Le 16 juillet 2018,
Donald Trump rencontre Vladimir Poutine à Helsinki. Trump va y dédouaner totalement Poutine de la moindre ingérence dans la dernière élection présidentielle américaine. Trump ne veut pas apparaître comme l'homme de Moscou. Il dédit ainsi ses propres services de renseignements. Chose inouïe. Trump débraguette le nouveau Tsar de la Grande Russie et lui taille une pipe géopolitique mémorable, à la hauteur du service rendu ? Ah... le visage de Poutine, ce faciès matois de batracien ravi...
On s'est accoutumé à ce sens de l'inédit grotesque du twitto-POTUS compulsif. Notre capacité d'hébétude a pris le pas sur notre indignation. On attendra sa non-réélection. Si ce malheur se renouvelle, on attendra qu'il meure.
Cet épisode est présent dans le dernier roman de John le Carré, bientôt 90 ans et toujours vert. de rage. le Carré est férocement anti-Trump et ne peut pas souffrir
Boris Johnson. Sa colère se nourrit d'un Brexit crève-coeur pour cet europhile convaincu, de ce machiavélisme étriqué d'une élite friquée qui ne comprend pas la fureur des plus humbles mais l'utilise pour une conquête du pouvoir qui est une fin en soi. John ne s'est pas résigné, ne manifeste pas ce détachement las qui passe pour de la sagesse avisée.
La hargne de le Carré s'articule dans ce roman d'espionnage labyrinthique, somptueux. John ne navigue jamais dans les eaux du cliché Bond-issant. Les espions sont ici des hommes en costume trois pièce, des haut fonctionnaires cendrés.
De la rencontre entre Nat, le narrateur de
Retour de service, vétéran des Services Secrets britanniques et Ed, jeune impétueux, qui hait Trump, le compare à Hitler dans une distribution spasmodique de Point Godwin, va naître un chaos imprévisible...
Comment le Carré va organiser le maelstrom, juguler l'entropie et harmoniser la fanfare est un régal de lecture. Il parvient à réveiller notre goût pour les manipulations littéraires et notre dégoût de la Trumposhère agissante. Toujours avec classe, ce style précis et travaillé.
Remarquablement traduit par la traductrice attitrée de John,
Isabelle Perrin.
Magistral...
Lien :
https://micmacbibliotheque.b..