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EAN : 9781982107376
112 pages
Gallery 13 (24/09/2019)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Experience a surreal descent into one man’s psychosis in this haunting and chilling graphic novel from the New York Times bestselling author of Roughneck and Sweet Tooth, “the Stephen King of comics” (Maclean’s).

A man wakes up alone in a strange room with no recollection of who he is or how he got there. The padlocked doors and barren lobby reinforce the strangeness of this place. This is—as he reads from an old-fashioned keychain beside his bed—the ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, initialement publiée en 2019. Cette bande dessinée a été réalisée par Jeff Lemire : scénario, dessins, encrage, lavis de gris, et couleurs sur une dizaine de pages. Elle comprend 103 pages de BD.

À proximité d'une ville, une route passe sur un pont sous lequel coule une rivière peu profonde. le Garçon a posé son vélo contre le mur du pont, sur l'herbe. Il est dans le tunnel sur lequel passe la route. Il a des bottes et il se tient dans l'eau qui lui arrive à mi-botte. Il attrape une grenouille alors qu'elle bondit hors de l'eau. Il semble plutôt content de lui, et il dépose la grenouille dans une boîte ayant contenue de la margarine, dans laquelle se trouve déjà une autre grenouille. Il entend une autre grenouille dans son dos. Elle se trouve sur la margelle du tunnel. Il s'approche doucement et tend son bras d'un coup pour l'attraper. Elle bondit sur le côté et s'enfonce dans l'eau. le garçon regarde son reflet à la surface de l'eau : il se rend compte qu'il y a un pied à perfusion avec deux poches de goutte à goutte qui repose sur le fond du lit de la rivière. Il se retrouve décontenancé par cette découverte. Il tend la main pour se saisir du pied. Sa main lui donne l'impression de subir une déformation avec ses doigts qui vont en s'allongeant démesurément. Ils finissent par perdre leur forme de doigt et le bras aussi jusqu'à ressembler aux os d'un cage thoracique.

La cage thoracique semble elle aussi perdre de la consistance pour se transformer peu à peu en un visage. Il s'agit du visage de l'Homme, un peu âgé, 50 ans ou sûrement plus. Il est allongé dans un lit, en short et tricot de corps, les mains croisés sur sa poitrine. Il vient de se réveiller. Il se met sur son séant, assis sur le bord du lit. Il tousse deux fois dans sa main. Il s'approche doucement de la fenêtre et regarde à l'extérieur. La fenêtre de sa chambre donne sur l'océan. À travers la fenêtre, il peut contemple l'eau calme et étale. Il se détourne de la fenêtre et remarque la clef sur le bureau : il s'agit de la clef d'une chambre à l'hôtel Edgewater, la chambre 309. Il ouvre le placard et trouve ses habits. Il décroche le cintre avec sa chemise, s'habille et sort dans le couloir. Il était dans la chambre 310. Il observe la porte de la chambre 309 en face : il y a une grenouille de coulée sur la porte juste en dessous du numéro 309. Il regarde fixement la grenouille, sans comprendre. Un grand bruit sourd se fait entendre à l'intérieur de la chambre. L'Homme décide de s'en écarter et il prend l'ascenseur pour descendre dans le hall de l'hôtel.

Dès ses premières bandes dessinées à partir de 2008, Jeff Lemire a fait entendre une voix d'auteur que ce soit pour les sujets qu'il aborde, ou pour les caractéristiques de ses dessins, proches d'esquisses un peu inquiétantes. Par la suite, il a travaillé pour DC Comics (Animal Man, Justice League, Green Arrow) et pour Marvel Comics (Hawkeye, X-Men, Moon Knight, Old man Wolverine), pour Valiant Entertainment (Bloodshot). Puis il s'est lancé dans une carrière indépendante, écrivant pour des artistes : Andrea Sorrentino avec Gideon Falls, Dustin Nguyen avec Descender puis Ascender, Dean Ormston avec Black Hammer, Mike Deodato avec Berserker Unbound. Parallèlement, il continue à réaliser des histoires complètes dont il est à la fois scénariste et dessinateur : Trillium,Royal City, ou Roughneck et d'autres encore. le lecteur entame sa lecture en découvrant en premier lieu que ça se lit très vite. En effet la première séquence commence par 31 pages muettes, sans aucun texte, ni phylactère ni cartouche, et la bande dessinée comprend 53 pages muettes. En outre elle comprend également 17 dessins en pleine page, et 4 dessins en double page. Enfin l'intrigue est très linéaire : le lecteur suit le Garçon dans un déroulement chronologique de la première à la dernière page.

Cette bande dessinée se lit également très vite parce que les dessins donnent l'impression d'avoir été réalisés très vite, des esquisses avec des contours bruts de décoffrage, des petits traits secs en plus dans les contours pour ajouter un peu de forme, de plis, des lavis avec un coup de pinceau rapide, et des aplats de noirs crayonnés sans être uniformément noircis. Combinés avec l'absence régulière de mots, cette narration visuelle incite le lecteur à absorber les images très rapidement et à passer très vite à la page suivante. Même s'il y a une ou deux scènes d'action, la sensation qui se dégage n'est pas celle de l'urgence, mais plutôt de détachement teinté d'une touche de fantastique onirique. La narration visuelle est impeccable et il n'y aucun risque d'incompréhension. Après coup, le lecteur fait également le constat que l'apparente simplicité et rapidité d'exécution n'est pas synonyme de pauvreté visuelle. Au fil des pages, il a attrapé des grenouilles sous un pont en pataugeant les pieds dans l'eau, il s'est réveillé dans une belle chambre d'hôtel avec une superbe vue sur l'océan, il s'est barricadé dans un sous-sol, il a marché sur un ponton interminable au-dessus de l'océan en humant l'air marin. Les 2 personnages (l'Homme et le Garçon) sont expressifs et jouent dans un registre naturaliste. Ils apparaissent comme des évidences, de vrais êtres humains plausibles et attachants, même si on n'apprend pas grand-chose sur eux. Lors des dialogues, le plan de prises de vue alterne les angles de vue évitant l'effet enfilade de têtes en train de parler.

S'il y est sensible, le lecteur constate également que Jeff Lemire met en oeuvre des dispositifs narratifs sophistiqués. Cela commence avec ce rapprochement purement visuel des mains et d'une cage thoracique, glissement de formes un peu naïf, tout en étant cohérent avec l'âge du garçon. le lecteur se rend compte qu'il contemple bouche bée la grenouille clouée sur la porte de la chambre 309, avec la même expression que l'Homme, ce qui dénote une forte empathie. Il est impossible de se retenir de sourire en voyant les 2 affreux en train de courser l'Homme et le Garçon dans les escaliers de l'hôtel. L'image de l'Homme allongé dans l'océan est saisissante, à la fois onirique, et à la fois une métaphore d'un retour à l'élément liquide. L'aisance de la narration visuelle transporte le lecteur qui accepte chaque vision sans sourciller. Il se rend compte qu'il n'a même pas besoin de réfléchir pour comprendre les pages muettes : il n'a pas besoin de formuler des mots dans son esprit pour appréhender de quoi ça parle. En fait, il suit une histoire simple d'un Homme qui rencontre un Garçon, avec un élément médical flou au départ. Les grenouilles ne sont pas omniprésentes et elles représentent surtout une occupation pour un enfant en milieu rural. L'auteur ne révèle pas une clef de compréhension de la symbolique des grenouilles en cours de route. L'enfant a attrapé un organisme vivant, l'a capturé.

La plaque radiographique et les éléments oniriques ne laissent pas beaucoup de place au doute : il s'agit d'une métaphore sur un individu malade. le lecteur se laisse porter par la progression physique des personnages : ils marchent, se déplacent, sortent de l'hôtel, avancent sur le ponton. Il y a une rapide course-poursuite de 4 pages. du coup, le lecteur se met en mode détection des éléments qui vont lui permettre de comprendre la situation, de comprendre ce qui se passe. du fait du titre, il s'attache d'abord à ces grenouilles. La première scène est tellement prosaïque qu'il n'en déduit rien : un garçon qui attrape des grenouilles dans un cours d'eau peu profond. Vient ensuite la grenouille clouée à la porte de la chambre 309 : c'est incongru, vaguement macabre, plutôt l'acte d'un individu avec des croyances particulières, mais sans pouvoir en déduire grand-chose non plus. Enfin il y a ces deux individus en costume dont le faciès évoque très vaguement la peau d'une grenouille, et que le Garçon déclare être les agents du roi grenouille. Là encore, le lecteur ne peut qu'en déduire que la grenouille est associée à un ressenti négatif, ou qu'elle représente une sorte de danger très imprécis.

Le thème apparaît donc très lentement, à la fois un voyage définitif, à la fois un constat sur le temps qui passe, un regard en arrière sur les choses qui comptent, avec des regrets sur des choix qui ont été effectués. Étrangement il n'y a pas d'amertume, ni de dramatisation colérique ou larmoyante. le processus est déjà arrivé à la phase d'acceptation. L'impression globale est effectivement étrange : le lecteur ne sait quasiment rien sur les 2 principaux personnages, il n'est pas à même de porter un jugement de valeur sur leur vie, sur leur caractère, sur leur choix. Il sent pourtant une émotion le saisir à observer ces moments touchants dénués de nostalgie. le récit se finit par une épanadiplose narrative, justifiant la présence du garçon et sous-entend une forme de réincarnation déconnectée de toute religion. le lecteur se retrouve décontenancé et hésitant : s'agit-il d'une conviction personnelle de l'auteur, ou juste d'une figure de style pratique pour boucler une histoire finalement très simple ? Ou encore d'un simple constat que les choix de vie sont illusoires ?

Jeff Lemire réalise une histoire simple, facilement lisible, semblant avoir été réalisée très rapidement, sans fioriture aucune. le lecteur la dévore en un temps record, les dessins allant à l'essentiel, sans être bâclés, le récit allant lui aussi à l'essentiel, comme son personnage principal. En fonction de ses attentes, le lecteur peut trouver le tout plus ou moins dense, plus ou moins délétère, très fluide et très habile.
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