Valérie et là, à côté de moi, je l'ai bâillonnée et attachée pour pouvoir prendre la parole au travers de son clavier. C'est mon récit, celui de ma vie et personne mieux que moi peut t'en parler.
J'ai obligé Camilla à laisser tomber son Erika Falck et son Patrick Hedström pour qu'elle raconte mon histoire, qu'elle pousse ce cri qui s'apparente au cri de Munch. Un cri du coeur, un cri d'horreur pour te parler de la femme soumise, de la femme qui est juste l'épouse "de", de la potiche, mais aussi de la femme martyrisée, abusée que ce soit psychologiquement ou physiquement et ceci même dans l'opulence ou surtout dans l'opulence ai-je envie de dire.
Elle s'est très vitre prise au jeu Camilla et elle s'est bien lâchée sur ce coup-là. Je n'aurai pas pensé qu'elle le fasse aussi bien d'ailleurs.
Mon mari, Jack vient tout juste de tuer notre fille Julienne. Oui tu as bien lu, il est allé jusque là, cet horrible salaud. Et même si mon histoire commence par la fin, tu comprendras comment tout a mal tourné, comment nous en sommes arrivés là et tu pourrais bien être fort surpris(e).
J'ai quitté Fjällbacka il y a quelques années déjà. J'ai laissé derrière moi, ce que j'étais, ma famille déchue et les horreurs vécues. J'ai rencontré cet homme que je croyais être mon âme soeur. Nous nous sommes mariés et avons eu une magnifique fille, Julienne. Nous avons créé ensemble une entreprise "Compare" qui s'est très vite transformée en une affaire florissante qui nous a permis de gagner des millions et de vivre comme des rois. Tout pour bien faire me diras-tu... Oui je dois avouer que j'avais de la chance. Ne pas travailler, passer mon temps à faire en sorte que la vie de mon mari soit la meilleure possible alors que lui, passait le plus clair du sien au travail et à me ressasser que c'était pour notre bien à toutes les deux. Au travers de ses paroles, il me rabaissait systématiquement. Il a même fait pire, mais je n'ai pas envie d'en parler maintenant. Il me donnait ce merveilleux rôle de potiche et reniait même ma large participation à la création de Compare…
Je lui trouvais des excuses, me disais qu'il était merveilleux, que tout redeviendrait comme avant quand il aura moins de travail. J'étais dans ma cage dorée et faisais l'autruche parce que c'était plus simple. Chris, ma meilleure amie, avait beau me dire que ce n'était pas une vie, que je devais mettre fin à cette soumission...Je ne voulais pas l'écouter.
Et puis un jour, tout a basculé. J'ai trouvé mon mari avec une collègue de travail en train de s'envoyer en l'air dans notre propre lit. Sa réaction ? Il m'a foutue dehors et laissée sur la paille au travers d'un divorce rocambolesque où j'ai tout perdu.
J'ai sombré, j'ai touché le fond mais je suis Faye et j'en ai vu d'autres, beaucoup d'autres ! Je devais me relever et surtout me venger. Trouver le moyen de le mettre à terre, lui qui m'avait détruite, trahie, trompée. Lui qui avait fait de moi une loque en Gucci. Je n'imaginais cependant pas qui il était vraiment, qu'il serait un adversaire de taille ni qu'il s'en prendrait à ma fille...
J'ai alors établi un plan machiavélique mais je ne vais pas t'en dire plus. C'est à toi de le découvrir au travers des écrits de Camilla, mon porte-parole.
Attends, bouge pas, voilà que Valérie a réussi à enlever son bâillon. Je vais voir ce qu'elle veut.
Elle a aussi quelques mots à dire. Ok, c'est une femme et elle est aussi concernée. Vais la laisser parler et lui remettrai son bâillon après:
"Pour elle, c'était étrange de retrouver Camilla dans un autre contexte et qu'elle était un peu septique en démarrant ce récit mais qu'elle s'est fait embobiner sans vraiment s'en rendre compte et qu'on peut dire que tout son art est là - Une embobineuse de compètes !"
Là j'avoue, je ne sais pas si elle parle de moi ou de Camilla mais peu importe.
"Qu'elle a trouvé que même si par moment c'était un peu facile, que tout se passait comme ça devait, comme dans les films et bien que cette trame était bien foutue. Qu'elle s'est rapidement doutée de la finalité mais que cela n'avait pas d'importance puisque le fin mot de l'histoire est ailleurs."
Elle est gonflée quand même de dire ça parce que c'est vraiment comme ça que cela s'est passé...
"Elle dit surtout que mon histoire est une histoire de femme pour les femmes."
Bon moi je pense que c'est aussi pour les hommes et qu'ils pourraient en prendre de la graine.
"Que c'est une histoire de vengeance qui pourrait bien faire écho à bon nombre d'entre elles. Qu'à elle, ça lui a parlé...Que cette histoire avait résonné en elle comme une ribambelle de cloches et qu'elle aurait bien voulu...pouvoir faire pareil que moi…"
Tiens j'ai trouvé une alliée...
"Elle a trouvé que mon histoire était forte, émouvante, puissante, voire bouleversante. Que ça lui a fait un peu penser à la trame de
Délicieuse de
Marie Neuser."
Je sais pas qui c'est, celle-là, mais ça doit être bien si ça ressemble à mon histoire.
"Que ce roman était brillant et que Camilla savait vraiment raconter des histoires. Que même ou surtout en changeant de registre elle était capable de nous surprendre !"
Bon assez parlé de Camilla qui n'est que mon porte-parole. Je vais lui remettre son bâillon pour qu'elle ferme son caquet !
Quant à moi, je vais reprendre ma place dans ce livre puisqu'il semble que je ne sois qu'une femme de papier mais avant de partir, garde ça en tête:
Ne sous-estime jamais une femme trahie, bafouée. Tu ne sais jamais jusqu'où elle peut aller et en tout cas, Camilla, elle, a pris sa "revenge" !
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