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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
" Dieu fumeur de Havane , L'amour c'est comme une cigarette , Je fume pour oublier que tu bois " , autant de titres célèbres qui nous rappellent combien " l'herbe à Nicot "a pu occuper le devant de la scène il n'y a pas si longtemps avant de connaître le déshonneur. Et si le monde de la variété véhiculait partout les paroles , il n'était pas le seul . le cinéma, les héros de BD , l'environnement sportif , les émissions télévisées portaient sans équivoque " LE message , " fumer " fait " de vous un homme " .Et même les femmes , peu à peu , se laissaient convaincre . Souvenez - vous , Gainsbourg , Lucky LuKe, Maigret , Gabin , Brel , Brassens , Piccoli , etc....La liste serait trop longue et non exhaustive. Les discussions passionnées subissaient , où qu'elles aient lieu ,l'assaut de volutes de fumée auxquelles on trouvait alors plus de vertus que d'inconvénients . Pénétrer dans un bar ou certains lieux public s'avérait aussi périlleux que de pénétrer dans la jungle et pourtant...
On distribuait des cigarettes aux troufions désoeuvrés, on disait que " fumer donnait de l'assurance , " faisait bien " et ne coûtait pas ( très ) cher ...Ouais ...Ça, c'était avant , avant des lois hypocrites de gouvernements préférant " toucher le jackpot " de taxes démesurées plutôt que de songer à la santé d'une population bien naïve et " prise dans les filets " ...Même un célèbre président, " le pote Jacques " a porté " la bonne parole " , c'est dire....et Pompidou avant lui...
C'est cette addiction poussée dont parle ce roman de Martin Ledun et c'est passionnant . On fumait en ignorant qu'une organisation rigoureuse et sans pitié permettait aux cigaretiers , aux buralistes ,et " à certains " politiques de s'en " mettre plein les poches " , pensez - donc ,même le trafic clandestin etait régulé par des gens " bien placés " et jamais rassasiés.
Que faire contre un rouleau - compresseur qui écrase tout sur son passage ? C'est l'objet de la longue enquête des OPJ Nora et Brun. Et mettre le doigt dans cet engrenage va faire ressortir de sous les tapis , des poussières nauséabondes et ennuyeuses .
Les six cents pages de ce passionnant roman relatent ce combat a priori disproportionné. La première partie est emballante , la seconde un peu moins spectaculaire , un peu moins " concrète " pour le lecteur . J'avoue avoir éprouvé parfois un peu de lassitude tant " l'affaire " me semblait " tourner en rond " mais force m'est de reconnaitre que l'envie d'arrêter ne m'a jamais effleuré.
Les personnages , quels qu'ils soient ,vont vous happer.Pas forcément par leur charisme , mais , parfois , pour certains , au contraire, pour leur hypocrisie , leur cynisme , leur ravageuse détermination...Étant donné que l'on va passer un long moment avec eux , on va forcément s'interroger sur leur devenir et vouloir savoir.
De nombreux et savoureux dialogues parsèment le récit et lui donnent un rythme soutenu .
le sujet abordé , le tabac , présente un intérêt qui semble universel ( fumeurs , anciens fumeurs , non fumeurs ) Il ne faut pas craindre de trouver des " leçons de morale " , non , pas du tout , il faut plutôt s'attendre à mieux comprendre comment et pourquoi cette " plante" intéresse autant " certains puissants " qui n'hésitent pas à sacrifier ....
Un roman noir contemporain bien mené , d'autant plus intéressant qu'il " nous touche " de près et nous donne une image bien crue et désespérante de notre époque et de ceux qui ....la dévoient.
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Marin Ledun revient avec un roman noir, un roman dense qui dépiaute la machinerie capitaliste et le lobbying du tabac, le tout étalé sur une vingtaine d'années.
Lorsqu'on plonge dans ces 600 pages, la longueur n'existe plus, il se créé une forme d'addiction et on ne lâche plus le bouquin. C'est foutrement bien documenté, et d'un réalisme cynique. La fiction, qui court de 1987 à 2007, est émaillée d'évènements historiques, politiques.
Les cigarettiers et leur pouvoir immense s'immiscent partout et font la loi. Même la loi Evin de 1991 n'aura pas raison d'eux, ils s'adapteront pour poursuivre leur commerce juteux même si fumer provoque 7 millions de morts chaque année. Ils gouvernent le monde grâce au lobbying en direction des hommes politiques, des sportifs et des artistes. Fumer, c'est cool, c'est la liberté, c'est tendance et tout est fait pour faire oublier les effets nocifs et mortifères de cette cigarette qui ne contient pas que du tabac.
Menaces, chantage et manipulation des politiques, crimes commandités, prostitution, contrebande … tout est bon pour vendre toujours plus et faire de l'argent et tout cela fait froid dans le dos.

Deux flics vont enquêter sur les évènements pas nets : Patrick brun tente de remonter la piste des sept cadavres et des camions d'ammoniaque subtilisés tandis que Simon Nora, de la brigade financière, traque les manipulateurs et épluche tous les comptes des sociétés écran de l'European G. Tobacco.
Ils vont s'intéresser à David Bartels, ce lobbyiste ambitieux et sans scrupules aux méthodes discutables. Il les mènera à Valentina, escort-girl qui dirige un réseau de prostitution de luxe sous couvert d'une société qui gère l'évènementiel sportif. Elle travaille pour les gros clients de Bartels.
On croise de nombreux personnages, complices où rivaux, mais tous dévorés par la même ambition et dénués de scrupules.

Malgré quelques longueurs, l'intrigue est rythmée. le style sobre, alerte de l'auteur qui mêle intimement documentation et fiction, nous entraîne tambour battant jusqu'à l'ultime page de ce roman haletant et ô combien terrifiant. On en redemande, à quand le prochain, M Marin Ledun ?

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Ma dernière cigarette se consume dans le cendrier : il est temps pour moi d'écraser mon paquet et de commencer ce commentaire.
La cigarette "nuit" gravement à la santé !
70000 morts dû au tabac pour l'année 2020 soit 30000 de plus que l'alcool. Ces chiffres sont désormais peu contestables.
Mais en 1986, au début de ce roman, la clope est encore un symbole de fraternité et de virilité même si quelques scientifiques commencent à s'inquiéter de l'augmentation du nombre de cancers du poumon, de pneumopathies en tous genre et se mettent à alerter l'opinion publique ainsi que les politiques.
L'industrie du tabac, florissante, redouble d'effort pour vendre toujours plus : Lobbying, corruption, intimidation des concurrents, prostitution, contrebande, et j'en passe...
Le récit commence par un vol meurtrier de camions remplis d'ammoniac. Savez-vous quelle est la différence entre une brune et une blonde ? C'est justement son taux d'ammoniac qui adoucit l'âpreté du tabac et permet donc de toucher un public plus jeune et plus féminin.
Nous suivrons dans ce roman l'enquête du capitaine Nora de 1986 à 2007 qui n'aura de cesse de lutter contre ces "big tabacco".
Marin Ledun nous propose ici un roman noir et sociétal qui met en lumière les procédés immondes que sont prêts à employer beaucoup de grandes sociétés pour protéger leur prospérité. Je crois qu'on pourrait écrire le même genre de livre sur l'industrie pharmaceutique mais moi j'dis ça, j'dis rien ! La démonstration de l'auteur est documentée, implacable et détaillée. Malheureusement, cette dénonciation est un peu aux détriments du suspens et plus généralement des codes du roman noir.
Je me suis parfois ennuyé mais cela reste un très bon polar engagé comme sait si bien le faire cet auteur.
Je vais peut être attendre une heure avant d'acheter un nouveau paquet ...
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« Dans le monde de la publicité, il existe un vieux dicton : il n'y a pas plus de rapport entre le tabac et une cigarette qu'entre un sapin et un numéro du New York Times. » (p. 185)
Comme pas mal de trucs qu'on avale (cf. les AUT, aliments ultra-transformés), la clope contient des additifs dangereux*, auxquels s'ajoutent les substances toxiques qui se libèrent au moment de la combustion.
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Du milieu des années 1980 au milieu des années 2000, c'est l'âge d'or de la cigarette en France. La loi Evin et celles qui ont suivi, avec la croissance vertigineuse des taxes, y ont mis fin.
Dans cet ouvrage très documenté, Marin Ledun raconte « vingt ans d'un travail de lobbying acharné. » (p. 582)
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La filière du tabac dans les 80's, ce sont des agriculteurs français, des scientifiques dans les centres de recherche, des ouvriers dans les usines de production, des camionneurs pour les livraisons, des commerciaux, des buralistes. Et aussi des avocats d'affaires pour les procès.
Ainsi qu'un « imposant service publicité et marketing pour diffuser la bonne parole dans les médias et sur les dizaines de milliers de panneaux d'affichage [en] Europe. »
Au coeur de cette mécanique parfaitement huilée Marin Ledun place le lobbyiste David Bartels (nom fictif), de European G. Tobacco. Comme l'homme pressé de Noir Désir, il contrôle tout, bosse sans relâche, 24/24, 7/7, soutenu par des sbires à surveiller, et quelques remontants - sexe & clope & coke.
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De leur côté, depuis la disparition de camions transportant de l'ammoniac, et quelques meurtres directement liés, les OPJ Nora et Brun sont sur les dents. Ils disposent d'éléments épars, la tâche s'avère ardue & longue pour les rassembler et relier les ramifications du réseau.
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Le lecteur, quant à lui, voit les liens entre politiciens, chercheurs, sport, pub, cinéma, prostitution, opérations caritatives. Un levier commun : la corruption. La filière est juteuse, il y a de quoi faire des cadeaux en espèces, en natures, soutenir des candidatures électorales, etc.
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Tout ça pour un produit 'inutile' (et meurtrier), que la publicité et le cinéma s'emploient à présenter comme essentiel, associé
- au plaisir et à la liberté pour tous
- au glamour pour les femmes
- à la virilité et à l'aventure sportive pour les hommes.
Tennis, golf, poker, paris hippiques, courses automobiles & moto... Autant de fabuleux domaines à sponsoriser, où de petites hôtesses - alias 'umbrella girls' - affichent des corps de rêve aux côtés des vainqueurs ou dans les tribunes, T-shirts au logo de la marque... ou avec messages/couleurs subliminaux lorsque les lois se durcissent.
Le rôle de ces femmes-objets ne s'arrête pas là, elles font partie des cadeaux offerts aux partenaires de ces opérations promotionnelles. Là aussi, Bartels veille...
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C'est donc l'histoire d'un lobby...
... qui ressemble à celle d'autres lobbys (automobile, nucléaire...)...
C'est l'histoire de gouvernements et de ministres de la Santé, de l'Intérieur, de la Culture... qui privilégient le bizness, le fric...
... qui ressemble à celle d'autres scandales, plus ou moins actuels...
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J'ai été captivée pendant plus de 200 pages (sur 600), j'ai adoré retrouver les années 80 et quelques personnages phares de la vie publique (politique, médias...). Puis je me suis sentie larguée et agacée quand l'espionnage, la traque, les affaires de contrebande l'ont emporté. Les parties autour de A.M. m'ont paru longues, lourdes, chiantes, et les piétinements des enquêteurs sont pénibles à suivre, a fortiori lorsqu'on a une longueur d'avance sur eux.
Ce n'est pas la première fois que je peine à lire cet auteur (dont j'aime beaucoup les idées, pourtant) : trop fouillé, ardu, aventure-'couillue' avec des protagonistes aux comportements excessifs - truands en col blanc, ceux qui y mettent les poings ; picole & défonce chez gendarmes & voleurs...
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J'espère néanmoins donner envie de lire cet ouvrage, cette bible sur le lobbying et la cigarette. Je vais faire circuler autour de moi.
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PS : Mauves-en-Noir, JB Pouy, Frédéric Paulin, Marin Ledun... cette année comme en avril 2020, vous allez nous manquer... 😕
Et sinon, la question qui me brûle les lèvres : M. Ledun, fumez-vous toujours ?
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• Je remercie Babelio, les éditions Gallimard, et l'article du Canard enchaîné qui m'a donné envie de découvrir l'ouvrage.
Je ne regrette rien, même si j'en ai bavé pendant 10 jours... 😉

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* les additifs :
- des ingrédients sapides (mélanges d'arômes, épices, sucre, miel, extraits végétaux)
- des agents humectants (glycérine, propylèneglycol, acide phosphorique),
- des produits de blanchiment des cendres (alun, hydroxyde et sels d'aluminium, oxyde d'aluminium et de magnésium, talc, acide silicique, acides, sels d'ammonium),
- des agents conservateurs (acide benzoïque, acide formique, acide propionique), des adhésifs et des liants (collodion, cellulose, gomme laque).
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Dans les années 80 le monde du tabac tremble, car les associations anti tabac s'organisent pour freiner la consommation de nicotine qui explose un peu partout.
Mais à ce mouvement contestataire l'oppostion est prêt à tous les coups bas : des lobbyistes s'attaquent sans vergogne à notre santé et des industriels peu scrupuleux, tels que l'ancien énarque David Bartels, ne sont pas en manque d'idées pour vous persuader que fumer est un acte de liberté et de résistance.
Cest parti pour 600 pages sur la nicotine et ses pratiques douteuses d'un polar très ambitieux qui fait pas mal penser à l'excellent long métrage "Révélations" de Michael Mann avec les monstres sacrés Al Pacino et Russel Crowe .
"Leur âme au diable " ou l'industrie du tabac passée au crible par une plume particulièrement documentée proche parfois de l'enquête journalistique et aiguisée.
Marin Ledun nous embarque dans l'histoire du business de la nicotine sur 20 années ; depuis les années 80 jusqu'aux dernières lois limitant la liberté des fumeurs.

Un thriller glaçant certes, mais aussi palpitant et addictif, bien construit, sans temps morts, qui donnerait à coup sur une excellente série

Roman dense, réaliste et complexe "Leur âme au diable "confirme largement tout le bien que l'on pense de Marin Ledun à coup sur, un de nos meilleurs auteurs de polars français, qui n'hésite pas à aller gratter du coté des travers de notre société et des dérives de l'entreprise, un auteur, qui assurément, mériterait une reconnaissance critique et publique encore plus forte.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Leur âme au diable, gros roman très noir de 602 pages, est divisé en deux parties : la première, « Braquage », couvre de 1986 à 1989 ; la deuxième, « L'Empire », s'étend de 2000 à 2007. Pour les cigarettiers, l'ammoniaque est une denrée précieuse utilisée, avec beaucoup d'autres cochonneries, pour obtenir du tabac blond. Or plusieurs camions-citernes remplis d'ammoniaque se font braquer depuis quelque temps. Et puis un jour, un braquage tourne mal : 7 morts ! Dans les tout premiers chapitres, Marin Ledun nous présentera les personnages principaux mis en scène dans son histoire. Anton Müller, sorte de géant pas débonnaire du tout, homme de main éprouvant parfois un soupçon de scrupules, apparaît comme l'organisateur des vols et des meurtres. Cependant, on comprend vite qu'il n'est pas le donneur d'ordres. le rôle revient à David Bartels, directeur d'un cabinet-conseil travaillant pour un unique client, European G. Tobacco, au deuxième rang des cigarettiers européens. Bartels est un personnage ambitieux, amoral, égoïste, vénal, bref, un lobbyiste sans états d'âme. S'ajoute à ceux-ci Sophie Calder (elle préfère qu'on dise Valentina) qui dirige une petite agence de cinq filles. Celles-ci se produisent dans divers événements pour mettre en valeur certaines marques, par exemple pendant de prestigieuses courses automobile. Elles se mettent aussi fréquemment à la disposition d'amateurs de jeunes femmes. Ce service est inclus dans les prestations : le consommateur ne paye rien, bien sûr. Autrement dit, Sophie Calder est proxénète. Pour sa part, Simon Nora, jeune OPJ de la brigade financière, mène l'enquête sur le massacre. Et puis, il y a le grain de sable : Hélène Thomas, la petite amie d'un des morts du braquage. Muller la confiera à Valentina. de son côté, Patrick Brun, flic modeste, représentant syndical pas trop zélé, dépressif, à mille lieues des braquages, enquêtera sur sa disparition…
***
Marin Ledun donne l'impression de tout savoir sur ce milieu gangréné par la corruption et pratiquant le chantage comme un art majeur. Il nous explique en détail les très gros moyens mis en oeuvre pour tenter le gogo, nous raconte comment la cigarette est associée à la modernité et à la liberté grâce, par exemple, au cow-boy du paquet rouge et blanc. J'ai été passionnée par le passage dans lequel est décortiquée la manière dont les industriels du tabac réussiront à imposer la cigarette aux femmes en y attachant une image d'indépendance et d'affirmation de soi… On suivra les lobbyistes déstabilisant les politiques français et européens, et avec eux les scientifiques, les médecins, les journalistes, afin d'obtenir leur soutien par le chantage et la peur, avec un total cynisme et d'énormes moyens financiers. On verra l'industrie du tabac organiser elle-même la contrebande de ses propres produits avec les maffias locales, entre autres, au Monténégro et chez certains de nos voisins de l'Est, tout ça pour retarder autant que faire se peut les lois anti-tabac et continuer à gagner beaucoup d'argent.
***
Ce polar très documenté m'a bien plu, et j'en suis sortie en colère, en colère face à l'impuissance de la lutte contre ces lobbys, face à leur pouvoir énorme et aux moyens financiers qu'ils savent déployer, face aux moyens qu'ils emploient… J'en ai aimé le style et la construction aussi. On trouve dans la première partie des rapports d'enquête que lira Simon Nora en 2002, nous annonçant ainsi que l'enquête n'est pas près d'aboutir ! Dans les deux parties, j'ai été sensible aux fréquentes allusions à des événements d'alors : en vrac, terrorisme, Malik Oussekine, privatisation de TF1, suicide de Dalida, condamnation de Klaus Barbie, chute du mur de Berlin, comme une série de petites piqûres de rappel. Un bémol pourtant : je me suis parfois perdue dans ce que j'ai considéré comme un luxe de détails et, brièvement, dans les noms de personnages secondaires. Mais un bon roman, j'insiste…
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Ça pourrait n'être que l'histoire d'un lobby, mais c'est plus que cela.
Le polar m'a rappelé des reportages sur Arte et lors desquels j'avais déjà été douchée, bouche et oreilles grandes ouvertes. Mais en version thriller c'est tout de même plus chouette.
On pense être au fait d'une bonne part de la fourberie des hommes, de leur soif d'argent et de notoriété, mais Marin Leduc, de par sa documentation poussée, dévoile quelques trucs intéressants. En tout cas, ils l'auront été pour moi.
Le thème de fond : le tabac tel qu'il a « vécu » fin XXe siècle.
Un nombre impressionnant de domaines sont impactés, infiltrés, foutus HS face au lobby du tabac et de ses additifs (auxquels je n'avais pas pensé). Plusieurs domaines sont concernés, de la pub à de la culture, de la santé au ministère de l'intérieur, des chercheurs au monde sportif, du cinéma à la prostitution, jusque tout en haut de l'échelle politique. Je mêle volontairement les thèmes car tout est enchevêtré.
Plusieurs de nos hommes politiques français sont cités, aussi bien négativement que positivement.
Les industriels, bien sous tout rapport, exploitent les addictions des humains et en arrivent, eux aussi, eux surtout, aux pires extrémités. Ils se fichent bien de la santé des hommes et des femmes auxquels ils font croire, à cette époque, que le tabac il est tout beau, tout mignon, voire même un plus pour leur image dans nombre de circonstances.
C'est souvent violent et sans concession.
Ah! j'oubliais deux secteurs : les sociétés écran telle que l'Européan G. Tobacco ainsi que les sociétés caritatives qui en prennent, toutes les deux, pour leur grade.
Vive les sponsors ! Vive le lobbying !
Les personnages sont attachants, pas forcément au sens premier du terme, mais plutôt par leur cynisme, leur hypocrisie, leur facette infantile (je pense à ce méchant qui découvre son plaisir lorsqu'il tient une arme dans sa main).
Les deux flics, Patrick l'enquêteur de terrain et Simon de la brigade des finances, sont plaisants.
En deux mots l'histoire.
On est en 1986 lorsque deux camions citernes d'ammoniac sont braqués et disparaissent sans laisser de traces ; dans le sillage de cette énigme, sept cadavres et la disparition d'une jeune femme Hélène. L'enquête s'étalera sur vingt années. Vingt ans c'est long mais c'est légitime et réaliste, et surtout c'est à hauteur de la masse des données glanées.
Quelques longueurs sur les 600 pages : le premier tiers est palpitant, puis quelques longueurs qui pourraient décourager mais comme on se balade un peu partout sur la planète, disons que ça peut se défendre.
Si « Free Queens » est aussi bien documenté et un chouïa plus court, je lirai le prochain Marin Ledun.
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Un roman qui a comme thématique le business de la cigarette peut être quelque peu “ casse- gueule” . Que n'a-t-on pas en effet déjà dit, débattu, chanté ou filmé sur ce sujet ? Marin Ledun aborde habilement le sujet ,sans aucun parti pris, de manière romancée avec une belle intrigue policière en fil rouge et des personnages récurrents dont on suit l'évolution du milieu des années 80 jusqu'aux années 2000.

Tout commence par le braquage violent de deux camions remplis d'ammoniac (qui rentre dans la composition des cigarettes) en 1986. Un braquage qui se solde par la mort de sept personnes.
Ce fait divers dramatique correspond à l'entrée en scène de trois personnages principaux qui se feront face pendant tout le roman. le commanditaire dans l'ombre ,celui qui a supervisé sur le terrain ce braquage et le policier qui n'aura de cesse que de les pourchasser sans relâche jusqu'au bout. Une enquête qui va vite se transformer en obsession pour Simon Nora, ce flic de la Brigade financière alors que European G.. Tobacco(EGT) enchaîne des ventes comme des bénéfices records et que sa filiale de lobbying, Fox & Reynolds Consulting, continue ses actions d'influence flirtant avec la légalité en toute impunité . L'un des protagonistes du braquage et la cible principale que Nora appelle Monsieur X, ne s'embarrasse d'aucune contrainte et confirme chaque jour l'adage “la fin justifie les moyens ». Véritable mercenaire de la cause tabagique et surtout de l'entreprise qui l'emploie, il est l'homme d'action qui se cache derrière David Bartels , le patron de l'antenne de EGT chargée de cajoler les députés et d'orienter les lois en faveur de la cigarette .Sa stratégie, comme celle du groupe cigarettier qui l'emploie, suit les évolutions des réglementations en vigueur pour mieux les contourner afin de maintenir la machine à cash à plein régime quitte à user de techniques de contrebandiers dans des pays aisément corruptibles.
Dans ce bras de fer infini entre fabricants et police spécialisée, un seul vainqueur est d'ors et déjà proclamé : l'Etat, qui grâce aux taxes qu'il applique sur les ventes de cigarettes , s'assure d'une gigantesque manne financière.


Un roman de 600 pages qui se lit comme un poche tant l'intrigue est passionnante. Un sujet terriblement bien documenté par l'auteur dont les faits relatés rejoignent les très bons documentaires l'ayant déjà traité. le bonus c'est la vivacité du récit, la densité des personnages quelle que soit leur position sur l'échiquier.
Comme pour beaucoup de marchés juteux, pour faire du fric il faut laisser sa morale au vestiaire et nier les évidences scientifiques quand c'est nécessaire voire tenter de les démonter via des scientifiques acquis à la cause. L'auteur décortique pour nous toutes ces techniques de marketing qui permettent aux vendeurs de cigarettes de pousser leurs produits auprès de la population ciblée . Les rois de l'enfumage sans filtre ont frappé !
Car le tabac n'est pas un produit comme les autres : au même titre que certaines drogues, il met dans la balance votre santé mais à la différence des psychotropes, vous êtes libre de le consommer.
L'auteur ne délaisse pas le polar qui agit en filigrane dans cette histoire bourrée de rebondissements et qui apporte le sel supplémentaire à un roman déjà très savoureux
Une véritable réussite..
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EPOUSTOUFLANT, tout est combine , argent, corruption, mafia. le monde de l'industrie du tabac , polar sur une vingtaine d'année .Ce qui est aussi intéressant ce sont les références politiques , historiques de l'époque de 1986 à 2007.Roman très bien documenté, c'est grisant cette lutte entre les partenaires des industries du tabac et les policiers .
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Ah la cigarette… on sait tous maintenant que fumer tue… mais avant cela, fût un temps, ou nous étions ignorant et ou fumer représentait la cool attitude et la confiance, heureusement les choses ont bien changé !
Mais sans doute pas encore assez, enfin ce dernier n'est que mon humble avis !
Et en lisant Leur âme au diable, mon avis ne s'est que renforcé !
Avec ce livre Marin Ledun explique, sous forme d'une histoire fictive, les dessous de l'industrie du tabac et elle n'est pas joli joli, enfin on s'en doutait un peu !
Leur âme au diable est donc un polar noir que je qualifierai de plutôt classique et de bien construit.
J'ai trouvé que l'auteur maitrisait son sujet à merveille et que ce livre se laissait plutôt facilement lire. Seul bémol est, et on s'en doute un peu, qui dit cigarette et fric dit forcément politique et donc pour ceux qui me connaissent je peux définitivement dire que je déteste la politique enfin surtout les politiciens mais soit… donc évidemment le côté politique du livre ne m'a pas passionné, mais voilà c'est plutôt personnel et ça n'enlève en rien à la qualité du livre.

En conclusion, une lecture assez intéressante et bien construite, que j'ai aimé lire.
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