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Gabriel Hernández Walta (Illustrateur)
EAN : 9781506715803
136 pages
Dark Horse (11/05/2021)
4.67/5   3 notes
Résumé :
A groundbreaking new sci-fi action series in the world of the Eisner Award-winning Black Hammer universe, about prejudice, honor, and identity.

Mark Markz has found his place on Earth as both a decorated police officer and as the beloved superhero, Barbalien. But in the midst of the AIDS crisis, hatred from all sides makes balancing these identities seem impossible--especially when a Martian enemy from the past hunts him down to take him back, dead or... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Répression
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Ce tome contient une histoire complète qui peut s'apprécier sans rien savoir du personnage au préalable. Barbalien fait partie de l'univers partagé Black Hammer créé par Jeff Lemire, avec Dean Ormston Ce tome regroupe les cinq épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020/2021, avec une histoire coécrite par Jeff Lemire & Tate Brombal, ce dernier ayant écrit le script, dessinés et encrés par Gabriel Hernández Walta, la mise en couleurs ayant été réalisée par Jordie Bellaire. Il comprend également les couvertures originales de Walta et les couvertures alternatives de Phil Jimenez, Kevin Wada, Aud Koch, Naomi Franquiz, Nick Robles. Il se termine avec une postface d'une page, écrite par Brombal, et 9 pages de recherches graphiques de Wada.

Sur la planète Mars, au temps présent, Mark Marz est jugé pour trahison contre son peuple, par l'empereur Zoaz lui-même. Ce dernier prononce la sentence : la mort pour avoir trahi sa propre race, l'exécution devant avoir lieu dans trois mois. En 1986, il y a quelques temps de cela, Mark Marz était un policier en uniforme dans la ville de Spiral City aux États-Unis. Il était le coéquipier de Cole. Ils interviennent ensemble dans une prise d'otage perpétrée par un homme armé dans une banque. Ils le neutralisent avec efficacité, sans violence inutile, et le remettent aux policiers du quartier. Ils montent dans leur voiture de patrouille, Cole conduisant. Marz s'excuse pour son attitude de la veille en faisant le geste de poser sa main sur le bras gauche de son coéquipier, mais celui-ci lui dit d'arrêter ça tout de suite. le moment de gêne prend fin avec la radio du véhicule qui demande à toutes les unités de se rendre à l'hôtel de ville, pour contenir des troubles.

Cole et Marz arrivent sur place et se joignent aux forces de l'ordre déjà présentes. Cole explicite sa position : il ne fera pas de rapport de signalement à la hiérarchie sur les avances de Marz, mais uniquement parce qu'il le tient en haute estime. Ils rejoignent le cordon formé pour tenir les manifestants à distance de l'hôtel de ville. Il s'agit d'une marche de protestation contre l'inaction des pouvoirs publics concernant le SIDA. Miguel Cruz a réussi à franchir le cordon et à monter les marches menant à l'entrée de l'hôtel de ville. Il dénonce l'inaction du gouvernement pendant les cinq ans qui se sont écoulés depuis l'apparition de la maladie, pointant du doigt que cette absence d'action a été décidée par des hétérosexuels qui espèrent ainsi que les homosexuels disparaîtront. Il prend dans sa main un drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel et monte au mât au sommet duquel se trouve le drapeau américain, dans le but d'aller le remplacer par celui du mouvement homosexuel. Alors qu'il commence à enlever la bannière étoilée, il lâche prise et chute, promis à une mort inéluctable. À mi-hauteur, il se rend compte qu'il vient d'être pris dans les bras de Barbalien qui va le déposer sur un toit en terrasse d'un immeuble en vis-à-vis. Barbalien demande à Miguel pour quelle raison il a accompli une action aussi risquée. le jeune homme lui répond qu'il n'a pas le choix, qu'il doit se battre chaque jour pour avoir le droit d'exister.

La couverture annonce une histoire de superhéros extraterrestre qui doit se libérer de ses chaînes. le lecteur reconnaît ou identifie rapidement Mark Marz comme étant une variation sur le personnage de J'onn J'onzz, Martian Manhunter, créé en 1955 par Joseph Samachson & Joe Certa, un superhéros de l'univers partagé DC Comics. Il se rend tout aussi vite compte que ce n'est ni un ersatz, ni une facilité pour ne pas avoir à créer un personnage original. Il découvre bien une histoire de superhéros avec un personnage doté de capacités fantastiques, qui plus est venant d'une autre planète, avec des hauts faits spectaculaires, des combats physiques, et un ennemi acharné armé d'un pistolet à plasma, sans oublier l'apparition de deux autres superhéroïnes le temps d'une séquence de 2 pages. L'artiste dessine de manière descriptive, avec parfois des cases évoquant l'influence de John Romita junior, s'amusant bine avec les scènes sur Mars pour montrer d'autres martiens et quelques bâtiments. Les scènes de combat en mode superhéros sont peu nombreuses, mais la violence est brutale, et Boa Boaz est un ennemi qui en impose par son agressivité, le dessinateur citant discrètement l'apparence et les postures de ‎Terminator (1984, de James Cameron) à une ou deux reprises. L'amateur de récit de superhéros en a pour son argent, avec un récit original, même si la teneur en affrontement n'est pas très élevée.

Dans la série Black Hammer, Jeff Lemire avait établi de manière explicite l'homosexualité du personnage. Ce n'est donc pas une sortie du placard de circonstance pour cette histoire. Une fois passé les deux scènes introductives, les coscénaristes indique de manière explicite que le récit se déroule en 1986. le lecteur plonge ensuite dans une évocation de la communauté homosexuelle masculine à l'époque. le récit est clairement situé aux États-Unis dans une ville de moyenne importance. le personnage principal découvre cette communauté grâce à Miguel Cruz. Lemire & Brombal développent une comédie sentimentale : Mark a pris l'apparence d'un jeune homme que Miguel décide de prénommer Luke, ignorant donc que son flirt est en réalité un policier participant aux opérations de maintien de l'ordre, et parfois de répression. le lecteur assiste à la naissance de leur amour grâce à des dessins disposant d'une réelle sensibilité pour montrer les gestes d'affection mutuelle, sans voyeurisme, sans stigmatisation ni romantisation. Il ne s'agit donc pas d'une bluette mièvre ou naïve, ni d'une romance torride, mais d'un couple qui en est aux premiers stades d'apprendre à se connaître.

Dans la postface, Tate Brombal explique que Lemire lui a donné toute latitude pour développer le récit et l'inscrire dans ce contexte choisi. Il dit à quel point il ne s'attendait pas à pouvoir raconter un tel récit dans le genre superhéros. Effectivement, il évoque les préjudices dont pouvaient souffrir les communautés homosexuelles à cette époque et à cet endroit du globe. S'il a vécu ces années, ou s'il les a étudiées, le lecteur retrouve des éléments bien réels : le SIDA désigné comme une maladie de dieu pour punir les homosexuels, les descentes de police dans les clubs homos, les brutalités policières, la stigmatisation des homosexuels dans la rue, etc. Il en découle une forme de discrimination et de ghettoïsation banalisée, que ce soient les remarques homophobes au boulot, ou les propriétaires qui ne souhaitent pas louer à des couples de même sexe. Certes le récit est construit avec un point de vue assumé, mais comme un témoignage, pas comme un pamphlet accusateur. le lecteur accompagne Mark Marz qui découvre ces comportements auxquels il n'avait pas jusqu'alors été confronté, car s'en tenant à une vie bien rangée, sans rien laisser paraître de son orientation sexuelle, et qui écoute Miguel Cruz lui expliquer les brimades quotidiennes subies par ceux ayant choisi de ne pas se cacher. La narration visuelle est impeccable : elle aussi naturaliste, sans exagération, reprenant des représentations de cette répression ordinaire, de ces remarques banalisées, de ce harcèlement ordinaire et normal dans cette société, sans rien occulter de la violence vécue par ceux qui en sont la cible.

Par la force des choses, cette facette sociale du récit a tendance à prendre le pas sur le côté aventure. le lecteur ne peut pas mettre sur le même plan un témoignage plutôt honnête de ces années-là et la traque dont Marz fait l'objet par un chasseur de Mars. En fait si, il peut car il ne se produit pas de dissonance cognitive entre ces deux dimensions du récit. Peu à peu, Marz comprend qu'il est traité comme un réprouvé par la société américaine et son homophobie ordinaire, et dans le même temps il est traité comme un criminel par son peuple pour avoir choisi de vivre comme un terrien, entretenant des relations avec des terriens, mâles de surcroît. Il y a là une autre forme d'intolérance. Elle revêt les atours d'un récit d'action avec une traque dans la ville menée par un extraterrestre armé d'un pistolet à plasma : thématiquement, c'est la même dynamique que la maltraitance de la communauté gay. du coup, les deux formes, réalisme / superhéros, se complètent, se font écho, gagnent en épaisseur en se répondant. Elles conduisent Mark Marz / Barbalien à la même conclusion dans les deux cas, au même questionnement sur sa conviction de ne pas répondre à la violence par la violence, sans que les superpouvoirs ne tirent vers le bas le témoignage sociétal de cette répression.

Kurt Busiek a souvent répété que le genre superhéros peut permettre de servir de support à n'importe quel type de récit ou de thème, et il l'a mis en pratique avec brio dans sa série Astro City. Lemire, Brombal, Hernández Walta et Bellaire réussissent le même pari avec ce récit. le lecteur découvre un extraterrestre exerçant le métier de policier, revêtant une identité de superhéros pour protéger les faibles et lutter contre le crime, avec une narration visuelle qui respecte les codes du genre, et une reconstitution sensible et mesurée de ce que pouvait être la persécution d'une communauté gay au milieu des années 1980, dans une ville de moyenne importance aux États-Unis. Une belle réussite, prenante et émouvante.
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