À l'époque lointaine où j'avais lu le roman, il m'avait semblé difficile à comprendre car je ne connaissais rien (et je ne connais toujours rien) au bridge. Pour la petite précision, je devais avoir dans les 14 ans lorsque je l'avais lu.
Ayant tout oublié, la série "Les petits meurtres" avait été une bonne chose pour faire la mise à jour mémorielle et faire en sorte de ne plus oublier le nom du coupable et le moment où il avait choisi de passer à l'acte.
Les dessins ne m'ont pas enchanté, mais comparés à d'autres de cette même collection (ou d'autres éditions), on pourrait presque dire qu'ils sont super, même si certains traits sont épais alors que la première planche avait des airs de ligne claire.
L'allure générale de Poirot n'est pas une de celle que j'apprécie, mais comme toujours, comparée à d'autres albums, la tête de notre détective est plus que correcte.
Je reprocherai à sa démarche ou à certaines de ses poses, un côté un peu trop statique, une raideur dans les dessins qui semblent plus tenir d'un Lego© que de son allure guindée naturelle, comme le montre l'illustration ci-dessous.
Et puis, shocking, une seule allusion à ses petites cellules grises, aucune trace de ses petites manies habituelles et encore pire, il fait toute l'enquête avec le même costard brun informe, ce qui est choquant, car ça ne met pas en valeur sa recherche de l'élégance.
Nous sommes face à un Poirot de pacotille, une imitation alors que l'album est une transcription fidèle du roman et non un apocryphe. On le voit même non rasé, les cheveux pas encore coiffés, lorsqu'il prend son petit-déjeuner.
Heureusement qu'il lui reste son talent de détective et qu'il arrivera à résoudre cette sombre affaire de meurtriers parfaits que Shaitana avait rassemblés dans sa demeure afin de jouer avec eux comme un chat avec des souris. Sauf qu'une souris a tué le chat.
En ce qui concerne les dessins de Ariadne Oliver (sa première enquête avec Poirot), ils sont changeants selon les cases et elle avait une allure un peu trop glamour et nous sommes loin de la toison de cheveux gris qu'on lui attribue dans les romans originaux. Au moins, son caractère féministe est resté, mais elle n'a pas croqué la pomme…
Par contre, les Anglais sont fidèles à eux-mêmes en ayant une très haute opinion d'eux et de leur cher pays !
Si les dessins ne sont pas au point, ils sont tout de même un poil meilleurs que d'autres et les couleurs assez claires n'ont jamais assombris des visages ou des décors. Hélas, ça manquait un peu de pep's.
Cette mise en album d'un roman fait toujours perdre des tas de détails, il faut caviarder et couper un peu partout afin de tout caser dans 48 pages. Je vais me répéter, mais avec plus de pages, le récit aurait pu être plus complet et moins tranché.
La bédé est une bonne idée pour ceux ou celles qui voudraient découvrir Poirot et qui auraient la flemme de lire les romans originaux et pourtant, rien ne vaudra jamais l'original à la copie. Par contre, pour se remettre en mémoire le roman, la bédé est intéressante. Il y a à boire et à manger dans le concept.
Une fois plus, la Reine du Crime avait trouvé un plan retors, machiavélique qui laissait son lecteur bouche bée devant la résolution. Il fallait y penser !
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