AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean Esch (Traducteur)
EAN : 9782283037843
352 pages
Buchet-Chastel (14/03/2024)
3.48/5   25 notes
Résumé :
« Un roman brillant sur l’amitié, l’art et son pouvoir de guérison et la nécessité de poursuivre ses rêves. » Douglas Stuart, auteur de Shuggie Bain

412 avant notre ère, au lendemain de la victoire de Syracuse lors des guerres du Péloponnèse. Alors que des milliers de prisonniers athéniens croupissent dans des carrières, deux jeunes potiers sans le sou, Gélon et Lampo, offrent du vin et des olives à qui voudra bien réciter des vers d’Euripide. Parmi l... >Voir plus
Que lire après Un acte de gloireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 25 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
9 avis
2
1 avis
1
1 avis
Direct dans l'action dès la première phrase du narrateur Lampo qui relate une proposition de son meilleur ami : «  Alors, Gélon me dit, Allons nourrir les Athéniens. C'est un temps idéal pour nourrir les Athéniens. » Aussitôt, les deux compères débarquent avec leurs outres d'eau et de vin, leur pot d'olives et leur fromage dans une carrière de calcaire qui sert de prison à des centaines d'Athéniens. Nous sommes à Syracuse en 412 av.J.-C, à la fin de la guerre antique du Péloponnèse. Athènes qui a tenté de prendre la cité sicilienne a été défaite.

Direct dans l'absurde aussi puisque Gélon assaille d'une question des prisonniers décharnés et décimés par la faim  : « tu peux citer Euripide ?», si oui, il les nourrit. Gélon, obsédé par ce dramaturge athénien, a ainsi l'idée improbable de monter une représentation théâtrale dans la carrière avec des Athéniens connaissant par coeur Médée et Les Troyennes.

Même si on sent que l'auteur est très documenté, on est très très loin des codes puristes du roman historique cherchant à restituer de façon vraisemblable une ambiance et une langue de l'époque. Là, on a plutôt l'impression d'être dans un pub irlandais, avec des personnages qui s'apostrophent à coup de « tu déconnes, Apollon », « Périclès est un connard », « on emmerde Sophocle », et une flopée de « la ferme ». Cela surprend, dérange au départ, puis on s'y fait et on peut se concentrer sur l'intrigue.

Les premières parties sont très réussies, très vivantes dans la description des préparatifs de la pièce : organiser le casting des prisonniers athéniens, les faire répéter, trouver le budget pour réaliser les décors et les costumes. le duo comique Lampo / Gélon joue sur les ressorts du binôme mal assorti, ça fonctionne, on rigole.

Ferdia Lennon maitrise le registre de la farce avec énergie et culot, mais j'ai trouvé que son humour noir n'allait pas assez loin pour creuser le malaise moral née de la confrontation entre les nobles aspirations artistiques et le recours voire l'usage à des comédiens régulièrement maltraités qui n'ont d'autre choix que d'accepter de jouer pour peut-être survivre.

On comprend bien que les intentions de l'auteur sont de doubler cette farce d'une lecture plus contemporaine sur la guerre et ses conséquences désastreuses sur des individus dont les droits ne sont pas respectés, quasiment une parabole qui résonne avec la triste actualité. Mais le dernier chapitre enchaîne les événements de façon trop précipitée, ce qui fait que le passage de la farce légère à la gravité de la tragédie n'est pas aussi incisif et convaincant qu'elle aurait pu l'être.

Au final, ce que je retiens de cette drôle d'histoire, c'est l'espoir ou l'utopie que l'art serve de pont entre les peuples comme ciment à une meilleur compréhension de l'Autre, comme dit Gélon en s'adressant à ses ennemis vaincus athéniens :
« J'adore Athènes. Et je crois que j'aimerai éternellement la ville qui a engendré cette pièce ( Médée ) (...) Je ne vous hais pas. Comment le pourrais-je ? Même si je sais que vous êtes venus dans le but de nous réduire en esclavage, je ne peux pas vous haïr. Je pense qu'il y a forcément quelque chose à sauver dans une ville qui nous a offert ces pièces. »

Commenter  J’apprécie          916
412 avant J.-C., à Syracuse. Les troupes de l'arrogante Athènes, qui voulait conquérir la Sicile, essuient une lourde défaite. Des milliers de prisonniers athéniens sont enfermés dans les carrières de calcaire aux abords de la ville, le seul endroit suffisamment grand pour « accueillir » autant de personnes. Les Grecs y sont abandonnés à leur sort, à peine nourris, exposés au soleil et aux intempéries avec pour seul abri possible les anfractuosités de la roche. Autant dire que leur espérance de vie est infime. Jusqu'au jour où deux jeunes Syracusains, Gélon et Lampo, potiers au chômage et sans le sou, décident de nourrir ceux parmi les prisonniers qui sauront réciter des vers d'Euripide. de là, naît dans la tête de Gélon l'idée un peu folle de monter non pas une, mais deux pièces de théâtre, Médée et Les Troyennes.

Théâtre contre nourriture, c'est le deal. Est-ce là l'acte de gloire du titre ? On peut en douter : donner à manger à des prisonniers affamés à condition qu'ils acceptent de monter sur les planches, voilà qui n'est guère équitable. L'acte de gloire sera plutôt à chercher dans le comportement de nos deux metteurs en scène improvisés, après la débâcle de la représentation.

Ce roman se lit sans déplaisir, mais il me laisse perplexe : quelle était l'intention de l'auteur ? D'une part, il utilise le ressort de la farce avec ce duo des contraires : l'un sérieux, sombre, intelligent, obsédé par le théâtre, le second clown maladroit et naïf au coeur tendre. L'auteur crée aussi un décalage censément humoristique en adoptant un langage moderne, familier et grossier, aux antipodes de celui des textes d'Euripide. D'autre part, l'action relève littéralement d'une tragédie grecque, avec ces prisonniers qui se prêtent au jeu pour un bout de pain et une outre de vin, pour s'assurer quelques jours de survie tout en sachant qu'il n'y a d'espoir de liberté que dans la mort.

Un curieux mélange tragi-comique, donc, et s'il est question de la puissance de l'art, capable de transcender les anciennes rivalités pour nous ramener à notre commune humanité, le message m'a paru un peu confus, parce qu'ici il ne me semble pas poussé au bout de sa logique.

En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via NetGalley.
#Unactedegloire #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          360
Il s'agit du premier roman d'un écrivain irlandais, au sujet duquel il est difficile de trouver des informations. Dans les remerciement, l'auteur explique que l'écriture de ce livre a pris sept années, tant sa composition a été complexe, mais en même temps qu'il lui a été impossible d'en abandonner la genèse, tant il a l'a habité.

Nous sommes à Syracuse en -412. Suite à une tentative athénienne avortée de mettre la main sur la Sicile, l'armée entière de l'envahisseur est capturée en -413, les chefs exécutés et les soldats enfermés dans les carrières de Latomies, où ils meurent à petit feu. Une partie des survivant sera vendue comme esclaves. Tout ce contexte historique n'est pas vraiment expliqué dans le roman, comme si l'auteur le supposait connu. le récit n'est pas centré d'ailleurs sur les événements jugés importants sur le plan historique à proprement parlé : nous suivons en réalité deux ex-potiers, dont le narrateur Lavrio, sans travail au moment où débute le roman. Gélon, l'ami de Lavrio déclare une passion pour Euripide et va dans les carrières ou agonisent les Athéniens pour que entendre des vers du dramaturge, en nourrissant en échange ceux qui sont capables de lui fournir ce qu'il souhaite. Il en vient progressivement à l'idée d'organiser une représentation de deux des pièces de son auteur de prédilection, entreprise qu'il va essayer de mener à bien avec une énergie farouche. Lavrio l'accompagne, tout en vivant une histoire d'amour avec une esclave achetée par le propriétaire de sa taverne préférée.

Le roman a pour ambition d'aborder des sujets essentiels : le rapport à l'art, ce qu'il permet de dire, d'apaiser ou non dans les rapport des hommes entre eux, la manière de faire le deuil des êtres aimés, le rapport à l'autre, l'humanité que l'on est en capacité ou pas de voir dans un ennemi réel ou supposé, la capacité d'empathie et de compassion … En un mot, c'est un livre ambitieux, qui veut dépasser l'anecdotique, tout en gardant la forme d'un récit drôlatique, prenant pour héros des personnages minables en apparence, mais dotés d'un grand coeur. La présentation de l'éditeur évoque le parler savoureux des pubs irlandais.

Je ne sais pas si c'est à cause de ce dernier élément, mais je ne suis pas vraiment entrée dans ce livre, en réalité je n'y ai pas cru un instant. Ces personnages étaient trop beaux pour être vrais d'une certaine manière. Et le récit truffé d'invraisemblances : à chaque étape, quelque chose survenait qui rendait la suite possible. Bien que l'on ne puisse pas dire que la fin soit rose, même si elle est tout au moins en partie relativement prévisible, il y a une sorte d'optimisme foncier, qui ne s'accorde pas vraiment avec les événements décrits.

Un beau projet, pas complètement abouti à mon sens, mais c'est un premier roman, et l'auteur a du potentiel pour nous proposer quelque chose de plus convaincant sans aucun doute.

Je remercie en tous les cas Babelio et Editions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          272
Syracuse en 412 av J.C :
Les Athéniens sont venus envahir la Sicile, ils ont été écrasés, leurs navires ont été transformés en bois de chauffage et, leurs cadavres servent à nourrir les chiens mais, Dioclès se demande ou ils "pourront mettre les 7000 salopards " qui sont encore sur l'île et, il a une idée pour respecter les règles de la guerre : ils seront envoyés dans les carrières !
C'est à partir de ce contexte historique que Ferdia Lennon va improviser une aventure tragi-comique et très moderne avec des dialogues à faire pâlir les échanges savoureux des pubs irlandais !
Deux potiers au chômage, désargentés portent de l'eau aux Athéniens qui se meurent dans cette prison à ciel ouvert, ils offrent du vin et des olives à ceux qui seront capables de réciter des vers d'Euripide. Gélon et Lampo vont trouver des candidats affamés et même d'anciens comédiens athéniens pour monter en ces lieux deux pièces : Médée et les Troyennes !
Ils vont s'improviser metteurs en scène et répartir les rôles, trouver des décors, des costumes, des casques, des épées, des perruques et même un musicien ! Par chance, ils vont être financés par un producteur : Tuireann qui est emballé par leurs idées de spectacle et, ainsi ils vont s'approvisionner chez Alekto : une décoratrice spécialisée, pour se mieux vêtir, pour nourrir les athéniens qui vivent enchainés au fond de ce trou à rats et, pour occuper les enfants qui sont heureux de participer aux choeurs, au spectacle et à l'agitation de cette troupe de fortune qui au fur et à mesure met en place les 2 pièces !
Lampo, un homme simple et boiteux s'éprend de Lyra, une esclave qui est serveuse dans le bar de Dimas et, il envisage de la racheter pour l'épouser dès qu'il aura suffisamment de drachmes !
Le soir tant attendu arrive : l'auditoire a doublé, les Syracusains sont rares, mais les prisonniers sont tous là, fascinés dans l'attente du spectacle ! Mais..c'est le drame !
Puis, un décret : la carrière va rouvrir et les centaines d'athéniens doivent fuir, Athènes est morte !
Lampo, blessé va cicatriser ses plaies et décider de sauver son ami athénien Pachès, le sortir du trou, de la mort et, pour ce faire il va se faire aider par Alekto, son esclave et sa charrette mais surtout par Truireann qui pourra embarquer les survivants dans le petit port d'Hyccara pour les exfiltrer !
Un acte de gloire car Lampo a sauvé au péril de sa vie, de sa sécurité son ami et les athéniens survivants du drame !
Un acte de gloire pour ces 2 pauvres copains qui ont fait renaître l'espoir chez les prisonniers en reconstituant et en faisant vivre le théâtre de cet illustre tragédien Grec !
Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel.
Commenter  J’apprécie          160
Un peu déroutant ce roman paru chez un de mes éditeurs préférés.
L'auteur est un jeune homme irlando-lybien, premier roman mais pas premiers textes parus.
Le thème universel du roman parle d'amitié, d'humanité, de patience, et ce 5 siècles avant JC. Nous sommes à Syracuse où des milliers d'athéniens sont prisonniers dans d'immondes conditions après la défaite de leurs chefs. Deux jeunes potiers amateurs d'art et de théâtre vont imaginer monter « Médée »et les » Troyennes »en faisant jouer des prisonniers qui connaissent Euripide.Cela pourrait peut-être les aider à s'en sortir.
Ces bons sentiments ont en face d'eux une cruauté et une sauvagerie décrites avec brio et gourmandise par l'auteur.
Mais l'écriture rejoint celle de Pat Barker(septuagénaire elle ) quand elle décrivait dans « le silence des vaincues »l'attitude d'Achille et de ses soldats durant la guerre de Troie.
Certes des soldats n'ont pas forcément un langage châtié ! Mais la trivialité et les mots orduriers ont eu raison de ma bonne volonté.
Ces 2romans d'ailleurs sont présentés comme »résolument modernes », voire! le moderne exige t-il la vulgarité ?
J'ai vraiment apprécié la beauté des sentiments et la dureté du concret mais il me semble que le travail du traducteur pour certaines expressions n'a pas toujours du être facile.
Merci à Babelio et aux Edts Buchet-Chastel pour cet envoi.
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
C'est l'espoir qui alimente nos peurs, et je me rappelle qu'un homme devrait être reconnaissant envers ses peurs, car cela signifie qu'il a quelque chose à perdre ou à gagner.
Commenter  J’apprécie          10
Ce qui nous dépasse, ce qui est plus grand que l'humain, l'inaccessible, est pour le fou, ou pour ceux qui écoutent les fous et les croient..
Euripide. ( Les Bacchantes ).
Commenter  J’apprécie          80
Une tragédie sans mélodies c'est comme un soleil qui ne dégage aucune chaleur : un astre mort où rien ne germera. Quand les hommes partent à la guerre, c'est au son de la musique. Quand ils voguent vers des rivages meilleures et rament dans l'immensité bleue, c'est au son de la musique. Nos cœurs eux-mêmes battent en rythme, et le metteur en scène qui néglige cet élément néglige ce qui fait de nous des hommes.
Commenter  J’apprécie          10
Une tragédie sans mélodies, c'est comme un soleil qui ne dégage aucune chaleur : un astre mort d'où rien ne germera.
Commenter  J’apprécie          60
Un homme devrait être reconnaissant envers ses peurs, car cela signifie qu'il a quelque chose à perdre ou à gagner !
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Ferdia Lennon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ferdia Lennon
Un acte de gloire, le roman audacieux de Ferdia Lennon, est disponible en librairie !
autres livres classés : littérature irlandaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (61) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1291 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..