Lorsque du sang royal coule dans nos veines, il est rare que l'on puisse se dérober au destin que d'autres se sont chargés de nous tracer. Difficile de se soustraire à certaines obligations, à certains rituels… d'autant plus lorsqu'on est profondément attaché à sa famille et que l'on ne souhaite pas la froisser.
C'est le cas de Médée, personnage issu de la mythologie grecque. Fille du roi Aiétès – régnant sur la Colchide – et de la reine [et nymphe] Idyie (ou Idya), Médée est également la nièce de Circé.
« Médée la scandaleuse. Médée la sorcière, la meurtrière. Médée, le monstre. Voilà ce qu'on dit de moi. Les gens ne veulent retenir que ce qui les arrange. Au milieu de ces voix qui m'accablent, il est temps que je fasse entendre la mienne ; il est temps que je raconte mon histoire. Pour rétablir enfin la vérité » peut-on lire en Quatrième de couverture.
Médée nous invite donc à découvrir son histoire et, fidèle à ses promesses, nous accueille dès la première page de l'album. Elle sait bien qu'elle intrigue et que l'on se méfie d'elle mais sûre d'elle, elle sait que sa confidence incitera un lecteur à s'arrêter et à l'écouter. Alors elle l'attend sur une plage déserte. Discrètement, Médée se contente de vérifier, d'un coup d'oeil furtif, que le lecteur lui emboîte le pas. Elle termine juste d'accompagner Chloé, sa servante, dans un endroit calme où elle pourra mourir en paix, bercée par le bruit d'un léger ressac.
Sitôt la mourante allongée au sol, Médée rebrousse chemin. le poids des années l'accable. Elle cède à la fatigue et, dans un souffle, laisse échapper un aveu :
« Chloé ma pauvre vieille, en te voyant étendue à mes pieds, j'ai bien failli céder. M'allonger contre toi, prendre ta main et compter avec toi les instants. Me laisser mourir, moi aussi. Me laisser délivrer ».
Se ressaisissant, elle choisit de mener à bien son projet de consacrer les derniers jours de sa vie à se rappeler tout le chemin qu'elle a parcouru depuis l'enfance… depuis ce moment où, fillette, elle fut peu à peu arrachée à cette douce innocence et contrainte d'assumer des choix qui n'étaient pas les siens.
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Ce premier opus couvre la période qui va de l'enfance jusqu'à la fin de l'adolescence. Avec subtilité, Nancy Peña instille grâce et féminité à son personnage. A mesure que l'on tourne les pages, la silhouette de Médée s'affine, son visage perd peu à peu de sa rondeur enfantine à mesure que ses expressions gagnent en sensualité. Par ailleurs, le lecteur profite pleinement de chaque illustration. le travail graphique réalisé sur les étoffes et les robes est superbe, les tissus volent au vent et réagissent parfaitement aux mouvements des personnages. Les décors sont fouillés et contiennent de multiples détails (les rainures des écorces des arbres, les éléments architecturaux, peintures, sculpture, gravure sur des vases…). Cet ensemble contribue largement au fait que le lecteur s'immisce rapidement dans l'univers de Médée.
(la chronique complète : http://chezmo.wordpress.com/2014/07/09/medee-tome-1-le-callet-pena/
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