Une nouvelle très courte, sympa mais pas hyper mémorable.
Commenter  J’apprécie         40
Il n'est pas seul. Rien ne peut lui arriver. Il s'allonge au pied d'un chêne. Il est tendu. La vision de l'homme dans le miroir l'obsède. Il lui semble identifier cette face machiavélique. Il fouine dans sa mémoire. En vain. Il soupire. Un couple passe devant lui, main dans la main, suivit par une petite fille sur un tricycle. Un flash ! Il se souvient. Son cœur se serre. Cet étranger dans le miroir, c'est lui. Les images explosent dans sa tête ! Il se revoit trente années plus tôt. Les cheveux gominés, la cigarette au bec, les mains dans les poches, arpentant les trottoirs. Il se voit accoudé au bar, sirotant une bière. La vision d'un immeuble, celui où il était la nuit dernière, une porte qui s'ouvre. Un appartement d'où s'échappe des hurlements. Plus rien ! Le vieil homme tente de relier ces souvenirs aux faits étranges qui lui arrivent. Il ne comprend pas.
Il se réveille, chez lui, dans son canapé, avec un gros mal de crâne. Il se traîne jusqu'à la salle de bain. Face au miroir de l'armoire à pharmacie, il se dévisage. Il est vieux, les traits marqués par les années. Il ouvre le placard et cherche de quoi soulager sa migraine. Quand il referme la porte, il se jette en arrière.
Je vais prendre ta main dans la mienne, le passé va te sauter à la figure et tu vas comprendre.
Lou enferme la main de Joseph dans la sienne. Le vieil homme ressent une douleur intense qui inonde son corps. En un éclair, le flash-back de sa vie envahit son esprit. L'homme aux cheveux gominés, l'immeuble de la cité, les escaliers, l'appartement. Une femme, une petite fille. Des gémissements, des larmes. Des coups. Et, un placard fermé avec un vieux verrou. Lou libère la main de son père. Une multitude de sentiments l'accaparent. Honteux, choqué, effrayé, épuisé, il cherche un moyen de se tirer d'affaire.
elle une bête de foire, les regards se posent sur lui et les chuchoteries moqueuses fusent. L'un des spectateurs lui lance :
— Va cuver ton vin ailleurs ! Ivrogne !