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J'ai commencé par lire "Un enfant de l'amour" et j'avais trouvé que le sujet qu'elle avait choisi était fort. Mais ici, c'est psychologiquement insoutenable : une jeune fille de la ville qui choisit par dépit de suivre un jeune fermier désargenté dans le veld, loin de tout et entouré de serviteurs noirs ! C'était sûr qu'elle allait droit au mur. C'est "L'amour est dans le pré" à la façon tragique. Cette femme aime se maquiller, s'habiller pour sortir et elle a beaucoup d'amis en ville avec qui elle coquette sans se fixer. Là elle change radicalement d'existence et n'arrive pas à s'adapter. Je ne lui jette pas la pierre car qui pourrait dans les conditions sordides que l'écrivain nous dépeint la petite maisonnette que son mari, Dick, a bâti de ses propres mains : "Elle fit le tour de la maison et constata qu'elle formait un rectangle. Les deux pièces qu'elle connaissait occupaient la largeur de la façade. Derrière il y avait la cuisine, le débarras qui servait d'office et la salle de bains. Au bout d'un petit sentier sinueux tapissé d'herbe s'élevait une sorte d'étroite guérite : le lavoir ; on voyait d'un côté le poulailler avec un grand enclos grillagé où s'ébattaient des poussins d'un jaune presque blanc et de l'autre une troupe de dindons qui raclaient la terre sèche et brune tout en gloussant..." L'extérieur, la beauté des paysages est à couper le souffle mais c'est une femme et elle devra vivre dans ce taudis. Avec ses maigres économies, elle a le courage de rendre la maison un peu plus coquette mais il y aura toujours ce plafond qui n'a jamais été fait et la chaleur étouffante qui règne sous les tôles du toit de fortune. On se demande pourquoi elle est restée et qu'elle n'a pas fuit en courant et retour vers la case départ, la ville et son confort. Mais sinon, il n'y aurait pas eu ce drame.
J'ai été sous le charme de la personnalité de Mary qui au départ fait tout ce qui est en son pouvoir pour redresser la situation (elle construit un nouveau poulailler et en tire profit) mais qui malheureusement s'est appariée avec un looser qui va d'échec en échec.
En lisant au début que Moïse, son serviteur noir, l'avait tué, j'ai cru à une erreur judiciaire mais à la fin, on comprend bien son geste et je pense même qu'il a voulu la sauver d'elle-même, de son désespoir et il a mis fin à ses souffrances de la manière la plus radicale possible : par charité !
Tous les romans de Doris Lessing débattent de la condition des noirs en Afrique du Sud et celui-ci, s'il est le premier qu'elle a écrit, n'en est pas le moins violent.
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C'est le premier roman de Doris Lessing et c'est un texte époustouflant de lucidité et déconcertant pour la finesse d'analyse des sentiments de ce couple en perdition.
Magnifique !
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"Vaincue par la brousse", écrit en 1950, est un des premiers romans de Doris Lessing (prix Nobel 2007). le contexte du roman s'inspire fortement de la vie de l'auteure, qui a grandi en Afrique du Sud, en plein Apartheid, dans une ferme misérable, avec des parents dysfonctionnels. Mais l'intrigue elle-même est un huis-clos psychologique que Doris Lessing nous relate avec un immense talent.

Dans une ferme d'Afrique du Sud, mal entretenue et en faillite, une femme blanche est retrouvée assassinée. le boy, Moïse, est soupçonné du meurtre, alors que le mari est devenu fou et qu'un jeune régisseur fraîchement débarqué d'Angleterre est entendu comme témoin. le roman remonte en arrière et nous raconte les évènements qui ont conduit au drame.

Moïse est-il sauveur ou abuseur ? le couple de la ferme voisine a-t-il eu une responsabilité quelconque dans le drame ? Et quel a été le rôle exact du jeune régisseur ?

Ce roman m'a tenue en haleine, le huis-clos est magnifiquement présenté. La déchéance progressive, de la ferme et du couple, est décrite pas à pas et nous fait entrevoir le drame à venir. Drame qui est bien sûr exacerbé par les tensions raciales entre maîtres et servants et les règles implicites de l'Apartheid que tout bon fermier blanc se doit de respecter en Afrique du sud.

J'ai particulièrement admiré le talent de l'auteure dans sa façon de nous faire comprendre la dépression, et même la folie, dans laquelle la victime avait sombré peu à peu.
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J'ai lu ce livre en anglais. le titre anglais "The grass is singing" est tellement plus poétique que le titre en français ! ! !
Une analyse très habile et intéressante de la dépression (sévère !) et du racisme à travers les relations colons / indigènes. le fait de connaître la fin dès le début du livre ne diminue pas le suspens mais au contraire l'augmente ! Comment ont-ils pu en arriver là ?...
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Je connaissais Doris Lessing de nom, mais où en avais-je entendu parler ? Voilà un mystère vraiment très mystérieux (rien de moins). Lorsque j'ai vu que la dame avait été prix nobel de littérature 2007, le mystère n'était plus vraiment mystérieux : c'était juste une auteure super connue et reconnue. Au temps pour ma carrière de Sherlock.

Qu'est-ce qui m'a poussé à acheter The grass is singing ? J'ai hésité avec le diable s'habille en prada. Pas vraiment la même ambiance, on en conviendra. le deuxième correspondait plus au genre de lecture qui me fait envie, l'été approchant. Pourtant, c'est l'autre que j'ai choisi. Je crois que c'est à cause de la couverture, ainsi que le titre. Puis j'ai lu les premières lignes, le ton m'a immédiatement accrochée. C'était dit, je repartais avec ce livre.



L'histoire prend place dans les années 1940, en "Rhodésie", (qui est actuellement le Zimbabwe). Mary Turner vient d'être assassinée. Qui était cette femme, mariée à un fermier raté ? C'est le portrait de cette fille de la ville, perdue au milieu de nulle part, dans la brousse africaine qu'elle déteste et craint.



C'est un ouvrage très psychologique.

Mary n'est pas sympathique. Comme pour tous les personnages du livre, on peut sentir l'omniprésence des valeurs colonialistes, avec la suprémacie des blancs bien ancrée, qui donne lieu à des actes et des réflexions tout simplement révoltants. L'auteure a vécu là-bas, et, quoique je ne m'y connaisse pas en histoire de ce pays, le tout m'a semblé empreint d'un réalisme assez frappant.

Toutefois, au-delà de cela, le personnage de Mary a encore d'autres aspects qui l'a rendent antipathique. Elle est prisonnière de son passé : que ce soit de celui de son enfance, car tous ses actes semblent la mener à une reproduction de ce que sa mère a vécu, ou celui de sa vie d'adulte à la ville, qui est comme un paradis perdu pour elle. Soit, elle est dans une situation difficile, avec un mari qui n'est décidément pas fait pour réussir, mais on la voit s'enfoncer dans une situation désespérante, au point de se demander si elle ne s'y complait pas aussi.

Son caractère si enjoué et dénué de préoccupations au début du livre, se teinte d'une amertume grandissante et d'une certaine méchanceté, parfois glaçante. On la voit provoquer sa propre descente aux enfers, au rythme de son moral fluctuant. C'est cela qui est fascinant aussi : on suit ses vagues essais pour s'en sortir, suivis de période de creux, puis d'un autre essais... Cela créé un sentiment d'ennui assez particulier : même si je ne me suis pas ennuyée à proprement parler, on ressent vraiment l'ennui du personnage, perdue dans sa brousse. Au début, ses essais pour s'en sortir étaient encourageants mais, plus l'histoire avancait, je devenais presque agacée que le personnage essaye de s'en sortir car cela semblait de toute façon vain... (et de fait, ça l'était un peu, vu qu'on sait dés le début qu'elle est morte). J'ai donc pas mal été "baladée" par l'auteure sur le plan psychologique.



Mary est prisonnière du bush, de sa condition de femme mariée, de sa condition de femme tout court ;



j'avais juste envie de secouer le personnage tout en sachant très bien que cela n'aurait rien changé : tout ce qui se passait était inévitable. Je ne peux donc pas dire qu'il y ait des rebondissements inattendus, au contraire. L'ambiance en devient étouffante, mais le ton ironique avec lequel Doris Lessing dépeint ses personnages m'a immédiatement accrochée, et j'avais parfois du mal à savoir si je devais rire ou pleurer. Un certain malaise a imprégné ma lecture.

J'ai fini le livre un soir, et je me souviendrai longtemps combien les dernières pages m'ont glacée. ^^

Lien : http://d-encre-et-de-reves.o..
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