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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ces derniers temps, en matière de B.D je prends plus de plaisir à relire des titres lus il y a plusieurs années qu'à faire des découvertes. du coup, entre 2 tomes de « The Goon » dont la relecture me met en joie, j'ai eu envie de relire « Essex County » de Jeff Lemire, un fleuron de la B.D indépendante. Et quel bonheur ce fut ! C'est ce genre d'ouvrage qui me fait aimer la B.D.

Chaque chapitre de ce pavé de près de 500 pages conte le destin d'un personnage d'une petite bourgade canadienne. Ces histoires s'entremêlent, s'entrelacent, s'interrogent et se répondent, trouvent un sens les unes dans les autres pour finalement former un tout cohérent et magistralement construit. Mais la principale qualité de « Essex County » n'est pas sa maestria narrative, même si elle est vraiment remarquable, ce qui marque le plus dans cette B.D c'est le talent de Lemire pour susciter une émotion profonde et intense. « Essex County » est une oeuvre bouleversante, j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux. Pour faire naître cette émotion, Lemire n'use jamais de grosses ficelles, il ne joue pas le pathos, jamais « Essex County » ne sombre dans le larmoyant facile. Ce qui fait sa force émotionnelle c'est son humanité qui est palpable à chaque page et que l'auteur sait faire percevoir à travers des petites choses comme un regard ou une parole. le dessin de Lemire est véritablement au service de son histoire et des personnages. Jamais tape à l'oeil, le dessin ne cherche pas à en mettre plein la vue, il se fait discret. C'est cette simplicité, ce côté brut et épuré qui en fait la force. Certains gros plans sur les yeux des personnages sont d'un impact émotionnel comme j'en ai rarement vu.

Le mot émotion est revenu plusieurs fois au long de mon billet mais cette répétition est vraiment appropriée pour évoquer « Essex County ». L'émotion que procure la lecture de l'ouvrage de Lemire est immense. Bouleversant, simple et beau, « Essex County » est un véritable bijou de la B.D.

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Ce pavé de 500 pages recueille les trois tomes de la série initiale et deux histoires courtes. Cette saga, couronnée aux Eisner Awards, a permis de révéler le talent de Jeff Lemire, auteur dont on peut également découvrir l'album Monsieur Personne : The Nobody en librairie.

Comme le titre laisse présager, l'histoire se déroule dans le conté d'Essex, une petite région rurale de l'Ontario. C'est dans cette région marquée par les grands espaces et où le hockey sur glace est forcément roi, que Jeff Lemire invite à suivre l'histoire de quelques familles locales. Servies sous forme de récit choral, les différentes destinées se recoupent au fil des pages. Usant d'allers-retours savamment dosés, le puzzle narratif se forme et le lourd passé qui semble lier les différents protagonistes remonte à la surface. En distillant des secrets familiaux étalés sur plusieurs générations et en mettant à jour des souvenirs enfouis, l'auteur parvient à lier les destins de nombreux personnages extrêmement touchants.

Le dessin noir et blanc au trait assez brut accompagne parfaitement le rythme lent de ce roman graphique empli d'humanité.

Encore un petit bijou signé Futuropolis, qui va permettre aux amateurs de romans graphiques de se régaler !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Sur la couverture, un jeune garçon déguisé en super-héros, cape rouge sur les épaules et masque noir sur les yeux, se tient devant un champ travaillé par une moissonneuse-batteuse. le décor est planté. le comté d'Essex, en Ontario, est rural et, comme tous les endroits de la terre, il s'y déroule des vies, et donc des histoires, que certains, comme Jeff Lemire mais aussi comme Lester Papineau, le garçon de la couverture, tentent de raconter.

Le dessin en noir et blanc est soigné. Par un jeu savant de pleins et de vides, de traits épais et de traits fins, Jeff Lemire évoque d'une façon diablement efficace les paysages de son comté natal. Mieux encore, il façonne ses personnages, leur donne un visage et une âme, un caractère aussi qui colle à la réalité. Par ce dessin simple et pourtant incroyablement parlant, Jeff Lemire installe une ambiance nostalgique en prenant son temps. Pas question de verser dans le sentimentalisme ni de précipiter les choses. Il est encore plus inutile de tout dire : car, dans la vie, on ne sait pas tout et les choses n'ont pas tout le temps une fin : en cela, Essex county est un récit vivant.

C'est une histoire canadienne que ce Essex county mais c'est surtout une (des ?) histoire(s) de famille(s). Lester Papineau est un jeune orphelin que son oncle Ken a recueilli dans sa chambre. Lester échappe à la réalité en se déguisant en super-héros et en dessinant des comics qu'un jour, il fait lire à Jimmy Lebeuf, qui tient la station-service. Jimmy fut un fameux joueur de hockey qui ne joua qu'un match pour les Mapple Leaf, avant qu'une blessure ne le contraigne à arrêter. Lebeuf est le petit-neveu de Lou, un vieux monsieur que sa surdité et son impotence obligent à placer en maison de retraite. Dans sa jeunesse, Lou a joué pour les Grizzlies de Toronto. Son jeune frère, Vince, l'y a rejoint. Vince était talentueux : la NHL lui tendait les bras. Entre les deux frères, très unis jusque là, une histoire de coeur et de femme s'insère, et provoque la rupture. Lou reste vivre à Toronto, seul dans la foule, seul à cause de son handicap, seul à cause des non-dits.

Si Lou rejoint la maison de retraite, c'est que son aide à domicile, Ann Byrne, ne voit pas d'autre solution. Ann, elle, est veuve. Ses patients, c'est dorénavant sa famille. Alors elle se mêle parfois de leurs affaires, qui ne la regardent pas, même si c'est toujours pour leur bien. Car les non-dits empoisonnent les relations. Les familles ont leurs secrets, et les secrets condamnent les familles. En ce sens, Essex county serait une sorte de chronique familiale et sociale, analysant des parcours de vie sculptés par les choses qu'on tait, par les choses qu'on préfère ne pas dire pour ne pas blesser. Quitte à être seul, quitte à perdre jusqu'au sens de cette vie, aussi simple soit-elle.

Essex county est une bande-dessinée puissante. Par son dessin comme par son propos, elle semble ne pas trop en faire, ne pas trop en dire. Et pourtant, si l'on regarde aussi bien le détail que l'ensemble, on perçoit un récit d'une grande force qui parle tout à la fois des relations familiales, de la dureté de l'enfance, du poids des secrets, de ce Canada qui s'est construit dans le froid et dans la rigueur des conditions naturelles, et du hockey, naturellement. Car le hockey, c'est l'énergie qui s'exprime, c'est la vie qui bat, même sous un épais manteau de neige.
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Essex County, Ontario, Canada. La plaine, une ferme, une famille, deux frères plus précisément, une traversée du XXème siècle. Au-delà de l'admirable étude humaine, Jeff Lemire raconte, à sa façon, un pan de l'âme canadienne.

Première BD majeure de l'auteur, Essex County brille autant sur le plan graphique que celui du scénario. Ce titre, salué par plusieurs prix en Amérique du Nord, a, malgré un très fort ancrage régional, rencontré un très beau succès en librairie. Son talent révélé, Jeff Lemire est désormais publié au sein de la collection Vertigo de DC Comics (The Nobody, Sweet Tooth).

Essex County, du fait de sa richesse scénaristique, est délicat à résumer. L'auteur se délecte à fausser les pistes en déposant, ici et là, des petits détails apparemment incongrus sur le moment. Puis, peu à peu, les différentes pièces de ce puzzle narratif, prennent forme et finissent par former une fresque parfaitement cohérente. le lecteur découvre en compagnie de Lester, un gamin d'une dizaine d'année, ce territoire du sud-ouest ontarien. Comme dans beaucoup de régions rurales, les habitants et les distractions se font rares. Pour échapper à sa triste réalité – orphelin, il a été placé chez un oncle célibataire – l'enfant développe son propre monde, fait, Amérique du Nord oblige, de super-héros et autres envahisseurs de l'espace. Il se lie également d'amitié avec Jimmy Lebeuf, un ex-hockeyeur passablement endommagé. Cette relation n'est pas du goût de son tuteur, apparemment un lourd passé semble lier les deux hommes. le récit prend alors une toute autre ampleur : amour, trahison, remords, rancoeurs, exode rural et appel de la ville. L'ensemble est raconté sur fond de grands espaces et de hockey sur glace. Pas de doute, l'histoire se passe bien au Canada !

Les retours en arrières sont innombrables. Au fil des chapitres, les personnages vieillissent, revisitent à plusieurs reprises leur passé, se croisent et se recroisent. Lemire réalise néanmoins un travail extraordinaire. La construction narrative, très importante pour une gestion logique des flashbacks, est savante et très précise. Les transitions entre les différentes époques, souvent déclenchées par le plus petit rien (un regard, un paysage), sont amenées avec une élégance rare. Si, par moment, le lecteur peut se sentir perdu par tant de variations, c'est seulement parce que les héros le sont également, tant ils sont submergés par leurs émotions. le dessin est également à la hauteur de l'histoire. À l'instar du caractère des personnages, le trait est brut, taillé à la hache. Ce qui n'empêche aucunement les doutes et les interrogations des protagonistes d'être livrés avec beaucoup de précision.Lemire, dont le style est déjà parfaitement en place, réussit à retranscrire le moindre trouble de l'âme.

Essex County est un album d'une très grande tenue et d'une richesse impressionnante. Un auteur à découvrir absolument.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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100 ans de solitude au Canada .
Cette bd est un petit bijou : une ambiance nostagique, une reflexion sur le temps qui passe; les générations se succèdent et les destins se croisent: que reste t'il à la fin ? Une oeuvre majeure
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Croâ Croâ

Ainsi fait la corneille protectrice des protagonistes. Elle protège, elle réchauffe le coeur, elle veille sur eux.

C'est qu'ils en ont besoin nos habitants du comté d'Essex. La vie n'est pas tendre avec eux, mais pourtant ils vivent, assez mélancoliquement il est vrai, mais avec beaucoup de ... vie!

Quelle lecture agréable que ce livre de Jeff Lemire. Il sait retranscrire une ambiance, des sensations, des émotions avec peu : le dessin est minimaliste mais parfait, et l'action n'est que celle de la vie qui passe. C'est peu donc, mais si bien fait. J'ai retrouvé des sensations de lecture similaires à celles des livres d'Adrian Tomine.

Un dernier mot sur le chapitre 3, c'est un vrai petit bijou, et si bien construit sur ses 220 pages (quasi la moitié du livre). Je verrai bien un Jarmusch le reprendre sur grand écran tiens.

Prochaine lecture de Lemire pour moi : les Sweet Touth
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