vivre dans leur île. le pot de terre contre le pot de fer. C'est la voix de Joséphin le fils de Marie et Gabriel qui nous raconte ce combat.

Un portrait d'une femme attachante, simple, mais fière, une combattante qui va aller jusqu'à mettre en péril sa vie pour redonner l'honneur à son peuple. Une histoire vraie, romancée bien entendu où se mêlent les intérêts politiques et financiers, les trahisons, mais qui nous interpelle sur la souffrance de tous ces peuples opprimés par la colonisation.
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