Comment faire théâtre dans la carrière ?
En 412 avant JC, l'orgueilleuse Athènes voit ses troupes défaites par Syracuse qui domine la Sicile de l'époque. Les Grecs sont enfermés dans les latomies, ces carrières de calcaire à ciel ouvert. Les conditions de captivité sont épouvantables, les prisonniers succombant sous le soleil ardent ou le froid, à peine nourris, cherchant les moindres failles dans la roche où s'abriter.
Négligeant le rare privilège de devancer la philosophie platonicienne en testant in vivo l'allégorie de la caverne, les Grecs s'éteignent très prosaïquement.
Jusqu'au jour où deux jeunes hommes de la Cité, Gélon et Lampo, décident d'aller nourrir ces pauvres diables, à la seule condition qu'ils puissent citer quelques vers d'
Euripide. Pas
Sophocle ou
Eschyle, non.
Euripide seulement.
De fille en anguille, sous l'impulsion de Gélon, nait une idée : monter la pièce
Médée bientôt couplée aux Troyennes, dans la carrière, en choisissant les acteurs parmi les prisonniers.
La foule sera-t-elle au rendez-vous et acceptera-t-elle de voir les assaillants grecs chanter et danser ?
Ce récit, on le voit, à partir de quelques faits historiques, démarre sur une idée assez originale. Au-delà du projet théâtral, on suit le parcours du narrateur, Lampo, humble potier, pauvre et boiteux. Plutôt suiveur dans un premier temps, il va se révéler courageux et fidèle et devenir le véritable héros de l'histoire.
Car l'acte de gloire dont parle
Ferdia Lennon n'est sans doute pas d'avoir donné pendant quelques jours de l'espoir à des morts en sursis, jeu somme toute un peu cruel. C'est plutôt d'avoir dépassé sa condition en risquant sa vie pour son ami, son amour et surtout ses ennemis d'hier.
Pourtant, si l'intention de
Lennon est louable, je n'ai pas été complètement convaincu. le choix d'un langage moderne et populaire ne m'a pas paru très pertinent et la deuxième partie, après le désastre de la pièce (
Médée !
Médée !) est un peu confuse et languissante.
Il y a de l'érudition, il y a de la farce, il y a de la réflexion sur l'Art et la politique…mais il m'a manqué le bon dosage entre farce et tragédie, pour être accroché. Rester spectateur d'un roman sur le théâtre, n'est pas forcément bon signe.
Le message en épilogue « le monde était une chose blessée, que seules les histoires pouvaient soigner » aurait nécessité sans doute, un récit plus fort pour s'exprimer pleinement au travers de ce roman.
Merci aux éditions
Buchet-Chastel et à Babélio.