Idéalement, on devrait dire et redire aux enfants pendant toute leur scolarité quelque chose de ce genre : "Vous êtes en train de subir un endoctrinement. Nous n'avons pas encore su mettre au point un système éducatif qui ne soit pas aussi un système d'endoctrinement. Nous sommes navrés, mais c'est tout ce que nous savons faire. Ce que vous apprenez ici constitue un amalgame de préjugés actuels, et représente les choix de cette culture spécifique. Il suffit de jeter un coup d'œil à l'histoire pour constater comme ces choix doivent être éphémères.
A cette époque de ma vie, pour des raisons que je n'ai comprises que longtemps après, je n'acceptais pas de me laisser choisir par les hommes qui me désiraient réellement.
Elle l’avait épousé presque par lassitude, après un an de cour forcenée. Elle savait déjà l’erreur qu’elle commettait, mais elle l’avait tout de même épousé; l’énergie et la volonté lui avaient manqué pour rompre. Peu de temps après leur mariage, elle s’était mise à ressentir pour lui une véritable répulsion sexuelle, qu’elle avait été incapable de contrôler ni de dissimuler. Cela redoubla l’envie qu’il avait d’elle, et la haine qu’elle éprouvait pour lui. Visiblement, il trouvait une certaine excitation, ou une satisfaction, dans la répulsion qu’elle lui manifestait. Arrivés à ce point de détresse psychologique, il coucha avec une autre femme pour la piquer et le lui raconta. Elle trouva là le courage qui lui avait manqué jusqu’alors pour rompre avec lui : rendue malhonnête par désespoir elle prit prétexte de son infidélité. Cela ne correspondait guère à son code moral, et elle se méprisait d’avoir employé des arguments conventionnels, et de répéter sans fin, par lâcheté, qu’il avait été infidèle.
un roman sur cinq cents ou sur mille possède la qualité qu'un roman devrait posséder pour être un roman
... chaque fois qu'on ouvre une porte on est accueilli par un hurlement perçant d'inaudible désespoir.
Les choses importantes de la vie rampent ; on n'en est pas conscient, on ne les attend pas, on ne leur a pas donné aucune forme. On les reconnaît lorsqu'elles ont apparu, c'est tout.
Je ne crois pas qu'à cette époque j'aie vraiment vu les autres, si ce n'est comme prolongement de mes besoins. C'est seulement maintenant, avec le recul, que je comprends ; mais à cette époque-là je vivais dans une brume illuminée, changeant et oscillant au gré de mes désirs. Évidemment, ce n'est là que la description de l'état de jeunesse.
Cela me fâche brusquement, ce provincialisme, et j’éprouve alors ce que j’éprouve toujours dans ce genre de circonstances : mieux vaut être communiste, à n’importe quel prix, mieux vaut être engagé que dégagé de toute réalité au point de pouvoir énoncer des choses aussi bêtes.
Il n’y avait dans ce regard aucune trace de l’homme qui soupèse les possibilités sexuelles d’une femme, et elle se sentit plus à l’aise.
Sa vie familiale lui causait bien des problèmes. Chez lui, il avait dû depuis des années se montrer patient, dévoué, discipliné. Et je dirai que, par nature, il n’était rien de tout cela. Peut-être est-ce pourquoi il se rabaissait toujours, pourquoi il manquait de confiance en lui-même. Voilà un homme qui aurait pu aller beaucoup plus loin que la vie ne le lui avait permis. Il le savait, je pense ; et comme il se sentait secrètement coupable d’être frustré par sa situation familiale, ce dénigrement de soi-même représentait peut-être une manière de se punir ?