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sur 5120 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La chronique jubilatoire de Dany Flingueuse pour Collectif Polar
Le grand monde de Pierre Lemaître
Amateurs de la plume et des arnaques de Pierre Lemaître vous allez être comblés. En plus vous recevrez une gifle magistrale en fin de roman en en découvrant la clef ! Bref du grand, du très bon Lemaître et en fin de compte tout est réuni pour en redemander.
L'action se passe après la seconde guerre mondiale, au début des « trente glorieuses ». Une famille d'origine française a fait fortune à Beyrouth, dans la savonnerie. La descendance risque de ne pas reprendre le flambeau du père, au désespoir d'Angèle, la mère qui voit ses quatre rejetons quitter successivement le nid familial. Des horizons différents s'ouvrent à eux à Paris ou à Saïgon et l'auteur va nous immerger dans la finance indochinoise, la presse parisienne et le négoce de tissus, pendant le déroulement d'une enquête sur le meurtre sordide d'une jeune actrice de cinéma. Les moyens d'accéder à la fortune, à la notoriété ou à l'innocence vont prendre des chemins originaux, inattendus. L'art de l'auteur est au rendez-vous pour nous leurrer, nous séduire, voire nous parjurer ! Il met son humour au service d'intrigues imbriquées et révèle les magouilles en usage au temps des tickets de rationnement, des fuites de capitaux vietnamiens majorés en toute légalité par l'Etat français, quand la délation était encore pratique courante.
J'ai rencontré Pierre Lemaître, cet amateur du feuilleton du XIXème siècle, en début d'année. Il m'a assuré que Verhoeven ne reprendrait plus de service, placé définitivement à la retraite. D'autre part après la trilogie Les enfants du désastre, les lecteurs attendaient de nouveaux personnages. Eh bien les petits nouveaux ne sont pas en reste, ils décoiffent, surprennent, séduisent … le grand monde, le tome 1 de ce qu'annonce l'auteur comme la tétralogie Les années glorieuses, et déjà ils ont fait leur place dans notre panthéon ! C'est avec beaucoup de délectation que j'ai notamment fait connaissance avec Geneviève, la méchante, promise me semble-t-il a un bel avenir. – NDLR : toute ressemblance avec son homonyme bien connue n'est que pure spéculation !
Oui le grand monde a tout du coup de coeur intense et jubilatoire.
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Pierre Lemaitre a l'art et la manière d'écrire des romans. Celui-ci ne déroge pas à la règle.

Il va nous conter une histoire rocambolesque qui, pour ma part, m'a tenu en haleine du début à la fin.

Il a choisi comme cadre l'année 1948 et trois villes : Beyrouth, Paris et Saïgon

A Beyrouth, à cette époque, la vie est belle et il fait bon vivre pour les expatriés.

A Saïgon, c'est le début de la fin. C'est une ville « mirage » qui pourrait prêter à croire que tout va bien en Indochine alors que tout s'écroule en dehors des murs de cette ville : l'armée française est dépassée, elle n'a pas les codes pour affronter le Viet Minh, cet ennemi invisible et omniprésent. Saïgon est la ville des vices, des plaisirs et de la corruption.

Le Paris de l'après-guerre, c'est encore celui des tickets de rationnement, des concierges aux bas des immeubles, des WC sur le palier. Tout est en ébullition, tout est à reconstruire, l'avenir semble radieux. Dans ce Paris là, le journalisme est à son apogée. le Français est un lecteur de journal, les vendeurs à la criée vendent les éditions du soir. Il faut du croustillant, une bonne accroche, de quoi fidéliser le lecteur, un bon fait divers ou une bonne affaire de corruption impliquant des hommes politiques.

Voilà le cadre. La matière, Pierre Lemaitre va nous la fournir à travers tous les membres de la famille Pelletier. Par de rapides chapitres qui s'entrecroisent, nous allons faire connaissance avec les protagonistes de cette histoire. Pierre Lemaitre tisse sa toile, passe de l'un à l'autre et nous découvrons progressivement le profil psychologique de chacun d'entre eux ainsi que leur interaction. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

Alors, bien sûr, il y a Louis et Angèle. On apprendra qu'ils ont quitté la France pour Beyrouth au début des années 20. Louis, qui a le sens de l'entreprise, fera fortune dans la savonnerie. Leurs quatre enfants naîtront à Beyrouth. En 1948, tous sont adultes.
L'aîné, Jean est parti à Paris avec sa femme, Geneviève. Il aurait dû prendre la suite de son père mais ce qui le caractérise c'est son incompétence. Alors la savonnerie, très peu pour lui ! Il végète, le pauvre, malgré les coups de piston de son papa. Ça agace passablement sa femme qui voudrait faire la bourgeoise mais qui croupit dans un appartement minable. Il aime pas qu'on lui dise qu'il est nul, Jean, ça a tendance à l'énerver grave !
François est également parti à Paris. Il a menti à ses parents en leur faisant croire qu'il allait intégrer une grande école. En réalité, il galère pas mal jusqu'à ce qu'il trouve sa voie en découvrant le monde du journalisme de l'époque.
Étienne, c'est le poète de la famille. Il est différent, plus sensible. Étienne, il aime les garçons et il en pince pour un beau légionnaire parti en Indochine et dont il n'a plus de nouvelles. Étienne va partir pour Saïgon et découvrir un drôle de monde.
Hélène, c'est la plus jeune. du haut de ses 19 ans, elle n'est plus une enfant. Elle se cherche, Hélène. Elle aussi va tenter l'aventure de Paris.

Voilà, pour le reste, c'est l'affaire de Pierre Lemaitre et de son talent d'écrivain.

J'ai trouvé ce roman savoureux et machiavélique, drôle et grave, à la fois immoral et amoral. Un vrai régal de lecture avec une écriture d'une grande fluidité et d'une apparente simplicité qui cache un vrai travail d'orfèvre. Bravo.
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J'avais écrit une chronique sur Babelio après ma lecture de "Miroir de nos peines" le dernier volume de la trilogie "Les enfants du désastre" :
"...quelle tristesse, je veux un quatrième , un cinquième volume, et alors ... Zola nous a bien entraînés dans vingt histoires avec ses Rougon-Macquart"
Monsieur Lemaître vous avez exaucé mon voeu.
Avec "Le Grand Monde" Pierre Lemaitre aborde la France de l'après guerre en pleine reconstruction dans une 4ème République qui a de sérieuses difficultés pour dégager un équilibre politique stable, la guerre d'Indochine et bientôt la guerre d'Algérie.
Au travers d'une famille française, les Pelletier, installée à Beyrouth au Liban détentrice d'une savonnerie renommée, Pierre Lemaître nous entraîne dans quatre directions et histoires différentes.
Il y a d'abord le père, Louis, dont on ne sait pas grand chose. Il possède une usine de fabrication de savon avec sa femme. Ils ont quatre enfants.
Jean, l'aîné, qui n'a pas la fibre entrepreneuriale, sa cupide et détestable femme Geneviève et les puinés, François, le bon élève qui doit entrer à Normale Sup, Étienne qui part pour l'Indochine retrouver son amour à Saïgon, enfin la benjamine Hélène très fusionnelle avec son frère Étienne qui décide de quitter le cocon familiale pour Paris.
Quatre histoires, quatre intrigues, un film, oui un film car Pierre Lemaître écrit en trois dimensions, on voit , on entend, on sent même les parfums qui chatouillent notre nez, les puanteurs qui nous prennent à la gorge et pour couronner le tout un tueur en série assouvit son besoin de reconnaissance par une violence inouïe. Comme dans tout bon film quelques surprises pour les lecteurs de la précédente trilogie.
On le sait, Pierre Lemaître est un excellent conteur avec une belle plume, je suis sûr que dans deux cents ans on lira toujours l'auteur Lemaître dans les écoles et universités, comme on étudie Zola, Hugo, Balzac ...
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Quel bon roman ! Je l'ai dévoré en quelques soirées. Je l'attendais avec impatience ce nouveau Pierre Lemaitre.
Nous sommes en 1948 à Beyrouth, dans la famille Pelletier. Les parents ont créé une savonnerie qui est florissante. Ils ont 4 enfants mais aucun ne veut reprendre l'entreprise familiale.
Jean, l'aîné dit Bouboule, n'a pas assez de caractère pour ça. Il se fait manipuler par son épouse, la redoutable et revêche Geneviève.
François vit à Paris et rêve de devenir journaliste, pour le moment il est chargé des faits divers.
Etienne part vivre à Saïgon pour retrouver son amant, légionnaire porté disparu.
Et il y a Hélène, tout juste 18 ans, qui se cherche.
Tous ces personnages vont tenter de survivre et de trouver leur place dans le monde et la petite histoire familiale va rejoindre la grande Histoire.
Pierre Lemaitre sait rendre ses personnages vivants et attachants. On a envie de savoir ce qui va leur arriver.
Un peu de suspense, un peu d'humour.
Pierre Lemaitre sait vraiment nous raconter de bonnes histoires. Il me tarde de lire la suite.
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1948. Comme chaque année, la famille Pelletier se rend en procession au restaurant pour fêter la création de l'entreprise familiale : autour des parents, on remarque Jean, dit Bouboule, l'aîné à qui rien ne réussit, surtout pas son mariage avec l'acariâtre Geneviève ; Étienne qui ne souhaite qu'une chose, retrouver son amoureux en Indochine ; François, parti à Paris pour des études et Hélène, la plus jeune qui ne rêve que de le suivre. Les caractères se dévoilent, chaque enfant semble vouloir prendre son indépendance et échapper à l'autoritarisme de leur père, mais chacun à sa manière.

De la précédente trilogie de Pierre Lemaître, je n'ai lu que les deux premiers volumes, sans raison précise à cela. Disons qu'aucune urgence ne m'avait appelée à lire Miroir de nos peines après Au revoir, là-haut et Couleurs de l'incendie. La curiosité et l'envie de me plonger dans un bon pavé, bien écrit, sans temps mort, m'ont plutôt poussée vers le Grand Monde, sorti il y a tout juste un an. Et j'y ai vraiment trouvé tout ce que j'attendais. (je me serais passée toutefois de quelques descriptions cruelles des horreurs de la guerre, mais j'admets qu'elles provoquent une prise de conscience indispensable pour Étienne). Embarquée dès les premières pages, je n'ai pas pu quitter ce roman. En effet, Pierre Lemaître possède un sens du rythme et du suspense extraordinaire, et un art du coup de théâtre incomparable !
Sa manière de passer d'un personnage à un autre, qui pourrait sembler artificielle sous d'autres plumes, fonctionne parfaitement. Son humour, et ses petites phrases assassines font retrouver tous les personnages, même les plus désagréables, avec grand plaisir. Et ses connaissances permettent de se (re)plonger dans une époque pas si lointaine, en prenant conscience de tout ce qui se jouait, que ce soit à Saïgon, à Beyrouth ou à Paris, dans les bureaux, les commerces ou sur le terrain.
Je me suis régalée davantage qu'avec les deux romans lus avant, pourtant déjà savoureux, et je compte bien poursuivre avec le silence et la colère.


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Bravo, bravo !
Tomber dans un Pierre Lemaître, c'est dés le début se demander qui on va retrouver et comment leur vie a évolué. C'est sans compter sur l'art de l'auteur pour nous berner, il m'a bien eu et plusieurs fois. En premier, je ne voyais aucun lien avec cette famille installée à Beyrouth puis on découvre que chaque personnage est à multiples facettes et contient plusieurs histoires. Les faits et gestes des enfants nous mènent dans des catastrophes depuis des trafics impensables en Indochine jusqu'aux rouages politiques de l'état français qui piège et musèle la presse. Tout est brassé, les atrocités de la guerre, le poids des religions et sectes, la corruption, le crime, les couples, les relations filiales, etc. Et dans tout ça, non seulement je ne me suis jamais perdue mais j'étais captivée jusqu'à la fin en apothéose. Il est trop fort ce Pierre Lemaître, comme tout le monde j'attends la suite.
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EPOUSTOUFLANT ! Il n'y a pas d'autre terme pour qualifier ce premier opus d'une nouvelle fresque de Pierre Lemaître.

Nous sommes en 1948 dans une famille française à Beyrouth.
L'histoire des Pelletier est sidérante avec ses personnages attachants ou antipathiques, ses hauts et ses bas...surtout ses bas...ses drames et ses terribles secrets.

Louis, industriel, le chef de famille et Angèle la mère sont inquiets pour l'avenir de leurs enfants Hélène, Jean, François et Etienne qui vont quitter le nid familial pour faire leurs vies. et la malchance sera très présente. Et il y a également l'insupportable Geneviève, épouse de Jean.

Et quelle époque terrible que l'après-guerre avec notamment le rationnement jusqu'à la fin des années quarante.
Il y avait aussi une extrême violence sociale. En 1948 de grandes grèves ont lieu dans le bassin minier du nord de la France.
Après avoir demandé des efforts inouïs aux mineurs à la Libération pour augmenter la productivité, le gouvernement, socialiste il est important de le préciser, leur impose une baisse des salaires et un rallongement du temps de travail.
Excédés, les mineurs se défendent par la grève et manifestent. le gouvernement opte pour la répression en envoyant dans le Nord la police et l'armée.
Il y aura des morts.

Ce qui fait la force de ce récit c'est cette immersion dans l'histoire de cette époque. Ce qui en fait le charme ce sont la finesse psychologique et la sensibilité qu'apporte Pierre Lemaître dans la présentation de ses personnages.

Jean cherche sa voie sans y réussir, François semble réussir dans le journalisme, Hélène veut étudier les beaux-arts, et ce à Paris pour tous les trois.
Etienne, le personnage le plus émouvant, à la recherche de son ami Raymond, engagé dans la Légion étrangère, part pour l'Indochine alors française où il est employé dans l'administration coloniale.
Une partie du contexte du roman se situe donc pendant la guerre d'Indochine, avec ses horreurs.

C'est un très beau roman, un livre inoubliable très bien construit.

Pierre Lemaître est un grand monsieur.
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Gros coup de coeur pour cette nouvelle aventure d'un auteur que je trouve tellement talentueux. Dans la même veine d'Au revoir là-haut, qui est aussi attractif dans sa façon de revisiter plausiblement l Histoire, qui nous entraîne dans la vie tourmentée de personnages tellement humains ,qu'on aime souvent détester ,plaindre ,rarement prévisibles ,avec des retournements de situation qui donnent envie que la suite de l'aventure ne se fasse pas attendre trop longtemps. Mais raisonnablement, qui pourrait ne pas comprendre que chacun des romans écrit par l'auteur soit le fruit d'un travail intense.
j'ai hâte quand même de poursuivre l 'aventure!
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Pierre Lemaitre avait promis une saga (à mes yeux la trilogie des Enfants du désastre en était déjà un peu une); ce premier tome nous fait découvrir la famille Pelletier. Cela se passe pendant les Trente Glorieuses mais démarre au Liban où Louis et Angèle ont repris une savonnerie qui prospère, en 1948. Jean l'aîné, dit Bouboule, aurait dû prendre la succession mais il a deux mains gauches (et une femme insupportable!) il va, accompagnée de son épouse partir à Paris mais c'est François qui quitte le nid le premier pour (dit-il) s'inscrire à Normale Sup, à Paris; son but est de devenir journaliste.
Restent Etienne puis avec 5 ans de moins, la petite dernière Hélène. Cette dernière couche avec son prof de maths et s'ennuie. Elle est fusionnelle avec Etienne et craint de ne pas supporter son départ pour l'Indochine où se trouve déjà son compagnon Raymond.
Ne pas oublier Joseph, le chat tigré qui traverse tout le livre; c'est Raymond qui l'avait trouvé, laissé à Etienne.
Etienne veut retrouver Raymond dont il est sans nouvelle.
Le lecteur sait qu'il a été torturé par les Viêts et qu'il est mort.
Etienne (avec son chat) a un poste à l'Agence des monnaies dont le directeur est Jeantet lui montre le gourbis qu'on lui propose; Gaston , pas net, est son collègue.(j'apprends le mot concussionner, à croire que ma famille fonctionnaire était réglo?)
François veut être journaliste mais la famille n'est pas d'accord, il ira à Paris sous prétexte de se présenter à l'Ecole normale Supérieure ( où il ne mettra jamais les pieds)
Il veut entrer au Journal:"Les autres font des journaux pour les partis politiques. Vous, vous préférez les lecteurs aux électeurs". Il finit par y arriver en procurant du papier, qui manquait comme tout les reste. En 46, tout manque, privations, rationnement...pas loin de la misère.
A Saïgon, Etienne fait la connaissance de Diême qui lui trouve un appartement correct. Il est comprador et s'occupe des transferts pas toujours honnêtes.
Le Métropole et le Cristal Palace sont les lieux de rencontres de toutes sortes de gens, tous asservis à la piastre. Saigon est cerné par le Viet- minh.
Hélène passe les lundis matins avec son amant à l'hôtel Kassar; son père qui l'ignore invite le trésorier de l'école privée où ses enfants ont fait leur scolarité et à laquelle il vient de faire un don important dans le même établissement, le lundi... Imaginez la suite.

Impossible de résumer un tel livre: on suit chacun des enfants: les enquêtes de François, notamment le meurtre d'une actrice dans les toilettes d'un cinéma et les recherches sur la mort d'Etienne qui en savait trop sur les malversations, Diêm devenu le pape d'une secte .
Jean, dit Bouboule et ses déboires financiers et sa stupide et cupide femme et son étrange comportement dont le lecteur est au courant, sans en avoir l'explication.
Le pire étant peut-être la confession des parents qui nous ramène à un personnage d'Au revoir là-haut
Cette saga s'annonce aussi intéressante que la trilogie précédente..

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Un pur régal. L'envie de tourner les pages sans s'arrêter se heurte à l'angoisse d'arriver trop vite au bout de ce passionnant récit. Alors, on se force à faire des pauses, à déguster chacun des courts chapitres comme s'il était le dernier.
Lemaitre nous offre une plongée dans l'après-guerre, celle des tickets de rationnement, des VRP qui sillonnent les routes pour vendre leur camelote, et de la guerre du Vietnam. Les horreurs des tortures pratiquées par les deux camps, le trafic des piastres, les profiteurs qui s'empiffrent pendant que la troupe se fait trouer la peau, le Vietminh qui est partout, l'administration qui comprend tout mais laisse faire…
« _ Entre la terrasse du Métropole et celle du Cristal palace, vous avez tout ce qui importe à Saigon. Diplomates sur le retour, aventuriers, séducteurs, banquiers corrompus, journalistes alcooliques, prostituées et demi-mondaines, aristocratie française, communistes masqués, planteurs richissimes, tout est là. L'erreur serait de croire que Saigon est une ville. C'est un monde à part entière. La corruption, le jeu, le sexe, l'alcool, le pouvoir, tout s'y donne libre cours sous l'autorité de la déesse absolue, celle que tout le monde révère, à savoir Sa Majesté la Piastre ! »
Les personnages sont touchants, agaçants voire détestables, jamais transparents. On comprend la distance, pour ne pas dire l'indifférence, qui séparait le pays de cette lointaine colonie où une armée courageuse faisait ce qu'elle pouvait pour n'arriver finalement qu'à permettre à certains de s'enrichir. On imagine le Vietnamien ordinaire coincé entre le marteau et l'enclume, vivotant et combinant pour survivre.
C'est passionnant, truffé de bons mots et, en refermant ce gros roman beaucoup trop court, on se demande si, depuis Les Trois Mousquetaires, on a déjà lu un roman aussi riche et palpitant.
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