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sur 559 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ecrit en 1961, Solaris est le reflet d'une humanité en pleine conquête spatiale. Stanislas Lem pousse "un peu plus loin" que la Lune et nous projette dans une autre galaxie, sur une planète, Solaris, qui intéresse particulièrement les communautés scientifique et politique par la présence d'un être vivant. Une sorte d'étrange océan qui recouvre totalement la surface de la planète.
Les descriptions de cet océan sont remarquables, de purs bijoux littéraires qui nous rapprochent des oeuvres surréalistes. Lem fait le choix du point de vue du personnage principal, l'astronaute Kris Kelvin, nous offrant le plaisir d'observer avec lui cette mystérieuse planète et les non moins mystérieux comportements de ses collègues de la station spatiale qu'il vient de rejoindre.
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Quel étrange roman que ce célèbre Solaris !
Depuis plusieurs décennies, les scientifiques de la Terre se heurtent au mystère de cette planète lointaine aux deux soleils bleu et rouge, animé par un fascinant océan fait d'une sorte de matière plasmatique, ou protoplasmique, dont on ne sait pas s'il est un être vivant. Une station à été installée sur place pour permettre à quelques scientifiques de percer ses secrets. Le Dr Kelvin est le dernier arrivé, en remplacement du professeur Gibarian, étrangement décédé. Les deux scientifiques, Sartorius le physicien et Snaut le cybernéticien ont l'air dérangés, entre terreur et isolement. Kelvin va découvrir peu à peu que des êtres étranges, d'apparence humaine mais avec on ne sait quoi de modifié, sortes de fantômes issus des souvenirs douloureux de chacun d'eux, sont matérialisés par l'océan et ne les quittent pas d'une semelle. L'océan les régénèrent si on veut les éliminer. Pour Kelvin, ce sera Harey, sa compagne de la Terre qu'il n'a pas su empêcher de se suicider. Entre séjours à la bibliothèque de la station où sont consignées sur des décennies toutes les théories humaines et contradictoires sur la nature de l'océan solarien, observation et conversations avec ses inquiétants collègues et avec Harey, non moins inquiétante dans les interrogations multiples qu'elle suscite (elle a conscience qu'elle n'est pas la vraie Harey, veut-elle à nouveau se faire du mal, en faire à Kelvin, est-il son jouet pour une expérience ?).
Le récit est marqué par l'omniprésence d'une atmosphère pesante, oscillant entre rêve et angoisse, dans un univers aux cieux colorés, où des formes étonnantes sont générées par cet océan tout-puissant au mystère décidément insondable. Les personnages inquiètent, l'atmosphère de huit-clos devient peu à peu irrespirable, alors même qu'il ne se passe presque rien. La patte de Stanislas Lem est en cela remarquable, le lecteur qui pourrait s'ennuyer dans les longs passages descriptifs des théories scientifiques sur l'océan y trouve des briques dont il pense pouvoir trouver l'utilité pour dénouer le mystère, et souffler un peu dans ce climat oppressant. Ce même lecteur suit avec anxiété l'évolution des relations entre Kelvin et Harey...vont-ils pouvoir vivre à nouveau le grand amour ou tout espoir de "normalité" est-il vain dans cet univers factice et truffé de faux-semblants ?

Un roman très exigeant, psychologique, hypnotique, au propos quasi philosophique sur l'altérité, l'incommunicabilité, Dieu, la place de l'Homme dans l'univers, la science et le doute, la culpabilité...où l'auteur témoigne d'une érudition scientifique remarquable, et nous livre de très belles pages de littérature (la dernière page est superbe). Ce roman se mérite, il est parfois difficile d'accès, il nécessite de la concentration pour bien en apprécier les qualités qui en ont fait un jalon légendaire de la grande SF d'anticipation.
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Livre de science-fiction sur un départ dans l'espace en station orbitale. Très riche, bien écrit et fort en termes de questionnements .
Un chef d'oeuvre du genre.
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L’imaginaire de la science fiction permet aux grands auteurs comme Stanislas Lem de reposer les grandes questions et de redonner les grandes réponses, sans qu’il y paraisse, comme s’ils parlaient d’autres choses. Le langage est celui du symbole, celui du rêve. Enfin, on n’est plus prisonnier des mots, de leurs banalités ou de leurs précisions qui dénaturent le Sens. On ne parle pas du Monde, de l’Univers, de Dieu… On parle de Solaris, l’océan Alien, et soudain toutes les étrangetés et toutes les évidences, cachées derrière les concepts réducteurs, réapparaissent. Solaris l’océan créateur de la Réalité, où nos désirs sont matérialisés : L’énigme absolue de nos vies!
Etrangeté : Solaris, on ne peut le comprendre, il existe pourtant, il nous connait, nous envoie les autres, ces créations que l’on désire follement et qui nous tourmentent sans fins.
Evidence : De nos dérélictions, de nos solitudes incapables de vrais échanges.
On comprend ce que l’on se dissimule, on comprend que nous sommes réellement dans ce vaisseau spatial qui cherche le Contact avec Solaris, cette chimère impossible. Nous sommes bien en Enfer torturés par la Mémoire et l’Espoir, deux cruels supplices qui nous mettent au bord de la folie ou du suicide. Nous sommes des enfants perdus.

Elle est belle, sublime, c’est ton rêve, c’est elle, réelle, mais qu’en feras-tu? Elle est autre… De Solaris! Alien! Elle veut et ne peut t’aimer, tu verras, tu voudras, tu devras la faire disparaitre ou c’est elle qui le fera.

La «solaristique», la science de Solaris… A l’aune de toutes nos théories qui dévorent le temps de nos vies. Sciences, philosophies, religions : Vanités! Nous devons savoir et nous ne saurons pas!

L’incroyable force métaphorique du roman a sublimé l’inspiration d’Andrei Tarkovski. Dans son adaptation au cinéma, la scène de la lévitation est hypnotique… D’abord plongé dans un Bruegel absolument magique, tu ressens l’extase d’un village sous la neige dans un ailleurs intemporel, puis le lustre de la station spatiale tintinnabule et tu frémis, le cantique «Je t’implore Seigneur…» (J.S. Bach) te déchire, puis ils lévitent, Chris et Harey, et un livre (gravure de Don Quichotte) traverse la pièce comme un signe surnaturel… Apesanteur spirituelle, anamorphose de l’Amour qui libère de la damnation, une seconde volée à l’Eternité.

https://www.youtube.com/watch?v=6KhZch1X83U

A la fin de son récit, Lem nous encourage à persister dans la foi que le temps des miracles cruels n'est pas révolu…
Sans doute, il y aura de la cruauté…
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Solaris, planète énigmatique. Un être-océan qui interroge les scientifiques depuis des décennies, sans que ces derniers ne parviennent à percer le mystère des formations que crée l'océan. Une autre question est de savoir si cet océan protoplasmique est une forme d'intelligence, et si les formations sont une manifestation du désir de communiquer avec les hommes.
L'histoire se déroule entièrement dans la station d'observation. Kris Kelvin, le personnage principal, y vit en vase clos avec deux autres scientifiques, Snaut et Sartorius, puisque Gibarian s'est suicidé peu de temps avant l'arrivée de Kelvin. Très vite, les premières apparitions se manifestent auprès de Kelvin : il s'agit de Harey, son ex-femme qui s'est suicidée dix ans auparavant. Ces apparitions sont réelles, créées à partir des souvenirs des hommes : ainsi l'océan semble vouloir communiquer, ou bien étudier les hommes. L'homme est ainsi confronté à ses limites, et notamment en termes de connaissances : à vouloir tout comparer avec ce qu'il connait le mieux, c'est-à-dire lui-même, l'homme ne peut pas connaitre réellement Solaris.
Solaris possède une atmosphère étrange, presque inquiétante et pourtant terriblement attirante, à l'image de l'océan de la planète. Le roman offre ainsi des possibilités quant aux contacts des êtres humains avec la vie extraterrestre.
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« L'océan pensait, vivait, agissait ».

Stanislas Lem, Solaris, Folio.

L'arrivée d'un nouvel astronaute, Kelvin, sur Solaris permet de mieux connaître cette planète et les deux scientifiques de service dans la station. Les deux soleils ne retiennent pas l‘attention, même s'ils contribuent au plaisir des yeux. Il faut s'intéresser à « l'océan, cerveau protoplasmique, enveloppant toute la planète ».

En clair, comment entrer en contact avec une autre intelligence ? Voilà la question scientifique à résoudre.

Lem ne tombe pas dans les trop nombreux clichés d'extraterrestres à cornes ou pattes vertes, mais imagine un
« océan qui pensait, vivait, agissait ». Or cette intelligence est capable de créer des répliques humaines, puisées dans les souvenirs et images des scientifiques en poste, c'est dire si ceux-ci sont perturbés par des créatures visibles et présentes, qui appartiennent à leur passé, à leurs fantasmes.

« L'océan savait reproduire… un corps humain, un corps humain perfectionné,, modifié dans sa structure infra-atomique, afin de servir des desseins inconcevables » . « fantôme nourri des souvenirs et d'images confus, puisés chez son Adam »

Kelvin débarque donc dans un entourage perturbé où chacun défend son intimité et ses secrets.

Là est à mes yeux le deuxième intérêt de cette histoire : un roman d'amour qui fait penser au beau film d'Alain Resnais, « je t'aime, je t'aime ». Harey, créature de l'intelligence océanique, est l'incarnation du passé de Kelvin, résurgence d'un amour tragique défunt. Mais la nouvelle Harey est un être innocent, un réceptacle de sentiments, susceptible lui-même d'attachement … Faudra-t-il revivre un ancien amour ou le recommencer avec un être neuf , si semblable à ‘ex-femme aimée ?

Les romans de Sf valent moins par leurs justifications pseudo scientifiques laborieuses, que par les réactions humaines dans un environnement inédit, ou face à des situations totalement nouvelles. On ne s'attarde donc pas sur les justifications et précisions sur des « symetriades » et autres accessoires, pour vivre avec le nouveau venu cette passion qui le dévore - avec une « femme » dont il se méfie,

Kelvin reste sur ses gardes, autant face à ses camarades que devant cette résurrection d'une femme aimée, puis abandonnée ; il éprouve des sentiments mêlés de culpabilité - le passé, et
d‘espoir, un futur ?

Deux films ont adapté ce récit :

Solaris, troisième long métrage d'Andreï Tarkovski, sorti en 1972,

Solaris, un film américain réalisé par Steven Soderbergh, sorti en 2002.
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Kris Kelvin, un psychologue, arrive par capsule dans la station orbitale qui tourne autour de la planète Solaris. Nous sommes à des années lumières du Système Solaire. Solaris a été découverte environ 100 ans avant la naissance de Kelvin, elle a engendré une littérature abondante de milliers d'ouvrages. Une grande bibliothèque qui sent le vieux bois lui est même dédiée au coeur du vaisseau spatial. Kelvin s'y sentira à l'aise, essayant de deviner le mystère de la planète en se plongeant dans des monographies anciennes, se nourrissant des théories de grands physiciens fascinés par Solaris

Kelvin raconte, à la première personne, ses premiers pas dans la station orbitale. On y croit, on s'y voit. 
Il rencontre Snaut. L'homme est îvre et paraît cacher un secret. Il finit par avouer la mort de Gibarian, le scientifique qui a fait venir Kris Kelvin. Il tente de le mettre en garde: 

« Si tu voyais quelqu'un d'autre, tu comprends, quelqu'un qui ne serait ni moi, ni Sartorius, tu comprends, alors... »

Comme un chat qui pense vous faire un cadeau quand il vous apporte une souris dans sa gueule, une des hypothèses formulée sera que l'Océan, cerveau protoplasmatique rangé dans la catégorie Métamorphe, fait des offrandes aux derniers hommes de la station orbitale. Comme s'il avait lu en eux, comme s'il s'était livré à des vivisections psychiques. 


L'histoire de ce classique de la science-fiction est connue puisqu'il a donné deux films. On en sort avec de belles images dans la tête, une mélancolie du bout de l'univers. Lem excelle à rendre le malaise qu'on peut éprouver au contact d'une entité mystérieuse, hors-norme et pourtant totalement pacifique. le contraste vient de là: les hommes de la station orbitale sont minés par leur psychisme, le retour matérialisé des fantômes de leur vie. Et les fantôme sentent ce malaise, jusqu'à être poussé au suicide, mais les fantômes peuvent-ils mourir ?

Fantastiques descriptions de l'Océan, longuement répertorié et analysé dans la littérature scientifique que compulse Kelvin, et qui a donné naissance à des mots comme mimoïde, longus. L'auteur décrit un organisme en perpétuelle transformation, parfois solide, parfois liquide, non agressif mais rendu dangereux par son imprévisibilité. Feuilleté bitumeux, pellicules, grappes piriformes, grumeaux, cratères, vagues, excroissances, bourgeons, l'océan se dilate, se tuméfie, gargouille, devient phosphorescent, opalescence, abîmes vertigineux...

Ces phases de descriptions et ces mises en abyme dans la littérature du passé forment un contrepoint méditatif au récit tragique de ce qui hante les trois habitants de ce disque d'un rayon de 100 mètres de diamètres. Beau roman de l'attente, du lointain, on en sort puissamment dépaysé. Et on comprend qu'il ait donné envie à des cinéastes. 

Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Un huit clos très imaginatif à l'atmosphère lente et psychologique, je l'ai lu adolescent et je me souviens d'une lecture profonde, des impressions que l'auteur avait réussi à laissé dans ma tête une fois les pages refermées, et de la description des raisonnement scientifiques, très intéressante pour moi à l'époque ; j'étais envahit par la curiosité, je me posais des questions sur l'univers du livre, mais aussi sur la puissance de mes souvenirs, je me demandais ce que moi même j'aurais put trouver sur cette station orbitale, puisque la-bas, tout est lié à ce que nous apportons avec nous. Une lecture oppressante, qui est restée dans mes souvenirs ! Un livre original, atypique et puissant, j'aurais aimé le relire adulte, car il n'est pas long mais j'ai beaucoup de mal à le trouver.
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Voilà un roman que j'avais acheté d'occasion pour le lire dans le cadre du Challenge SFFF et qui était resté longtemps dans ma PAL.

Je me suis enfin lancé dans sa lecture. Il y règne une ambiance très particulière. En peu de temps Stanislas Lem réussit à créer une atmosphère angoissante. Il y a une menace qui pèse sur les occupants de la station et même s'ils réussissent à l'identifier ils sont bien incapables de l'expliquer.

A partir d'un moment le récit de Kelvin est devenu un inventaire des recherches sur Solaris et des possibles explications quant à la nature de l'océan-cerveau protoplasmique. Et là quand on n'a pas beaucoup de connaissances scientifiques (ce qui est mon cas, et ouais je suis un pauvre littéraire) ça devient indigeste et on attend avec impatience le retour à la station orbitale.

A la fin il reste une énorme interrogation, l'existence des visiteurs est-elle un moyen de communiquer du cerveau vers les humains ou bien de les dominer en prenant possession de leurs souvenirs les plus chers ?

Malgré des passages un peu difficiles, c'est un roman que j'ai apprécié lire; il m'a donné envie de voir ou revoir les adaptations cinés qui ont été faites.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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Une œuvre très particulière, qui est entrée dans les classiques de la sf avec en plus deux adaptations cinématographiques en 1972 et 2002.


Le docteur (psychiatre) Kelvin débarque sur la station atmosphérique Solaris sur la planète du même nom. Il y est accueilli par Snaut et Sartorius, qui se cachent et visiblement, ils sont perturbés. Gibarian qu'il devait rejoindre s'est suicidé. Quand Kelvin rencontre en « chair et en os » sa femme qui s'est suicidée il y a dix ans, il s'interroge, au bord du gouffre. Est-il devenu fou ? Ou l'océan vivant de cette planète, objet de près de 78 ans d'études contradictoires, au point d'en faire une science à part : la solaristique est à l'origine de ses visions matérialisées ?


Une œuvre courte (320 pages) et dense. Une écriture poétique et hypnotique. Ce n'est pas de la sf conventionnelle, mais presque un essai philosophique, métaphysique sur l'inconnu, les possibilités de communication inter-espèces. Quelque chose de plus grand que nous, qui visiblement nous dépasse. Que faire face à l'inconnu ?
Vous cherchez des réponses ? Passez-votre chemin, je n'en ai pas trouvé. Je le savais en début de lecture. L’œuvre est suffisamment connue (encore que je croyais que Solaris était une étoile) pour savoir dans quoi on s'embarque, mais je me suis retrouvé happé par le texte. le background est vieillot mais on le laisse rapidement de côté. L'écriture est solide, beaucoup d'incursions dans le scientifique tant réel qu'imaginaire (et je suis bien en peine de faire le tri entre le vrai et l'inventé) et les descriptions imagées sont intéressantes à lire.
J'ai lu le livre en une journée et n'ai pas voulu le lâcher avant la fin. Pour un résultat nul, mais je le savais par avance. Allez comprendre pourquoi j'ai bien aimé...


Une atmosphère particulière, qui se rapproche pour l'ambiance de 2001 : L'Odyssée de l'espace, plus que de Rendez-vous avec Rama du même auteur (comme l'indique le quatrième de couverture).
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