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3,97

sur 716 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ma folle adolescence m'était venue l'idée, aussi sotte que grenue, de me lancer seule (Spinoza n'étant alors pas au programme) dans l'étude de "L'Ethique" et du "Traité théologico-politique". Et je me souviens m'être alors demandé avec une consternation certaine si d'aventure et pour mon plus grand malheur de mauvaises fées ne s'étaient pas penchées sur mon berceau pour ne me laisser, en matière d'intellect, que deux neurones et demi...

Désolation... Avec ses démonstrations mathématiques, ses propositions et autres scolies, Spinoza, le philosophe du bonheur, le spécialiste de la joie, m'avait alors littéralement accablée. Depuis, ayant probablement retrouvé quelque part mes neurones manquants, j'ai réussi à faire mon miel de cette rugueuse "Ethique" et fini par compter Spinoza au rang de ces amis d'un abord certes difficile mais qui, fondamentalement, ne vous veulent que du bien. Comme quoi, la vie...

Mais comme j'aurais aimé, à l'époque, avoir en mains ce livre de Frédéric Lenoir pour me guider dans la pensée spinozienne, dans la complexité de ses raisonnements et dans la difficulté de son approche mathématique !

Voilà un petit essai, fort bien écrit et d'une lecture extrêmement agréable et rapide (je l'ai lu en une soirée) qui nous conduit en douceur et sans douleur au coeur du système spinozien et de ses problématiques essentielles. Certes, et il le reconnaît lui-même, Frédéric Lenoir n'est pas un spécialiste de Spinoza. Mais il l'a étudié en profondeur et nous restitue avec talent le portrait d'un homme replacé dans son contexte et un système de pensée qui fut révolutionnaire en son temps et, à bien des égards, le reste encore aujourd'hui.

Merci, Monsieur Lenoir, pour cette vulgarisation intelligente et sensible !

P.S. A tous les lecteurs de Babélio qui souhaiteraient faire de "L'Ethique" LE best-seller de l'été (lecture idéale pour la plage !!! :-)) et aller plus avant dans la découverte de Spinoza, je conseille "Spinoza, une philosophie de la joie" de Robert Misrahi et le "Spinoza" de Steven Nadler.
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Grâce à cet ouvrage de vulgarisation philosophique, l'auteur nous rend l'homme, Spinoza, plus proche et son système philosophique moins ardu et un peu plus accessible. Il le fait avec une écriture fluide et précise. Nous apprenons que le philosophe Spinoza fortement influencé par René Descartes, est considéré avec ce dernier et Leibnitz comme les principaux représentants du rationalisme.
Au sujet de notre philosophe, Bergson disait :"Que tout philosophe a deux philosophies : la sienne et celle de Spinoza". Formidable compliment.
Un très bon et bel ouvrage pour mieux connaître un des grands philosophes du 17 e Siècle et , aussi, un des précurseurs du 18 e , le Siècle des Lumières !
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Spinoza considère le désir comme moteur de la Vie.
Tel un cheval au galop, il faut savoir le maîtriser avant qu'il s'emballe ! La raison est son cocher et intervient pour le guider, l'aider à gérer ses émotions.
S'éloigner des sentiers tortueux pour rejoindre les sentiers vertueux.
Que préconise Spinoza pour être heureux ?
- l'Amour : s'entourer de belles personnes et gérer au mieux ses affects
- l'Activité : elle doit être épanouissante dans nos loisirs et/ou notre travail
- l'Alimentation : saine pour s'assurer une bonne santé

Dans « le miracle Spinoza », Frédéric Lenoir nous fait observer ce Grand Philosophe par… le petit verrou. Et ceux qui s'y reconnaissent se verront ouvrir la porte de la Connaissance de Soi.
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Mon cher Baruch,
C'est la reine de France Amélie qui vous écrit.
J'ai demandé à Jules de traduire cette lettre en latin pour vous.
J'ai appris, par notre philosophe René Descartes, et par mon connétable Louis de Bourbon Condé, l'originalité de vos idées, tant sur le plan religieux que politique, et qui vous ont valu tant de notables soucis. Je tiens à vous signaler que vos propositions m'intéressent, surtout depuis que le malheureux de Witt à qui vous les proposiez, a été lynché par les partisans de Guillaume.
Même si, et je le comprends, vous ne souhaitez pas rester en France, je vous invite à passer quelques mois dans ma ville de Beaugency, où vous pourrez m'exposer tous vos raisonnements.
En effet, maintenant que j'ai fait la paix avec le pauvre Felipe, après Rocroi, et que je l'ai pratiquement convaincu d'arrêter la guerre contre les Provinces Unies, je m'attaque, avec Jules, à un gros morceau : faire plier nos jésuites qui nous coûtent une fortune ! Fortune avec laquelle nous pourrions soigner nos pauvres. Pour cela, Blaise m'est insuffisant, vos idées seraient les bienvenues : à nous deux, vous pour les raisonnements et démonstrations, et moi qui ai le pouvoir, nous aurons, je pense, la force pour convaincre le peuple, et pour rabaisser ces prêtres qui tiennent la France sous leur coupe avec leurs « raisonnements enfantins » comme vous dites, avec une morale de menaces, de châtiments, de sanctions, et d'enfer.
Je sais comme vous que ni Dieu ni Jésus n'ont demandé ce lourd appareil ecclésiastique moralisateur pour diffuser leurs paroles, mais j'ai besoin de vos mécanismes de raisonnement et de votre pédagogie pour notre peuple de France.
Et par la même occasion, je veux vous prouver que vous pouvez vous tromper sur les capacités féminines !
Ceci n'est ni un ordre, ni une convocation. Juste une prière.
J'espère quand même que vous viendrez.
Bien à vous,
Amélie.
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Quelques siècles plus tard :

Mon cher Frédo,
Je te remercie pour la qualité de ce livre que tu ne m'as pas offert, mais c'est tout comme : )
Et je pense que tu retrouveras ton Baruch quand, dans longtemps j'espère, tu t'envoleras, afin de discuter les subtils points de désaccord que vous avez entre vous.
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Frédéric Lenoir réussit à nous faire aimer et redécouvrir ce grand philosophe du 17ème siècle, qui n'a pas hésité à s'inscrire à contre-courant des idées de son temps. Même Einstein et le neuro-psychologue Antonio Damasio reconnaissent l'influence importante que Spinoza a exercée sur eux.
Une pensée révolutionnaire, une trajectoire en comète puisque Baruch Spinoza est mort à l'âge de 45 ans. Très vite il est banni de sa communauté juive sépharade en raison de son opposition à la loi religieuse. Ce jeune intellectuel juif basé à Amsterdam va inventer une éthique basée sur le désir, une nouvelle politique fondée sur la liberté de penser, et une nouvelle métaphysique dans laquelle Dieu se fond dans la Nature. Pour lui il ne peut être question d'un Dieu personnel et créateur.
Il développe une éthique fondée aussi sur le discernement et la compréhension des raisons qui nous font agir de telle ou telle manière. Pour Spinoza, nous subissons notre affectivité (comme ce discours nous paraît d'actualité!) et nous pouvons reproduire des scénarios névrotiques par manque de discernement.
Le remède donné par Spinoza: s'appuyer sur notre force vitale, et redéfinir le concept de liberté en profondeur, puisque nous subissons des déterminismes.
Une pensée qui touche aussi notre rapport au temps et à la mort; "L'esprit humain ne peut être absolument détruit avec le corps, mais il en subsiste quelque chose qui est éternel."
Frédéric Lenoir nous montre comment sa pensée était novatrice, père de la psychologie des profondeurs, initiateur de la sociologie, sa philosophie a bousculé beaucoup de choses. C'est une philosophie de l'affirmation qui nous donne de l'énergie!
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Frédéric Lenoir parvient à expliquer la philosophie de Spinoza simplement, agréablement, alors que je n'aurais jamais été capable de lire une oeuvre de ce philosophe. C'est toujours un réel plaisir de lire cet auteur. Un grand merci à la personne qui me l'a offert.
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Baruch Spinoza, grand philosophe du 17éme siècle, n'est pas le plus facile à lire, c'est pourquoi Frédéric Lenoir s'emploie dans son livre à proposer un chemin d'accès à sa pensée plus simple, pour en faire surgir l'essentiel.
Qu'est-ce que je retiens de cette lecture?
D'abord que Spinoza a eu un parcours personnel difficile. Tellement désireux de vivre selon son éthique très rationnelle, il est repoussé par sa congrégation religieuse, puis déçu par la vie sociale, il s'exile pour ne se consacrer qu'à sa philosophie.
Ensuite qu'à bien des égards, sa vision du monde, son interprétation de la Bible, son analyse de l'être humain, ressemblent assez à ce qu'on peut trouver dans le bouddhisme ou l'hindouisme.
Enfin, ce qui le caractérise, c'est la quête de la joie. A l'inverse de beaucoup, il pense qu'il ne faut pas renoncer à ses passions pour trouver le bonheur, mais qu'il faut les orienter par la raison. Selon lui il faut identifier sa vrai nature et la servir; se faire plaisir et éliminer tout ce qui nous cause de la tristesse. Ainsi nous renforçons notre être par la joie, et nous sommes en harmonie à l'intérieur comme à l'extérieur de nous-mêmes. L'idée est plus que séduisante!
Je relève quand même, en accord avec Frédéric Lenoir, deux points de divergence. Sa vision des femmes et des animaux.
Cette lecture m'a beaucoup plu, j'y ai rencontré un philosophe axé sur la joie et en avance sur son temps, dont la pensée pourrait être utile dans bien des circonstances d'aujourd'hui.
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Connaître Spinoza à travers la lecture de ce livre est pour moi un grand bonheur, comme un printemps. Pourquoi ?
D'abord parce que l'auteur (on en dira ce qu'on en voudra, je sais qu'il a ses détracteurs), réussit à mon avis à vulgariser la pensée de Spinoza, à le faire vivre sous sa plume, je me suis plusieurs fois surprise à me dire ; "ah oui c'est vrai on est en 1650 ou 1660". L'auteur rend vivant ce penseur. Ensuite parce qu'il réussit à lier d'une manière simple, modeste, l'homme et sa réflexion, sa pensée et son cheminement. le livre est très lisible. La pensée de Spinoza très abordable. Et je ne peux pas m'empêcher, quand je lis la vie et le combat de cet homme contre les idéologies, religieuses ou autres, de penser aux Catalans, aux Hongkongais, aux Boliviens. Spinoza est très contemporain et la démarche de Frédéric Lenoir est intelligente.
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Quiconque connaît l'oeuvre de Frédéric Lenoir, sa pensée et son désir de sagesse ne sera pas surpris de voir combien Baruch Spinoza a influencé sa philosophie comme sa façon d'être, et il est on ne peut plus difficile, pour des novices, de rassembler en quelques mots la pensée spinoziste, tant elle mérite une étude approfondie, des mots justes et précis.
Baruch Spinoza recherche avant tout le "bien véritable", à savoir la quête de la sagesse, le bonheur profond et durable, totalement indépendant des événements extérieurs, quelle que soit leur influence positive ou négative. Pour cela, parvenir à un certain détachement est primordial, tant l'esprit est attiré par la richesse, les honneurs et les plaisirs sensuels. Il cherche donc à dresser un véritable profil des affects basé sur trois sentiments de base et d'où tous les autres découlent : le désir, la joie et la tristesse. Si les deux premiers s'avèrent de vraies émulations, le dernier diminue considérablement la puissance d'action. Désirer fait partie de la nature profonde de l'homme, c'est son étincelle de vie. Ne plus désirer, c'est se déshumaniser. Mais la raison doit pouvoir s'exprimer sans pour autant brimer l'élan vital. Bien au contraire. Désirer en se raisonnant permettra d'orienter la puissance du désir vers ce qu'il y a de meilleur pour chacun. du désir bien orienté dépendra la joie. du désir mal orienté dépendra la tristesse car nous serons désireux ou attachés à des choses ou des personnes qui nous diminueront au lieu de nous élever.
"La conduite juste, ce n'est donc rien d'autre que l'action de rechercher ce qui est bon et utile à l'augmentation de notre puissance vitale. Se mettre en quête de ce qui nous met en joie et fuir ce qui nous rend tristes. C'est favoriser les rencontres qui nous font grandir et éviter celles qui nous diminuent."
Spinoza maîtrisait admirablement bien ses passions, s'évertuant à demeurer dans la voie du milieu, dans la tristesse, dans la joie ou la colère. Ce précurseur des Lumières possédait une haute opinion de la force de la maîtrise de soi, de la raison:
"A l'état de la nature, il n'y a ni bien ni mal, ni juste ni injuste, les hommes cherchant uniquement à conserver ce qu'ils aiment et à détruire ce qu'ils haïssent. Si les hommes vivaient sous l'emprise de la meilleure partie d'eux-mêmes, la raison, ils ne causeraient jamais de tort à autrui. Mais comme ils vivent davantage sous l'emprise de leurs passions (les émotions, l'envie, la jalousie, le besoin de dominer, …), les êtres humains s'entre-déchirent."
Comment ne pas être émerveillés devant une telle pureté de langage, une telle limpidité dans le discours? Près de quatre siècles plus tard, cette pensée trouve encore un écho dans l'actualité, dans la politique. Car la pensée de Spinoza ne porte pas uniquement sur l'homme mais bien aussi sur le système politique et social. Alors que la France vit sous un régime monarchiste, Spinoza met en exergue les avantages d'une démocratie qui, selon lui, constituerait le meilleur régime politique possible. Pour cela, il s'appuie sur le fondement même de tout régime modéré, à savoir, la sécurité des individus qui le composent et la paix. Seule la démocratie semble pouvoir répondre aux aspirations fondamentales de tout individu : l'égalité et la liberté. Et même si la démocratie n'est pas nécessairement le régime le plus vertueux d'un point de vue moral, il est le plus à même d'assurer la cohésion des citoyens.
"Dans la démocratie en effet, nul individu humain ne transfère son droit naturel à un autre individu. Il le transfère à la totalité de la société dont il fait partie; les individus demeurent ainsi tous égaux, comme jadis dans l'état de nature."
Il est donc plus que nécessaire que l'Etat s'engage à apporter aux citoyens la liberté de croire, de penser même si certaines limites semblent indispensables à Spinoza. Concernant la liberté d'expression, le philosophe se permet d'y mettre un bémol, arguant le fait que l'accorder en n'importe quelle circonstance pourrait être pernicieux s'il s'avère qu'elle nuise à la paix sociale en faisant fî de toute raison et incitant par la-même à la ruse, à la colère ou à la haine. C'est pourquoi il rappelle l'importance cruciale de l'éducation des citoyens : vivre-ensemble, citoyenneté, connaissance de soi, développement de la raison, connaissance des droits et des devoirs, développement de l'argumentation. Sans cela, toute démocratie risquerait de s'affaiblir. C'est la raison pour laquelle Baruch Spinoza passera une quinzaine d'années à rédiger l'Ethique, oeuvre philosophique majeure parlant de connaissance des lois du monde et de l'homme, mais aussi de la transformation de soi afin de conduire tout homme vers la sagesse et le bonheur ultime.
"Spinoza nous enseigne qu'aucun régime politique, même démocratique, ne fonctionnera bien tant que les humains seront davantage mus par leurs passions que par leur raison. Tant que nous ne respecterons la loi de la cité que par peur de la punition et non par intime conviction, nos sociétés seront fragiles […]. Pour que les êtres humains soient le plus utiles les uns aux autres, il ne suffit pas qu'il souscrivent à la même loi extérieure, il faut aussi qu'ils apprennent à régler leurs sentiments par la raison, afin de devenir libres et responsables."
Un livre lumineux, une philosophie pour éclairer notre vie à lire, à relire, à n'importe quel moment, pour n'importe quelle raison. Car même si, une nouvelle fois, Frédéric Lenoir a magistralement relevé le défi de rendre accessible la philosophie au plus grand nombre, l'essence même de la pensée de Baruch Spinoza est si admirablement riche qu'elle ne peut s'enraciner durablement en une seule lecture.
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Frédéric Lenoir parle de Spinoza pour nous amener vers une meilleur vie, épanoui.
"Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre."
C'est bien là une phrase de Spinoza à retenir.
Il écrit aussi :
"La véritable révolution est intérieure et que c'est en se transformant soi-même qu'on changera la monde."
Tout un programme avec des commentaires, réflexions, de l'auteur.
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