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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce matin-là, Davies quitte la maison pour rejoindre la mine. Sa femme, Mary, le regarde s'éloigner de la maison, l'air inquiet... Une explosion, de la fumée. L'on accourt de toutes parts, affolé. Malheureusement, ce ne seront que des hommes et des animaux morts que l'on remontera. Et ce n'est qu'à 19 ans que la jeune femme se retrouve veuve, sans ressources, ayant perdu le seul amour de sa vie. Elle n'a d'autre choix que de fuir, ne voulant pas dépendre du bureau de bienfaisance. Une simple petite valise en guise de bagage. Mary marche, erre à travers champ, se lave à l'eau du ruisseau. Malheureusement, sa valise, trop près du bord, est emportée par le courant. Elle croise alors un groupe de rôdeurs qui ont les gendarmes à leurs trousses. L'un d'eux conseille à la jeune femme de les suivre. Mais eux vont à Londres et c'est à Cardiff qu'elle veut retrouver sa soeur. Si leurs chemins se séparent alors, c'est pourtant vers la capitale qu'elle se dirigera, là où on lui a fait croire qu'elle pourrait travailler dans la mode...

Mary Jane Kelly, de Limerick, est la dernière victime de Jack L'éventreur. Sans un sou et sans bagage, après avoir perdu son mari, c'est dans le quartier londonien de Whitechapel qu'elle atterrira. Naïve, perdue, mais jolie brin de femme. de mauvaises rencontres (avec ce Peter Snakesman ou encore cette maquerelle) en déconvenues, la jeune femme, devenue prostituée, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Il aura fallu presque 30 ans à Franck le Gall pour sortir cet album. Et s'il devait en dessiner les pages, c'est finalement à Damien Cuvillier, pour qui il réécrira le scénario, qu'il adviendra de mettre en image le destin tragique et émouvant de Mary Jane, victime de la misère sociale qui sévit dans l'Angleterre de la fin du 19ième siècle. Si le fond est captivant, touchant et triste à la fois, la forme est magnifique. En effet, Damien Cuvillier nous offre de superbes planches en couleur directe. Les visages sont expressifs, les décors de la capitale riches et les couleurs étonnamment douces.
Un très bel album qui donne corps et âme à cette jeune femme au destin tragique...
En bonus, la genèse de ce récit ainsi que quelques croquis de Franck le Gall...
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Nous sommes à la fin du XIXe siècle au Pays de Galles. Un accident a eu lieu à la mine. Davies y a laissé sa peau. Sa jeune veuve, Mary Jane Kelly, fuit la misère et rejoint Londres. Elle est alors prise en charge par un certain Peter White, dit le serpent, un beau parleur qui profite de la fatigue et du désoeuvrement de cette dernière pour la présenter à « une amie ». Voilà comment la jeune femme se retrouve dans le monde de la prostitution. Mais Mrs Kelly n'est pas simplement une fille de joie, elle est également une des victimes de Jack l'éventreur…

Ce très bel album nous met dans l'ambiance des bas-fonds anglais du XIXe siècle où la misère, la famine et les maladies allaient bon train. Les dessins et les couleurs sont magnifiques. le tout est mené comme une enquête policière avec des gens se présentant non pas à la barre mais devant nous pour nous expliquer ce qu'ils ont vu. C'est rondement mené et le lecteur passe par tous les sentiments avec cette femme que l'on va d'abord plaindre puis détester pour finir par en avoir pitié.
Lien : https://promenadesculturelle..
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C'est l'histoire d'une fille, elle a pas eu d'bol.

Mary Jane Kelly, tout le monde connait.
Rien à voir avec les oinjs dont semble avoir été perfusé Doc Gynéco dès le landau mais plutôt avec le sale destin d'une gamine miséreuse qui traça un sillon aussi désespérant que tragique en un Londres de fin XIXe alors peu enclin à accueillir en son sein les pestiférés de tout bord.

Mary Jane, ce seront des rencontres.
De son amoureux trop tôt disparu à de futures bien moins romantiques, la gamine n'aura de cesse de tirer le Diable par la queue avant que ce dernier ne se rappelle définitivement à son bon souvenir.

Alternant une vie que la grande Edith n'aurait chanté pour rien au monde avec des témoignages de personnages l'ayant plus ou moins intimement côtoyé, Mary Jane fascine de par son propos à la fin inéluctable et son rendu aquarellé paradoxalement envoûtant.
Le contraste est saisissant.
Le plaisir intense.
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Elle comprend que tous les hommes, d'une manière ou d'une autre, sont toujours prêts à payer.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, dont la première édition date de 2020. le scénario a été écrit par Frank le Gall, les dessins et les couleurs réalisés par Damien Cuvillier. Elle comporte soixante-dix-huit pages de bande dessinée. Il se termine avec un texte de trois pages, rédigé par le Gall, et illustré par ses travaux graphiques préparatoires.

Un homme effectue une déposition ou un témoignage : Joseph Barnett, porteur au marché aux poissons de Billingsgate. À ce qu'elle lui a dit, elle était née à Limerick en 63. Et puis sa famille a émigré au pays de Galles, elle lui a dit. Elle disait que, là-bas, elle avait été mariée à un certain Davies. Il travaillait à la mine, et puis ça n'a pas duré. Il n'y a rien qui durait, avec elle. Il évoque sa compagne Mary Jane. En 1882, celle-ci sort de sa petite ferme en courant, en tenant un mouchoir rouge à la main. Elle traverse son petit jardin puis un champ, en passant par la barrière. Au loin, s'élève une colonne de fumée noire. Elle passe le portillon, le mouchoir s'accroche au montant, elle le laisse et continue de courir. Elle arrive près du puits de la mine : c'est de là que provient la fumée. Les autres femmes accourent également, alors que les hommes s'affairent à remonter les blessés et les morts, du puits. Ils sont en train de sortir un cheval aux yeux bandés, par le monte-charge à poulie. Un homme en tenue de mineur, le visage noir, arrête Mary Jane : c'est inutile, Davies est mort. Elle entraperçoit les corps étendus sur le sol un peu plus loin.

Les autres femmes plus âgées, se demandent ce que va devenir Mary Jane en étant veuve à dix-neuf ans. Elle sait qu'elle doit fuir. le lendemain, Miss Gruff du bureau de bienfaisance toque à sa porte, accompagnée d'un solide gaillard et d'un policier. Elle vient pour l'emmener à L'union Workhouse. Ils ouvrent la porte de la chaumière : Mary Jane est déjà partie. Elle a emporté ses maigres affaires dans une simple valise. Elle voyage à pied sur des chemins de terre, se protégeant comme elle peut de la pluie, du froid, dormant sous les ponts, emmitouflée dans un châle. La nuit, le même cauchemar revient : une terrible explosion d'une clarté aveuglante, et son mari qui hurle son prénom. Elle se réveille en sursaut, puis se rendort tant bien que mal. le lendemain, elle poursuit son chemin, s'arrête au bord d'un petit cours d'eau pour faire une toilette sommaire. Sa valise tombe dans la rivière qui l'emporte, sans qu'elle ne puisse la récupérer. Elle continue à marcher à travers bois, jusqu'à arriver dans une grande prairie vallonée. Elle entend des cris : Pillards ! Assassins ! Bande de voleurs ! Gibiers de potence ! On vous retrouvera et on vous pendra tous ! Des paysans hurlent en contrebas, alors qu'une troupe de romanis passent rapidement devant elle. Black John la saisit par l'épaule et lui intime de venir avec eux. Elle reprend la route avec eux. Plus tard, les enfants étant fatigués, ils font une halte. Elle demande à Black John si ce sont des romanis.

La date, l'image de couverture, le texte de quatrième de couverture donnent des indications quant au fait que cette Mary Jane est passé à la postérité de bien sinistre manière. C'est l'histoire d'une tragédie annoncée. Quoi qu'il en soit, cette tragédie atroce n'occupe que les dix dernières pages de la bande dessinée, le reste étant consacré à la vie de cette femme, de sa dix-neuvième année, à sa mort à vingt-quatre ans. le scénariste n'est pas le premier à s'intéresser à sa vie, Patricia Cornwell, autrice d'un livre sur le sujet, l'a également évoquée avec un point de vue très marqué. le scénariste a choisi cette femme emblématique pour développer sa vie avant son meurtre immonde, la vie d'une jeune veuve de la campagne, montant à Londres dans l'espoir de trouver un travail, une source de revenus, de quoi vivre. Parmi les personnes témoignant, assis, cadrés en plan taille, face au lecteur, un jeune homme pose deux questions : Si tout le monde, si toute la société vous considérait comme un coupable, est-ce que vous ne seriez pas prêt à tuer ? Et si cette même société vous considérait comme une victime, ne seriez-vous pas déjà morte ? Cet ouvrage évoque donc la condition féminine dans la décennie 1880 au Royaume Uni. La vie de Mary Jane est racontée de telle manière, que le lecteur n'y voit pas un destin tout tracé vers une boucherie fatale, mais bien le parcours de vie d'une jeune femme comme il y a dû y en avoir de nombreuses autres.

La première page peut décontenancer avec le témoignage de Joseph Barnett sur fond noir, fixant l'année de naissance de Mary Jane, ainsi que sa région d'origine, et portant un jugement de valeur que le lecteur perçoit comme étant négatif : il n'y avait rien qui durait avec elle. le dispositif visuel d'un cadrage en plan taille sur fond noir évoque une déposition, mais sans qu'il ne soit précisé, ni pour Barnett, ni pour les suivants, si elle se déroule au commissariat ou au tribunal. Puis une case de la largeur de la page en occupe le bas, avec juste des bottes et un bas de jupe d'une femme courant sur l'herbe. Suivent quatre pages sans texte, si ce n'est la mention Un mouchoir rouge, montrant Mary Jane courant puis le monte-charge au-dessus de la mine. L'artiste utilise un trait encré pour détourer les formes, un noir légèrement atténué par les couleurs ce qui fait qu'il ne ressort pas comme étant le premier plan. le reste des cases est réalisé à l'aquarelle, en couleur directe. le tout forme de petits tableaux très agréables à l'oeil. La fuite de Mary Jane dans la campagne fournit l'occasion de superbes paysages : les chemins de terre gorgés d'eau, la rivière paisible au bord d'un bosquet d'arbres, la grande prairie vallonée, le tronc noir des arbres dans la nuit, le magnifique feuillage d'un arbre au milieu d'une grande prairie.

Puis en page vingt-neuf, le lecteur découvre une illustration en pleine page : un dégradé de noir plein en partie supérieure, pour se transformer en un entrelacs de noir et blanc en bas de page, comme si le noir faisait ressortir la granulosité du papier. le récit passe alors à Londres dans une lumière chiche, faisant ressortir la lumière blafarde et grisâtre, ternie dans les quartiers pauvres. le lecteur peut tourner la tête pour observer la fumée noire des cheminées, le teint maladif des enfants et des mères dans la rue, les pavés poisseux, les petits boulots, la foule anonyme dépourvue d'empathie. Page quarante-sept, un autre dessin en pleine page, la façade d'un immeuble avec une belle lumière, et une rue large et dégagée. Cette impression d'endroit à l'abri disparaît dès la page suivante, avec une chambre aux fenêtres occultées, à la pénombre inquiétante. Page cinquante-neuf, un troisième dessin en pleine page : le ciel très sombre, presque noir au-dessus de Montmartre avec une neige clairsemée, comme autant de taches venant maculer la silhouette des bâtiments. le retour à la lumière du soleil dans St. James apporte une respiration mais elle s'avère de courte durée.

Le lecteur voit que l'artiste a pris le soin de se documenter pour réaliser une reconstitution historique consistante : les échoppes, les petits métiers, les tenues vestimentaires, l'aménagement des pubs des quartiers populaires, les lumières des grandes artères commerçantes, la mine, les gourbis des quartiers miséreux de Londres. Il croque des personnages de manière réaliste et parlante quant à leur âge, leur situation sociale, leur métier plus ou moins légal. Il conçoit des plans de prise de vue qui donnent à voir les décors et les occupations des personnages pendant les scènes de dialogue, avec des postures parlantes quant à leur état d'esprit du moment, par exemple la détresse de Mary Jane qui ne sait pas à qui s'adresser à Londres qui ne comprend pas que Peter White est en train de la manipuler. Il parvient à ne pas en faire un objet du désir. Lorsqu'elle se réveille nue dans la maison de passe, le lecteur la voit comme une victime avec qui il a déjà développé un lien affectif, d'autant plus vulnérable qu'il sait ce qui va advenir. Page cinquante-quatre, il montre les passes, dans une grille de quatre cases par quatre cases. Il n'y a rien d'érotique ou pornographique : la chair est triste. le texte est laconique et terre à terre : Et jour après jour, c'est la longue suite, la suite sans fin des hommes, des employés, des gommeux, des clergymen, des commis voyageurs, des vieux qui sentent, des gras qui suent, des timides, des violents. Ils ont tous en commun d'être repoussants. Heureusement, il y a le gin.

Le scénariste a donc décidé de montrer une autre facette des crimes sordides d'un tueur en série, peut-être le premier à avoir été identifié comme tel. Il fait de Mary Jane, une jeune femme attachante, essayant de trouver une nouvelle place dans la société, après le décès de son époux dans un accident de travail. La remarque d'un témoin revient à l'esprit du lecteur : si cette même société vous considérait comme une victime, ne seriez-vous pas déjà morte ? le récit met en lumière un mode de fonctionnement systémique : une société qui exploite les faibles sans une once d'humanité. L'enchaînement des événements est inéluctable pour Mary Jane. le lecteur se demande à plusieurs reprises quelle aurait été l'alternative pour elle. L'auteur en évoque une ou deux, vraisemblablement pires, en tout cas pas meilleures, sans aucun espoir d'épanouissement personnel, dans une perspective d'exploitation tout aussi destructrice que la voie choisie par défaut par Mary Jane. Les hommes profitent de cette prostitution intégrée au fonctionnement de cette société, et Mary Jane est exploitée par une femme, une mère maquerelle, et surveillée par une autre femme, une duègne qui est rémunérée pour. La fin de sa vie est une déchéance de plus, le symbole qu'il est toujours possible de tomber plus bas. La conclusion revient à la séquence d'ouverture, montrant la vie de Mary Jane entièrement définie par sa condition d'épouse, tout en montrant que le sort de son époux participe de la même exploitation sans respect de la personne humaine.

Les auteurs racontent la vie adulte d'une jeune femme ayant perdu son mari dans un accident. Ils ont choisi une femme dont l'Histoire a retenu le nom du fait de son assassinat atroce. Pour autant, à part la conclusion, il s'agit du récit de la vie d'une jeune femme issue de la classe populaire, confrontée à une société qui réserve un sort de victime aux femmes de sa condition, quel que soit le choix de vie qu'elles puissent faire. Un récit poignant à la narration sans dramatisation excessive, et pourtant implacable.
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J'ai déjà lu beaucoup de bouquins sur Jack l'Éventreur : des romans, des études et des BD.

Ces ouvrages ont pour point commun de ne s'intéresser quasi exclusivement qu'au tueur et très peu aux victimes. Aussi lorsque j'ai vu une BD entièrement consacrée à Mary Jane Kelly, la dernière victime du Ripper, je n'ai pas hésité une seconde.

Ce bouquin est magnifique à tous points de vue. Les dessins sont somptueux, chaque case est un petit tableau.
Le récit est prenant et d'une tristesse inouïe. On assiste à la chute d'une jeune femme, brisée par le système, laissée pour compte. Sa vie fut une tragédie.

L'auteur jette un voile pudique sur la mort de Mary Jane mais tous ceux qui s'intéressent aux crimes de L'Éventreur connaissent le sombre destin de la malheureuse. Sa mort fut une boucherie.

Je recommande chaudement cette BD qui est un gros coup de coeur.
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Mary Jane est née à Limerick à la fin du XIXème siècle. C'est la dernière victime de Jack l'éventreur et Frank le Gall a tenu à lui rendre hommage, à rendre hommage aux victimes du monstre d'Outre-manche.

Mary Jane est mariée à un mineur gallois, Davies. Sa vie aurait pu être simple, s'écouler au rythme des montées et des descentes à la mine. le destin en a décidé autrement car un jour, Davies ne remontera pas de la mine. Mary-Jane va s'enfuir et chercher du travail à Londres. Elle va faire le parcours à pied, rencontrer des Romanis, dans le froid et la pluie.

Une fois arrivée dans la capitale anglaise, elle croit pouvoir trouver du travail et va être une proie facile pour des personnages mal intentionnés, qui recherche de la chair fraîche pour des hôtels très particuliers. Mary-Jane va découvrir que les hommes sont toujours prêts à payer.

Le destin de Mary-Jane, c'est la prostitution, l'alcool. C'est le destin de beaucoup de jeunes femmes de cette époque, jeunes filles fuyant la campagne pour le miroir aux alouettes de la ville. C'est la misère telle que Charles Dickens a pu la décrire. C'est le sort réservé aux femmes.

C'est cette vie que Frank le Gall a voulu mettre en valeur. le carnet final explique la genèse de cet album et la difficulté pour l'auteur de mettre en forme son idée initiale. L'idée de décrire la vie de Mary-Jane, dernière victime de Jack l'éventreur, s'est imposée. L'auteur l'a romancée mais il ne trouvait pas juste que seul le nom de l'assassin reste dans les mémoires, il ne voulait pas que les victimes soient juste ... des victimes. Il a voulu redonner des noms, des visages. C'est Damien Cuvillier qui a eu l'honneur de mettre en forme graphique l'histoire de Mary-Jane. le scénariste a revisité son schéma initiale pour que le dessinateur trouve toute sa place.

J'ai aimé cette histoire, ce regard porté sur cette pauvre vie, sur cette misère et sur ce destin tragique où il n'y a pas d'échappatoire. J'ai retrouvé le trait et la patte de Damien Cuvillier. Quel beau graphisme !

J'ai aimé le pari de partir de l'atrocité des crimes de Jack l'éventreur sans jamais le nommer et de mettre la lumière sur une femme qui aurait pu rester anonyme. Aujourd'hui on ne sait toujours pas qui était l'éventreur mais on connait le nom de ses victimes, de la dernière en particulier.

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Par un matin comme un autre de cette année 1882, Mary Jane dit au revoir à son époux Davies en partance pour la mine. Il lui promet que tout ira bien aujourd'hui encore, malheureusement un coup de grisou met fin à sa vie d'épouse. Mary Jane accourt sur les lieux pour constater le retour de corps sans vie, Mary Jane a 19 ans et devient veuve sans ressources.
Dans ce genre de cas le bureau de bienfaisance et de l'Union Workhouse prenne en charge les familles mais bien des choses circulent sur cet endroit où on souhaite l'envoyer, alors elle fuit. Avec sa valise sous le bras, Mary avance sans savoir où aller, elle dort dehors avant de tomber sur une bande de rôdeurs fuyant après avoir piller une ferme, qui prennent Mary sous leurs ailes. En pleine nuit les gendarmes retrouvent leurs traces, Mary réussit à s'échapper et reprend la route direction Cardiff où habite sa soeur,pourtant c'est vers Londres que ses pas l'emmène, là où le travail est à la portée de tous.

Je m'attendais à un portrait de victime mais n'avais pas fait immédiatement le rapprochement avec Jack l'éventreur. le contexte social dans ce Londres victorien est abominable, les auteurs le rendent très bien, mais encore plus lorsque l'on suit cette toute jeune fille forcée de se prostituer pour survivre. Des beaux salons au quartier sombre de Whitechapel, Mary Jane tombera peu à peu dans une telle misère fait de mauvais choix qu'il lui sera difficile de remonter la pente. Les dessins sont tellement réalistes que j'ai été bouleversé par ce destin tragique. Hormis sa malheureuse rencontre avec le plus grand tueur en série de son temps, la vie de Mary Jane rejoint celle de nombreuses femmes de l'époque contraintes de se prostituer de gré ou de force.
Mary Jane Kelly restera dans la postérité pour avoir été le dernier et le plus horrible des crime de Jack l'éventreur.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Il y a des oeuvres qui mettent de nombreuses années à émerger du cerveau de leur créateur. Celle-ci en est une. En effet, Frank le Gall, l'auteur de la brillante série Théodore Poussin, cherchait à écrire ce livre depuis plus de 20 ans. Il en a même réalisé une trentaine de planches. Pourtant impossible d'aller au bout. Il faudra l'insistance d'un éditeur, et l'arrivée d'un dessinateur pour reprendre tout à zéro et arriver au terme de ce projet. Connaissant comme tout le monde l'histoire de Jack l'éventreur, Frank le Gall décida plutôt de raconter le portrait et le parcours d'une de ses victimes (la dernière en l'occurrence). N'ayant que très peu d'éléments sous la main, il lui fallut « boucher » les trous, ce qui est finalement assez facile à deviner, tant les conditions des femmes pauvres venant de la campagne étaient misérables. Galloise, veuve à 19 ans d'un mineur, Mary Jane fuit le pays de Galles et le bureau de bienfaisance qui lui « propose » une place à l'Union Workhouse, un hospice où l'on exploite les miséreux à coup de travail forcé. Mary se joint aux nombreux vagabonds qui se dirigent vers Londres dans l'espoir d'une vie meilleure. Las ! la capitale de l'empire le plus riche du monde est également celle qui comprend le plus de miséreux dans sa banlieue. Et la jeune femme, peu éduquée, parlant à peine un anglais correct, et sans le sou, se fait vite embarquer dans une maison close. Sa vie n'est alors qu'une succession de désillusions et d'échecs. Sans vouloir faire une thèse (et je ne pense pas que Frank le Gall en avait l'intention), ces jeunes femmes étaient déjà victimes d'une société avant d'être celles de Jack l'éventreur. Si c'est album est d'abord un travail de Frank le Gall, il ne faut surtout pas oublier le travail magnifique du dessinateur Damien Cuvillier (déjà auteur de quelques albums, notamment chez Grand Angle) qui apporte à l'histoire énormément de sensibilité, d'empathie et de finesse. Amateur de Jack l'éventreur, vous pouvez passer votre chemin, Mary Jane est surtout l'admirable et tragique portrait d'une jeune femme dans la société anglaise de la révolution industrielle. Sans aucun doute, Mary Jane sera une des meilleures bd de l'année 2020.
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Mary Jane Kelly est une jeune femme de 19 ans qui a perdu son mari dans un accident de mine, aux pays de Galles.
Elle décide alors de fuir le village où elle habitait pour rejoindre Londres afin de trouver du travail.
Nous sommes en 1880, et malheureusement pour elle Mary Jane jeune et innocente va être propulsée au coeur de l'enfer. Rencontres après rencontres, Mary Jane tentera de survivre...
Mary Jane Kelly représente toutes ces femmes oubliées qui se battaient dans un monde où le combat était perdu d'avance....

Une bande dessinée sublime grâce aux illustrations de Frank le Gall et une histoire fascinante écrite par Damien Cuvillier. Une bande dessinée à se procurer absolument.

J'ai beaucoup aimé la présence du dernier chapitre qui nous apporte des précisions précieuses concernant le cadre dans lequel, elle a été conçue.

Une vraie réussite !



Lien : https://passionlecture1204.b..
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Cette bande-dessinée de Frank le Gall et illustrée par Damien Cuvillier raconte l'histoire de Mary Jane Kelly, connue pour avoir été la cinquième victime de Jack l'Eventreur.
Le récit dépeint le parcours de vie de cette femme. Suite à la mort de son mari, elle se retrouve à fuir et prendre la route en direction de Cardiff. Sur ce chemin, elle rencontre un groupe de personne dont le personnage de Black John qui lui fait miroitait une vie à Londres. Pourchassés par des gendarmes et des villageois, leurs chemins se séparent. Mary Jane retrouve Black John le lendemain, pendu à un arbre pour avoir volé les villageois.
Elle part alors en direction de Londres dont elle voit la misère des bas-fonds. Son chemin croise celui de Peter White qui l'amène à une tenancière...

Mon avis : J'ai aimé suivre le parcours de cette jeune femme marqué par le drame et victime de mauvaises rencontres. le lecteur suit son quotidien et découvre une facette de la vie dans certains quartiers londoniens en 1880. Elle illustre ainsi le destin de certaines femmes de cette époque cherchant de quoi subvenir à leurs besoins.
La lecture est fluide et les illustrations immersives. Certains arrêts sur image sont saisissants. Les teintes utilisées évoquent l'automne et l'hiver. Les nuances sont douces, passant de couleurs pastel à des couleurs chaudes et froides.
Aussi, à la fin du titre, accompagné de quelques dessins, Frank le Gall parle de la naissance de l'idée de cette histoire, de son temps de germination et de son travail avec Damien Cuvillier.
Je trouve qu'il s'agit d'un très bel ouvrage, intéressant pour son histoire et ce qu'elle représente, accaparant pour cet aperçu du Londres de l'époque victorienne et esthétiquement beau.
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