Trois jours et une vie

J'avais adoré Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, j'attendais donc avec impatience un nouveau roman de Pierre Lemaître. Et même s'il est dans une veine très différente, il m'a vraiment tenu en haleine.
Difficile d'en dire plus sans dévoiler le noeud de l'intrigue, alors je n'écrirai rien sur ce qui se passe dans la vie d'Antoine le 23 décembre 1999. Je dirai juste que l'on découvre un jeune garçon de 12 ans, et que l'on va le suivre sur trois périodes cruciales de sa vie (1999, 2011, 2015) avec pour décor la commune de Bauval.
Un roman sur l'enfance qui nous quitte, sur l'importance des choix que l'on fait, sur l'innocence et la culpabilité. Sur la vie dans un village où tout le monde se connaît et où (presque) tout se sait. Un roman où un geste malheureux déterminera toute une vie.
Un livre court, passionnant, plein de nuances même s'il n'a pas la même force qu'Au revoir là-haut. Un auteur que je suivrais dorénavant.

Pierre Lemaître livre ici un opus tendu, sur le fil. Ce qui caractérise vraiment ce roman, c'est que nous lecteurs, nous finissons par connaître de l'empathie pour ce meurtrier. le trouvera-t-on ? L'arrêtera-t-on ? Ou arrivera-t-il à s'échapper ? Lemaître joue avec nos nerfs à longueur de pages et on aime ça.

Première plongée dans l'oeuvre « policière » de Pierre Lemaitre après son formidable Goncourt.

Un thriller qui fonctionne, non centré sur la recherche d'un coupable que l'on connaît dès le premier chapitre, mais son monologue intérieur sur une décennie et demi. C'est haletant, parfois surprenant et les atermoiements du personnage parfaitement travaillés et retranscrits.

Si une réflexion pertinente peut être trouvée sur l'enfance en campagne et son évident déterminisme, ce n'est qu'en filigrane et on regrettera peut-être que cette sécu-profondeur n'aille pas plus loin, comme Lemaitre sait pourtant le faire.

Reste un excellent divertissement qui se lit vite et bien.

Pour aborder cette lecture, oubliez tout ce que vous avez lu de Pierre Lemaitre sinon vous serez automatiquement déçu par ce livre. Pas de suspens car nous savons dès le début qui est l'assassin. Pas d'enquête à la Hercule Poirot puisque ce n'est pas cela le thème central de ce livre. Non, nous entrons dans la tête d'Antoine qui attend son arrestation... mais celle ci ne vient pas. Nous vivons pendant trois jours sa peur intense, son mal être face à son geste.
Nous nous retrouvons face à fait divers macabre mais tellement banal : la disparition d'un enfant. Comme dans la vraie vie, nous suivons la souffrance des parents, l'enquête de gendarmerie, les battues, l'hélico qui survole les lieux, les médias qui se précipitent sur le sensationnel...
Ce roman est une plongée dans les émotions d'un garçon de douze ans qui souhaite refouler au plus profond de lui même son geste impardonnable mais qui doit faire face, en même temps aux évènements qu'il a déclenché sans le vouloir. Sans compter qu'il doit affronter le regard de sa mère, qui sans savoir devine tout.
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Antoine est l'un de ces gamins mal dans sa peau. Enfant unique d'un couple divorcé,  il n'a qu'un copain, Rémi un gamin de six ans. le père d'Antoine est absent et travaille en Allemagne. Antoine adore les animaux, mais sa mère n'en veut pas à la maison. Alors Antoine reporte son affection sur Ulysse le chien de M.Desmedt, voisin de la famille.
Il vit un drame,  le jour où le chien est renversé par une voiture, et un autre drame quand il voit M. Desmedt tirer une cartouche dans la tête d'Ulysse afin d'abréger ses souffrances...De rage, Antoine va dans la forêt, et casse sa cabane, une cabane qu'il partageait avec son copain Rémi, fils de Monsieur Desmedt. Rémi ne comprend pas cette rage, cette volonté de tout casser...un coup de bâton porté par Antoine dans la tempe,  met Rémi à terre...sans aucun espoir de le voir se relever....
Affolé par son geste, Antoine cache le corps de son copain dans une crevasse du terrain, dissimulée par les branches d'un arbre mort couché à terre.
Toutes les battues, tous les appels pour identifier d'éventuels témoins restent vains..il faut se rendre à l'évidence, Rémi a disparu.
Ses parents doivent apprendre à vivre avec ce manque, et Antoine doit grandir avec ce terrible secret. Dans cette "ville étriquée où chacun est observé par celui qu'il observe, dans laquelle l'opinion d'autrui est un poids écrasant", chacun y va de son commentaire.
Antoine ira même jusqu'à envisager le pire pour lui. 
Le temps passe,  Antoine vit sa vie, une vie de succès puisqu'il devient médecin du village, un parti intéressant pour les filles à marier. ...mais une vie minée par ce terrible souvenir qui lui impose la prise d'anxiolytiques...
Il est impossible de ne pas faire le rapprochement avec un autre fait divers vosgien jamais élucidé,  surtout que ce drame n'est jamais totalement oublié par la population, et reviendra dans les esprits à l'occasion de travaux de viabilisation de terrains à bâtir...
Vous rajoutez une petite dose d'amours crapuleux vite faits...et vous avez un roman qui plonge dans la tête d'un gamin, qui plus tard sera un adulte respecté et malgré tout contraint de vivre et de faire bonne figure dans sa petite ville, dans ses ragots.
À moins que....

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Un roman noir angoissant où l'auteur sait nous embarquer. L'histoire me disait quelque chose, pourtant je ne l'avais pas "déjà" lu… Et je me suis rappelée, enfin, l'avoir vu, il en a été fait un film, que j'avais beaucoup apprécié.

Fin 1999, un enfant, Rémi Desmedt, disparaît, son chien a été abattu peu de temps avant par son père suite à une collision. Des faits peu banales dans ce petit village de Beauval. Il y aura quelques suspects, relâchés. Une enquête policière, des recherches vaines, jusqu'au jour où…

Antoine était le meilleur ami de Rémi, c'est une grande torture pour lui.

L'histoire va se prolonger jusqu'en 2015, suite à des accidents, malentendus, mensonges, des doutes, des secrets inavoués, la vie d'Antoine ne va pas aller dans le sens qu'il aurait souhaité.

On ressent une tension extrême dans ce récit, c'est à la limite du thriller psychologique. Pour l'auteur et son écriture je me suis déjà fait mon opinion après avoir lu d'autres de ses romans, sept au total pour l'instant. Il excelle dans la manipulation de ses personnages et par là même en nous entraînant avec eux.

Je remercie Emilie pour cette excellent livre et d'avoir vu le film ne m'a plus perturbée que cela dans ma lecture. Un auteur à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas et pour les autres à continuer à le lire.

Lien : https://passionlectureannick..

J'aime beaucoup Pierre Lemaître, ou plutôt son écriture.

Je trouve qu'il manie le suspense à merveille, qu'il s'agisse d'un polar ou d'un autre genre, comme ce roman. Tout le long de ce roman - qui se lit très bien - je ne me posais qu'une seule question: mais où veut-il en venir?

Je ne reviendrai pas sur l'intrigue, il suffit pour ça de lire la quatrième de couverture mais je souhaite juste partager ce que j'ai ressenti avec ce roman: un plaisir de lecture et des questions à foison dans mon esprit, notamment celle-ci: est-ce qu'un seul acte peut à lui seul résumer ou influencer toute une vie?

Un gros 4 étoiles

Quand Pierre Lemaitre utilise un fait divers quelconque pour nous raconter une histoire, je n'hésite pas. Je me lance même si la dramaturgie du fait divers n'est pas mon style de lecture.
Comme prévu, j'ai dans la première partie de l'histoire peiné à suivre les aventures d'Antoine, elles m'ont parues un peu convenues, pas vraiment de surprise dans le cours des événements même si je reconnais les qualités d'écriture de notre prix Goncourt !
La bêtise de l'acte irréfléchi aux conséquences catastrophiques, la culpabilité qui ronge, qui pourrit la vie tous les instants sans répit nuit et jour....
Et puis le récit bascule, on enchaine avec une suite, pas du tout attendue et un final bouleversant qui pose les vraies questions ....
Une des leçons de la vie à retenir, un jour il faut arrêter de se poser des questions car sinon on ne pourrait peut être plus avancer !

Beauval est l'archétype de la bourgade ordinaire de province, un lieu où les évolutions sont lentes et les changements progressifs, où l'on se fiance encore, où l'on fait en toutes choses et circonstances ce qui doit être fait parce que c'est ce que tout le monde fait, où l'on s'arc-boute sur la fabrication de jouets en bois désuets quand chaque enfant rêve d'une console vidéo, où la rumeur forge ou détruit une réputation, où les secrets sont soigneusement gardés, où l'on peut, le cas échéant, abattre au fusil un chien blessé, sans avis vétérinaire.


Rien n'aurait sans doute jamais changé sans Pierre Lemaitre qui en fait le théâtre de son roman et dynamite l'apparente tranquillité de la communauté repliée sur elle-même. Deux événements d'une portée considérable et chronologiquement très proches, se produisent fin 1999. Un garçonnet de six ans disparaît sans laisser de traces. Quelques jours plus tard, Lothar, tempête d'une rarissime violence dévaste la région comme une grande partie de la France. Antoine, adolescent de douze ans devient l'acteur principal d'une tragédie.


J'ai particulièrement apprécié l'écriture épurée de Pierre Lemaitre, nette et sans bavures. Ses mots justes et simples restituent des émotions complexes dans toutes leurs nuances et ambivalences, ainsi que l'atmosphère pesante de cette bourgade sur laquelle plane l'ombre d'un danger imminent. Inversant les codes habituels, l'auteur n'invite pas ses lecteurs à découvrir un assassin qu'il nomme dès les premières pages mais à partager ses hésitations, ses peurs, ses doutes, ses questionnements, en le rendant d'emblée follement attachant. On tremble avec lui en attendant le moment où le passé le rattrapera – si tel est le cas - et l'on peut compter, quelle que soit l'issue, sur l'auteur pour inventer un épilogue inimaginable.

Trois jours peuvent influencer toute une vie.
C'est le cas d'Antoine, 12 ans. La disparition de Rémi, 6 ans, va marquer la sienne. Rémi disparaît dans la forêt le 23 décembre 1999, deux jours avant la fameuse tempête de 1999 qui va emporter la douceur de vivre de ce petit village.
Un petit roman (272 pages dévoré en une après-midi) où Pierre Lemaitre excelle à montrer ce qui se passe dans la tête de ses personnages : douleur, honte, peur...
La gendarmerie enquête sur cette disparition inquiétante.
La vie d'un petit village avec ses tensions, ses craintes pour l'emploi, ses notables est bien décrite.
Après 1999 et ses drames, l'auteur nous montre plus rapidement les conséquences en 2011, puis 2015....comment les événements de 1999 ont marqué pour toujours Antoine, sa mère ainsi que tous les villageois...
La fin est surprenante....