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sur 265 notes

"Icelui vient des cieux
Et tous les dieux entre eux
N'arguent que de toi"

En trois vers, voilà comment la langue de Guillaume Lebrun m'a séduite. Trois vers d'une réécriture à la sauce médiévale d'une des plus célèbres chansons du troubadour à moustache du Sud-Ouest, dédié à la « Petite Marie » d'Anjou, fille de Yolande d'Aragon, dite Yo et j'étais ferrée !
Tout au long de cette histoire déjantée, réinvention fantaisiste d'un des plus célèbres épisodes de l'histoire de France, celui du rôle déterminant de "Jehanne" d'Arc, dans la Guerre de Cent Ans, Guillaume Lebrun invente, s'amuse avec les événements, les passe au tamis de son imaginaire pop et queer, crée une langue hybride et c'est un régal !
Pop l'histoire de France? Of course ! Entre les références aux classiques de la SF, les tubes du top 50 revisités et la force libératrice de ces femmes Guerillères, Jehanne la Douzième et Yo en tête, on s'amuse tellement à la lecture de ce texte iconoclaste et militant. On traque les clins d'oeil anachroniques, on rit des trouvailles langagières, on s'interroge sur le sens profond de symboles obscurs et puis, on se prend à fredonner du Céline Dion (ou du Frédérique de Mercure :D), et ce mélange détonnant est absolument réjouissant !
Un premier roman joyeux et insolent, savouré et hautement recommandé.
Et une folle envie de découvrir "Les Guerillères " de Monique Wittig croisées deux fois récemment, ici et chez Wendy Delorme.

Alors, prêt.e.s à vous lancer?
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Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que « Fantaisies guérillères » de Guillaume Lebrun est une pépite de la fameuse rentrée littéraire. C'est un roman fabuleusement drôle, d'une finesse qui m'esbaudit et qui met subtilement à l'honneur l'incroyable modernité des femmes de ce récit incroyable.

Yolande from Aragon, belle, protectrice du dauphin et fine stratège va se faire passer pour devineresse pour pouvoir manigancer à son gré et manipuler la cour royale afin de préparer les esprits à l'arrivée imminente d'une envoyée du ciel qui sauvera la royauté française du joug englesh. Ainsi commence la légende menée de main de maître par une femme finement et diaboliquement intelligente qui, pour que la légende devienne crédible, décide après révélation divine de préparer et d'éduquer non pas une mais quinze Jehanne en devenir de pucelle guerillère.

J'aurais tant à dire sur ce livre où on croise des rois fous, des guérisseuses amoureuses, des inquisiteurs et des villageois haineux mais aussi des Englishes of course et des spectres ainsi qu'Isabeau de Bavière , Charles VI, Abdul le livre des mystères , les « Jehanne » et toutes ces femmes universelles qui se sont battues, ont combattu l'obscurantisme.

Il est bien sûr question des femmes, de la prise d'Orléans qui ressemble fabuleusement à une scène de Game of Thrones mâtinée d'une référence à Apocalypse Now. Guillaume Lebrun nous parle de destins hors du commun mais aussi de philosophie, du pouvoir et de ces fausses informations qui servent un intérêt, de la violence des hommes, de la lutte des femmes, du sacré. Tour à tour il laisse Yolande ou Jehanne nous raconter l'histoire et l'Histoire et ce sont des femmes puissantes ou misérables, guerillères ou enchanteresses qui nous livrent des secrets sur la complexité et les diverses dimensions du monde, sur l'harmonie d'un grand tout passant de scènes violentes et barbares à d'autres tendres et douces et enfin à des dialogues incroyablement drôles pour nous livrer au final un roman absolutely original ou l'auteur fait de petits clins d'oeil à des icones modernes tels C.Dion ou F.Mercury.

Merci Monsieur pour ce très délicieux moment de lecture

Ps : permettez moi de vous emprunter quelques expressions exquises telles les abolis du cervelet, haute fourbesse de l'escarte cuisse, intégriste hardcore-mon-coco genre anti-Englishe puissance 1000…
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Quatrième de couverture : " En ce début de XVe siècle, tout est chaos au Royaume de France : les Englishes imposent leur présence depuis près de cent ans. Armagnacs et Bourguignons n'en finissent pas de s'écharper. La guerre civile menace de ravager le pays. C'en est trop pour Yolande d'Aragon. Puisqu'une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, il n'est plus temps de rester avachi dans les palais. La fulminante duchesse prend donc la décision de hâter le destin. Et la voilà reconvertie dans l'élevage de quinze petites Jehanne. En secret, elle crée une école dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. Mais la Douzième, de loin la plus forte et la plus féroce, n'a rien à voir avec celle que Yolande aurait voulu initier à la vraie nature de sa mission."

Dès cette quatrième de couverture, le ton est tout de suite donné sur ce roman dont l'intrigue est située à l'époque où Armagnacs, Bourguignons et Anglais se disputent le trône du royaume de France, époque où la guérillère la plus forte aura pour mission de libérer Orléans et de sacrer Roi le Dauphin.
Un roman qui brille par son style follement inventif, mêlant français moyenâgeux, expressions anglaises, références historiques, le tout imprégné d'un humour décapant et de trouvailles truculentes. Une relecture féministe et ébouriffante de l'épopée de Jeanne d'Arc et de grandes guérillères. La fantaisie, l'insolence et le rythme endiablé tiennent sur la durée du récit complètement déjanté mais la dernière partie du récit, trop loufoque pour moi, m'a lassée.
Une prouesse stylistique. Un roman atypique. Certainement un des romans les plus originaux de la rentrée.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Je crois que c'est la première fois que je n'arrive pas à juger un livre. L'écriture est agréable, on s'habitue assez vite à ce style pseudo-médiéval. L'histoire est originale et on a envie de voir jusqu'où l'auteur est capable d'aller (et il va vraiment très loin).
Et puis arrive le siège d'Orléans, et d'un roman déjanté à la Jean Teule décomplexé on se retrouve dans une histoire de SF.
Un curieux mélange qui me laisse un peu perdu. Résultat je comprends aussi bien ceux qui ont aimé que ceux qui n'ont pas apprécié.
Peut être retenterai-je l'expérience dans quelques temps pour mieux me situer...
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Mais quel est donc ce Jehanne project porté par Yolande d'Aragon en ce début du XVe siècle au royaume de France ? Cent ans déjà que les Englishes se sont installés dans le pays, et pour ne rien arranger les Bourguignons et les Armagnac se disputent sans cesse.

Trop c'est trop, la prophétie tant attendue tarde tant à venir qu'il est impératif de l'aider à se réaliser. Une jeune bergère, guérillère, vierge, ça peut aussi se former dans une école secrète au service de Dieu et du Roi.

Après avoir envoyé ses chevaliers négocier quelques children auprès de parents prêts à les échanger pour quelques pièces d'or sonnantes et trébuchantes, il est temps de mettre en place l'élevage des Jehanne.

Un roman pour le moins singulier porté par une langue mélange de parlé populaire, vieux français et légèrement matinée d'Englishes, le tout avec ça et là de belles expressions empruntées à quelques vedettes, régions, pays.

C'est à la fois cocasse et humoristique, mais parfois difficilement compréhensible, surtout dans les premières pages. Il faut vraiment se laisser embarquer sinon ça ne passe pas facilement. J'ai peiné à m'accrocher mais la troisième tentative aura été la bonne. Pourtant j'ai trouvé la lecture plus fastidieuse que réjouissante.

Quelle drôle d'interprétation d'un épisode pour le moins connu de notre histoire de France. Totalement iconoclaste, pastiche burlesque qui réinvente notre patrimoine en mettant les femmes un peu plus en valeur, enfin, si on veut. Ce décalage teinté de féminisme ne les présente pas toujours à leur avantage. Yo a vraiment un sacré caractère et ne se laisse pas embêter par quiconque, pas même par son loulou.
Enfin, les derniers chapitres et cette bataille totalement décalée m'ont laissé perplexe.

https://domiclire.wordpress.com/2023/05/23/fantaisies-guerilleres-guillaume-lebrun/

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Troisième de mes lectures dans le cadre du Prix Roblès 2023, « Fantaisies guérillères » est un vrai petit coup de coeur. Pour son premier roman, Guillaume Lebrun a composé une oeuvre à deux voix portée par un souffle épique empreint d'une grande liberté.
Deux voix tout d'abord. Celle de Yolande d'Aragon, dite YO, qui, n'en peut plus d'attendre qu'une prophétie divine qui court les rues et les palais de ce début de XVème siècle se réalise pour qu'un vrai Roi de France soit mis sur le trône de ce pays où Armagnacs et Bourguignons s'entretuent pour accéder au pouvoir (laissé vacant par un Charles VI devenu fou) sous les yeux des Anglais qui squattent déjà la France depuis plus de 100 ans. La prophétie promet une envoyée divine qui portera le seul Roi légitime sur le trône, à savoir Charles VII ? Qu'à cela ne tienne, Yolande, impatiente donc, décide de faire kidnapper des jeunes filles dans le royaume et de les élever dans une école secrète pour en faire des guerrières accomplies et choisir parmi elles celle qui sera capable d'incarner la prophétesse promise. Toutes les gamines se voient prénommées Jehanne, et de Jeanne la Première à Jehanne la Quinzième, toutes se retrouvent dans cette espèce de Poudlard médiéval où on les initie aussi bien à l'Histoire des Femmes et de leur invisibilisation qu'à la décollation de Bourguignons, aux tactiques militaires et maniement d'armes qu'à la simulation de transe mystique, aux incohérences des Evangiles ou à l'histoire de l'hystérie religieuse.
Parmi les quinze Jehanne, l'une se démarque et c'est la deuxième voix narratrice du roman : Jehanne la Douzième. Celle qui, par sa vaillance et sa férocité et aussi par la force des événements qui font d'elle l'une des rares Jehanne survivantes, deviendra Jehanne d'Arc.
Là commence l'épopée de la Jehanne (aussi bergère que je suis enfant de choeur) qui délivrera Orléans et finira sur un bûcher rouennais ; ici s'exprime la grande liberté d'un auteur qui revisite à sa sauce l'histoire d'une figure historique française bien réelle, devenue icône populaire ballottée d'Eglise en partis populistes. Guillaume Lebrun invente donc sa propre légende johannique et avec quel brio ! Ce qui marque d'emblée (et pourra en effrayer certains) c'est la langue. de prime abord, on croit à de l'ancien français : la musique des mots, la syntaxe tout semble en faire un ouvrage venu directement du XVème siècle mais à y regarder de plus près, l'auteur a créé un joyeux pot-pourri d'expressions francophones, de néologismes et de références qui vous donnent immédiatement le sourire. Indéniablement, le roman sort des sentiers battus, et ne correspond pas aux modèles dominants : Fantaisies Guérillères est un roman queer dans lequel une Jehanne d'Arc lesbienne, entourée de chevaliers qui aiment prendre du bon temps entre eux, évolue en guerrière féroce dans un univers historique qui vire au fantastique, convoquant avec elle une sorte de Ligue des Guerrières Internationales pour lutter contre les Forces de Mal. Quand on mêle Rachida Dati à un obscur discours divin, qu'on revisite en ancien françois les chansons de la troubarde Céline Dion devenue Marie-Claudette de Charlemagne et qu'on image des batailles épiques à la Tolkien, on peut se vanter d'avoir écrit un roman complètement fou à la langue incroyablement travaillée. C'est une expérience de lecture folle et réjouissante que ces Fantaisies Guérillères.
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Pour arracher deux femmes puissantes s'il en est à la gangue du roman national plus ou moins moisi, une recréation savoureuse et enlevée, joueuse et diabolique, queer et rusée, des figures historiques de Yolande d'Aragon et de Jeanne d'Arc.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/30/note-de-lecture-fantaisies-guerilleres-guillaume-lebrun/

Yolande d'Aragon n'est pas toujours le personnage historique qui vient immédiatement en tête lorsque l'on se penche sur la guerre de Cent Ans (1337-1453) entre la France des Capétiens et l'Angleterre des Plantagenêt. Pourtant, les historiens de métier s'accordent à voir en elle l'une des plus habiles forces politiques et têtes pensantes de l'époque, ainsi qu'une redoutable manoeuvrière mondaine et matrimoniale, d'abord dans l'ombre relative de son époux Louis II d'Anjou, puis, grâce au mariage de sa fille aînée Marie avec le troisième fils de Charles VI, comme belle-mère du roi Charles VII, après la mort successive des deux premiers dauphins. Dans ce troisième texte et premier roman assumé de Guillaume Lebrun, publié en août 2022 chez Christian Bourgois, son personnage prend une dimension beaucoup plus épique et pleinement savoureuse, en devenant plus grand encore que sa propre légende, créant de toutes pièces une figure historique beaucoup plus connue qu'elle par le truchement d'une véritable école clandestine de futures cheffes de guerre légendaires, école dont la lauréate deviendra Jeanne d'Arc – et assumera la narration du roman à ses côtés.

« Fantaisies guérillères » est un roman profondément enthousiasmant, dans son double maniement d'un anachronisme enjoué de tonalité et d'atmosphère (pour lequel on songerait naturellement aux tours de force des Wu Ming / Luther Blissett de « Q / L'Oeil de Carafa », à la Marie-France Albecker de « Et j'abattrai l'arrogance des tyrans », voire, à l'écran, au Brian Helgeland de « A Knight's Tale ») et d'une inventivité langagière que l'on n'avait plus connue en matière médiévisante depuis la superbe Céline Minard de « Bastard Battle » (2008). Si l'on y ajoute cette désinvolture joueuse vis-à-vis de l'Histoire avec un grand H (dont chaque interstice et chaque rumeur peuvent être si joliment mis à profit ici), liberté de parole que ne renierait sans doute pas la Catherine Dufour de « L'histoire de France pour ceux qui n'aiment pas ça », et une ruse scénaristique, sous contrainte des chroniques pourtant établies, qui force l'admiration, on obtient in fine une bien belle réussite, où l'humour et la faconde s'allient à une cruauté et un sens du queer utile, proprement enchanteresses.

On peut aussi se régaler (plutôt a posteriori, car cette Histoire-là se prête aux spoilers) avec ce qu'en disent par exemple Zoé Courtois (dans le Monde des Livres, ici), Dominique Goy-Blanquet (dans En attendant Nadeau, ici) ou Ellen Ichters (sur RTS, ici).

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Rohhh la la, le kiff total ! J'ai vraiment apprécié cette lecture, sachant que j'étais partie à l'aveugle, sans avis et sans relecture du résumé et acheté par hasard car la couverture m'avait trop plu !

On est sur un livre historique mais fantaisie aussi car autant on suit des personnage ayant réellement existés, autant l'auteur c'est amusé à réécrire l'𝐇istoire.

La forme du récit peut rebuter car on est sur un mélange de françanglais, avec du vieux François mais aussi avec des mots modernes. Mais ne vous arrêtez pas à ça, car oui la prise en main peut se faire difficilement mais ça passe Large après quelques pages ;)

Il y a un élément dont je ne vous parlerais pas pour que vous partiez comme moi, sans rien savoir. Mais si vous lisez le résumé, vous devinerez de suite de quoi il en retourne... mais j'aime vivre dangereusement et je l'ai lu comme ça 🙈 alors oui, l'élément se devine, au final, très facilement mais j'ai aimé partir à la veuglette !

Pour conclure, oui c'est un ovni, oui c'est le 1er de l'auteur mais lisez-le et dès que c'est fait, venez m'en parler !
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Vous croyez connaître l'histoire de Jeanne, la pucelle, la sainte libératrice, la messagère de Dieu ? Et bien détrompez-vous braves gens il n'en est rien.

Mêlant épopée historique, récit fantastique, science-fiction et érotisme, cette histoire de Jeannes - avec un "s" s'il vous plaît - va tout chambouler.

Déjà par l'écriture aux teintes médiévales avec un soupçon de références contemporaines. le style linguistique est d'abord déroutant mais on se prend au jeu rapidement. Il y a pas mal de clins d'oeil à la culture musicale et à la pop culture, particulièrement à l'univers de H.P. Lovecraft me semble-t-il avec un aspect fantastique, science-fiction, horrifique, très présent sur la deuxième moitié du roman.

L'auteur dépoussière aussi le mythe de la sainte pucelle, fraiche et fine. Nos héroïnes sont multiples et celle qui nous intéresse tout particulièrement est loin d'être une sainte nitouche de catalogue.

Je n'ai qu'un seul vrai reproche à faire : l'auteur a failli me perdre lors de la bataille finale fantastique/horrifique interminable. J'ai eu du mal à en voir le bout mais toute chose a une fin heureusement.

Guillaume Lebrun révolutionne l'histoire de Jeanne d'Arc avec ce roman pétillant, drôle et décalé.
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Quel pied !! Voilà un roman drôle et inventif bourré de clins d'oeil à Lovecraft et au rock ! Emprunt d'érudit et de féminisme sans même qu'on s'en rende compte...avec subtilité et grâce. Pour ceux qui ont aimé Batard Battle de Céline Minard...
Merci mille fois à l'auteur : je m'étais tellement ennuyé pendant cette rentrée littéraire. Enfin de la pure délectation.
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